1- Salut à vous ! Comment allez-vous en cette frémissante matinée ? On va commencer calmement : narrez-nous l’histoire de Skaphos.

Salut !
Ca va nickel, on reprend doucement nos projets et nos vies après ces quelques mois troublés par le confinement !

Pour faire simple, Skaphos c’est la réunion de potes de différentes villes (Lyon et Toulon) avec la même envie : faire un projet bien bourrin croisant black et death metal.

Après pas mal de picole on s’est mit d’accord sur le projet « Skaphos » en début 2018. Et nous voila en 2020, un album et une tournée de 12 jours en février pour le défendre en France et en Suisse.

2- D’ailleurs, quels mystères se cachent derrière le nom de Skaphos ? Je verrais bien une contraction de deux mots… mais qu’en est-il exactement ?

C’est assez simple, Skaphos signifie « barque » en Grec, nous souhaitions que ce projet ait pour thème la mer, les abysses mais aussi des histoires de marins. Nous aimons beaucoup Lovecraft et Jules Verne par exemple, ils nous ont beaucoup aidé à définir notre univers.
Comme nous souhaitions développer un univers où la mort serait omniprésente, le mythe de Charon (le passeur pour traverser le Styx) s’est imposé naturellement et nous a de suite plu.

Evidemment dans Skaphos on entend ‘scaphandre’ ou ‘batyscaphe’ ce qui fait un lien efficace et permet au public de rapidement avoir une idée de notre univers.

3- Vous avez un concept qui recoupe l’univers de Lovecraft et celui des abysses.
a) Est-ce un lien que vous avez fait, afin de densifier le concept de départ, offrant ainsi plus de possibilités ?

C’est un lien fait assez facilement aux vues des œuvres Lovecraftiennes (mythe de Cthulhu) ou la mer et les abysses y sont largement représentés.

b) Les deux univers vous fascinent-ils, regorgeant de mythes et mystères ?


Les deux univers nous passionnent en effet, mais nous ne nous prétendons pas du tout expert en la matière ! Nous avons juste voulu croiser des choses qui nous plaisent et plutôt que des ‘sources’ ou des références étendues nous laissons notre imagination prendre le relais.

c) Ou tout cela coule de source, venant de l’univers de Lovecraft ?


La plus grosse source d’inspiration concrète venant de Lovecraft est la nouvelle « Le Temple » qui traite de la disparition d’un Uboat 29 lors de la première guerre mondiale.
Nous développons cette histoire dans notre album Bathyscaphe et dans le premier clip pour « La tombe des Mariannes ».

4- Développez-vous des parallèles entre faits concrets et symboliques (ce qui me semble fort logique) ? Quel est l’histoire qui se déroule dans l’album ?

Comme dit juste avant, l’album narre l’aventure d’un équipage non défini et non explicite qui visite le fond des océans et finalement fini par ne jamais revenir. Nous aimons jouer sur le mystère et l’inconnu, ce sont des éléments « d’horreur » très important. Ce qui nous plaît, c’est d’imaginer les horreurs que cet équipage aura pu vivre.

Il y a certaines symboliques dans notre album, dans l’ordre des morceaux, leur noms, leur artwork, le clip (et le second en préparation qui est la suite directe du premier et qui clôturera l’album, SPOILER), mais nous aimons laisser un peu de mystère sur la narration que nous avons voulu développer et laisser le public la possibilité d’imaginer sa propre histoire.

5- Votre album se découpe en deux parties, basculant d’une exploration à un concept horrifique psychologique, de manière très cohérente.
a) Comment vous est venue cette idée d’évolution, d’une certaine trame narrative ?

Nous étions fascinés par des choses réelles comme la Neige Marine ou bien les créatures dégueulasses qui vivent dans les abysses mais aussi par les mythes et légendes, couper cet album en deux était donc tout naturel.

b) Quels éléments retrouve-t-on en commun entre les deux parties ?

L’élément commun est l’équipage, on pourrait dire que la première partie correspond aux choses qui sont arrivés « réellement » aux membres du sous-marin et la deuxième partie l’histoire fantasmé de leur mort.

c) Quel est l’élément déclencheur de la folie (‘P.o. 01:43 S.E.Y.’) ? Une sorte d’ivresse des profondeurs (peut-être une symbolique) ?

Ce morceau marque la coupure, comme si après « la tombe des Mariannes » les derniers messages radios de cette équipage soient juste les cris qui accompagne la guitare dans « P.o. 01:43 S.E.Y. ». Une manière de signifier la mort de l’équipage, bien que « la tombe des Mariannes » soit déjà bien explicite.


6- La première partie est assez ancrée dans une certaine réalité, dans le cadre d’une exploration sous-marine, avec une ambiance sous-jacente plutôt sombre. N’y aurai-il pas déjà des subtilités que ça va partir en couilles ?

Ca part en couille dès le début ! Déjà avec le morceau bathyscaphe, on signale que les gars compte visiter des espaces où l’homme n’a rien à faire ! Dès le début ils savent que c’est une mauvaise idée. « Lophius » engage une certaine menace, on annonce l’arrivée potentielle de créature gigantesque et mortelle et « neige marine » présente comment toute choses finies au fond de l’océan.

7- Les références sont assez évidentes avec les premiers titres, à l’exception de ‘La tombe des Mariannes’. Faut-il y voir quelque chose de très terre-à-terre (c’est marrant dans l’eau…), lié à la neige marine qui s’y entasse ou avez-vous utilisez ce terme pour quelque chose de bien précis ?

Tu as parfaitement raison, les premiers titres sont parfaitement terre à terre ! La subtilité pour « La tombe des Mariannes » qui est un jeu de mot avec la Fosses des Mariannes est finalement assez explicite car c’est la que le sous marin va disparaitre.


8- Après la transition, l’ambiance de l’album devient plus sombre, avec un coté plus profond, niveau sonore, de façon subtile. Et là, on part sur des choses plus mystérieuses (voire occulte ?), qui demandent des éclaircissements (et qui là, pour le coup, doivent être chargés de symbolisme…).
a) U29 : est-ce lié à la légende du sous-marin allemand portant ce nom ?

Tout à fait ! Ce sous marin vient de la nouvelle « le temple » de Lovecraft, cette nouvelle fut très inspirante pour nous.


b) 12° Nord : là, c’est plus obscur pour moi. J’aurais un lien avec le point Némo si c’était 12° Sud… Qu’en est-il donc de ce titre ?

Sans trop « gâcher » le mystère, on peut dire que nous sommes justement dans une localisation géographique, mais aussi dans un choix de direction. Nous avons aussi un symbolique mythologique qu’on souhaite développer plus tard, du coup on ne peut en dire plus !

c) US OH : même chose que pour le titre précédent ( à moins que ce soit une annotation chimique ancienne pour l’hydroxyde… mais gros doute), qu’en est-il ?

US OH est le titre le moins explicite et c’est tout à fait voulu. Pour ne pas trop en dire, ce morceau sera notre prochain clip et il conclura le projet « Bathyscaphe » avant que nous commencions à enregistrer le second album ! On espère que le clip répondra à cette question ! (ou pas !)

9- Je met le titre ‘Le temple’ à part, car non seulement il clôture l’album (en ouvrant un chapitre?) mais sa tonalité est aussi différente mais toujours de façon discrète. Et c’est clairement un titre qui fait des liens forts avec Lovecraft et son univers savoureux. Peut-on avoir des précisions sur ce titre justement ? Et pose-t-il les bases du coup d’une nouvelle ère (à la manière des romans et nouvelles de Lovecraft, ça ne va pas être joyeux…) ?

A nouveau, « Le Temple » vient de la nouvelle de Lovecraft, qui a inspiré une partie de cet album et pour ceux qui liront cette nouvelle, vous aurez une petite idée de comment à bien pu finir l’équipage du sous-marin !

Nous souhaitions apporter une conclusion assez compréhensible à notre histoire qui était déjà pas mal mystérieuse pour éviter toute frustration !

Ce titre sonne un peu différent des autres c’est vrai, car c’est le moment ou la réalité et la fiction se recroise pour conclure les deux parties et l’album en un point : la fiction était in fine bien réelle.


10- Vous entretenez le concept jusqu’au visuel et l’ambiance (en concert, c’est immersif). Mais aussi avec votre logo et les illustrations de l’album. Est-ce important pour vous cette cohérence, est-ce un choix dès le début ?

Nous sommes tous musiciens, mais aimons aussi d’autres formes d’art (cinéma, littérature, peinture…) et c’était impensable pour nous de créer un album sans s’investir autant dans la musique que dans les visuels ou bien l’univers.
Nous souhaitons (sans prétention) avec Bathyscaphe proposer un objet qui soit « agréable » à écouter mais aussi à regarder, et ultimement nous souhaitons créer des clips vidéos qui correspondent réellement à nos prestations live en terme d’ambiance/couleur.

L’artwork à été pas mal réfléchi car il permet une lecture l’album sans écouter la musique. Tout comme les clips proposeront une autre vision.

11- Le visuel de l’album combine d’ailleurs des éléments très rationnels (la baudroie) à d’autres, très mythologiques (la représentation du monstre marin de la couverture). Est-ce facile de concilier à la fois votre vision et celle de l’artiste, derrière les illustrations (Laurine Metura) ?

Nous sommes amis avec l’illustratrice et du coup c’est autour de quelques bières que l’on a parlé du projet et avons bien pu définir ce que nous voulions tout en lui laissant carte blanche, nous lui avons entièrement fait confiance et nous avons eu raison !


12- Votre logo aussi (œuvre de Yasmine Le Vezo) est intéressant, car faisant le lien avec votre concept, appuyant plus sur l’aspect sous-marin. Avait-elle tout loisir de liberté ou est-ce le travail d’une discussion sur votre vision de celui-ci ?

Nous connaissons aussi Yasmine personnellement et ça a aussi permit un design du logo efficace ! Nous avions nos idées et comme nous connaissions sa technique et ses réalisations, nous n’avons pas douté !


13- Skaphos : qui en est le capitaine (si il y a) ? Et comment se déroule le processus créatif entre vous avec le reste de l’équipage ?

Il n’y a pas vraiment de capitaine pour nous, nous avons tous des personnalités assez fortes donc tout se décide en groupe.
Niveau créatif c’est Jeremy et Stephan qui écrivent des morceaux entier, puis avec le groupe on discute, modifie, change pour que cela plaise à tout le monde. Les parties basses sont faites par Théo et la batterie par Paul. Chaque musicien est libre des sa partie.


14- On va évoquer les influences derrière Skaphos. Bon, sans grande surprise, il y a l’œuvre de Lovecraft (d’ailleurs qui en est fan et comment cela est-venu à interagir avec la musique?). Mais la question qui hante les esprits les plus chauds : quelles sont les influences musicales ?

C’est plutôt Jérémy (second guitariste) qui est fan de Lovecraft mais nous avons tous nos petites références littéraires ou cinématographiques ! Mais pour rien ne cacher la première évocation du projet Skaphos vient d’une soirée complètement déchirée devant un épisode de « River Monsters »

Niveau influence musicale c’est le bordel, pour Bathyscaphe nous avons tous apporté nos influences entre nos groupes favoris et nos projets persos. Mais si je dois citer 2-3 groupes je dirais Behemoth (pour la batterie surtout et quelques riffs) Dissection (pour le son, dissonant, incisif) et Gojira (les premiers album) pour la lourdeur des break et certains riff contemplatif comme celui de Neige Marine.

15- Que faites-vous en marge de Skaphos ? Quelles sont vos activités (fascinantes ou pas. On a tous un métier qui n’est pas nécessairement un truc fantastique…) ? Des études, des hobbys incroyables (équarrisseur de lentilles, comptage de fibre de bois sur les planches…) ? Quelque chose en rapport avec les abysses ?

Absolument rien en rapport avec les abysses, nous avons des jobs dans la musique (Paul est prof de batterie) le cinéma (Jérémy bosse dans l’audio visuel) et Stephan et Théo on leur marque de vêtement ! Donc oui, comme tout le monde, nos vies en marge du groupe sont assez peu surprenante !

16- Comment vous voyez-vous par rapport à la scène locale lyonnaise ? Comment est-elle d’ailleurs (hors des gros groupes comme In Arkadia), plus celle underground ? Des conseils de découvertes ?

La scène Lyonnaise est plutôt cool ! On connaît les autres groupes, il n’y a pas de rivalité, au contraire on se soutient et organisons des dates ensembles.

On peut quand même constater une forte scène black metal lyonnaise et plus spécifiquement black occulte avec des groupes comme Dysylumn, Malepeste, Aeon Patronis, Ominous Shrine…C’est une ambiance un peu « village » où tout le monde se connaît. Je pense que la ville elle-même est très inspirante pour ce style de musique. Lyon est spirituelle, mystérieuse et lumineuse...Il y a ce côté mystique qui rode dans beaucoup de quartier.

Évidemment je vais recommander les potes de « Decima » du post black avec une bonne ambiance en live !


17- On discute de tout mais on oublie d’évoquer le point de vue de vos familles, amis et proches face à Skaphos. Comment voient-ils le groupe ? Comprennent-ils la musique ou au contraire, vous regardent-ils d’un œil fuyant et suspicieux ? Vous permettent-ils d’avoir un recul intéressant sur ce que vous faites ?

Nos amis et famille nous supportent et évidemment notre musique est assez extrême donc forcement c’est dur de plaire à tout le monde, mais nous en sommes assez conscient !

Là où nous réussissons à les intéresser c’est grâce à nos clips, visuels et live où au-dela d’une musique violente nous proposons une ambiance et un univers à découvrir !

Evidemment leur avis compte et nous sommes toujours friands de retour positif ou négatif de personne initié au black/death metal comme des néophites.

18- Vu le contexte actuel dont on va faire abstraction, quels sont les projets à venir pour Skaphos ?

Une grosse tournée en octobre si la situation sanitaire le permet, le tournage du second clip en septembre et le second album pour 2021 !


19- Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre aux quelques questions . C’est à vous de conclure, comme vous le sentez !

D’abord merci à toi pour cette interview, de nous soutenir depuis que tu es venu nous voir en live et pour tes reviews !

On espère avoir donné envie aux lecteurs de nous découvrir et pour cela c’est super simple :

On fonce sur youtube, on tape « SKAPHOS – La tombe des mariannes » !

Merci à toi, à bientôt !