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Sous l'Arc de Triomphe

23 juin 2020 à 08:33:34

Maison de campagne

Bienvenu dans un monde synthétique, inhumain et brutal, où l’homme n’a pas d’autres choix que migrer vers une hybridation bio-machine ou disparaître. Grind.Bot est un projet musical qui verse loin dans les extrêmes, mixant allègrement grind, electro, cyber, death… le tout totalement digital. Grind.Bot est donc un projet purement virtuel, créer de toutes pièces sur ordinateur. Le projet est né en 2005, dans le cerveau de Roger Beaujard, connu pour être guitariste et programmeur de la Bar chez Mortician, en plus de deux autres projets ( Primitive Brutality et Bits of gore), patron du label Primitive recording (lui servant de support de diffusion).  Et donc, Grind.Bot rentre dans cette catégorie de étrange de projets, comme Glaukom Synod ou tout projet ou groupe comme Mysticum (Industrial black), Atari teenage riot (digital hardcore) ou Mulk (Cybergore) dans des registres que l’on peut rapprocher de cette famille musicale, mais qui reste plus accessible que Grind.Bot (moins le cas de Mulk) ou Glaukom Synod (lui aussi, on se penchera dessus). Même si l’idée de fond peut paraître convergente, on ne confondra pas avec le metal avant-gardiste, nettement plus conventionnel dans le résultat.

Grind.Bot est une entité digitale, générée par ordinateur (par programmation, pas spontanément, faut pas déconner non plus) à l’approche radicale et extrême, pétant les limites du tempo, caractérisé par un son volontairement synthétique mais qui donne néanmoins l’illusion de l’utilisation d’instruments physiques. On est directement plongé dans les bas fonds de l’underground, tapant donc vers le coté cyber et electro le plus sombre et le plus extrême. On retrouve des éléments propres au death et au grind, avec un aspect electro sale qui se retrouve dans des morceaux courts, dégageant un coté très sombre et dérangeant. Même si le tempo de base est réglé sur défonce total, il y a de courts passages où celui-ci est plus pondéré mais amplifiant un malaise bien palpable, n’empêchant pourtant pas d’avoir un coté groovy qui surprend parfois. Si Fear Factory possède une approche thématique et des éléments évoquant l’approche choisie pour Grind.bot, celui-ci s’enfonce dans le concept, repoussant à l’extrême les limites que ne franchissent pas les californiens (et bordel, ça aurait pu engendrer autre chose). Si Fear Factory est plus proche d’un univers à la Terminator, Grind.Bot explose le concept, allant au cœur de la machine, là où l’IA prend le contrôle et se défausse de la partie faible, l’aspect physique, au profit de la virtualité. Mais la différence notable est surtout au niveau des vocaux. Car les vocaux, en tant que tel, n’existent pas, étant eux-aussi programmés, de façon très synthétique, quelque part entre la voix de robot fantasmée et celle du death, avec un coté sombre qui amplifie celui de la musique.

Grind.Bot n’a que 2 productions mais cela est intéressant, voyant ainsi l’évolution et surtout la maîtrise acquise pour ce projet (en attendant d'autres choses à venir). Nosense.covers (2006) est une compilation qui est l’amorce du projet. Reprenant des thèmes de séries et films, on retrouve une ébauche de ce qui sera la suite de Grind.Bot. On a un coté se rapprochant un peu de la musique que l’on retrouvait sur les consoles 16 bits (SNES et Megadrive). Mais déjà, les prémices de la folie rôdent dans les recoins des reprises les plus folles. C’est assez amusant à écouter, retrouvant des génériques que l’on connaît mais qui prennent chers. Roger fait clairement ses classes avec cette compilation, mais sachant déjà vers quoi il souhaitent aller, ayant fait aussi ses classes par le biais de Mortician (et ce qui explique déjà le coté abouti). Même si les bases sont déjà là, ce n’est rien par rapport à ce qui suivra. Object Oriented (2014) est la véritable démo. Nettement plus sombre, celle-ci repousse les possibles et livre une entité à part entière, qui prend vie. Il y a un coté dérangeant, radical, mais qui fait que ça fonctionne. On se retrouve plus face à quelque chose que de la musique, comme si le cyber espace avait engendré un rejeton (ça me renvoie au film Le cobaye, en moins joyeux). Les paroles, bien que concises, sont aussi un des éléments servant au malaise, nous renvoyant au rôle se simple sac à viande, faisant fi de toute humanité. Il y a des éléments ajoutant au malaise, au coté inhumain, comme des disharmonies ou des dissonances. Avec Object Oriented, Grind.Bot devient une entité à part, véhiculant un message guère festif certes mais collant complètement au concept créé. Et cette entité prend vie aussi via le web, dans sa forme la plus simple et via divers médias (www.facebook.com/GRINDbot (où Roger pousse aussi le concept entre lui qui gère et l’entité qui prend parfois le contrôle, avec des codes binaires) et https://grindbot.bandcamp.com. On est ainsi à la lisière entre une réalité alternative et nos peurs qui prennent vie, face à une technologie qui prend le pas sur l’homme.

Maison de campagne

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