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Voici un interview qui change un peu des habitudes, puisque habituellement, on évoque un groupe ou un one man band. Mais ici, on a un artiste qui développe 3 entités principales et ne se focaliser que sur l'une d'elles ne serait point intéressant. Donc, le choix du focus sur l'humain derrière ces entités me paraissait logique et donc, découvrez 3 entités et l'homme derrière, Kaëlig.

1- Bonjour Kaëlig ! Comment vas-tu ? On va commencer facile : peux-tu te présenter ? Qui es-tu ? Où es-tu ? Cours-tu vite ? Enfin, des réponses à des interrogations de ce genre…

Bonjour, ça va comme un lundi. Pas grand-chose à dire, deux bras, deux jambes dont la vélocité et la célérité ne sont plus ce qu’elles étaient, trentenaire pour plus très longtemps mais toujours mes cheveux. Je suis juste un type qui fait modestement de la musique comme il peut et comme il veut, dans son petit coin tranquille.

2- Tu as à ton actif plusieurs projets musicaux, dans des registres différents. On va commencer par le Marignan 1515. Peux-tu nous présenter cette première facette ?

C’est un projet vieux d’une petite dizaine d’années maintenant. Ça a commencé avec un ami qui cherchait quelqu’un pour faire de la « bouillie bordelaise sonore » comme il disait. On avait des influences en commun, notamment Stars Of The Lid, Brian Eno, Charlemagne Palestine ou encore Steve Reich. On a jammé pendant quelques mois dans cette optique de musique drone et je me suis ensuite retrouvé seul à la barque. J’ai alors investi dans d’avantage de matériel (l’univers infini des pédales d’effets) pour pouvoir faire tout, tout seul, dans les conditions du direct, avec juste une guitare et une chaîne d’effets bien (trop ?) garnie. C’est improvisé pour l’essentiel, avec les flottements liés aux aléas du direct, mais comme je n’aime pas quand c’est trop propre, ça m’arrange bien. Le projet est un peu passé au second plan ces dernières années aux profits d’autres mais je compte bien y revenir, toujours seul, mais avec une configuration sonore différente.

3- Celui à ses premiers élans en 2012. Il explore une veine musicale que je ne fréquente pas, le drone. Peux-tu déjà expliquer un peu ce qu’est le drone (au cas où d’autres comme moi ne serait pas trop connaisseurs de ce style) ?

Drone signifie « bourdon », dont le principe musical est simple : faire vibrer une note ou un accord en continu. L’esthétique est dans l’ensemble minimaliste et puise ses racines conjointement dans la musique médiévale occidentale ainsi que dans la musique indienne traditionnelle. Le genre se popularise désormais depuis environ un gros demi-siècle via l’impulsion de compositeurs contemporains, puis plus récemment dans diverses scènes indé.

4- Ce projet est décliné en 9 albums. Au-delà des premiers albums où l’imagerie évoque la bataille du même nom, ainsi que le dernier en date, quel est le lien avec cette célèbre bataille ?

Il n’y a pas vraiment de lien avec l’histoire. C’était surtout pour le fun d’avoir un nom qui me parait pas banal tout en étant régressif (pour beaucoup de gens de ma génération et des précédentes, c’est souvent une des dates d’histoires dont on se rappelle car elle est facile à retenir, même si on ne se souvient plus à quoi elle correspond). Mais bon, si je voulais enculer les mouches comme un résident arty d’un FRAC quelconque, je dirais que cette bataille, c’est un peu moi qui me bat avec mon matériel ou avec moi-même pour tenter d’obtenir la texture sonore que je cherche, voire de pas en faire des caisses.

5- Ce projet ne doit pas être aléatoire, à l’image de tes autres projets.
a) Quel est le but derrière ?
b) Est-ce une sorte de quête sur l’émotionnel à travers un prisme particulier ?

Au début c’était un peu un challenge personnel. Ma précédente expérience musicale c’était un groupe de thrash dont j’avais claqué la porte pour fonder Etna qui lui-même végétait sur la maquette du premier effort.
Là avec Marignan, il n’y avait plus de batterie, plus de riffs, plus de repères habituels. Je repartais un peu de zéro mais c’était agréable de se laisser un peu porter.
Ensuite, ça a d’avantage servi de purge personnelle. Je verrais ensuite où ça me mènera.

6- Depuis 2012 et les 9 albums, il doit y avoir pas mal d’évolutions.
a) Quelles évolutions ont donc affecté le projet ?

Les évolutions sont essentiellement matérielles et techniques. Matérielles parce que je n’ai obtenu certaines sonorités qu’avec l’aide de certaines pédales, qu’il a fallu acheter petit à petit pour pas finir sous les ponts après une crise de GAS (le Gear Acquisition Syndrom, bien connu des zicos un peu autistes niveau matos). Ensuite, technique car j’ai gagné peu à peu en assurance en ce qui concerne la maîtrise du dit matériel (même si je garde encore d’immenses lacunes et suis réfractaire à tous ces trucs « trop compliqués » pour moi, avec du midi de l’USB embarqué et tout le tremblement de ce qui sort ces dernières années en matière de matériel connecté).

b) La nature de la composition a-t-elle aussi évolué ?
c) Comme on est sur un genre où la variation est très subtile, comment la tonalité s’est développé en 8 ans ?

Hormis le fait qu’aux débuts, la configuration en duo guitare/basse avec un son assez raw et des amplis poussés à burne est passée à une configuration solo guitare, il n’y a pas eu d’évolution particulière, enfin de mon point de vue. C’est toujours le même procédé : j’ai une vague idée en tête, je lance l’enregistrement, je fais des boucles sonores qui s’empilent en espérant ne pas foirer la prise et ensuite, je garde ou bien je recommence. De 2016 à 2019, je n’ai rien publié et j’ai seulement remis le couvert en 2020, surtout pour me remettre dans le bain, donc pas de gros développement à proprement parler.


d) Les albums entretiennent-ils un lien entre eux, déployant un concept musical ou absolument pas, ils sont tous indépendants les uns des autres ?

Tout est indépendant, hormis les références visuelles répétées à l’univers à la bataille de Marignan ou juste des batailles de ce type.

7- L’imagerie est aussi très guerrière sur 5 des albums, mais différentes sur les autres.
a) L’imagerie choisie entretient-elle un lien avec le concept ou est-ce juste pour être raccord avec le nom du projet ?

Il y a seulement sur quelques publications, (-) et EHFH où il y a une signification particulière derrière. Les autres, pour l’essentiel sont effectivement là pour tisser un lien entre patronyme et visuel.

b) Il y en a quatre qui sont différents, graphiquement parlant. Notamment EHFN, qui est graphiquement en rupture avec le reste (toujours une veine graphique mais très épuré et abstraite). Est-ce juste un hasard, les pochettes n’étant pas vraiment essentielles au concept ou derrière il y a une signification particulière ?

EHFH, c’est pour Electro-Harmonix Flanger Hoax, un boîtier d’effet initialement conçu pour générer deux effets : phaser et flanger. On peut s’en servir autrement avec certains réglages et faire passer la pédale en « auto-oscillation ». Elle produit alors elle-même du son, sans l’aide d’un instrument. Du coup, j'ai enregistré deux pièces sonores avec juste ça, une reverb, un delay et un looper. La pochette illustre une relecture du visuel du boîtier métallique du Flanger Hoax vu que c’était clairement la colonne vertébrale de l’album, un peu comme ont pu le faire par exemple Suzanne Ciani pour son « Buchla Concert » ou encore Arnaud Rebotini pour son « Music Components ».

c) Existe-t-il aussi une recherche graphique, appuyant des codes cachés dans la musique ?

Pas pour ce projet malheureusement, je n’ai pas pris le soin de pousser les choses à ce niveau.

8- Dans l’ordre temporel arrive ensuite ETNA, dans un registre ambient teinté de doom. Peux-tu là aussi présenter Etna et l’ambient ?

Etna est en fait un tout petit peu plus vieux. Je l’ai démarré fin 2010 quand j’ai quitté mon poste de bassiste dans un groupe de thrash de la région nantaise où je ne voyais plus ma place. Le batteur m’a rejoint dans la foulée et jusqu’en 2014/2015 on a bossé à deux : lui les batteries et moi tout le reste. Il y avait déjà des éléments de nappes atmosphériques mais la musique était d’avantage structurée et moins lente que par la suite. Nos chemins se sont séparés avec mon compère, et c’est à partir de là que j’ai tout fait seul et que j’ai vraiment glissé dans la lenteur et les ambiances éthérées. Et ça de plus en plus en fait. Ce changement de cap m’a permis de retrouver certains amours de d’adolescence, avec des groupes comme Evoken ou Shape Of Despair comme influences importantes.
Quant à l’ambient, c’est assez connexe au drone au final : une musique éthérée, qui va miser sur l’atmosphère et la sensation de « planer ». L’influence d’un groupe comme ASVA m’a également aidé à trouver une sorte d’équilibre entre doom et ambient.

9- Même si Etna et Marignan 1515 présentent des similitudes, les deux sont différents. Est-ce un besoin d’explorer une autre voie, recherchant d’autres subtilités à travers un autre prisme musicale voisin du premier ?

Disons que ce que je faisais dans Marignan m’a encouragé à incorporer d’avantage d’ambient dans Etna, ne serait-ce que pour apporter du contraste entre lourdeur, pesanteur et légèreté.

10- Le nom d’Etna évoque le volcan. Pourquoi ce nom, contrastant avec la musique ?

L’idée de quelque chose de massif, tantôt endormi, tantôt réveillé. Et puis je ne peux nier que le titre « Etna » qui ouvre le split album entre Sunn & Boris m’a un peu fait de l’œil. 

11- La musique que tu déploies est très puissante, au niveau émotionnel, malgré le style où celui-ci évolue. Est-ce une volonté assumé ou est-ce simplement un besoin pour exprimer des émotions différentes ?

C’est clairement une volonté assumée. Cela dit, je crois que je suis bien incapable de faire de la musique entraînante, feel good, positive, joyeuse.

12- Quelle est la trame qui se cache derrière Etna ? Existe-t-il un lien entre les albums (au-delà du graphisme des pochettes) ?
13- Que recherches-tu via ce projet ?

Si tu me le permets, je vais répondre à ces questions de manière groupée. Ce projet est devenu depuis le second effort, un compagnon de route qui me restait à délester tout ce que j’entasse et qui me pèse. Une sorte de mélange de mélancolie, de souffrance mais aussi de quiétude qui témoigne de façon pudique du cours de ma très modeste existence. J’intériorise beaucoup et c’est un moyen de pouvoir extérioriser les choses de la vie.

14- Il y a un lien intéressant avec les croyances (mythologie ou religions), à travers le choix des pochettes. Est-ce volontaire (Et si oui, peux-tu développer ? Est-ce lié à la personne que tu es ?) ou est-ce juste le genre d’illustrations qui colle à l’esprit de la musique pour toi ?

Les mythes et la religion ont cette force de développer des paraboles, où l’on peut dire quelque chose avec finalement presque rien. L’iconographie chrétienne dans la peinture est un exemple de choix, même si je ne suis pas chrétien, bien qu’ayant été éduqué dans la religion chrétienne. C’est donc un choix volontaire qui va au-delà du simple choix esthétiquement sombre et solennel qui colle à ce genre de musique.

15- L’imagerie est du coup très puissante et chargée de symbolisme, faisant trait avec la religion mais aussi la mort et d’autres thèmes sombres. Ça entretient un paradoxe entre religion (croyances, doutes) et la finalité de la vie (qui se termine par la mort). Qu’est-ce qui se cache derrière l’imagerie du coup, lié aux titres des albums ? Pointé du doigt des aberrations ?

Ce qui doit se cacher derrière, c’est « au mieux mon » goût pour le macabre, « au pire » ma propension au pessimisme, au nihilisme (ouh, que c’est original !), à l’ironie et à l’absurdité de l’existence même si de belles choses se produisent entre le début et la fin.
Par exemple le titre de l’album « A la porte de l’Éternité » fait en partie référence à la peinture de Van Gogh, une de ses dernières, représentant un vieil homme affligé, assis au coin du feu, dont certains éléments rappellent cette peinture de George de La Tour qui a servi d’illustration à l’album. Quant aux titres de l’album, ils rappellent une phrase d’un passage de la Bible, phrase que Van Gogh aimait aussi à citer d’ailleurs. La joie entremêlée de tristesse, l’humilité mais aussi la détresse dans sa simple condition matérielle et existentielle ; c’est un fil d’Ariane que j’ai essayé de discrètement déroulé jusqu’au dernier album en date, qui fait référence à la parabole de la brebis égarée, aux gens qui se sentent perdus dans le monde qui nous entoure et aux plus faibles, aux petites gens qui restent du bétail au regard de la société telle qu’elle est régit.

16- Syndrome de Cotard (Note d’info : pour faire simple, c’est une pathologie mentale qui fait que la personne croit qu’elle est morte (au mieux) et qu’elle se décompose (au plus extrême)) est un peu différent, puisque les références sont un peu plus brouillés. Pourtant, le lien est intéressant entre le nom et le choix de la peinture illustrant celui-ci.
a) Est-ce un moyen de dire que la religion (ou les croyances) peuvent renvoyer à des pathologies mentales ?
b) Est-ce une forme de contraste offert entre le syndrome de Cotard, l’imagerie et la musique, offrant un décalage assumé ?

Je n’ai pas poussé la réflexion dans le sens de ta première question. Pour ce 3 titres, j’avais deux compositions et une reprise de Matt Elliott, « Cotard’s Syndrome », que j’avais envie de mettre en avant. Même si c’est effectivement une forme aggravée de la dépression, la mélancolie qui en découle m’interpelle et le sentiment d’immortalité qui en émane parfois pouvait s’illustrer par cette peinture où Sébastien (bien que hors du cadre ici), criblé de flèches, survit à son martyr. Montrer ce qu’on ne voit pas, suggérer, rester dans une certaine pudeur.

17- Etna renferme du coup pas mal de symbolisme lui aussi. Du coup, ne serait-il pas une extension de Marignan 1515 ?

Etna étant effectivement moins abstrait, j’ai pu ouvrir plus de portes pour le coup.

18- On va terminer par ton projet le plus récent, Tenebrisme, dans une voie très différente puisque l’on part dans le black atmosphérique. Peux-tu nous le présenter ?

Ça a commencé début 2020, un peu comme un challenge car j’écoute du black depuis mes années collèges (ah, cette année de 4ème en 96/97, les Metallian à 15 francs, la liste Adipocere, etc..) mais je n’avais jamais eu le courage d’en composer. Je pense que c’est l’aisance gagnée dans mes autres projets qui m’a surtout débloqué.
Du coup, c’est un peu la même tambouille que pour Etna : une boîte à rythme de pauvre, une carte son de pauvre, un vieux Cubase craqué, pas de mastering et des prises avec des pains parce que je ne suis ni ingé son, ni un grand technicien. Et toujours pas de vocaux car je ne sais pas faire de la musique autrement.
Pour les influences, rien de très original : la scène norvégienne des 90’s, notamment ce qui sortait chez Moonfog à la fin des 90’s/début 2000, Abigor, la prod à l’arrache façon Boss/Bathory, les démos de Belenos, les vieux Blut Aus Nord.

19- Tenebrisme entretient un point commun avec tes autres projets, par le coté atmosphérique. Est-ce un moyen de rapprocher les 3 entités ?

Je ne sais pas si c’est un moyen ou juste un truc naturel de chercher à foutre des arrangements et de la réverbération partout et de plus en plus.

20- Tenebrisme est très chargé niveau symbolisme. Notamment du fait de sa structure qui fait le lien avec le courant de peinture du même nom qui est à la fois une manière de voir ou faire en peinture et, comme je l’ai dit, un style. Peux-tu nous dire pourquoi tu as fait ce choix et ce lien entre les deux ?

J’utilisais déjà avec Etna le caravagisme pour mettre en image le clair-obscur de la musique, c’était tentant de rester dans la thématique avec le ténébrisme qui n’est qu’une technique qui tourne autour du clair-obscur. C’est pour moi quelque chose qui décrit parfaitement la musique que j’écris, avec un minimum de relief et de nuance pour ne pas que tout soit sombre. Comme l’illustration de l’album qui représente un monument aux morts, éclairé de nuit. Le noir, les ombres découpées par la lumière, la mort, le souvenir.

21- Il y a une recherche derrière Tenebrisme, qui n’est pas quelque chose de posé là, au hasard.
a) Qu’est-ce qui se cache derrière ?
b) Il y a clairement encore du symbolisme derrière (il n’y a qu’à écouter ‘Prophecies’ que tu reprends). Qu’exploites-tu à travers ce projet ?
c) Essaies-tu de créer une sorte de trame narrative à travers les structures musicales de Tenebrisme ?

Il n’y a pas quelque chose en particulier qui se cache derrière, si ce n’est une déclinaison de ce que je fais et de ce qui me parle et me touche.
Pour l’album, il y a effectivement une trame. L’ordre des titres est à la fois celui dans lequel je les ai écrits, mais aussi du plus court au plus long, du plus concis au plus arrangé. Quant à la reprise de Glass, le visionnage du documentaire Koyannisqatsi m’avait vraiment marqué. Les prophéties des indiens Hopis y sont astucieusement mises en image et en musique et clairement, on est en plein dedans : ils mettaient en garde contre l’appauvrissement et le pillage des ressources naturelles, une croissance hypothétiquement infinie dans un monde fini, et le fait de se tourner vers le ciel et les étoiles sans avoir finalement le temps de nous retourner pour nous sauver nous-mêmes.


22- Ces 3 projets exposent-ils une part de toi-même, servant à la fois de catalyseur et d’exutoire ?

Je n’ai pas de recette particulière, ni de plan établi. Effectivement, ça me sert à m’exprimer implicitement, à me « purger » comme j’ai déjà dû l’écrire ou encore de me maintenir dans une sorte de vague à l’âme, faute de savoir comment m’adapter au monde qui m’entoure et avec lequel je me sens de plus en plus en décalage.

23- As-tu d’autres projets en gestation ou vas-tu rester sur ceux-là, pour les faire mûrir et évoluer au fil du temps ?

Oui, j’ai bien envie de relancer l’idée d’un projet un peu à part, en duo avec mon épouse. Un truc bête et méchant, bas du front, tendancieux et lo-fi. Un peu dans le délire outrancier d’un Nettoyage Ethnik ou d’un Costes, avec des collages sonores, des reprises détournées avec très mauvais goût, pour dénoter avec l’aseptisation et la moralisation ambiante qui gagne du terrain façon Blitzkrieg, ahah.

24- On va parler un peu plus de toi, en tant qu’individus. Quelles sont tes références musicales ?

De façon non exhaustive et dans le désordre le plus complet : Tristitia « Crucidixion », Septic Flesh « Esoptron », « Dead Can Dance « Spleen & Ideal », Brian Eno « Music for airport », Waltari « Yeah !Yeah!Die!Die! Death metal symphony in deep C”, Blut Aus Nord “The Work wich transforms God”, The Beach Boys “Pet Sounds”, Type O Negative “October Rust”, The Cure “Pornography”, Naked City “ Grand Guignol”, Bathory “ Blood on Ice”, Matt Elliott “Drinking Songs”, Mayhem “Wolf’s lair Abyss”, Burzum “Filosofem”, A Winged Victory for the Sullen “S/T”, Death In June “Brown Book”, Depeche Mode “Black Celebration”, Neurosis “Times Of Grace”, Steve Reich “Music for 18 musicians”, “Mike Oldfield “Tubular Bells”, The Sound “Jeopardy”, Roky Erickson “The Evil One”.

25- Tu portes aussi une culture marquée à travers le choix de l’imagerie. Es-tu attiré par l’art, notamment ce qui se rapporte au moyen-âge et à la renaissance ?

J’y suis sensible et il y a de forte chance que la culture underground y soit pour beaucoup, à travers les choix de cover de plein de disques qui m’ont marqués : Abigor et son « Channeling the Quintessence of Satan » qui met à l’honneur « Le Chevalier, La Mort et Le Diable » de Dürer, la tonne de groupes ayant utilisé du Gustave Doré et ses illustrations de « La Divine Comédie », Bruegel utilisé par Sunn ou John Zorn et ce à plusieurs reprises, l’œuvre de Theodor Kittelsen que Burzum a pas mal utilisé ou encore Jérôme Bosch avec le « Into The Pandemonium » de Celtic Frost (et le « Aion » de DCD). Plus récemment, en dehors des incontournables, j’ai porté de l’intérêt pour des peintres du 19ème siècle, symbolistes, essentiellement des artistes allemands, autrichiens, italiens ou provenant de pays de l’est.

26- Que fais-tu en marge de tes projets (qui doivent être chronophage) ? Exerces-tu un métier ou des études (l’un ou l’autre avec un lien expliquant en partie tes projets) ?

C’est pas si chronophage que cela en fait. Ça marche plus par périodes de rush et périodes de pause. Genre pour 2021, j’ai pour l’instant seulement travaillé sur une double-reprise des Beatles pour Etna et je ne l’ai d’ailleurs toujours pas terminée.
Sinon, j’ai exercé un métier mais ça c’était avant. Le travail, c’est aliénant. Je préfère vivre simplement et de façon la plus autonome possible. La décroissance offre cette possibilité. Merci Vikernes !

27- Quels sont tes goûts littéraires et cinématographiques ?

Je lis peu de romans, donc peu d’écrivains. Malgré tout, j’aime bien les romans historiques, notamment ceux de Michel Folco que mon épouse m’a fait découvrir. Sinon, les ouvrages sur les bizarreries du genre humain, l’occulte, les sociétés secrètes NS, le true crime (merci Camion Noir et les Emmaus!), les bédés transgressives.
Logiquement pour le cinéma, mon cœur penche vers celui de genre, que ça soit de l’horreur, série B ou Z, un peu de nanar forcément, nazisploitation ou autres, indé (pas celui de Telerama hein).
En gros, le cinéma de Herzog, Fulci, Argento, Carpenter, Pasolini, Noe, Cronenberg, Tarr, Reggio, Tsukamoto… et puis les comédies débilitantes et régressives de ma jeunesse que ça soit dans le cinéma français des 60/70’s ou le cinéma anglo-saxon des 90’s, la nostalgie ayant une place assez importante chez moi.

28- Tu entretiens une part de mystère (déjà au travers de tes projets) mais aussi de par le choix de ta représentation sur Bandcamp.
a) Est-ce un choix mesuré, un moyen de rester discret ou hasard total sans la moindre réflexion à la base ?

Je pense qu’il n’y pas besoin de beaucoup plus d’informations pour les quelques auditeurs qui tombent sur la page. Less is more ;)

b) Ton environnement (où tu as vécu et actuel) est-il un élément du mystère ?

Pas nécessairement, j’ai rien contre dire que j’ai pour l’essentiel vécu en région nantaise, mais je me demande vraiment qui ça intéresserait de connaître le bled exact où je vis actuellement. Au pire, pour alimenter de façon exhaustive ma page sur Metal-Archives, sauf que je n’en ai même pas, ahah. Tout ce que je peux dire, c’est que là où je me suis enterré, c’est clairement pas « un coin à metal » et c’est tant mieux parce que je ne supporte plus le concept pyramidal, stratifié et social des « scènes metal ».

29- Est-ce que tes projets sont un peu une extension de l’individu que tu es, dans ton tempérament, ton caractère ?

Complètement. C’est presque un livre ouvert, mais écrit en très petit, avec des ratures.

30- Quels sont les groupes que tu apprécies le plus ? Est-il raisonnable de penser que ça sort du metal et que ça nourrit forcément ta vision musicale ?

Là, comme ça, je dirais Ulver, (jusqu’à l’album de covers des 60’s), Sunn (jusqu’à Monoliths & Dimensions), Stars Of The Lid, Dead Can Dance (jusqu’à Aion), The Beatles (que mon épouse m’a fait découvrir), Neurosis, Blut Aus Nord (jusqu’à Mort), Black Magick SS, Popol Vuh. Mais il y en a tellement en fait.
Et effectivement, ça déborde de la sphère metal et ça m’influence dans ce que je fais. D’ailleurs, j’avais un autre projet étant plus jeune, The Throat On Fire, une sorte d’electronica bizarre et il fait bien le dire, très mal faite. C’était quand j’écoutais un peu trop d’Ulver de la période 99-2003, Autechre, The Future Sound Of London ou Coil. J’y ai conservé les trucs que j’estimais les moins mauvais sur cette page, pour le souvenir : https://thethroatonfire.bandcamp.com/

31- Comment vois-tu la scène metal (au sens large) en France ? Quels projets/groupes recommandes-tu de découvrir ?

Je ne m’y intéresse plus autant qu’avant et il en va de même pour le metal tous pays confondus où j’ai un peu perdu de vue ce qui se fait, préférant me tourner vers les vieux trucs des 90’s. Mais bon, j’ai quand même internet, les réseaux sociaux, etc et je ne peux m’empêcher de constater qu’il y a à la fois une moralisation croissante et une marchandisation façon start up du tertiaire de la scène qui me laissent perplexe. Ça et tous les acteurs de la scène qui même au plus bas niveau de notoriété/reconnaissance, se prennent pour des cadors ayant gagné leur statut dans la « pyramide du metal local ». Comme s’il fallait être quelqu’un pour exister ou espérer obtenir une street cred ….
 Je m’intéresse désormais d’avantage à d’autres scènes musicales, qui font moins de chichi.

A recommander, eh bien Jinkstraum, un compère de bruit (https://jinkstraum.bandcamp.com/ ), Huata (même si ça a splitté), Overmars (même si ça a splitté aussi), Dirge (qui a splitté aussi) Bagarre Générale (qui fait une sorte de post hxc instrumental avec des cuivres en plus), et de manière générale Norma Evangelium Diaboli/DeathSpell Omega qui en terme d’intégrité et de vision artistique forcent le respect.

32- Quels sont les projets concernant les 3 entités que tu gères ?

Pour Marignan 1515, je n’ai pour l’instant rien de concret à l’horizon, ça viendra comme ça viendra, comme une grosse envie de chier ou bien pas du tout.
Pour Etna, j’aimerais terminer avant la fin de l’année la cover des Beatles dont j’ai pour l’instant publié la maquette sur bandcamp.
Et pour Tenebrisme, j’ai dans l’idée d’un second album. Pour l’instant je sais juste qu’il s’appellera « Humble Sillon » et qu’il comportera au moins deux longs titres, genre 15/20 minutes chacun.

33- Merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, pas toujours amusantes il est vrai. C’est à toi de conclure : tu as carte blanche !

Je te retourne les remerciements ! Je crois qu’on ne m’avait jamais posé autant de questions et surtout, autant de questions aussi précises sur ce que je fais. Content que la musique ait pu te toucher et t’inspirer, ça fait plaisir de faire plaisir.

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