MARGOTH 5
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Cela fait longtemps que je voulais un focus autre que des groupes ou labels, en me focalisant sur un acteur / activiste (à son niveau) soutenant la scène. En attendant d'autres à venir (j'en ai deux ou trois en rab), on se focalise sur l'entité Satan Bouche Un Coin, géré par Adeline (dont vous aurez quelque chose de plus personnel sur la section fan), qui fait la part belle aux groupes français et francophone et un peu plus, avec un coté plus culturel large.
1- Salut Adeline ! Comment vas-tu ? Bon, on va situer rapidement ceux qui lisent : tu t’occupes d’une page Facebook et d’un blog nommé Satan bouche un coin. Donc, on va commencer simple : raconte nous l’histoire et la genèse de SBUC !
Salut Benoit, je vais super bien. Tout d’abord, merci de m’inviter sur ton blog. Alors, il était une fois, en 2019, à l’issue d’une année d’isolement pour préparer un concours professionnel, j’apprends que j’ai raté mon examen à 0,2 points. J’ai très mal accusé le coup et un peu sombré devant mon échec. Je n’avais plus goût à rien mais il me fallait rebondir. Ayant été rédactrice pour un blog familial quelques années auparavant, je souhaitais créer le mien depuis un moment sans trop savoir quand me lancer. Le timing était donc parfait pour m’investir dans un nouveau projet qui me sorte de ma torpeur. C’est ainsi que Satan bouche un coin a vu le jour en août 2019.
2- Avant d’aller plus en détail sur les deux facettes que tu gères, qu’inclus-tu dans SBUC, car tu y intègres aussi des formes d’arts et d’artisanats, en plus de la musique en elle-même ? Et pourquoi ce nom, assez improbable ?
SBUC est construit sur un socle « rock, punk et metal ». Ces styles ne sont pas que musicaux, ils représentent un univers que j’ai voulu décliner en 3 thématiques, l’une musicale, l’autre littéraire et enfin la dernière artistique. Mine de rien, le metal est très inspirant et on en trouve partout si on cherche bien.
Pour le nom, je voulais quelque chose d’humoristique et qui ne donne aucune indication sur le style blog en entendant simplement le nom. J’hésitais entre Satan bouche un coin et Belles et buts. J’ai rapidement écarté la deuxième idée car je voyais mal comment intégrer le sport à mon blog mais le jeu de mots était sympa.
3- Te poses-tu une limite en ce qui concerne les possibilités d’arts, pour diverses raisons ?
Comme tout individu diffusant sur Facebook, si je ne veux pas être ban, je dois respecter leur charte de communauté (je ne sais plus le nom exact) parfois ridicule. A titre plus personnel, je rejette la violence gratuite et les sujets politiques. Il existe d’autres groupes qui en parlent très bien, je préfère laisser ça aux professionnels du sujet. Je suis assez contente que mes abonnés comprennent ce choix et y adhèrent sans difficulté.
4- Tu offres un panel assez large, lorsque l’on vole sur les deux entités. Est-ce un moyen d’offrir une ouverture sur un univers personnel foisonnant ?
Depuis toujours, SBUC est une vitrine de ce que j’aime. J’y partage mon univers et il arrive parfois que je sorte un peu du cadre de mon socle « rock, metal et punk » surtout lorsqu’il s’agit de littérature. Avec du recul, je me rends compte que finalement, je pourrais en faire plus. J’essaye de faire une programmation majoritairement française car notre scène est très riche. Il suffit juste d’être curieux.
5- Du coup, on va glisser sur la page Facebook. Tu offres avec celle-ci un moyen d’échanger et de proposer des découvertes (là aussi sur le spectre large des arts).
a) T’es tu imposée une ligne directrice et des limites à ne pas dépasser, au-delà du simple carcan des arts ?
Je diffuse chaque jour de la musique. J’essaye de faire régulièrement des chroniques littéraires et artistiques mais j’ai du mal à tenir un rythme précis. François, de la FANFARE KÄRLEK, est depuis peu chroniqueur littéraire. Il fait de supers retours littéraires et a des goûts différents des miens, cela permet de diversifier un peu les sujets. J’avais proposé à mes abonnés de participer à des chroniques, je suis heureuse qu’au moins un ait entendu cet appel;). Si d’autres veulent rejoindre l’équipe, je suis preneuse.
b) As-tu parfois des conflits intérieurs, tiraillée entre un coté ‘ce truc est cool’ et un coté ‘ce truc est choquant/autre’ (je parlerai du modérateur après, ce travail infernal)?
Si j’impose des règles c’est aussi pour que je les respecte moi-même. Du coup, si je me pose cette question c’est que le sujet pourrait ne pas passer. Dans ce cas, je ne diffuse pas. Ça restera dans mon jardin secret…J’ai parfois des retours agressifs lorsque je poste certains groupes (Noir Désir par exemple, où j’ai systématiquement des ligues féministes qui viennent me donner la leçon) ou même juste une image. J’ai en mémoire un dessin de Marsault représentant une scène entre un ange et Lemmy au paradis. Le dessin était drôle mais l’illustrateur étant un activiste très très à droite, j’ai été assaillie de messages d’insultes. Le post n’est resté que 15 minutes. On m’a traitée de facho alors qu’à l’inverse, lorsque je passe du punk très anarchique, bizarrement, ça passe crème. Les gens ont du mal à se limiter au côté artistique et cherchent toujours à y voir un message politique ou sociétal. C’est saoulant. Depuis cet incident, j’ai décider de brider les publications et je m’auto-censure pour éviter les débordements.
c) Qu’est-ce qui fédère le plus sur la page ?
Je trouve que les jeux ou images drôles génèrent beaucoup d’interactions bien plus que la partie musicale. J’ai eu aussi beaucoup de mal à accepter que certains groupes fassent l’objet de quelques clics seulement. Ca me fait mal au coeur parce j’ai parfois le sentiment que, du fait qu’ils ne soient pas connus, ils n’intéressent pas. Heureusement, j’ai quand même une petite communauté très curieuse et qui est ouverte aux nouveautés.
6- Tu as une communauté relativement importante autour de la page Facebook. As-tu un aperçu, au-delà des personnes qui y sont, de ce qu’elles peuvent gérer ou créer à coté ?
Je suis ravie d’avoir réussi à fédérer autant de monde en moins de 3 ans d’existence. La page compte désormais plus de 15000 abonnés et le groupe plus de 1000. J’essaye d’avoir des échanges avec les gens, j’ai pu découvrir pour certains leurs activités. A quoi bon créer une page (ou un groupe peu importe) pour rester isolé ? Dans ce cas, j’aurais pu juste me limiter à un site internet. J’aime parler avec mes abonnés quand l’occasion se présente. J’essaye de partager leurs travaux sur la page et ils peuvent également relayer toutes leurs actualités sur le groupe. Comme je pars du principe que nous sommes une communauté metal, il n’y a aucune compétition (l’idée même est débile). On s’échange les infos, on parle des uns et des autres, tout cela me paraît normal et naturel. Je ne me pose pas de questions en fait.
7-J’ai déjà vu que tu partages, au-delà des liens musicaux et artistiques, des focus sur des structures diverses (pour simplifier hein, on est pas au détail). Est-ce par coup de cœur, parce que tu trouves que ça pourrait plaire ou intéresser des personnes ou un peu des deux ?
Je ne me force jamais à quoi que ce soit, je ne peux pas parler d’un sujet s’il ne m’a pas plu. Je ne veux pas émettre une critique négative, déjà parce que ce n’est pas mon métier et surtout que je respecte trop le travail qu’il y a derrière pour juger de sa pertinence. Dans ce cas, je préfère décliner la proposition de diffusion ou de chronique car je sais que quelqu’un d’autre prendra le relai. Du coup, si un focus est fait sur une structure, c’est qu’elle a suscité mon intérêt, que j’ai eu envie d’en parler et par extension, j’espère qu’il trouvera aussi l’intérêt des abonnés. Si je le pouvais, je ferais le tour de France pour aller à leur rencontre. Ce n’est malheureusement pas possible, enfin pas dans l’immédiat, alors on se découvre par le biais des réseaux sociaux et par mail.
8- Du coup, est-ce qu’il y a une sorte de système qui gravite autour de la page Facebook, avec ses liens et ses codes spécifiques ?
Je ne suis pas sûre d’avoir compris la question. Je préfère ne pas y répondre ou sinon il faut m’expliquer car je suis un peu con des fois.
9- Avec la masse du flux, tu as un modérateur, Gerome. Vous partagez vous le travail de modération ?
J’ai rencontré (virtuellement) Gerome car c’est un membre très actif du groupe. Il a lui aussi un blog qui s’appelle La Loi du Metal. Nous échangeons régulièrement tous les deux. On s’entend super bien et je pense qu’on a la même vision des choses quant à la tenue d’un groupe. Il est devenu modérateur au fil du temps. En fait, on ne se partage rien, on veille chacun, lorsqu’on le peut au bon fonctionnement du groupe. Il arrive parfois que l’on se concerte sur certains sujets, notamment le conflit ukraino-russe. On a dû bloquer toutes les publications sur le sujet car ça partait vraiment en cacahuète. Je lui fais confiance et il n’a pas pas besoin de me consulter pour supprimer une publication.
10- Est-ce facile de trancher, dans le cadre de la modération, avec les lignes de la page ou est-ce parfois foutrement compliqué, le contexte, le contenu et autres pouvant à la fois être cohérents et opposés aux idées de la page ?
Ce n’est pas compliqué de trancher. Il y a des règles : toute publication doit être en rapport avec le rock, punk ou metal, pas de politique et pas de publication graveleuse. Je surveille aussi les brouteurs ou trolls. La difficulté réside dans l’explication de nos motivations. On fait toujours un message à l’expéditeur pour justifier nos choix. Parfois ça passe, d’autres non. Je protège mon blog, et mes abonnés aussi. c’est nécessaire.
11- Depuis le début, je remarque que j’associe la page et le groupe SBUC. On va pratiquer une correction en te demandant quelles sont les différences entre les deux, au niveau contenu et gestion ?
En fait, j’ai 3 supports. Un site, qui est alimenté par les chroniques. Celles-ci sont reversées dans une page sur laquelle je suis seule autorisée à diffuser et enfin un groupe que j’ai voulu participatif, et dont Gerome est modérateur, dans lequel tout membre peut publier ce qu’il veut (ou presque). On retrouve vraiment l’aspect communauté sur le groupe. Il y a beaucoup d’échanges et les membres sont plus enclins à commenter les publications et discuter entre eux. J’ai aussi invité les artistes, influenceurs et autres pages à partager leurs actualités sur ce support pour leur apporter une visibilité supplémentaire. Pourtant, il est moins populaire que la page, curieusement.
12- Les deux permettant des publications des contributeurs, des abonnés ou non de la page et autres. Mais dans l’essence, existe-t-il une différence fondamentale, créant ainsi deux pôles spécifiques mais complémentaires ?
Le site et la page sont uniquement gérés et alimentés par moi. Le groupe, du fait de son aspect participatif, propose plus d’interactions et c’est en cela qu’il est différent. Tout ce qui figure sur le site et sur la page sont transvasés dans le groupe et non l’inverse.
13- Lequel s’avère le plus chronophage ou est-ce le blog qui aspire le plus de temps ?
Je consacre beaucoup de temps à alimenter la page et rédiger les chroniques. Cela est particulièrement valable pour l’évènement annuel de SBUC : le tour des régions. Il consiste à faire découvrir la scène rock, metal et punk par région (comme son nom l’indique). Cette année, j’ai reçu plus d’une centaine de réponses de groupe qui souhaitaient participer. J’ai aussi des abonnés qui ont eu la gentillesse de me proposer leur playlist. A cette occasion, je tiens à te remercier pour ta contribution conséquente. J’ai tout écouté, comme je le fais toujours, pris le temps de répondre à chacun, rédiger mes textes et programmé mes publications. Cela m’a pris environ 40 heures de travail. Je ne me lamente pas, j’adore ce que je fais et cela me tient énormément à cœur, c’est juste une question d’organisation. En plus de SBUC, je collabore avec le podcast Parole de Métaleux pour qui je fais une émission de radio par mois. Le planning est dense mais captivant.
14- Du coup, la page Facebook est peu la vitrine du blog SBUC. Existe-t-il une différence fondamentale entre la page Facebook (et du coup le groupe) et le blog (au-delà de l’aspect échange et communautaire) ?
Comme je disais plus haut, le site internet (donc le blog) est là juste pour archiver mes chroniques. Pour résumer, tout ce que l’on trouve sur le site est sur la page, tout ce qui est sur la page est dans le groupe. Vous suivez toujours ??
15- Offres-tu une vision plus personnelle à travers ton blog et te permets tu, du coup, d’offrir des choses plus pointues, par rapport à ce que tu peux sur Facebook ?
Non pas du tout puisque le blog est juste l’hébergeur de mes chroniques.
16- Tu offres aussi la parole aux groupes et artistes, offrant un focus sur leur œuvres.
a) Es-tu tiraillée parfois entre deux (ou plus choix), créant une frustration à faire découvrir l’entité voulue ?
Si je suis confrontée à ce choix, je préfère faire autant de publications que nécessaire pour me sentir satisfaite. Avec une diffusion musicale chaque jour et les styles divers, on n’a jamais l’impression de redondance. Si j’ai passé un groupe deux mois de suite (et non deux jours d’affilée), personne ne m’en tiendra rigueur.
b) Quels angles privilèges-tu pour offrir la découverte et la paroles aux artistes ?
Je me suis essayée à la chronique musicale. Je n’ai pas de style préféré à proprement parler, pour aimer une musique, il faut qu’elle me touche et qu’elle me procure des émotions. La difficulté réside en cela, car je ne m’attache pas à la technique et c’est très compliqué à transcrire. C’était aussi un peu le sens de mon appel à contribution, j’espérais qu’un abonné souhaite contribuer aux chroniques musicales. Je peux comprendre la réticence car c’est du temps et en plus bénévole. Du coup, pour palier ce manque d’informations car j’ai finalement abandonné l’idée de chroniques musicales, j’ai pris le parti de diffuser chaque jour de la musique en privilégiant une programmation majoritairement française.
c) As-tu des éléments que tu préfères mettre en lumière, te touchant plus personnellement ?
J’ai à cœur de faire découvrir notre patrimoine culturel français. Je trouve que la scène rock, metal et punk n’est pas assez mise en avant. On a des groupes qui sont aussi talentueux que les monstres musicaux qui remplissent des stades entiers mais les radios ou médias généralistes ne les exposent pas. Il en est de même pour les auteurs, les illustrateurs, les artisans en tout genre œuvrant dans la sphère rock, metal ou punk. Je ne me sens pas investie d’une mission mais j’ai envie d’apporter ma petite contribution pour les faire connaître et partager leur univers.
17- Ton blog ne serait-il pas une ouverture sur ton âme et la personne que tu es, exposant pudiquement ce qui fait de toi qui tu es (ça, c’est la question philosophie bac 2023, ils vont en chier!) ?
Intro : Ouaaaaah !
Développement : Il l’est un peu mais je pense qu’il ne montre qu’une partie de l’étendue de ma sensibilité et de mon intérêt pour ce monde culturel. Pour le développer totalement, il faudrait que cette activité devienne ma profession. Un jour peut-être...
Conclusion : J’espère quand même que les gens le voient comme un blog généreux, ouvert et curieux.
18- Le fil rouge ne gravite-t-il pas autour de l’esthétisme au final (sonore, visuel…) et d’un ressenti qui prend aux tripes ?
Tu as raison sur le fait que le fil rouge est le partage de ce que j’aime. Je suis un peu moins sûre pour l’esthétisme car chacun a sa propre définition de cette notion. Si mes lecteurs ont cette même sensibilité, tant mieux.
19- Est-ce facile de concilier travail, blog et page Facebook ?
C’est parfois compliqué mais il suffit de s’organiser. Bien que je n’ai pas réellement d’astreinte pour tenir SBUC en terme de deadline de restitution, j’essaye de respecter le programme que je me suis fixée à savoir une publication par jour. J’avoue que c’est beaucoup plus complexe pour les chroniques littéraires car j’ai un retard de fou.
20- As-tu d’autres centres d’intérêts/passions, qui ne rentrent pas dans le cadre de l’ensemble créer ?
Je m’intéresse beaucoup à l’écologie, c’est un problème qui nous concerne tous. Je suis passionnée d’astrologie et d’ésotérisme aussi.
21- Je vais un peu me tourner vers Gerome, concernant ses goûts musicaux et artistiques (cinéma, lectures, coloriages éventuels (quels éditeurs, soyons précis).
a) Quels sont-ils ?
Je ne connais pas Gerome dans la vraie vie mais on partage notre amour du metal. Du peu que j’en sais, c’est quelqu’un qui est très attentif aux autres, il est généreux et juste. C’est un passionné. J’aimerais bien le rencontrer un jour
b) T’est-il déjà arrivé d’être face à un dilemme, du genre te dire ‘C’est quoi ça ?’ et en même temps, vu que ça colle, il faudrait le valider ?
Oui, mais seulement 2 ou 3 fois et toujours dans le cadre du tour des régions. C’est un sentiment bizarre d’ailleurs. Je valide la diffusion car ce n’est pas parce que ça ne me parle pas, ou tout simplement que je suis moins réceptive au moment de l’écoute, que je dois empêcher les gens de découvrir.
22- Pour gérer le groupe Facebook, vous devez pas mal échanger. Comment vous organisez vous ou avez-vous un protocole strict, qui simplifie le tout ?
Absolument pas ! Avec Gerome, on n’a pas vraiment d’organisation. On gère au fil de l’eau. D’une manière générale, tout se passe super bien sur le groupe et nos interventions en tant que modérateurs sont assez rare. J’ai de la chance d’avoir des abonnés cools qui viennent pour partager de la musique ou nous faire découvrir des expos, des évènements culturels en rapport avec les thèmes et qui ne sont pas en recherche de polémiques.
23- As-tu des idées d’évolutions pour le blog ou la page Facebook ou as-tu trouvé l’équilibre qui te convient ?
J’aimerais organiser des rencontres avec les artisans du metal ou avec mes abonnés. J’y pense de plus en plus, il faut juste que je voie comment le mettre en œuvre et déterminer un budget pour les déplacements et l’hébergement.
24- Merci d’avoir pris le temps de répondre à ces questions. Je te laisse conclure de la manière dont tu le souhaites, c’est ton interview !
Merci beaucoup de m’avoir donné la parole et je terminerai par ces mots : Megateuf Benoit et Megateuf les gens !