MARGOTH 5
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On ne présente plus le groupe Inhumate, pilier de la scène grind française. Flirtant avec 30 ans de carrière et un ultime album (chronique: https://margothpdf.wixsite.com/margothpdf/coin-des-chroniques-1/Eternal-life), le moment où jamais était venu de pouvoir leur poser moult questions sur le groupe, leur musique, ce qu'est Inhumate, le français, la culture, la cuisine, le packaging des lustucrus... (bon, certaines choses sont à barrer ici...). Culture et savoir côtoient réponses pointues et une fin qui n'en est pas une...
Photo venant de leur Facebook (Psyrus Studio).
1- Bonjour à vous ! Comment allez-vous ? Bon, au vu du contexte du groupe, la première question ne sera pas de présenter le groupe mais plutôt qu’est Inhumate (hop, la question retorse dès le début) ?
Fred : Inhumate est une entité, composée de 4 personnes, qui prend vie quand elles jouent ensemble. Il y a la vie, en répète, et la Vie, sur scène.
Mad : Inhumate c’est 4 personnes très différentes qui regardent dans la même direction, celle du grind sincère et indépendant. On est unis par la musique qu’on fait, et je pense qu’on la fait sans vraie influence ou mode externe. On fait notre truc tous les 4 enfermés dans notre local avec bières et Suze, puis on la communique sur scène avec l’autre moitié d’Inhumate, c’est-à-dire notre public.
Chris : Inhumate c’est 4 personnalités reliées en 1 ligne par la musique, avec un désir d’aller toujours plus loin dans l’exploration de la folie musicale, surtout sur scène, afin d’atteindre la transe, et la communion avec le public. Ce sont les meilleurs moments, ça !
2- ‘Eternal life’ est votre ultime album, qui ferme votre heptalogie. Quels ont été vos sentiments, une fois mis en boîte ?
Fred : Comme tu peux l’imaginer, une sensation bizarre de se dire que c’est fini… Mais bon, si c’est la fin des studios, ce n’est pas la fin du groupe, il nous reste quelques années à le défendre sur scène, autant de temps qui permettra de se préparer à la fin réelle.
Mad : Ouais c’était assez particulier… Le studio c’est pas notre grande passion, on ne vit que pour le live et les albums sont davantage un vecteur qu’un but en soi, mais on s’y applique et on donne tout ce qu’on a pour proposer un bon enregistrement, et savoir qu’on ne vivra plus cette expérience, même si elle est parfois douloureuse, ça m’a mis un petit coup au moral sur le moment. Mais il nous reste quelques années pour foutre le bordel sur le bois, alors on ne s’appesantit pour sur ces affects un peu négatifs.
Chris : Oui, pareil pour moi, ça m’a fait très bizarre de me dire que le studio avec Inhumate c’était terminé. Mais on le dit souvent, nous ne sommes pas un groupe de studio, mais un groupe de scène. Le studio, tu n’as qu’une envie avant, c’est d’y entrer, puis quand t’y es tu n’as qu’une envie c’est d’en sortir ah ah ! Je caricature évidemment, mais y a de ça. Mais cela reste de beaux souvenirs, et j’ai beaucoup de mal à me dire qu’il s’est déjà passé autant de temps et qu’on est arrivé au bout de ce concept de ouf !
3- Vous avez tout donner pour celui-ci, offrant vraiment une foule de détails, qui donne un album dense et intense. Est-ce pour finir dans un fulgurant feu d’artifices ou est-ce plus l’évolution logique ?
Fred : Un peu les deux mon capitaine ah ah ah Mais on est de tout façon dans une évolution logique, vu que d’album en album on a toujours poursuivi un objectif de bestialité et d’extrême brutalité.
Mad : Ouais carrément les deux ! Mais il y a aussi une autre façon d’enregistrer. Jusqu’à The Fifth Season inclus, la batterie était enregistrée avec une guitare témoin, ce qui fige le tempo avant enregistrement et donc bride un peu la musique. Pour Expulsed et maintenant Eternal Life, on a enregistré la batterie live en jouant tous dans la même pièce avec Yannick, ce qui lui laissait le loisir d’aller à la vitesse qu’il voulait selon le feeling du moment et, je te l’donne en 1000, son feeling va toujours dans le sens de l’ultra brutalité/rapidité. Cet album est ce qu’on a fait de plus proche de nos live, et cette façon d’enregistrer permet cette spontanéité. Puis ce line-up est stable depuis 15 ans, donc on fonctionne avec une certaine fluidité. Le mix a été aussi différent sur ce dernier album. Tout ça donne « Eternal Life » tel qu’il est.
Chris : En effet, c’est un peu des deux. Il était impensable de finir sur un album moyen, mais nous avons toujours cherché à aller de plus en plus loin, autant dans la réflexion sur notre musique que sur notre concept, les paroles, etc. Le grind est concentré par définition, et nous essayons de l’enrichir au maximum, qu’il s’agisse de la musique (je pense aux riffs travaillés de Damien ou au jeu de batterie de Yannick notamment), ou des paroles ou du concept, les diverses voix, le son de la basse, les citations, les pochettes, etc. Souvent les gens considèrent le grind comme étant limité parfois. Nous aimons aussi montrer qu’on créer tout ce qu’on veut. On est complètement libre et la liberté engendre la richesse de l’album notamment.
4- Pouvez-vous donnez le concept général de cet album, vers quoi il tend, en tant qu’entité seule (puisqu’en fait, il appartient au concept même du groupe) ?
Fred : On a débuté ce concept en 1997 entre le premier et le deuxième album, en ayant l’idée de relier le second au premier. Puis finalement on a décidé qu’on en enfilerait 7 qui se suivraient et qui raconteraient la Vie. Du coup dans l’ordre, ça donne « Internal Life » (1996 – la vie intérieure), « Ex-Pulsion » (1997 – la naissance), « Growth » (2000 – la structuration de la personnalité), « Life » (2004 – la période de la vie à laquelle on la transmet), « The Fith Season » (2009 – la période de la sagesse, de la maturité), « Expulsed » (2013, l’expulsion de la vie) et « Eternal Life » (2021 – la vie éternelle). Ce qui ont le premier et le dernier album comprendront que ça forme une boucle en comparant l’intro + le premier titre et le dernier titre et son outro. Et à la question qui est dorénavant éternelle, la réponse est : Inhumate. L’entité qui prend vie chaque fois qu’elle est sur scène, par la communion des 4 musiciens.
5- ‘Eternal life’ permet de boucler le concept (j’y reviens plus loin). Ce qui me conduit à diverses interrogations.
a) Cet album entretient-il des liens avec les autres albums (en dehors de la musique en elle-même), plus dans des idées (musique et lyrics) ?
Fred : Alors la partie visible de l’iceberg est dans les visuels. Ce sont surtout eux qui lient les albums. Mais on peut effectivement trouver des liens dans les lyrics. Pour ça je laisse la parole à Chris.
Mad : Il y a beaucoup de petites connexions, clins d’œil, références et liens entre les 7 albums qui sont glissés dans les paroles pour celui qui a envie d’y farfouiller. Si les visuels sont plus clairement entremêlés, les textes suivent également cette logique ici et là. À vous de fouiner ;)
Chris : En effet, depuis le début du groupe, j’ai cherché à établir des connexions entre les divers titres, des références, des renvois, avec par exemple des trilogies de textes (les 3 « Ecotone » par exemple), un personnage redondant (entre « Copyright » et « NDS » par exemple), certaines thématiques comme la vue subjective d’un objet ou l’astrophysique, les références aux éléments, en fonction de la thématique, les citations d’autres titres (d’inhumate ou autre). Généralement, s’il y a une majuscule qui traîne, alors qu’il ne devrait pas y en avoir, c’est qu’il y a une référence cachée eh eh :) Y a même un vers d’Iron Maiden quelque part, sur un des albums si vous cherchez bien eh eh eh ! J’ai travaillé mes textes de plus en plus avec le temps, pour finir par exemple avec des acrostiches sur les deux derniers albums. Il y a aussi des références à des films, des livres, la mythologie, etc. Ce sont également des thématiques qui reviennent très souvent. Le concept lui-même est souvent évoqué. Je citerai surtout « We are Inhumate », qui se compose de 7 couplets, chacun étant une référence à chaque album évidemment. Le dernier titre d’Eternal Life s’intitule « Alone ? » car il fait référence au 1er titre du 1er album qui était « Alone ». Autre lien entre les deux derniers albums : tous les titres du 6ème (Expulsed) se terminent par « Ashes » ou « Cendres » puisque la thématique était la mort. Il était donc logique d’intituler le 1er titre de l’album suivant « Phœnix » puisque cet animal mythique renaît de ses cendres. Bref, il y a tout un jeu de piste pour ceux que ça pourrait amuser eh eh.
b) Vous avez toujours une empreinte de la langue de Molière dans des titres. Est-ce un choix pour faire passer des messages plus demandent plus de finesse, renfermant un sens plus important, que la langue de Shakespeare ne permet pas de transcrire ?
Fred : Pareil, je passe le relai à Chris.
Chris : Ben Fred est prof de français, et moi je l’ai été, nous sommes donc des amoureux de la langue française et donc je tenais à écrire en français. Cela permet en effet d’avoir un peu plus de finesse, puisque c’est notre langue maternelle. Je mettais donc un point d’honneur à avoir au minimum un ou plusieurs textes en français. Alors il faut obligatoirement beaucoup plus de travail et de soin, car sinon cela ne sonne pas bien, et c’est aussi plus difficile à la voix par moment, mais je suis très content d’avoir ajouté cette langue à l’anglais. Je crois que mon texte le plus intéressant en français est « Ashes » (oui les titres peuvent être en anglais, même avec un texte en français ah ah!)
c) Celui-ci possède 4 titres en français. Y-a-t-il une raison particulière ou est-ce venu naturellement ?
Fred : Chris, à toi ah ah ah
Chris : Ah ah j’ai répondu partiellement déjà, mais je vais compléter. En fait « La Horde » est à moitié en français et à moitié en anglais. C’est une référence à un livre que j’adore qui est La Horde du contrevent, d’Alain Damasio, (une de mes plus grandes claques littéraires de ces 20 dernières années pour moi) et j’essaye d’imiter son jeu avec la langue en tentant de faire rimer du français et l’anglais à un moment. D’ailleurs, l’acrostiche pour ce titre continue pour faire le titre du roman. Les 3 autres textes sont entièrement en français ( « Gravité », « Moissonneurs d’âmes » et « Vice »). Le choix vient plutôt naturellement, mais j’ai toujours dans ma tête que je veux au moins 2-3 textes en français sur l’album. C’est Yannick qui a pensé au titre « Moissonneurs d’âmes » et j’ai donc brodé autour de son idée, « Vice » est un peu rigolo car très court, et qui écorche un poil l’Église, eh eh, mais j’aime beaucoup « Gravité », qui parle des trous noirs, mystère insondable s’il en est.
6- Dans le grind, les paroles ne sont pas toujours un élément travaillé, ne servant que de vecteurs (du moins, dans les groupes ayant des concepts ou étant engagés, pour faire simple). Chez Inhumate, bien au contraire, les paroles ont énormément d’importance et de sens (il faut prendre le temps de les lire).
a) Que représente pour vous cet élément essentiel ?
Fred : je pense qu’un album d’Inhumate est plus que de la musique. C’est pour ça qu’on refuse de placer nos albums sur les plateformes de téléchargement, avec tout ce que ça implique. Nous sortons des albums qui sont, bien sûr, de la musique, mais aussi des objets dont le visuel a une valeur (cf notre concept) et dont les paroles ont une importance. A l’écoute on ne comprend pas les lyrics, mais ils sont toujours dans les livrets. Donc, raison pour laquelle ils doivent être lus et non pas ignorés.
Mad : On peut parfois trouver ce « réflexe » dans le metal extrême qui consiste à dire que la seule chose qui importe est la musique et sa technicité, et que les paroles ne servent à rien sous prétexte qu’on ne peut pas les discerner à l’écoute. Chris pourra te dire son impression personnelle, mais perso je suis aussi chanteur dans un autre groupe et pour moi il est capital d’avoir un truc à dire, d’avoir un texte qui véhicule une chose précise pour l’exprimer vocalement avec un peu d’âme ! On n’est pas juste là pour éructer des borborygmes sur du blastbeat.
Chris : Lorsque nous composons, et que la structure est en place au niveau musical, je place ensuite des schémas rythmiques en fonction de mon inspiration. Souvent cela me donne une impression, une atmosphère, qui peut m’amener à penser un titre, ou certains mots viennent d’eux-mêmes. Je mets ensuite en place le texte à partir de cette impression. Pour d’autres titres, j’ai l’inspiration d’abord puis j’attends d’avoir le titre qui peut correspondre. C’est très variable. Evidemment, certains titres me sont donnés par les autres membres du groupe, voire certains textes même. Mais mes études littéraires influencent forcément mon écriture, donc j’essaye d’intégrer des figures de style, des sujets qui m’intéressent, ou qui intéresse les autres. Comme le dit Fred, nous préférons fournir, à notre petit niveau, une œuvre totale, qui forme un tout et pas que juste de la musique. Ainsi les textes sont une dimension en plus, un autre domaine d’expression, qui peut parfois intéresser certaines personnes, même si elles sont vraiment minoritaires je crois ah ah !
b) Est-il en même temps un vecteur et un exutoire (principalement à la pression sociétale) ?
Fred : Je suppose que tu parles du grind. Il est un moyen d‘expression extrême qui nous permet d’expulser nos pulsions animales, liées à la pression sociale ? Je ne pense pas. Je dirais simplement liées au simple fait qu’on est des humains. Sinon on ne fait aucun lien avec la société et on ne s’en sert surtout pas comme vecteur à un quelconque message. La musique, pour nous, est apolitique. Si j’ai un message à faire passer ce ne sera pas par ce biais vu que je ne toucherai quasiment que des gens qui pensent comme moi, du coup, quel intérêt ?
Mad : Exutoire est le bon mot, mais le truc fun là-dedans c’est que tu peux sortir de toi 1000 choses pendant que tu joues mais sur lesquelles tu auras bien du mal à mettre un terme précis du genre « colère », « injustice », « peur » ou « violence ». C’est pareil dans un pit. C’est un mélange de tout ça qui se résume à des pulsions plus ou moins enfouies qui ressortent une fois que t’as branché ta gratte. La seule chose certaine est que ça guérit. Mais de quoi ça guérit, c’est pas toujours très clair.
Chris : Je suppose que tu parles des paroles comme élément essentiel. Pour moi, il s’agit de l’équivalent d’une rêverie ou d’une réflexion ou d’une sorte de jeu. J’ai eu parfois des paroles qui ont complètement changé la vision d’un titre ou d’un groupe en étant auditeur, et j’aimerai aussi avoir cet effet de temps en temps sur les personnes qui nous écoutent. Cela peut être un exutoire, voire un vecteur d’idée, mais ce n’est pas politique. Mais il subsiste malgré tout une sorte d’humanisme qui transpire à travers tout ça. Enfin je crois :)
7- Les paroles, ce grand secret (bon, pas si secret si on prend le temps de lire les livrets).
a) Comment arrivez-vous à un consensus sur les paroles (sujets, angles d’attaques, tonalité…) ?
Fred : Chris les écrit et tout le monde les accepte. On est tout d’accord sur les champs thématiques à développer, donc en général ça ne pose pas problème.
Mad : Chris fait absolument tout ce qu’il veut sur les textes, l’accord implicite étant de ne faire ni politique ni religion, parce qu’on ne veut pas mélanger ce genre de conneries à notre musique. Il y a 1000 choses qu’on peut explorer dans nos âmes au travers des paroles sans convoquer Macron ou la Bible, ce qui serait chiant et surtout pas original du tout.
Chris : Oui, on est d’accord sur les thèmes généraux, même si tout le monde dans le groupe ne partage pas toujours mon intérêt pour l’astrophysique par exemple ah ah ! Je crois qu’ils me passent ce petit défaut parce qu’en général cela donne des textes différents. Après, Damien, Fred et Yannick ont aussi à un moment ou à un autre participé, voire intégralement écrit certains textes. Cependant, sur les dernières années, comme les titres vont de plus en plus vite, ainsi que les paroles, je travaille à la syllabe et donc forcément cela devient difficile d’inclure un texte écrit par quelqu’un d’autre.
b) Les paroles ont évolué depuis vos débuts, notamment dans la profondeur de celle-ci. Est-ce vos expériences, la maturité ou bien un peu de tout ça, avec une pincée de réflexion ?
Fred : Je dirais tout ça, mais Chris développera mieux que moi.
Mad : Pareil, Chris va te dire, mais il y a une chose qui me semble évidente : on vieillit, comme tout le monde. Les idées, préoccupations, doutes et certitudes ne sont pas les mêmes qu’il y a 10, 20 ou 30 ans quand le groupe a commencé. Ça transparaît forcément dans les textes.
Chris : Oui c’est tout à fait ça. On découvre d’autres sujets, on développe des réflexions, en répète ou ailleurs, avec la maturité également. Quand je relis certains textes du début, j’avoue que certains auraient pu être plus travaillés ah ah ! Mais je suis satisfait de presque tous mes textes sur les 3 derniers albums, donc sur les 15 dernières années ah ah
c) Est-ce facile de pouvoir mettre en paroles des concepts ou des idées complexes, pour les retranscrire en quelque chose gardant à la fois ce coté complexe tout en développant une approche plus accessible ?
Fred : Ah ah ah…. Chris ?
Chris : Ah ah ! Non en effet ! Je me suis parfois retrouvé coincé par certains sujets trop complexes à évoquer pleinement sur un morceau de juste 1 ou 2 minutes. Et pourtant, j’en mets autant que possible ah ah ! Ça a parfois été très difficile, j’ai parfois “raté” mon but aussi. J’essaye de construire la structure à l’avance, après mes recherches sur le sujet, en pensant à chaque thème pour chaque partie, en essayant d’y inclure des figures de style, en réfléchissant aux rimes (sur Eternal Life, j’ai inclus les rimes même en anglais, ce que je trouve difficile si tu veux sortir des rimes de base), etc. Je sens bien que certains textes sont difficiles d’accès si on n’a pas la référence. Je prends en exemple “Ashes” dont le sujet est Prométhée, mais si on ne le sait pas, ça peut être assez difficile de le trouver car j’ai tenté de condenser plein de choses issues de mes recherches sur ce personnage. Parfois, il m’a fallu simplifier et parfois cela a changé en cours de route …
8- Il y a aussi une signature du groupe, au niveau visuel des paroles : l’acrostiche. Quel est le but derrière cet aspect et sert-il de catalyseur ou a-t-il un rôle plus symbolique (vos paroles touchant à pas mal de symboliques) ?
Fred : Chris
Chris : C’est une figure de style que je trouve très belle. C’est pour cela que j’ai voulu l’inclure. Elle est élégante et fine. Tout l’inverse de notre musique ah ah. Donc pas réellement de symbolique mais un aspect esthétique. En ajoutant des figures de style, c’était une de mes préférées, je l’ai donc incluse assez rapidement pour pousser l’idée à son paroxysme sur le titre « Hate » sur Eternal Life. Vous pouvez vous amuser à chercher le nombre de fois où le mot ou les sont « hate » apparaissent dans le morceau ah ah ;)
9- Finalement, Inhumate, ne serait-ce pas une sorte de confrérie poétique, au travers d’un vecteur moins usuel (et une bonne ambiance) ?
Fred : « Confrérie poétique » c’est une belle expression, je dirais simplement « un groupe », pour le meilleur et pour le pire. Fort heureusement le meilleur représente 99.9 % de notre carrière !
Mad : Juste un groupe, dont ‘l’originalité’ par rapport à pas mal d’autres est sa longévité. Ça change tout quand ça fait 15 ans que tu côtoies les mêmes gredins. Comme je disais plus haut, nous sommes 4 personnes ultra différentes, mais on arrive à faire converger nos énergies pour faire quelque de commun, constructif et de positif.
Chris : J’aime beaucoup cette expression également. Et quelque part, oui c’est possible, car nous sommes tous les 4 plus ou moins sensible à une certaine poésie, qu’il s’agisse d’un texte, de musique, d’un film, d’une œuvre picturale, d’une sculpture, etc. Mais bon, la musique reste très brutale ah ah.
10- Pouvez-vous expliquer le concept général, dans sa globalité, pour situer les personnes qui seraient moins au courant ce celui-ci ?
Fred : Ah, j’ai déjà répondu à ça à la question 4….
11- Car on enchaîne sur le concept, qui est bouclé avec cet ultime album. Déjà, il part sur des thématiques plus philosophiques, allant effleurer des thèmes bien spécifiques. Donc si on faisait un retour sur chaque album, avec le concept derrière chacun d’eux, nous permettant de saisir le Concept complet (oui, il y a un c majuscule car c’est le grand concept) ?
Fred : Bon, ben désolé, mais là aussi j’ai l’impression d’avoir répondu à ceci précédemment.
12- Je sens bien qu’il y a des passerelles avec les autres albums. Quelle est la difficulté de lier le tout avec une unité, tout en cultivant une autonomie à chaque album ? Ou je me plante royalement et vous venez de vous claquer le front avec la paume de la main ?
Fred : L’autonomie musicale propre à chaque album est que nous ne nous sommes jamais dit que nous voulions ressembler ou sonner comme untel ou untel. Du coup quand on compose c’est toujours totalement libre, sans se dire que tel plan est ou n’est pas dans la mode du moment. On fait comme on le sent et advienne que pourra. Donc notre évolution est absolument personnelle est déconnectée de ce qui se passe dans la scène en général.
Mad : On ne cogite jamais en amont à ce que va être notre identité musicale. On se pointe tous les 4 en répète, on branche, et gaz : ce qui en sort est ce qui devait sortir, point. La musique a bien changé depuis les débuts, mais jamais on ne s’est dit « Bon on va s’éloigner du death parce que ça fait vieux, là on va mettre une touche de Slayer parce que ça plaît toujours, puis tiens, un riff à la Napalm Death pour le clin d’œil, et on finit avec un passage un peu slam death, ça marche bien ». Tout ce qu’on essaie modestement de composer est spontané. Si c’est forcément un mélange d’influences diverses c’est jamais conscientisé.
Chris : Je pense que les passerelles sont sensibles dans les visuels et les textes, et au niveau musical, il s’agit peut-être plus d’une évolution continue. En effet on ne se concerte pas à l’avance pour savoir vers quoi on veut se diriger, en revanche une chose est sûre ! Il faut que ça chie ! Donc de toute façon la musique sera bestiale. C’est la bestialité, la brutalité qui est recherchée de toute façon, sous toutes les formes qui vont nous inspirer. C’est le fil rouge musical, et comme avec le temps on arrive à jouer plus vite, forcément les morceaux s’accélèrent, mais par étapes. D’où peut être l’autonomie de chaque album, malgré une continuité entre chacun d’eux. Cette continuité est assez facile je pense, mais plus difficile à maintenir au niveau des paroles peut être.
13- Il y a un titre qui est clairement qui est celui-ci qui ferme la boucle et permet un retour au début. Pouvez-vous parler un peu plus du titre ‘Alone ?’ et du premier titre, du premier album (‘Internal life’, là aussi ça fait lien) ‘Alone’ ?
Fred : Tu réponds au mega surper suspense que j’avais voulu laisser planer à la question 4, ah ah ah
Mad : Roh le spoil ! Mais oui, bien vu. Ça permet d’illustrer de manière sonore l’idée de boucle qu’on retrouve dans l’artwork et le concept général. Dans l’idéal ça donne envie à l’auditeur de ressortir Internal Life et de tout se refaire dans l’ordre.
Chris : Yep bien vu ! Lorsque j’ai écrit « Alone », sur notre premier album, je faisais une référence à mon poète préféré de l’époque : Joachim Du Bellay, et ici il y a une référence au sonnet 8 des Regrets de Du Bellay. Une solitude ressentie qui correspond à une sorte d’hiver mental. La personne se sent seule, éveillée la nuit, insomniaque. Pour « Alone ? », dernier titre du dernier album, l’idée étant ; comme dans la Recherche du Temps perdu de Marcel Proust, de faire une sorte de recommencement, j’ai donc repris le titre, mais avec une interrogation cette fois, car cette même personne, cette entité, se dit que peut-être elle ne l’est pas seule, qu’elle peut être entourée et elle invite même l’auditeur à la rejoindre pour continuer dans cette spirale de vie. Il y a énormément de références à d’autres titres d’Inhumate dans « Alone ? », répartis dans nos divers albums, comme des échos (j’aime beaucoup cette idée aussi), car tant qu’il y a de l’écho il y a de la vie.
14- Peut-on dire que vous êtes un groupe de symbolismes, ceux-ci ponctuant vos albums ?
Fred : Je ne saisis pas trop le sens du mot « symbolisme », mais il me plaît bien.
Mad : Conceptuel plus que symbolique, de mon point de vue. Et le concept ce n’est pas une pose arty pour autant, ça donne au contraire une colonne vertébrale au projet, et paradoxalement la fin programmée d’Inhumate est justement un pilier expliquant sa longévité. Je sais c’est hors-sujet mais on s’en fout haha.
Chris : On peut avoir quelques symboles, comme dans le titre « The Dragon » par exemple, qui symbolise nos démons intérieurs, que chacun tente de combattre à sa manière, avec plus ou moins de réussite, mais comme dit Damien, on est en effet plus conceptuels que symboliques. Mais l’idée n’est pas pour me déplaire cependant !
15- On va quitter les terres des albums et se tourner vers l’existence d’Inhumate.
a) Quels sont vos regards sur l’entité que représente Inhumate ?
Fred : L’entité Inhumate a vécu la vie qu’elle avait annoncée il y a 25 ans. On a tout fait nous-mêmes, sans label, sans distributeur. Et à ma connaissance, je ne connais aucun groupe qui a fait ça. A tous les niveaux je pense que c’est une réussite dont je t’avoue je suis très fier.
Mad : Je suis arrivé à mi-chemin de la vie du groupe. David a fait les premiers 15 ans à la gratte, puis j’ai fait les 15 qui ont suivi. Ta question je pense qu’elle obtiendrait des réponses plus intéressantes si on les posait au public qui nous soutient : on représente quoi exactement pour eux ? Après d’un point de vue perso ça va paraître un peu larmoyant mais le groupe a changé ma vie. Nouvelles rencontres, nouveaux choix de vie, j’avais 24 ans quand j’ai été intégré, je vais bientôt en avoir 40, et je ne serais pas le même bonhomme sans tout ce que j’ai vécu avec ces 3 gredins. Ce que le groupe représente au-delà de son intégrité et de sa longévité je ne sais pas, mais à titre personnel il représente une des choses les plus importantes qui me soient arrivées.
Chris : C’est une aventure assez incroyable, et je ne remercierai jamais assez mes comparses de l’avoir partagée avec eux (j’inclue ici David évidemment). Comme Fred, je suis très fier de ce qu’on a fait. Ça n’a pas toujours été facile, il y a eu aussi des moments très difficiles, mais on a toujours su rebondir et garder cette idée en tête. Comme l’a dit Damien précédemment, oui, la longévité du groupe tient sans doute à cette mort programmée et à cette heptalogie. Car à la sortie d’un album, il restait toujours un goût d’inachevé, puisque l’histoire n’était pas terminée. J’ai toujours de mal à croire, encore maintenant, alors que cet album est sorti depuis quelques mois maintenant, que nous sommes arrivés au bout de ce projet fou. Que d’histoires, de moments partagés, avec les potes, les fans, les autres groupes … On ne peut pas le décrire, il faut le vivre, et je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre ce genre d’expérience, dans le domaine qui l’anime.
b) Comment voyez-vous ces 30 ans de carrière ?
Fred : Comme le projet de ma vie !
16- 30 ans, c’est une belle période ! La maturité, la sagesse , tout ça…
Mad : J’ai un peu répondu à la question précédente, du coup, même si j’ai pas 30 ans d’Inhumate dans les pattes ahah
Chris : Yannick et moi avons rejoins le groupe en même temps (nous avions un groupe ensemble avant, God Eater), en 1994. Cela fait donc 27 ans que nous sommes dans ce groupe, donc ce n’est pas 30 mais presque, en effet. Mon cerveau n’arrive simplement pas à comprendre que ça fait déjà aussi longtemps. 10-15 ans, peut être, mais 27 ? Sérieux ?? J’ai intégré le groupe j’avais environ 22 ans. J’aurai bientôt 49 … Ah ah je n’arrive juste pas à comprendre ça !
16- a) Quelles évolutions avez-vous vu tout au long de ces années, au niveau de la scène grind et de l’émergence de sous-genres ?
Fred : Bon, sur la musique, rien de spécial à dire. Elle a changé, évolué, c’est ainsi pour le grind, comme ca l’est pour tous les segments musicaux. Par contre au niveau des personnes, je dirais qu’il y a un invariant : l’abruti. J’ai connu tant de types, de groupes qui nous regardaient de haut et finalement que sont-ils devenus ? Ils ont tous arrêté leur carrière au bout d’un ou deux albums, rock stars d’un instant, pauvres types éternellement ! C’est triste, mais la scène underground regorge quand même de pas mal de groupes qui font de la promo comme des porcs mais qu’on ne voit jamais sur scène, incapables de sortir 3 albums ; mais par contre qui SAVENT ce qu’est la musique ! Ah ah ah
Mad : Je suis pas vraiment un exégète de la scène, je ne sais pas comment elle a vraiment évolué, parce que de toute façon on traîne avec les gens sincères, qui est aussi un autre invariant. Les péteux, les poseurs, les grandes gueules, les rock stars de salon je sais pas si y en a plus ou moins qu’avant, vu que mon radar interne me fait les éviter sans même que je m’en rende compte. Musicalement je trouvais plus mon bonheur il y a quelques années, mais honnêtement je pense que c’est parce que MOI j’ai changé, pas parce que les propositions sont moins bonnes qu’avant. Tout ça pour répondre à ta question en disant que j’en sais foutre rien ahah.
Chris : Difficile à dire. Il faudrait avoir une vision très large de tout ce qui se fait, ce qui n’est pas mon cas. Tout ce que je sais, c’est que je vais chaque année à l’Obscene Extreme Festival en Tchéquie, et que chaque année je me prends de nouvelles claques, mais aussi chaque année je vois d’autres groupes qui ne présentent rien de neuf. Ce n’est pas grave en soi, car cela plaira aux jeunes fans qui arrivent dans la scène. Comme le dit Fred, c’est une évolution. Je trouve cependant qu’il y a moins de growl ou alors il y a trop d’effets au niveau de la voix, et je trouve ça dommage. Mais il y aura toujours de bons groupes, ça j’en suis persuadé.
b) A titre personnel, comment percevez-vous des groupes, à l’approche plus fun (en l’occurrence, j’ai en tête les doux dingues de Gronibard) et le pendant plus extrême, le grindgore, aussi bien dans l’apparition (et / ou le développement) de ces deux pôles ?
Fred : Comme dit avant, la musique évolue, chacun fait ce qu’il lui plait. Personnellement je ne suis pas fan du pipi caca. Si j’ai envie de rire, je ne mets pas un album, c’est pas la vocation de la musique pour moi. Quant au gore grind, le problème c’est qu’avec 2 albums Carcass avait fait le tour en ajoutant ce qu’aucun groupe de gore grind n’a vraiment saisi : la métaphore sociétale. Du coup, depuis « Reek of putrefaction » c’est que de la resucée, quel intérêt franchement ?
Mad : Pareil, on peut s’éclater sur du grind sans faire prout prout, humour et musique c’est vraiment pas un mélange qui m’intéresse, mais ça empêche pas d’avoir d’excellents groupes comme Spasm ou Gutalax. « Ma » définition du grind – qui n’engage évidemment que moi – est que c’est une musique qui doit se faire sérieusement en amont et sans se prendre au sérieux une fois sur scène. Mais c’est pas pour autant que je vais avoir envie de montrer mes couilles entre 2 titres, tu vois.
Chris : Oui, je suis assez d’accord avec Damien. Perso les trips Gronibard, c’est pas mon style non plus. Je n’aime pas trop le ridicule dans la musique. Pourtant leurs titres sont bons, mais la voix déconneuse et les titres stupides, ce n’est pas ma tasse de thé. C’est d’ailleurs très français, cette manière de ne pas oser se prendre au sérieux, comme si on était des vendus si on ose faire du grind sérieusement. Je pense que le grind y perd un peu, mais ça n’engage que moi. Pour le gore-grind, je suis un fan de Dead Infection, qui ont vraiment apporté énormément dans ce genre. Je les préfère même à Carcass. Mais c’est surtout pour la musique et pas pour le côté gore. Après, il y a les bons groupes, qui ont une identité propre, qui apporte une nouvelle facette au genre, et il y a les caricatures à l’autre extrême, qui ne cherchent pas à trouver leur voie. Les premiers seront toujours intéressants.
17- Et à coté de la scène grind, la même question avec des styles qui ont émergés en marge (deathcore, les vagues black, le metalcore…) ?
Fred : Aucun avis. J’écoute pas, ça m’intéresse pas.
Mad : Bon je sens qu’on va passer pour des vieux cons qui n’écoutent plus rien, mais je vais être honnête : dans le metal je tourne à 99% que sur Neurosis ou Cult of Luna. Le hardcore ça m’a toujours fait chier, et puis le metal à mocassins façon deathcore je trouve ça superficiel, surmixé, surmusclé, surproduit, pas du tout ma came, y’a rien d’organique là-dedans, et je n’aime que l’organique. Achtung vieux con : y’a rien de mieux qu’un Slayer, point barre. Après pour dire un truc plus personnel, à quelques exceptions près dans la scène grind comme Rabid Dogs ou Teethgrinder, je ne vais plus à la recherche de nouveautés autres que les groupes que je découvre live en festoche.
Chris : J’écoute énormément de genre de musique différents. Cela va du classique au rap, en passant par la musique électronique, les musiques de film, les chansons à textes, le rock, etc. En metal, j’écoute autant du SOAD que du Rammstein, du Maiden, du thrash, du Ministry, du Hardcore, du Punk, du death old school, du grind, mais certains genres ne me parlent pas, notamment ceux que tu cites ah ah ! C’est peut être une question de génération maintenant. Mais je suis ouvert à toute découverte !
18- Vous imaginiez-vous être encore présent en 2021 il y a 30 ans ?
Fred : A ton avis ? ah ah ah
Chris : Bonne question … Je ne sais pas si je me la suis même posé. Mais j’aurais été surpris si on m’avait dit à l’époque qu’on serait encore là je crois.
19- Quel effet cela fait de passer de groupe culte à légende (si on vous le dit, on ne le ressent pas nécessairement. Tout dépend peut-être des chevilles…). Ne serait-ce pas vertigineux, ce statut ? Est-ce facile de conceptualiser quelque chose d’aussi volatile ?
Fred : Ca me fait l’effet de ne pas m’en rendre compte. Ce sont des choses qu’on entend, mais après… Quand on arrêtera on sera rapidement oubliés. Donc si ça fait toujours plaisir d’entendre ça, j’essaie quand même de garder une distance avec ce genre de propos et de pas m’en gargariser.
Mad : Ouais alors clairement c’est pas nous qui allons discuter du fait qu’on est des légendes ou pas, vraiment, on est un groupe qui dure et qui est sincère sur scène, c’est tout. En tout cas nous on ne ressent rien d’autre qu’un accueil ultra chaleureux de ceux qui nous soutiennent, et c’est tout ce qui compte. Tu dis « culte » et « légende », mais on ne joue quasi jamais en France. Alors pour répondre clairement : je sais pas si on est des légendes ailleurs, mais on ne l’est clairement chez nous.
Chris : Je ne sais pas si nous sommes un groupe culte ou un groupe de légende … Les mots me semblent forts, mais j’avoue que je les utilise aussi pour les groupes que j’aime, comme Brutal Truth ou Dead Infection par exemple ah ah ! Je pense que c’est suivant le ressenti de chacun. Perso ça fait toujours plaisir, mais comme l’a précisé Fred, on nous oubliera assez vite, puisque notre force réside dans le live, qui est par essence éphémère.
20- Finalement, avec toutes ces questions, qui font remuer la mémoire, tout ça, j’en reviens à la première : qu’est Inhumate maintenant ?
Fred : La même chose qu’au début : un groupe de mecs qui se font plaisir en faisant de la musique et qui n’ont aucun être message à faire passer que FQCC !
Mad : Un groupe qui va se faire plaisir encore quelques années à vous en envoyer plein la gueule et plein les tripes. Puis qui dira au revoir.
Chris : C’est en effet tout ça, et aussi 4 gars qui ont des souvenirs et des anecdotes par centaines, qui sont inénarrables et qui nous ont fait ce que nous sommes aussi en tant que personnes. Nous sommes peut-être un groupe mature à présent, mais pas forcément sage eh eh
21- Je ne puis savoir le sens profond d’une citation : ‘Faut que ça chie !’. Quel est-il ?
Fred : Ca veut dire qu’il faut que sur scène ca soit au taquet, tout à fond ! Pas le temps de foutre de samples, des pauses interminables et se reposer. Le grind c’est à fond dans la sueur et le sang sinon ça n’a aucun intérêt !
Mad : Ça vient d’un enregistrement répète ce truc, qu’on a laissé sur album, vous pouvez chercher ce truc quelque part dans « Expulsed » ;) Mais en gros oui c’est ce qu’a dit Fred : tout à fond, tout le temps, tu penses pas, tu joues aussi vite que ton organisme te le permet et un peu plus encore. En gros c’est ne jamais intellectualiser ta musique ou ton concert.
Chris : Oui, il faut que ça barde sur scène ! Pas de répit, tout au maximum, l’intensité, la vitesse, les émotions. On n’y parvient pas toujours tous les 4 en même temps, mais il est rare qu’aucun de nous n’y arrive sur un concert. Cette musique doit aller plus vite que la pensée (« Faster then thoughts »), ce n’est que de l’instinct comme le disent nos potes de Trepan Dead !
22- Cet album terminant la carrière du groupe (de la plus belle façon), quels sont les projets de concerts et les autres, au-delà du groupe (peut-être plus pour Damien, pour les autres membres, cette question est plus intime) ?
Fred : Inhumate tournera encore quelques années avant d’arrêter. Ensuite, moi je raccroche la basse et me tourne vers mon autre passion, la littérature.
Mad : Ah ben moi déjà le premier projet ce sera de réaliser que c’est fini, et ça ne va pas être simple. Mais je continuerai la musique, j’ai un groupe de postcore DeadMen et un groupe de doom The Man & The Abyss. Je ne vois pas arrêter de jouer avant un moment – question de santé mentale.
Chris : Bon déjà on va encore jouer un paquet de concerts avant de terminer. Je redoute tout de même ce dernier concert depuis des années, mais il est nécessaire. Puis je verrai où me portera mon inspiration et mes envies. Je ne pense pas arrêter la musique, mais je ne sais pas encore sous quelle forme je vais continuer (metal, metal extrême, électronique, autre, … ? ). Je suis presque certain que ça va dépendre de rencontres aussi.
23- N’allez-vous pas avoir un vide quelque part ?
Fred : Ca fait 25 ans qu’on sait que le concept s’arrêtera et le groupe aussi. On a prévu cette fin plutôt que s’arrêter contraint et forcé par manque de motivation ou je ne sais quelle raison. Donc ça fait 25 ans qu’on s’y prépare. Je pense que tout le monde trouvera son moyen pour anticiper et préparer ce moment au mieux.
Mad : Si, ça va piquer sa mère. Mais le sentiment d’avoir réussi un truc jusqu’au bout et les tonnes de souvenirs, les nôtres comme ceux qu’on a laissés au public permettra de revoir tout ça avec largement plus de joie que de tristesse. Décider de la fin de son propre groupe est finalement certainement plus facile à gérer que de se rendre que ton groupe est mort depuis 2 ans et que tu t’en étais même pas rendu compte en enchaînant des répètes inutiles ou des concerts éparpillés. On a eu un but, on ira au bout, et c’est ça qui restera dans nos têtes.
Chris : Ah ça, oui j’en ai peur de ce vide, mais il y aura aussi la fierté d’avoir mené un tel projet à bout, d’avoir fait ce qu’on a fait, à notre manière, avec intégrité et sincérité. Ça, j’en suis déjà très fier. Et comme le dit Damien, que de souvenirs ! Que de rencontres ! Mais c’est une étape à franchir, et je tente de m’y préparer depuis quelques années à présent.
24- Avec vos expériences, avez-vous des groupes à conseiller ?
Fred : Venom, Slayer, Motörhead… Ah ah ah
Mad: Comme dit plus haut Teethgrinder, Rabid Dogs, Guinea Pig, j’ai découvert récemment Présages, un groupe de postblack français, qui envoie un truc sacrément puissant et dark. Puis de toute façon faut écouter Neurosis, toujours, et pour toujours.
Chris : Oui pour les 3 premiers de Damien, je mettrais Benighted et Mercyless, Ingrowing, Brutal Truth, Dead Infection, Wormrot, Bolt-thrower, Coroner, Massacra, CBT, Dead, etc., etc., etc. ah ah !
Et après il y a les autres genres ah ah …
25- Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je vous laisse le plaisir de conclure comme vous le souhaitez.
Fred : Ben merci à toi pour cette longue interview et l’« éternal » soutien ! A bientôt sur une scène !
Mad : Merci à toi Benoit pour cette interview très cool et détaillée, et surtout pour ton soutien qui ne faiblit jamais. Tu demandais tout à l’heure ce qu’est Inhumate, et j’ai toujours pas de réponses, par contre ce que fait Inhumate, c’est essayer de faire la meilleure musique pour les gens comme toi. A très vite en concert.
Chris : Merci énormément pour cette excellente interview, pour ton soutien, et un grand merci à toutes les personnes qui font de même, qui organisent, qui se déplacent, qui écoutent … Un groupe n’est rien sans public, donc merci encore ! À bientôt sur scène !! Eh eh !!