1- Bonjour mesdames ! Comment allez-vous ? Commençons simplement en nous narrant l’histoire de Grandma's Ashes !

Salut ! ça va super bien merci, on est en pleine tournée pour la sortie de l’album, c’est très excitant !
Grandma’s Ashes est né de la rencontre d’Eva (basse/chant) et Myriam (guitare/chœurs),elles m’ont ensuite castée (Edith, batterie/chœurs) un peu plus tard pour rejoindre le groupe. Eva avait déjà des compositions en solo sur lesquelles on travaillait au début, mais c’est le coup de cœur amical et musical entre nous qui a donné envie de réellement créer un groupe et une identité propre à nous 3. Nous avons sorti un premier EP TheFates en 2021 et nous venons de sortir notre premier album, This Too Shall Pass.

2- Pourquoi ce nom et qu’implique-t-il, au-delà de sa simple traduction ‘les cendres de grand-mère’ ?

On aimait bien ce nom pour son côté humour noir à l’anglaise. Maintenant on aime bien le voir comme un hommage à toutes les femmes qui ont marqué l’histoire de la musique, celles qui nous ont influencées mais aussi aux femmes de nos familles qui nous ont transmis leurs petits secrets et leur histoire.

3- Musicalement, vous avez une base plutôt stoner rock, à laquelle vous intégrez des éléments pour l’enrichir. Est-ce quelque chose de naturel ou une réflexion que vous avez trouvé nécessaire ?

Comme nous aimons toutes les trois les riffs lourds et jouer fort c’est quelque chose qui s’est fait assez naturellement avec nos influences respectives. Comme on laisse une grande part à l’expression de nos trois personnalités, et aux goûts de chacune, il y a des éléments qui sont venus s’insérer naturellement comme la voix pop d’Eva, des signatures rythmiques variées avec les influences progressives de Myriam et moi.

4- Vous offrez différentes facettes (que ce soit dans ‘The Fates’ ou ‘This Too Shall Pass’),qui structurent en partie votre musique Est-ce un reflet de ce que vous êtes ?

Oui bien-sûr, l’EP et l’album sont une palette de réflexions, d'expériences et émotions que nous avons éprouvées. Nous écrivons à partir de ce que nous vivons et ressentons, des émotions parfois complexes allant du deuil au désir en passant par la colère et l’apathie.

5- Ce qui me plaît bien chez vous, c’est ce mélange entre douceur, énergie brute et ce fond de mélancolie, qui offre du contraste en même temps que de la cohérence. Ce type d’équilibre est-il facile à construire, tout en développant les atmosphères dans les titres ?
Nous aimons aussi les contrastes, c’est ce qui permet de donner de la dynamique à nos morceaux, nous aimons avoir des éléments de surprises ou des passages très brutaux pour surprendre et attraper l’oreille de notre public. C’est un équilibre que nous avons trouvé au fil du temps qui nous paraît assez naturel maintenant … Je pense qu’après avoir écouté plusieurs fois nos enregistrements de répétitions, maquettes et après avoir joué plusieurs fois en concerts, on se rend plus facilement compte de ce qui fonctionne et ce qui nous plaît.

6- Comment concevez-vous l’écriture d’un titre et jugez-vous important que certains éléments soient présents ?

On écrit souvent à partir d’une jam, une idée nous vient en répét, on voit où elle nous mène et ensuite on discute de ce qu’elle nous évoque ensemble. Parfois on part aussi d’une discussion autour d’un thé, d’un thème qu’on a particulièrement envie d’aborder et on compose une ambiance à partir de ce qu’on a envie de raconter.

7- Bon, on va attaquer des points plus compliqués (faut pas que ce soit facile non plus). Entre ‘The Fates’ et ‘This Too Shall Pass’, il y a une évolution et des choses plus creusées. Notamment l’approche qui est en fait plus doom sur l’album. Est-ce une évolution voulue, naturelle ou bien une question de maturation ?

Un peu des deux ! Certains titres comme Caffeine, Borderlands et Lost At Sea étaient déjà composés au moment où on a enregistré The Fates mais on trouvait qu’ils étaient trop différents des titres sur l’EP et on avait envie de creuser cette direction. Après la sortie de l’EP, on a eu envie d’une brutalité sans détour, d’exprimer ce qu’on avait à exprimer plus directement, là où on utilisait davantage le second degré dans The Fates. L’évolution s’est faite avec le temps, en prenant du recul sur ce qu’on avait déjà composé, l’émergence de nouvelles envies et le développement de notre son avec la multiplication des concerts.

8- On retrouve cette mélancolie mais en plus puissante, celle-ci déployant divers aspects. Est-ce pour offrir de la variation, en même temps que d’ouvrir des possibilités d’explorations ?

Avec cet album on s’est rendue compte qu’il y avait des thèmes récurrents d’une chanson à l’autre même si elles racontent des histoires différentes. On a donc trouvé 4 grands états d’âmes qui se retrouvent dans plusieurs chansons: la mélancolie, le désir, la colère et la résilience. On voulait explorer tous leurs aspects et donner différentes interprétations pour rendre compte de leur richesse.

9- Vous injectez aussi d’autres éléments musicaux (jazz, blues…). Est-ce dans l’idée d’utiliser la puissance émotionnelle (et un lien à la mélancolie) que vous faites ce choix ou existe-t-il une raison plus complexe, qui est liée au concept lui-même ?

Nos choix musicaux ont un lien avec ce que nous voulons raconter et ce que nous voulons faire ressentir à notre public. Il y a aussi des choix qui s’expliquent par nos influences et nos parcours musicaux (Myriam est très influencée par le blues rock et nous avons toutes les deux fait une école de jazz) Parfois nous entendons aussi un rythme ou une mélodie plutôt qu’une autre, parce qu’elle nous touche et nous paraît jolie mais nous ne réfléchissons pas forcément à ce qui l’a influencé.

10- Votre album déploie trois parties, qui explore différentes périodes qui nous mène à l’âge adulte. Pouvez-vous expliquez plus profondément l’idée et l’importance pour vous, de cette approche ?

On voulait vraiment que cet album soit représentatif d’une évolution, d’un cycle, que ce soit celui des saisons ou de la vie. En écrivant les chansons on a constaté qu’on avait perdu l’illusion de stabilité et d’immuabilité que l’on peut avoir quand on est enfant, qu’on avait fait le deuil de personnes proches, d’amitié, de rêves. La composition de cet album nous a permis de nous réconcilier avec la perte et le changement, de les voir plus positivement comme quelque chose qui revient au cours de la vie et nous permet de grandir.

11- Vous utilisez beaucoup de symboliques, que ce soit par des aspects musicaux que dans vos codes esthétiques. Pourquoi ce choix et que se cache-t-il derrière ce symbolisme ?

Le symbolisme nous permet de rendre notre musique plus accessible à notre public mais de le laisser aussi libre d’interprétation …les images (visuelles ou littéraires, métaphoriques) aident à donner un sens à la musique, à lui ajouter une forme de poésie. Nous sommes très influencées par la peinture flamande, les natures mortes, on aime bien mettre des petits détails qui attisent la curiosité mais font aussi appel à un imaginaire commun.

12- Faites vous un lien entre chaque artwork et le disque (les Moires avec ‘The fate’ et votre propre mise en scène avec votre album), afin que dès le visuel, l’auditeur plonge dans votre univers ?

Oui l’artwork permet une entrée dans l’album avant même de l’écouter et fait écho aux thématiques de l’album ! Pour nous les deux sont complémentaires, la présence de la dague, de la fleur fanée, la grenade et la ronce sur la pochette de l’album font référence aux chansons et pose d’entrée un cadre de lecture/écoute.

13- Quelles sont les influences derrière Grandma’s ashes ?

Nous sommes très influencées par le rock progressif des années 70 comme King Crimson, Yes, le grunge d’Alice in Chains mais aussi des groupes plus récents comme Deftones, Queens of the Stone Age, Gojira …

14- Finalement, n’auriez-vous pas une approche plutôt philosophique, à travers une analyse de la vie ?

Oui c’est vrai ! Quand nous sommes toutes les trois, nous partageons les impressions et sensations que nous avons en commun, ce qui peut donner de longues conversations existentielles haha et des observations communes sur le monde qui nous entoure.

15- J’aime bien avoir quelques questions sur les personnes dans le groupe, de voir l’humain derrière l’entité. Donc on va sur une courte série de questions plus personnelles (sans faire du people). Que faites-vous en marge du groupe ? Avez-vous d’autres
projets ?

Eva est tatoueuse (@eva.hagen.art sur les réseaux), Myriam est aussi guitariste/claviériste dans Ko Shin Moon et je (Edith) joue de la batterie pour Heu et Elephanz.

16- Qu’écoutez-vous, en marge du groupe et avez-vous des conseils de découvertes ?

Nous écoutons beaucoup de pop, des artistes comme Kali Uchis par exemple ou Doja Cat. Récemment on a écouté A&W, le dernier single de Lana del Rey en boucle et For Granted de Yaeji.

17- Êtes-vous intéressées par d’autres formes d’art (cinéma, littérature…) et si oui, quels sont vos points d’intérêts ?

Oui nous adorons lire, regarder des films et des séries, on essaie d’être curieuses et de se faire découvrir de nouvelles choses ! Nous aimons la fantasy et la science-fiction comme le Seigneur des Anneaux, Dune, Blade Runner, Her, Nope … On joue aussi aux jeux vidéos, on a adoré jouer à Zelda et Ori et bien-sûr un jeu de rockeur: Animal Crossing !

18- Quels travails ou activités exercez-vous et est-ce facile de les conciliez avec la vie du groupe ?

Eva est tatoueuse et nous sommes intermittentes avec Myriam. Cela demande beaucoup d’organisation et de communication comme nous avons toutes les trois des emplois du temps chargé mais nous avons trouvé un bon équilibre et on s’en sort pas mal !

19- Que pensent vos proches de Grandma’s ashes et apportent-ils un regard extérieur sur votre musique ?

Nous avons la chance d’avoir un entourage qui nous soutient, bien-sûr nous demandons parfois leur avis et conseils mais la famille et les amis ne sont pas toujours très objectifs haha …

20- Quels projets avez-vous concernant le groupe et quels sont les retours sur votre album ?

En ce moment nous sommes en tournée pour la sortie de l’album et avons de belles dates à venir notamment avec Mass Hysteria, Pogo Car Crash Control et les Psychotic Monks !Nous jouons généralement devant des salles pleines et un public très réceptif, l’album semble plaire à ceux qui nous suivent depuis un moment et séduire le nouveau public qu’on rencontre sur la route donc on est très heureuses des retours depuis sa sortie.

21- Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre à cette volée de questions. C’est à vous d’avoir l’honneur de clôturer l’interview !

Merci pour cette interview riche ! Et rendez-vous le 14 avril à la Maroquinerie pour notre release party !