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Moon Prototype est un projet au long cours, qui ne vous est peut-être pas familier (ça m'était totalement inconnu), dont l'album 'love*hate' est sorti récemment (https://margothpdf.wixsite.com/margothpdf/coin-des-chroniques-1/Love---Hate). Projet de base indus, très mystérieux et avec des éléments appartenant à d'autres sphères, celui-ci recèle beaucoup de recoins, dont certains sont mis en lumière dans cette interview avec Olivier Jung, l'homme derrière Moon Prototype. Une interview qui fut longue à venir mais qui vaut son attente.

1- Salut Olivier ! Comment vas-tu ? On va commencer tranquillement, en nous résumant l’histoire
de Moon Prototype.

Moon Prototype est né en 1998, j'ai découvert la MAO (musique assistée par ordinateur),
après plusieurs expériences en groupe (grunge, metal indus, trip hop...), j'ai préféré le solo,
moins d'obstacles à la création. Des sonorités uniquement électronique (breakbeat), puis tout
cela a évolué avec ma culture musicale, la maitrise d'instruments et mon humeur.

2- Le nom de Moon Prototype est assez mystérieux. Ca fait une référence à de la SF, quand on
découvre le nom. Mais avec le contexte musical, c’est différent (on l’aborde plus loin). Et du fait de
la durée du projet, l’évolution du sens à du changer. Donc, qu’en est-il ?

Je vais pas te raconter des histoires pompeuses pour faire cool. C’était la nuit, j’étais défoncé,
j'ai regardé la lune, ensuite je voulais une association « synthétique » pour refléter la froideur
des sons que je produisais, Prototype c'est imposé. J'ai toujours trouvé ça chiant les
brainstormings de recherche de noms de groupe, ça part dans tous les sens, là ça m'a pris 5
minutes.

3- Tu évolues dans un registre indus plutôt orienté coté electro (mais pas que, c’est nettement plus
riche que cette restriction).
a) Est-ce un choix découlant des origines du projet (lié aux contraintes techniques de l’époque) ?

Y'a de ça, j'ai acheté un ordinateur dès que c’était abordable, j’étais en pleine période techno
(Luke Slater) et musique industrielle (Front Line Assembly). Les première boite à rythme
coutaient très chère, alors que sur internet tu trouvais déjà l'équivalant pour pas un rond. J'ai
commencé à bidouiller avec ça. C’était pauvre et limité, mais j'avais pas d'autres ressources.

b) Dans le cours évolutif, as-tu intégré d’autres éléments ou étaient-ils déjà présent (ne serait-ce que
dans l’idée que tu avais) ?

J'ai pas mal expérimenté dans l'informatique, mais comme ça sonnait trop froid, plat, j'ai
voulu ajouté de la vie. Etant chanteur à la base, j'ai commencé à poser du chants. Puis de la
guitare, puis du synthétiseur analogique, etc... Aujourd'hui, j'enregistre tout ce que je peux en
réel, essayant d'utiliser les ordinateurs uniquement comme outils de post production.

c) Y aurait-il eut un coté frustrant au début, entre ce que tu avais en tête et les limites de l’époque ?

Pas vraiment. J'ai appris avec le temps. Mon processus de création est intimement lié à ce
dont je dispose comme capacités techniques. J'aime justement le fait de ne pas avoir tout le
matériel rêvé, cela pose des limites et des contraintes. Les contraintes entrainent des
adaptations, de l'improvisation, du hasard, j'aime ça.

4- Étant un peu limité concernant l’indus, je ne saurais pas trop dire vers quels sources il faut
tendre.
a) Explores-tu des facettes foncièrement différentes du registre habituels ?

Comme dans tous les styles, tout à déjà été fait. Je fais ma cuisine, les registres, je m'en cogne
un peu.

b) Peux-tu nous donner tes influences ?

C'est très vaste. Je préfère te donner mes goût musicaux. Ils vont de la musique classique au
black metal. Mozart, Tool, Deftones, Nirvana, Joy Division, Davie Bowie, Death, Six Feet
Under, Depeche Mode, Gojira, Craft, Mayhem, Marduk, IAM, LLNN, Method Man,
Ministry, Nine Inch Nails, Pink Floyd, The Cure, Tricky, The Doors, The Sisters Of Mercy...

5- A l’écoute, j’ai comparé ton projet à un autre, Glaukom Synod. Là où celui-ci est plus extrême et
peut être glauque dans l’approche, toi tu développes un coté plus sombre, avec des éléments
incorporés différents de GS.

Je pense que cela vient de mes origines musicales. Je suis un pure produit du grunge du début
des années 90 (Nirvana, Alice in Chains...), puis de la vague metal qui l'a suivit (Deftones,
Tool, etc...). Je n'ai pas ce coté « martial » ni « grind ». La techno hardcore c'est pas mon truc,
trop linéaire, ça m’ennuie très vite. Ensuite, je trouve que le dark side et plus riche
créativement que la lumière.

a) peux-tu donc nous parler de ces éléments (notamment trip-hop) et en quoi te permettent-ils
d’aller au-delà de la simple étiquette ?

Je ne pense pas à cela quand je compose. Je ne prévois rien. Je marche l’instinct . Je peux me
lancer dans un projet, sans savoir sur quoi il débouchera. Avant j'accentuai encore plus ce
coté non-maitrisé en invitant des personnes dans le processus créatif, en leur donnant carte
blanche. Le résultat est souvent surprenant. Je suis incapable de rester dans un genre, une
étiquette, je navigue à l'aveugle.

b) Ce coté sombre, est-il là depuis le début ou est-il venu progressivement, suintant de la sphère
personnelle ?

Il a toujours été là, il était même pire aux débuts du projet. J'ai eu une période dans ma vie où
j'ai cherché mes limites, dans les drogues, l'alcool. J'ai percuté des murs de plein fouet, la vie
m'a mis des poings dans la gueule. Je suis tomber à genoux assez souvent. Aujourd'hui j'ai de
la bouteille, je garde mon coté obscure, mais je sais vivre avec.

c) Il y a aussi un coté froid, très synthétique. Est-ce lié au tout ou est-ce une autre facette ?

Ce coté froid et synthétique est totalement assumé, mais il n'est qu'esthétique.

6- D’ailleurs, que ce soit l’illustration ou la musique elle-même, le coté sombre semble rejoindre les
thématiques. Quelles sont elles ?

Je n'ai pas vraiment de thématique, ça rejoint mon processus de création, improvisations puis
on élague à la machette. Quand aux paroles, c'est mon humeur du moment qui parles, ça peut
être personnels, abstrait, même politique.

7- Le chant que tu as est aussi particulier, à la limite de différentes sphères musicales. Là aussi est-ce un choix ou non, c’est bien plus complexe que ça et tu vas nous révéler des secrets que des
magazines people rêvent d’avoir ?

J'ai pas de secret, ça reflète mes goût musicaux sur l'instant. Avec le temps, je m’aventure de
plus en plus vers les musiques extrêmes, tout en gardant une sensibilité propre à moi même.
J'aime quand ça percute tout en sonnant juste.

8- Une série de questions, comme ça, en vague :
a) Moon Prototype est-il un exutoire pour toi ou tout autre chose ?

Totalement cathartique.

b) Serait-il un moyen de faire passer un message, mettre un doigt là où ça fait mal ?

Non, je n'ai pas la prétention de faire passer un message. Je fais de la musique pour moi,
avant tout. Après le gens aime ou pas, interprète ou pas, on est en démocratie et c'est très bien
ainsi.

c) Quel recul d’apporte-t-il ?

J'ai un recul sur l'ensemble de ce que j'ai produit depuis toutes ces années. J'en suis assez fier.
Mais très franchement, après avoir fini un nouvel album, je passe à autre chose aussi sec. Faut
que ça sorte, après je trace ma route.

d) As-tu des retours (conséquents) sur ton projet ?

J'ai failli signé à deux reprises sur des labels indépendants. Ça c'est jamais fait parce que les
conditions ne me plaisait pas. Tu perds ta liberté, tu maitrise plus le temps, et ça c'est pas
possible. Ensuite des gens me suivent depuis le début et m'encourage. Finalement, comme dit
plus haut, je fais de la musique pour moi, donc peut m'importe les retours.

e) Le vois-tu comme quelque chose de confidentiel ?

Invisible. Au début je voulais que ça explose, puis que ce soit écouté, maintenant je m'en fou
totalement. Je me contente de partager dans les médias comme le tien. D'ailleurs je te
remercie d'en parler.

9- As-tu d’autres projets, à coté de Moon Prototype ?

Plus maintenant. Je ne souhaite plus faire partie de groupe et Moon Prototype peux englober
toutes mes idées.

10- Que fais-tu dans la vie, en marge de ton projet ? As-tu un métier incroyable (sûrement, tu vis en
Bretagne!) ?

Je travaille dans la communication. C'est pas bandant mais ça reste un métier très
intéressant.

11- Quels sont tes goûts musicaux et dans les autres sphères culturelles (littérature, cinéma, jeux
vidéos…) ?

J’écoute absolument de tout. La spectre est très large, comme dit plus haut, ça va de la
musique classique au black metal. J'avoue ne pas être un grand lecteur, mais Maurice G.
Dantec et Charles Bukowski m'ont fait réfléchir. Concernant le cinéma, ça pourrait être le
sujet d'une autre interview, je suis un cinévore. Quentin Tarantino, Martin Scorsese, Paul
Thomas Anderson, Wes Anderson, Milos Forman, et j'en passe...

12- Quels sont les avis de tes proches, concernant MP ? Ont-ils un regard extérieur apportant un
avis constructif ou ne comprennent-ils simplement pas ton projet ?

Ils me soutiennent. Mais n'est ce pas leur rôle ?

13- Comment perçois-tu ton projet (étant par nature à la limite des deux courants dominants), par
rapport à la scène indus et ressens-tu un certain clivage entre les groupes coté plus electro et ceux
qui sont plus orienté metal ?

Je n'ai pas d'avis sur le sujet. Je crois que ce sont deux mondes totalement différents.

14- As-tu des projets à venir pour MP ?

L'avenir le dira.

15- Merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je te laisse le bonheur de
conclure de la manière dont tu le souhaites !

Merci à toi pour tes questions

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