top of page

Inquisition est le premier cri de Muertissima, groupe parisien œuvrant dans le death (au sens large). Des questions me taraudaient un peu l'esprit et, du coup, celles-ci ont été couchées sur papier numérique. Ce qui suit est la réponse du groupe, où chacun à amener ses infos. Tu vas voir, c'est vachement sympa à lire!
La photo provient de leur facebook

1- Bonjour à vous ! Comment ça va ? On va commencer par la question la plus simple au monde : contez-nous la belle histoire de Muertissima !

Steph : Bonjour et merci à vous de nous accorder cette interview.
Muertissima est à la base mon projet, ça a commencé dans mon Home Studio, je voulais créer mon propre groupe et je voulais faire quelque chose qui sorte un peu des normes.
C'est pourquoi je me suis fixé pour règle de ne pas me brider niveau composition, je suis passionné de métal extrême et je voulais rendre hommage aux trois grands genres que j’affectionne le plus : Le Death, le Black et le Thrash.
Au bout d'un certain nombre de compos, une alchimie s'est créée, et c'est à ce moment-là que j'ai recruté mes supers musiciens et amis qui m'accompagnent dans cette grande aventure !
Aujourd’hui nous avons fait de nombreux concerts, enregistré et sorti notre premier album Inquisition signé chez le label Music-Records et le meilleur reste encore à venir !

2- Quelle est la signification se dissimulant derrière votre nom, Muertissima ?

Steph : Je voulais quelque chose qui sonne bien, un nom qui reste, qui se grave dans la tête. Quelque chose de chantant, d'agréable et en même temps de fun. Ayant des origines espagnoles, je me suis tourné vers cette langue parce que je la trouve très belle, chaleureuse et musicale, mais aussi parce que la culture hispanique est extrêmement riche.
Pour ce qui est du sens du mot Muertissima, il s'agit d'une référence à la Santa Muerte, également appelée Santísima Muerte. Elle est une divinité mexicaine symbolisant la mort, son culte est toujours pratiqué aujourd’hui et est considéré comme hérétique par l'Église.
La Santa Muerte est une déesse de la mort mais elle peut également apporter protection et guérison à ceux qui la vénèrent. D'ailleurs, les divinités assimilées à la mort sont également assimilées à la vie en général, car la mort est indissociable de la vie.
Notre mascotte, souvent représentée dans nos visuels, est une femme à la poitrine dénudée avec un crane de bœuf pour tête : les seins symbolisant la fécondité, et donc la vie, et le crâne de bœuf la mort bien entendue.

3- Le choix du nom, Muertissima, est-ce parce que ça colle bien avec le Death ?

Steph : Haha, étant donné que Muertissima est une référence à une déesse de la mort plutôt, ouais !

4- Vous pratiquez du Death (mystère dévoilé à la précédente question au mieux). Vous avez néanmoins une approche un peu différente, quelque part entre Old School et quelque chose de plus exotique, de plus diffus. Pouvez-vous développer votre vision musicale et vers quoi vous tendez à aller ?

Steph : Ayant grandi avec des groupes comme Slayer, Megadeth, ou encore Cannibal Corpse, Morbid Angel voire même Mayhem, Marduk et tant d'autres, composer du metal à sonorité Old School m'est venu naturellement.
Mais je ne voulais pas être enfermé dans un seul style de metal et me dire que toutes mes compos doivent avoir telle ou telle gueule. Je voulais quelque chose de plus libre, et qui concilie au mieux les musiques que j'ai le plus écoutées et appréciées, à savoir le Death, le Thrash et le Black. Je me suis principalement tourné vers le Death parce que je trouve que c'est le style qui donne le plus de possibilités en termes d'expérimentations. Et donc nous faisons un Death metal auquel nous greffons des passages Thrash et Black.
Beaucoup de gens pensent que les styles ne peuvent et ne doivent pas être mélangés, je pense qu'ils ont oublié que le metal est censé être une musique libre. A trop vouloir encadrer et ranger dans une case sa musique, on finit par la brider et la priver d'originalité.
Muertissima tend donc à continuer sur sa lancée, à continuer de faire du Death Old School avec des phases Black et Thrash, tout simplement parce que c'est ce que nous aimons et on s'éclate à le faire !

Matt : Les membres de Muertissima viennent d'horizons divers, mais on se met tous d'accord sur l'essentiel, à savoir notre propre musique ! Pour ma part, je suis très inspiré par Cannibal Corpse et le Black Metal en général, tandis que Simon vient davantage du Doom / Stoner, Steph du Thrash / Death et Cédric du Prog / Groove. Bien sûr, je généralise et chacun d'entre-nous a des goûts vraiment vastes : nous ne nous enfermons pas dans un seul et même style. C'est pourquoi on s'entend sur ce mélange métallique qu'est Muertissima : c'est un espace de liberté qui nous unit tous.

5- Quand j’ai découvert votre groupe, j’ai fait un lien direct entre Impureza et Mezcla, par rapport au nom. Puis avec le nom de l’album et certains titres, ce lien est devenu plus fort. Donc, ma question est simple : hasard, coïncidence ou quelque part, au fond à droite, effectivement, il y a bien quelque chose que vous allez nous dévoiler ?

Matt : Ah ben ça, ça fait plaisir !!! Je me rappelle encore quand j'ai intégré le groupe en 2017, Steph me faisait découvrir La Caida de Tonatiuh d'Impureza, et on se disait que c'était un putain de chef-d'oeuvre !! Donc je te remercie car il s'agit en effet de groupes qu'on apprécie beaucoup et qui ont pu peut-être nous inspirer, un peu inconsciemment, dans nos créations !!

Steph : Oui, ce n'est que pure coïncidence, même si nous aimons beaucoup la culture hispanique. Avoir une chanson en espagnol (je pense à « Cerveza »), bien qu'aucun d'entre nous ne parle couramment cette langue, était un défi et en même temps une expérience enrichissante. A l'avenir nous avons bien envie d'approfondir cette voie, et qui sait pourquoi pas, plus de morceaux en espagnol sur notre second album.
Quant à Impureza et Mezcla, nous adorons ce qu'ils font ! Leurs univers sont très travaillés et leur musique impressionnante bien que très différente si on compare les deux groupes, ce qui démontre à quel point la culture ibérique est riche. Et bien entendu, nous aimerions vraiment beaucoup partager une scène avec ces deux groupes
L'avenir nous en dira plus, bien que certaines forces soient déjà à l’œuvre...

6- Puisque l’on évoque justement ce lien, votre album creuse un domaine, celui de l’inquisition.

a) Est-ce une période qui vous fascine et qui se plie joyeusement aux joies du Death ?

Simon: Franchement, je ne vais pas pouvoir dire quoi que ce soit qui n'ait pas déjà été dit à propos de l'inquisition, et j'ai pas spécialement envie de prêcher des convertis, si j'ose m'exprimer ainsi.
Ce n'est pas une période qui m'attire particulièrement, dans le sens où je n'aurais pas aimé y être. Cependant, les récits en lien à cette période me fascinent. Les motifs d'arrestation, le déroulement des séances de « Question », les méthodes de torture employées... Une vraie mine d'or pour de l'inspiration purement gore.

Matt : Et puis c'est une période superbe à dessiner aussi, et qui nous permet d'avoir une belle pochette bien gore, pleine de sang, de sacrifices et d'églises qui brûlent ! MEETAAAAAL !!!!

b) Que développez-vous au sein de l’album (sur quelles facettes vous focalisez-vous) ?

Matt : On essaie de donner une certaine vision de la liberté qui nous est propre à travers divers obstacles auxquels nous nous heurtons tous : l'addiction, la dépendance affective et émotionnelle, l'endoctrinement, la manipulation, la dictature, etc... On essaie d'explorer toutes ces choses qui nous dépossèdent de notre libre-arbitre, et qui pourraient être désignées par le terme générique « Inquisition ».

c) Pointez-vous des rapports à la religion (le clip Cerveza évoque la Cène) ?

Simon : Cerveza n'a rien de catholique, hahaha ! À vrai dire j'ai du mal à apporter du vocabulaire religieux dans mes paroles à moins d'écrire en Français. Oui, c'est étrange, mais c'est comme ça. Dans Godslayer et Inquisition, on retrouve la métaphore religieuse ainsi que le récit de suppliciés durant l'inquisition. À part ça, rien de flagrant à signaler.

Steph : Le clip de Cerveza est parti d'une blague entre nous qu'on a menée jusque devant la caméra. Le fait d'utiliser le personnage de Jésus sous une forme festive fait aussi partie de la blague car il est la plupart du temps représenté agonisant ou de manière très chiante... En règle générale ce personnage est l'antithèse du fun !
Mais à l'échelle de l'album entier par contre, nous pointons du doigt LES inquisitions, oui. Et la Religion en fait partie. La Cène est le dernier repas du christ, le lendemain il est arrêté, jugé puis condamné au supplice de la croix par les romains. Je trouve très ironique qu'une religion qui vénère une sorte de demi-dieu qui s'est fait torturé à mort ait eu recours elle aussi à la torture sur ceux qui n'étaient pas d'accord avec elle durant l'inquisition...

d) Voyez-vous un lien entre cette période et notre époque ?

Simon : Clairement, oui. Quelle que soit l'époque à laquelle nous vivons, il y aura toujours des fanatiques religieux pour torturer et tuer celles et ceux qui ne sont pas d'accord.

Matt : Aujourd'hui, le moindre petit acte mal interprété, la moindre parole ambiguë peut nous coûter cher : c'est le déferlement de haine sur les réseaux, les médias passent au crible le moindre écart, les gens deviennent froids et hostiles dès que l'on a pas la même opinion qu'eux... Bref, une seule manière de penser et de se comporter semble être acceptable, et il y a peu de place pour l'individualité. Donc on a décidé d'en parler ! D'ailleurs, le fait que notre musique ne soit pas absolument du Death conventionnel a déjà commencé à en défriser quelques-uns qui nous reprochent d'être trop originaux, et de ne pas respecter les canons du genre : eh bien c'est tant mieux, car c'est ça Muertissima !

7- Deux titres sont en espagnol : Cerveza et Libertad. Ils sont un peu différents du reste, déjà car ils sont en espagnol : pourquoi avez-vous choisi l’espagnol pour ces deux titres ?

Steph : Je voulais vraiment qu'il y ait au moins un morceau chanté en espagnol dans notre album, bien que nous parlions tous espagnol comme des vaches anglaises ! Ça nous a rajouté un défi de plus, et encore une fois j'ai vraiment envie d'inclure de plus en plus cette langue aux futures compos de Muertissima.
Et puis comme je suis le chef, si je dis à Simon « écris un morceau en espagnol » il doit le faire ! Jajaja...

Simon : Vous croyez vraiment que j'ai le choix ?

Matt : C'était important pour nous d'avoir au moins quelques textes et titres dans la même langue que notre nom. Mais également, finir l'album sur un Libertad en espagnol ça permet de finir les choses « en beauté » tout en clôturant le voyage qu'on propose sur une note positive : après l'Inquisition, la Liberté. D'ailleurs, ce dernier morceau à consonance ibérique est entièrement acoustique, ce qui vient foutre un joli coup de pied dans la gueule des Inquisiteurs qu'on a démontés à force de riffs violents dans le reste de l'album !

8- Cerveza (surtout le clip, si comme moi, on est une méga burne en espagnol) semble porter un certain symbolisme et une critique d’un moment important du Christianisme.

a) Ce titre est-il bien ce qu’il semble être, une sorte de pamphlet ?

Matt : En fait, le clip est davantage sacrilège que le texte en lui-même. On voulait un délire humoristique autour de Jésus qui change l'eau en bière, et c'est en discutant avec l'équipe de tournage qu'on a ensuite penché pour une fin un peu plus sombre, à l'image de la deuxième lecture proposée par le texte au sujet des dangers de l'abus d'alcool.

b) Que développe-t-il dans les paroles ?

Simon: Avec ces paroles, je voulais parler des dangers de l'alcoolisme. Je suis bien placé pour ça, je ne bois presque jamais ! Mais j'ai dans mon entourage des personnes qui mènent un combat quotidien contre ça. Pour certains d’entre eux, ça s’est mal terminé, d’ailleurs. Si on regarde les paroles d'un peu plus près, avec un autre degré de lecture, le texte devient beaucoup moins fun.

c) Quel parallèle et lien faites-vous avec ce titre entre la Cène et l’Inquisition ?

Steph : Comme évoqué plus haut, le fait que le lendemain de la Cène Jésus soit ironiquement victime d'une forme d'Inquisition avant l'heure.

9- Libertad est très différent du reste, avec un instrumental et aussi un coté très atmosphérique. Il m’évoque plus une transition vers quelque chose qu’un titre fermant un album. N’est-il pas une ouverture vers une suite, ouvrant une autre thématique qui découle de l’Inquisition et celle d’une autre période ?

Steph : Libertad ferme ce premier album sur des guitares acoustiques jouées en bord de plage, on y entend le bruit de la mer, et c'est un morceau presque entièrement instrumental avec pour seule parole l'unique mot « Libertad » scandé à deux reprises !!!
Il est à l'opposé du morceau d'ouverture de l'album, « Lockdown », qui représente la privation totale de liberté et la folie qui l'accompagne avec toute sa brutalité.
Tout l'album traite des divers types d'enfermements de l'humain qu'ils soient physiques, spirituels, addictifs ou autres. Sur l'avant-dernier morceau, « Prometheus », on remanie le mythe de Prométhée. Dans la mythologie grecque, Prométhée fait don de la lumière (connaissance) aux humains : bien entendu, le savoir éloignant les hommes du sacré, cet acte de rébellion rendit Zeus fou de rage ! Alors pour punir Prométhée, le Roi des Dieux l’attacha à un rocher, et le condamna à se faire éternellement dévorer le foie par un Aigle, l'oiseau maudit venant faire son œuvre chaque jour, le foie du malheureux se régénérant sans cesse. Dans notre version Prométhée se libère de ses liens et bute l'aigle en le mangeant !
Puis viens ce morceau Libertad s'ouvrant sur le bruit des vagues comme une invitation à voyager et à soi-même se libérer de ses propres chaînes.

10- Vous mêlez à votre Death d’autres éléments, comme le Thrash ou le Black. Mais un élément qui semble important, dans votre rythmique, est la présence de la basse (ça c’est cool en ce qui me concerne). Est-ce parce que votre approche ou celle de votre bassiste se voulait différente, pour apporter quelque chose de neuf ?

Simon : Quand je branche ma basse sur un ampli, la première chose que je fais, c'est augmenter à fond les basses et les aigus, couper complètement les médiums, régler le préamp à fond. S'il y a un gain : à fond, et s'il y a des p'tits boutons qui boostent encore plus les aigus et les graves, et bien j'appuie dessus. Ajoutez à ça un jeu au médiator qui suit au maximum le kick du batteur, et vous avez le son de basse de Muertissima.

Steph : Et avec Matthias on repasse derrière pour le baisser parce qu’il nous éclate les oreilles à jouer aussi fort ce con !

11- L’artwork est intéressant aussi. Il y a une opposition dans les ordres, ainsi qu’un brouillage des règles assumé. Pouvez-vous nous expliquer celui-ci et qui est derrière ? Est-ce simple de concilier votre vision, vos idées, celle de l’artiste et le rendu que vous aviez en tête ?

Matt : C'est très simple parce que l'artiste c'est moi ! Je signe sous le nom d'artiste « Macchabée Artworks ». Pour le coup, c'est un sacré avantage puisque je fais partie du projet : on n'a pas à passer des heures à discuter de ce qu'on veut, et comment on le veut. Les choses sont assez évidentes, et on se met tout de suite d'accord la plupart du temps, ce qui me permet d'être efficace. En ce qui concerne mon travail sur l'album, notre pochette est une fresque à l’aquarelle qui retrace l’Inquisition espagnole et les massacres des civilisations pré-colombiennes. L’œuvre est un diptyque qui couvre l’avant et l’arrière de la pochette, et qui cache en son sein une sorte de parabole : notre mascotte, la divinité « Muertissima » à corps de femme et crâne de boeuf, renaît des cendres de dizaines d’hérétiques brûlés sur la place de la Cathédrale. Elle s’élève, libre, en un nuage épais et vient détruire la Maison opprimante de Dieu, pendant que les membres du Clergé se noient dans leur propre sang sacrificiel en contrebas d’une pyramide Aztèque. De la délicatesse et du raffinement pour ce concept-album qui traite de liberté et d'oppression ! Et pour accompagner cette œuvre, j'ai concocté un livret de 16 pages contenant de nombreux artworks pour la plupart inédits, ainsi qu’une variété de merch allant des sous-bocks aux sweats à capuche, en passant par les t-shirts et les Prints signés et numérotés.
Bref, on a vraiment peaufiné cette sortie qui nous tient à cœur après beaucoup de travail acharné.

12- Quelles sont les influences de Muertissima ?

Steph : Des groupes comme At the gates, Carcass ou encore Morbid Angel.

13- Bon, derrière le groupe, il y a des humains (à moins que je me plante depuis le début…). Mais qui sont-ils, se demande une frange de lecteurs. Que faites-vous en dehors du groupe (à moins que vous ne soyez milliardaires…) ?

Matt : Je suis prof de français en collège et artiste-peintre ! Je signe sous le pseudo « Macchabée » des œuvres morbides pour les groupes de metal, ainsi que des logos. À ce jour, j'ai bossé avec plus de 50 groupes, radios et labels d'une quinzaine de nationalités différentes.

Simon : J'aimerais bien ne faire que de la musique, mais je bosse aussi dans l'informatique.

Steph : Je suis technicien du son et Cédric est prof de batterie (je réponds à sa place, le mec se prend pour Dave Lombardo à l'époque de Slayer quand il voulait parler à personne).

14- Quels sont vos centres d’intérêts et peuvent-ils être une partie du substrat du groupe ? Ou alors non, car certains sont très en décalage du concept du groupe ?

Simon : J'ai une passion pour le monde souterrain. Dès que je vois une entrée de grotte, j'y vais, ça tient presque du réflexe, et ce n'est pas toujours du goût de tout le monde. J'adore le bricolage, aussi. Dernièrement, j'ai fabriqué un Djent stick, et aussi une basse avec des énormes cordes qui permettent de descendre dans le spectre des infrasons. Ça aussi, c'est pas toujours du goût de tout le monde. J'adore la lecture SF, les mangas et les animes. Et c'est... Pas toujours du goût de tout le monde. Donc, pour répondre à la question : non, pas du tout.

Matt : Je mets à disposition mes talents de correcteur (utile pour les publis sur les réseaux, ou pour corriger l'interview que nous sommes en train de faire avec toi ahah) et de dessinateur !

Steph : Je suis passionné d'histoire, ce qui est pratique par rapport aux thèmes abordés mais je suis également passionné de science, de paléontologie et j'aime passer beaucoup de temps dans la nature : je suis pécheur dans tous les sens du terme, haha !
Le fait que je lâche ma guitare électrique et mon son saturé pour aller au calme à la pêche peut paraître incompatible, et pourtant ça m'a souvent permis d'avancer sur des compositions où je bloquais avec une pause au vert salvatrice.

15- Qu’écoutez-vous comme musique et y-a-t-il des conseils bienvenus de découvertes, même hors metal (et assimilés) ? Puis-je supputer qu’il y a peut-être des choses venant de la péninsule ibérique (ou non, j’ai perdu mais c’est bien tenté) ?

Simon: J'écoute énormément de grindcore, de sludge, de stoner et de doom. Oui, le spectre est très large. Je peux citer des groupes comme Nasum, Yacopsae, Catheter, Tragedy, Isis, Electric Wizard, Dopelord, Robot god, …
En dehors du métal, j'adore tout ce qui ressemble aux compiles Thunderdome, ainsi que la variété Française des années 80/90. Et d'autres groupes de la même époque : Kraftwerk, Midnight Oil, The police, Vangelis pour ne citer qu'eux.

Matt : Je suis très Black Metal et Brutal Death. Quelques conseils black, tiens : Vindland, Afsky, Tattva et les reprises de chanson française par Erroiak (notamment Cabrel et Mylène Farmer, de vraies pépites).

Steph : Alors j'écoute énormément de metal, plus que tout le reste et dans tous les styles : je peux très bien passer d'un Behemoth à du Iron Maiden, puis me mettre du Destruction, puis du Apocalyptica. Mais j'écoute aussi beaucoup d'autres style musicaux, j'adore le flamenco, la musique baroque, pourquoi pas de l'électro suivant mon humeur.
De part mon boulot, je suis un peu tenu d'être ouvert d'esprit. Par exemple, je bosse régulièrement sur des ciné-concerts destinés aux tout petits, et je kiffe ça !

16- Comment percevez-vous la scène sur Paris et votre place dans celle-ci ?

Steph : Pour le moment, des quelques concerts qu'on a fait on peut dire qu'il y a beaucoup de niveau dans les groupes parisiens, mais on peut dire ça de toute les régions françaises, notre pays est florissant de groupes qui déchirent.
On a eu la chance en tant que nouveaux arrivants sur cette scène de jouer avec des légendes comme Witches ou Agressor, et avec bien d'autres groupes comme Once Upon The End, ou Blind Hatred, et beaucoup d'autres très prometteurs et à chaque concert on a passé un bon moment avec le public et les autres groupes présents.

17- Vous pratiquez du Death (comme on l’a évoqué plusieurs fois, pour ceux qui ne suivent pas). Mais comment vos proches et amis perçoivent-ils ça ? Ca va, ça passe ou il existe deux clans bien marqués ?

Simon: Je fais l'unanimité dans ma famille. Je crois qu'ils sont juste contents de me voir faire quelque chose, hahaha ! Pour le reste, je crois que je vends le truc assez bien pour que l'on ne me considère pas comme un type chelou.

Matt : Ça va honnêtement. Au collège, les élèves sont intrigués, et même ouverts à de nouveaux styles : beaucoup m'ont demandé ce que j'écoutais, et ils ont été réceptifs et reconnaissants que je leur fasse partager mes écoutes. En ce qui concerne la famille, tous me soutiennent, mais il est vrai que certains restent hermétiques et un peu inquiets de ma fascination pour le macabre ! Pourtant, je trouve ça très sain : se défouler musicalement ou graphiquement sur de l'art violent nous permet de nous purger de notre part sombre en nous, et de soulager nos frustrations et nos tensions. Les grecs appelaient ça la Catharsis, et c'était nécessaire au bon fonctionnement de la Cité. D'ailleurs, cela explique peut-être que la plupart des métalleux soient des bisounours généreux et joyeux ! Il ne leur reste plus de noirceur et de violence une fois que tout est évacué par la musique, les pogos et le headbanging !

Steph: De mon coté ils ont pas le choix ! Que se soit ma famille ou mes amis ils sont obligés de bouffer du Muertissima du matin au soir !!!

18- Quels sont les retours que vous avez concernant votre album ?

Simon : Positifs, parfois tant à outrance que ç'en devient discutable : c’est le premier album, il ne PEUT pas être parfait. Heureusement, on a eu une ou deux reviews de l'album bien plus sévères, et même si je m'en plains après coup et que je pars en dépression pendant une semaine, c'est ce qui permet au groupe d'avancer et c'est essentiel.

Matt : Honnêtement, on a eu de bons retours !

Steph : Je suis vraiment content des retours qu'on a eus jusqu'à présent, on a eu beaucoup de choses très flatteuses qui ont été dites à propos de cet album et ça fait vraiment chaud au cœur.

19- Quels sont les projets que vous avez et ceux que vous caressez d’accomplir ?

Simon : Mon seul projet c'est de faire de la musique. Mon principal frein, c'est le boulot. Ce que je veux accomplir, c'est donc de bosser moins pour faire plus de musique. La première étape, c'est de négocier un temps partiel, en étant célibataire et sans enfant. Souhaitez-moi bonne chance !

Matt : Présenter notre album sur scène, en festivals et en concerts, et plancher sur une suite ! On a la chance de bosser avec un super label, réceptif et plein de ressources : Music-Records. Ils nous proposent de supers projets, et nous serons bientôt en mesure de vous dévoiler de belles choses à venir pour nous, mais pour le moment nous ne dévoilons rien. Patience, patience...

Steph : La conquête du monde !!!

20- Merci à vous d’avoir pris le temps de lire et de répondre à mes questions. Je vous laisse le plaisir de la conclusion, comme vous le souhaitez !

Steph: Merci beaucoup à vous pour cette belle interview, on a pris beaucoup de plaisir à répondre à vos questions et pour le mot de la fin je me permettrai d'ajouter humblement...

Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face, je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ce n’est pas mon cas, comme je le disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu ; et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie… Je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent : « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? » Eh bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain, qui sait, peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi…

bottom of page