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Etwas, Les enfants de Dagon, Belore
11 novembre 2023, Secret Place, Saint Jean de Védas
Photos et vidéos:
Benoit
Le 11 novembre 2023 à la Secret Place, une soirée de festivités s'y déroulait, avec trois groupes proposant 3 styles différents, dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Compte tenu du contexte des concerts autour (c'était un soir de choix), il y avait pas mal de monde, pour des formations qui ne sont pas forcément très connues.
Je vais faire un peu différemment cette fois car je connaissais du coup Les enfants de Dagon (que tu as vu passer par ici) mais pas Etwas ni Belore. Donc avant de le focaliser sur Les enfants de Dagon, je vous me pencher un peu sur les deux autres formations.
C'est Etwas qui a eut la charge d'ouvrir les hostilités. Le groupe, originaire de Nîmes, pratique un metal symphonique occulte, avec des touches black. N'étant pas un amateur du style, je n'ai pas pas spécialement accroché mais il est clair que c'est un groupe que je recommanderais à quiconque chercherait à découvrir un groupe de metal symphonique qui assure. Car le groupe propose, au-delà de l'aspect on aime ou pas, une musique très convaincante (notamment avec ces relents black), avec une chanteuse qui assure franchement, n'hésitant pas à sortir du chemin balisé des vocaux féminin ultra codifié du style en intégrant des éléments black dans son chant, très convaincants. D'autant qu'ouvrir la soirée n'est peut-être pas le plus facile mais au vu des gens dans la salle, le groupe a du faire mouche. Bien que je ne sois pas un amateur du genre, il est clair qu'il y a des choses très intéressantes, que les amateurs avertis ont du capter. Mais c'est clairement un groupe qui propose une version un peu différente du metal symphonique (qui plus est avec une base sur l'occulte). Le son était vraiment bon, ce qui sera d'ailleurs un des liens entre les groupes.
Belore, qui était la tête d'affiche, à donc clôturé la soirée. Du fait du contexte, je n'ai pas vu le set (j'y reviendrais plus loin). Belore est le projet d'un homme venant de Marseille et naviguant dans un black épic, avec lequel un batteur s'est associé (et des musiciens pour le live). Avant la date, j'avais été écouté quelques titres. Plaisant, sans que cela me transcende. Mais le son excellent de la soirée a permis de pouvoir en profiter nettement à l'extérieur de la salle, permettant de pouvoir un peu se concentrer juste sur la musique, sans l'esthétisme du live gravitant autour. Pas mal de moments m'ont fait pensé à Zephyrous et du coup, j'essaierai de me plonger un peu sur le travail de Belore, car, en ce qui me concerne, Zephyrous est un groupe qui m'a marqué. Donc je serai plus curieux que je ne l'ai été ce soir là.
Et donc, le deuxième groupe fut Les enfants de Dagon, une formation lyonnaise passé déjà par ici avec la chronique de leur album 'De profondis' et une interview. L'occasion de pouvoir voir l'entité en concert et la transposition du concept en live.
Le groupe propose l'immersion dès l'arrivée, lorsque l'on achète ou valide sa place. En effet, on nous propose un exemplaire de 'The Ineersmouth daily' daté du jour de la date (le 11 novembre mais en 1922, avec en gros titre 'Un nouveau prêtre pour notre paroisse'. Le journal, sur 4 pages grand format, présente Belore et Etwa sur la première page. La seconde présente Les enfants de Dagon. Et le groupe va ensuite nous plonger plus dans son album avec des articles parlant de l'arrivée d'un nouveau prêtre, Pierre Duval, en remplacement de la disparition de son prédécesseur, un rappel de l'accident de celui-ci et un encart pour transmettre d'éventuelles informations au journal. Dessous, une publicité axé sur la nouvelle 'De profondis', à l'occasion de l'année de l'album, donnant vie au récit découlant de l'album. La dernière page présente la salle et l'asso (La secret place et la TAF), ainsi qu'un focus sur l'Antre, une émission radio, Vecteur Magazine (une asso proposant 6 numéros par an d'un magazine du même nom), le label France Black Death Grind. Le placard du journal est aussi dans le détail, avec les journalistes, l'adresse du journal... Et où l'on retrouve le symbole de l'ordre Esotérique de Dagon. Un petit tour dans la salle, avant le début des sets, permet de voir la backdrop du groupe, baignant dans une lumière bleue.
Saut dans le temps, après le set de Etwas. C'est un son de chants cultuel qui attire. On rentre dans la salle, qui baigne dans une brume, la lumière bleue ajoutant au surréalisme. Les chants continuent et une procession entre dans la salle, chaque membres de celle-ci portant une chasuble, d'un aspect plutôt douteux. Seules exceptions, le prêtre (le chanteur, Laurent), portant une chasuble ornée et nettement plus luxueuse, en plus d'un apparat très classe et la chanteuse Céline, incarnant l'une des entités marines. Le prêtre portant une lanterne à la lueur bleue (élément qui renvoie à leur concept et à la nouvelle). Les chants cessent lorsque le porteur de la flamme de l'Ordre de Dagon pose celle-ci dans son support, le groupe prenant place silencieusement, toujours avec cette brume et cette lumière. Tous sont maquillés, avec une cohérence, marquant l'aspect délétère de Dagon (jouant sur le regard). Seule Céline porte un maquillage différent, qui renvoie à la nouvelle mais aussi à ce qu'elle incarne, l'un des enfants de Dagon. Et c'est là que commence le début de l'album. Je me demandais comment le groupe faisait pour les deux voix féminines, j'ai ma réponse avec une autre femme qui s'est d'introduction pour l'album, portant aussi une chasuble, avant de s'effacer silencieusement.
La suite est donc l'interprétation de l'album en entier. Aucun des membres n'est dans l'ombre. Chacun, du clavier au batteur, en passant par la violoncelliste (qui fait aussi la voix du début), a son rôle. Niveau du chant, c'est une pure claque, entre le côté lyrique développé par Céline (et c'est monumental) et la voix de Laurent, qui est capable de descendre vraiment dans les basses, sans effets. Surtout que ce soir là, il a assuré, malgré une laryngite. respect. Les vocaux de Thomas ajoutant aux moments opportuns un peu plus de malaise. Car le groupe marque vraiment l'ambiance, entre la musique, où les parties doom contrastent furieusement avec les fulgurances black death.
Laurent offre aussi un rôle de narrateur, plongeant la salle complètement dans le concept, sans que l'on puisse en sortir. Et c'est foutrement efficace car le temps semble se figer, ne le voyant pas passer. Le moment est juste dantesque, Laurent incarnant ainsi le prêtre de Dagon, avec la folie qui l'habite mais aussi Dagon lui-même, avec cet esprit non humain qui emmène les gens aux bords de la folie.
Le set fait ressentir la puissance de Dagon et la férocité de son ordre, incarnant dans notre réalité un concept puissant, en posant ses propres codes. Mais va aussi plus loin, car on prend à un moment un vrai blasphème, liant définitivement la folie au blasphème de la grossesse qui désacralise la référence de la vierge pour mieux amener les autres codes de la religion de Dagon. C'est d'ailleurs aussi un des biais dont se sert les chants, puisque le lyrique renvoie en partie au sacré.
Mais là musique n'est pas le seul élément. La lumière a une grande importance, ajoutant de l'immersion à la musique, la scénographie étant clairement réfléchie. La rencontre entre le concept et la réalité est très prenant, chacun des membres du groupe gardant un sérieux indéfectibles, ajoutant au malsain et à l'occulte une dimension palpable d'un cauchemar prêt à déferler sur notre monde.
Le groupe amène, par l'incarnation de Laurent, un côté théâtral qui permet fait un lien entre l'album, la musique et la soirée (avec les détails disséminés ici et là). L'efficacité et l'immersion sont absolues, avec un son vraiment excellent, qui est maitrisé. La nouvelle pouvant apporter des clefs de compréhension qui peut manquer à ceux qui ne connaissent pas le groupe et le concept.
Le clavier du groupe amène les détails qui rendent l'immersion crédible, permettant de brosser une ambiance vraiment poisseuse et malsaine mais parfaitement palpable et cohérente, prenant le pas sur la réalité. Je suis pris dedans mais je ne suis pas le seul, à en juger autour de moi et avec quelques retours en échangeant après avec quelques personnes (dont un certain David que je salue si tu me lis). En tous les cas, Les enfants de Dagon ont signé une performance dantesque, ni plus, ni moins.
Et c'est pour cela que je n'ai pas vu Belore car j'ai échanger avec Les enfants de Dagon, en continuité de la musique et de choses en marge. Très intéressant, en tous les cas. Et clairement un groupe que je reverrai avec plaisir, très impressionnant musicalement ou avec les chants.
Quoi qu'il en soit, ce fut pour moi une excellente soirée, sans avoir le moindre regret.