1- Bonjour à vous ! Ça va bien ? La pêche ? Bon, on va commencer de manière traditionnelle, avec la question bateau : résumez-nous donc l’histoire de Swarmageddon.

L’histoire de Swarmageddon commence en 2015, lorsque Marion trouve un line-up pour concrétiser son projet, sous un autre nom à l’époque.
Quelques changements de line-up plus tard,celui-ci se stabilise fin 2016 avec Marion au chant, Guillaume et Adrien aux guitares, Pauline à la basse et Thibaud à la batterie.
Le groupe se renomme Swarmageddon et prépare un premier EP “An Infinite Landscape” qui sortira en Octobre 2018. Pauline quittera le groupe à la fin de cette année-là, ainsi qu’Adrien au cours de l’été 2019, respectivement remplacés par Ludovic à la basse et Morgan à la guitare.
Au cours de l’année 2019, le groupe enchaîne sur l’écriture de son premier album intitulé “Inhuman”, sorti le 3 Octobre 2020.


2- Première vraie interrogation, que cache le nom du groupe ? Revêt-il un sens bien précis ?

Swarmageddon est la contraction de “swarm” (la nuée, l’essaim) et de “armageddon”.
Au départ, c’était un hommage à diverses œuvres SF telles que Starship Trooper, Starcraft ou les xenomorphes d’Alien.
L’univers de Swarmageddon s’est construit autour de ça, toutes ces influences définissant le background narratif.
Mais nous avons appris il n'y a pas si longtemps, que le terme “swarmageddon” faisait référence dans certains pays comme les Etats-Unis à une invasion de cigales, un phénomène qui survient une fois par génération.
Elles produisent tellement de bruit que les autorités conseillent aux habitants des zones les plus touchées des USA de s'équiper avec des protections auditives…
En tout cas, il y a là encore une fois une notion de chaos qui n’est pas pour nous déplaire.


3- Je vous découvre donc au travers d’Inhuman (que je recommande fortement) et un death mélo qui cultive une différence (j’y reviens plus loin). Qu’est-ce qui vous a poussé sur la voie du death mélo, pour commencer ?

Le death mélo est simplement un style de metal qui nous parle à tous, et qui nous touche.
Guillaume, notre compositeur, est un grand fan de Dark Tranquillity, et du côté mélancolique et sombre du death mélodique.
Marion par exemple aime beaucoup SepticFlesh... Bref, c’était logique pour nous.
Et à cela vient se greffer une multitude d'influences.



4- Il semble y avoir un déroulement dans l’album. Aussi j’ose demander si il n’y aurait pas un concept ou un fil rouge, qui serait renforcé par les éléments développés dans les questions suivantes ?

Effectivement.
Il s’agit d’une vision de l’évolution du monde actuel vers un futur dystopique relativement proche, marquée par l’avancée des technologies au détriment de la Nature.
On part d’un constat sur l’état de la planète d’un point de vue environnemental sur “Of A Billion Screams”, puis “Death Traps” évoque une idée de guerre et de crise humaines.
“Brave New World” dépeint une idée de ce monde d’après avec ses déviances technologiques, et “Blood Stained Origami” ses possibles conséquences avec l’idée de la prise de pouvoir des machines sur l’humanité.
“The Fall” est une apparté dans la tête d’un être-humain qui participe malgré lui au déclin du monde et qui en prend conscience, et “Reanimation” (faisant référence au manga Ghost in the Shell), pose la question de l’existence de la conscience et de la part d’humanité chez un cyborg.

5- Vous développez des phases très différentes, très contrastées : au-delà des phases death, il y a celles qui sont très mélodiques, posées et qui apporte cette différence (poussant le concept jusqu’à développer un coté onirique sur ces parties, m’évoquant la vague du metal symphonique).
a) Est-ce un choix influencé par Marion (qu’en même fondatrice du groupe) ou est-ce quelque chose de plus lié à la vision globale du groupe ?

Il n’y pas eu de concertation sur ce sujet, c’est juste comme ça que c’est venu.
Ce sont des émotions qui nous traversent régulièrement, que ce soient la rage, ou cette sorte de mélancolie presque apaisée. Et il est clair que les voix claires et growl de Marion permettent d’autant plus d’exprimer ces émotions.

b) Au-delà d’offrir un contraste et apporter un côté atmosphérique, qu’impliquent ces passages, dans le déroulement de l’album ?

Dans ces passages, l’instrumental peut représenter une vision apaisante voire fascinante du néant ou du chaos décrit dans les morceaux. De son côté, Marion peut changer de voix pour marquer un changement de narrateur, de point de vue, ou d’état émotionnel.

c) Ne serait-on pas dans un moyen de mettre en musique une hyperbole, pour bien appuyer et structurer des éléments essentiels à l’album ?

Dans un sens, oui.

6- Il y a quelque chose de moins direct dans l’album, qui se révèle plus par d’autres écoutes et en portant son attention sur les titres. On a vraiment l’impression qu’il y a une question de temporalité, que ce soit dans le placement du contexte ou dans le déroulement de l’album (avec un summun qui se trouve dans l’outro ‘Die and retry’), appuyé par des éléments bien spécifiques, comme les dissonances par exemple .
a) Justement, quelle est l’importance de la temporalité dans l’album et son influence sur celui-ci (outre le développement de l’album) ?

Disons que plus on avance dans l’album, plus on est dans un futur éloigné. Mais l’écriture musicale n’a pas été faite forcément dans ce sens, contrairement aux paroles.

b) Les passages mélodiques (lien à la question précédente) ne seraient-ils pas du coup quelque chose qui joue sur le temps, mais à un moment antérieure (comme un flashback), pour mieux s’inscrire dans le contexte ?

Alors non, même si parfois ces passages mélodiques évoquent une certaine nostalgie dans leurs ambiances. Ce sont plus des scènes, parfois plus douces dans leur façon d’être exprimées.


7- Je suis bien obligé de parler du chant de Marion. Tu offres deux types de chants en contraste total mais qui se complètent, apportant cette différence qui fait Swarmageddon.
a) As-tu une préférence de chant ?

Marion : pas vraiment, cela dépend de mon état émotionnel et de comment j’ai besoin ou envie de l’exprimer.

b) Est-ce simple de pouvoir faire passer de l’émotion dans deux chants très différents (plus appuyé avec le chant clair quand même) ?

Marion : simple non, ça demande pas mal de travail. La technique étant radicalement différente, surtout lorsque l’on doit switcher rapidement de l’un à l'autre comme dans “The Fall”.

c) L’usage des deux chants est-il venu naturellement ou est-ce une volonté de pouvoir trancher dans des atmosphères différentes, pour appuyer sur les contrastes offerts et ouvrir un champs émotionnel plus large ?

Marion : les deux ! Je chante en voix claire et lyrique depuis longtemps maintenant en dehors de Swarmageddon, mais j’ai fini par “oser” intégrer ce type de chant beaucoup plus doux à la musique du groupe. Quand j’ai écouté les démos, j’ai immédiatement pensé que certains passages se prêteraient bien au chant clair, et qu’ils accentueraient effectivement bien les contrastes.

8- Finalement, Inhuman n’offre-t-il pas une vision plus humaine que ne le laisse supposer son nom ? N’avez-vous pas une volonté d’aborder un coté philosophique par un prisme différent ?

Les propos de l'album reflètent une déshumanisation progressive mais d’un point de vue très humain.

9- Puisque l’on parle philosophie justement, quel message se dissimule derrière l’album ?

Le message derrière tout ça c’est justement d’éviter cette déshumanisation, cette destruction de ce qui est naturel, en prenant soin et conscience de qui nous sommes et de ce qui nous entoure ici et maintenant.

10- L’album, derrière son côté sombre, ne regarderait-il pas vers une autre réalité, pas aussi sombre que ça ?

L’idée pour nous, c’est que l’humain est allé trop loin parce qu’il en veut toujours plus, et que ses choix et ses actions nous mènent petit-à-petit vers notre perte.

11- L’artwork est superbe. Un petit mot sur l’artiste derrière ? Comment s’est fait l’association entre lui et vous ?

L’artiste est Caelan Stokkermans, qui a déjà travaillé pour de grands groupes tels que Lorna Shore, Inferi ou encore Misery Index... Mais nous sommes tombés sur son travail sur Deviantart sans savoir ça. Sur son site, l’artwork était disponible depuis un moment semble-t-il et nous sommes rapidement tombés d’accord : il illustre très bien l’album en plus d’être magnifique. Un ou deux mails plus tard, c’était réglé.

12- Quelles sont les influences de chacun ? Puis-je envisager d’être surpris et en même temps, que certaines sont évidentes (des groupes de metal symphonique mais pas Bobby Lapointe, hein pas Bobby?)?

On est tous assez éclectiques en matière de musique metal. On peut tous autant écouter Dark tranquillity, SepticFlesh, Gojira, Shadow of Intent, que Strapping Young Lad, Infant Annihilator ou Dream Theater…. Mais pas spécialement de metal symphonique au sens traditionnel du terme.

13- Quels sont les influences extérieures qui sont intégrées à l’album (venant du coup de vos goûts littéraires, cinématographiques…) ?

Comme dit précédemment, tout le cinéma, les jeux vidéo ou la littérature SF. On pourrait notamment parler du livre d’Aldous Huxley, “Le meilleur des mondes”, qui est l’inspiration principale de Brave New World, ou de Ghost in the Shell et Blade Runner pour Reanimation.

14- Forcément, vos proches et amis savent que vous faites de la musique. Comment absorbent-ils la musique que vous jouez ? Ont-ils une vision complètement extérieure qui apporte un point de vue difficile à avoir quand on est dedans ?

Globalement, ça les indiffère, ce n'est pas spécialement leur monde et finalement tant mieux. On ne cherche pas à les impressionner, et par là même, on n'a pas peur non plus de les décevoir.

15- Y-a-t-il un leader dans le groupe ou non, pas du tout, loin de là, mais bon, quand l’un de vous tranche, les autres approuvent en silence ?

C’est assez démocratique même si Guillaume a toujours le dernier mot sur les compos et Marion sur le chant et les paroles.

16- Le fait que tu ais fondé le groupe (et non fondu, ce serait étrange et donc ce serait Swargeddon 2,0… et peut-être criminel mais là, je ne suis pas sûr...), est-ce pour cela qu’il y a ce coté mélodique très particulier et une vision particulière du death mélo, qui détache le groupe des autres groupes (de façon globale, certains cultivant aussi un particularisme intéressant, comme Aephanemer) ?

Marion: je n’ai pas cherché à orienter la composition donc non. C’est Death, c’est mélo, mais au fond Guillaume ne cherche pas à faire du death mélo au sens classique du terme.

17- En marge du groupe, avez-vous des passions et des métiers fascinants ou même, soyons fous, des passions fascinantes qui sont votre métier ?

Marion : à défaut d’être fascinant, je trouve surtout que mon métier est difficile, particulièrement en ce moment (je suis infirmière).
Guillaume : depuis 1 ans je bosse dur et passionnément afin d’ouvrir prochainement un studio d’enregistrement
Thibaud est architecte, Ludo est développeur Front End et Morgan professeur de guitare. Et clairement, ce sont aussi leur passion.

18- Compte tenu du contexte actuel, comment faites-vous pour gérer les projets à venir et quels sont-ils, dans le domaine du rêve et du concret ?

Un clip vient juste de sortir, le tournage d’un second était prévu ce mois-ci mais il a été mis à mal par ce nouveau confinement, et donc reporté.
Nous allons donc trouver du contenu à sortir sur le web en attendant, des playthroughs, FAQ, ce genre de choses.


19- Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre à mes questions (parfois peut-être un peu chelou). Je vous laisse le plaisir de la conclusion !

Merci pour cette interview !
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Merci de nous avoir lu et à bientôt !