1- Bonjour à vous ! Comment allez-vous ? Bon, commençons par la simplicité de la facilité en nous narrant l’histoire du groupe.

Tout roule merci :-) Darcy est un groupe rock français, originaire de Rennes. On a sorti notre premier album « Tigre » sur Verycords et notre deuxième sur le Label At Home. On est maintenant signés chez le tourneur Rage Tour.


2- Votre nom, Darcy, est un peu étrange. Il fait référence soit à un personnage du roman ‘Orgueil et Préjugés’, soit à l’ingénieur Henry Darcy et par extension son unité de mesure de la perméabilité soit autre chose. Qu’en est-il donc de ce qu’il y a derrière le nom ?

Rien de tout ça et tout ça à la fois. Chacun y voit la référence qu’il souhaite. On voulait juste donner un prénom au groupe comme on donne un prénom à un enfant, on a choisi un prénom féminin qu’on aimait bien, c’est aussi simple que ça.

3- Vous officiez dans le punk rock, bien que j’y trouve quelques reliefs venant d’autres sphères voisines. Je ne pas d’autres exemples de groupes français dans la même case que vous (plus dans le crust, le punkcore…).
a) Le choix du style vient-il des origines, lors de la création du groupe ou est-ce venu avec le temps ?
b) Avez-vous évolués dans votre style, ce qui donne le Darcy d’aujourd’hui, avec des éléments caractéristiques en intégrant d’autres influences de façon consciente ou est-ce plus une évolution contextuelle ?

A vrai dire on n’a pas réfléchi à un style sur lequel on voulait aller, on a joué instinctivement cette musique. C’est venu tout seul, on a branché les guitares, taper sur les fûts et tout est venu naturellement. C’est pour ça qu’on aime bien dire qu’on fait du rock français. Parce que sur cet album on peut très bien entendre du punk, du metal, du rock, du grunge, de l’electro, mais tout est dans la couleur rock français à laquelle on tient beaucoup.

5- Vous avez un coté clairement engagé, qui transparaît dans vos textes avec une approche assez brute sur ce point. Vous avez une idéologie (je n’aime pas ce mot mais je suis infoutu de retrouver celui qui collerait au moment où je fais mes questions) prônant à la fois la liberté mais en même temps il y a une évocation de la solidarité et de l’entraide.

a) Est-ce inscrit dans votre ADN, bien au-delà d’un esprit contestataire ?
Oui, la colère est le seul moteur de Darcy. Sans ça, le groupe n’aurait pas de raisons d’exister.

b) Donnez-vous ainsi des moyens de réflexion pour esquisser un mouvement vers une société plus humaine ?
On ne donne pas de leçons, Darcy c’est un cri de colère, un défouloir.

c) Qu’est ce qui est derrière le groupe, au-delà du simple aspect musical ?
Darcy c’est vraiment une bande de copains, c’est l’humain avant la musique. On se connaît depuis des années, l’ambiance dans le camion et la salle de répétition, c’est la base de Darcy.

d) Considérez-vous que vous avez une approche analytique sociale et sociétale (certes, brut de décoffrage) ou vous n’avez pas ce recul et balancez des ressentis de vies ?
Non encore une fois, pas de recul, l’idée c’est de réagir à chaud à une actualité violente.

6- Dans votre album, il y a deux interludes qui découpe celui-ci en trois. Est-ce donc qu’il y a trois parties, explorant trois thématiques principales qui font le lien avec le global de l’album ou pas du tout ?

Non pas du tout, ce sont simplement des moments de respiration, parce que l’album est assez violent dans son style, et on cherchait des moments d’apaisement, le calme avant la tempête.

7- Qu’est-ce qui vous met les nerfs à fond dans notre société actuelle ?

L’injustice sociale est ce qui me révolte le plus depuis toujours. L’inégalité est pour moi l’un des plus grands maux de l’humanité.

8- Votre ADN punk est-il le seul moteur derrière Darcy ou y-a-t-il autre chose ?

Encore et toujours la colère est le seul moteur du groupe. C’est pour ça qu’on s’amuse à définir Darcy comme « le chant de la colère ».

9- D’ailleurs, la question un peu vache : qu’est-ce qu’être punk pour vous, à notre époque, en allant au-delà de la simple contestation et d’un éventuel look ?

Être punk c’est faire le choix de la liberté.

10- Vous êtes de Rennes (corrigez moi si je me trompe), Tagada Jones sont Bretons… La Bretagne, terre des punks et de la contestation (bon, il y a aussi des groupes de grind, on ne pas pas chipoter) ?

C’est vrai que la Bretagne est un grand vivier de la musique punk. Il y a bien sûr Tagada et tout le travail réalisé par Rage Tour, mais il y a aussi Mass Prod, et tout ce qui s’est fait dans le département du 22 avec le Wagon. Nous avons plein de groupes mythiques de la scène punk française en Bretagne, et c’est sûrement pour ça qu’on s’est vite mis à jouer cette musique instinctivement.

11- Il y a deux titres qui se détache un peu du reste. Le premier est ‘Cuidado’. Que signifie ce mot et quel sens en faites-vous, par rapport au contexte, le titre semblant avoir deux niveau de lecture (ou je cherche trop compliqué) ?

Cuidado signifie tout simplement « attention » en espagnol. C’est un cri d’alerte pour commencer l’album et un message clair. Faire toujours attention à ce qu’il se passe, faire attention à la montée des extrêmes, faire attention aux inégalités qui se creusent de plus en plus et c’est aussi une manière de dire « attention, on arrive ! »

12- L’autre titre est ‘Eva’. Un titre improbable que je n’attendais pas du tout.
a) Là aussi, qu’est ce qui a derrière le titre, qui semble être un titre très personnel où quelqu’un se met à nu ?
b) Etait-ce un besoin de clôturer l’album avec un titre qui est plus proche d’une ballade punk, avec une décharge d’émotion différente de la colère des autres titres ?
c) Est-ce un titre cathartique ?

Oui on avait envie de prendre le contre-pied. A vrai dire il y a déjà des titres semblables sur notre premier album, mais ils sont cachés dans des bonus tracks du CD et ne sont même pas disponibles sur les plateformes de streaming. Là, tout le monde m’a conseillé de mettre ce titre en avant. On a donc décidé de le mettre en conclusion de l’album. Malgré l’engagement, la vie ne peut pas être qu’une lutte, mes relations sont primordiales et c’est pour ça que ce titre nous tenait à cœur.

13- On va allers sur du plus facile. Quelles sont les influences derrière Darcy ?

Ça va partout. On peut aussi bien écouter du NTM, que du Slipknot, que du Béru ou même Daft Punk. On n’a aucune limite dans la musique. Il y a de la bonne musique dans tous les styles, en ce moment j’écoute Bjork en boucle par exemple. Concernant les paroles en revanche, c’est tout simplement l’actualité notre influence.

14- Avez-vous la chance de vivre de Darcy ou malheureusement non, vous devez faire comme un peu tout le monde (mais peut-être des métiers liés à la musique ou à un aspect social) ?

Nous sommes payés sur toutes les dates qu’on fait oui, mais malheureusement avec le Covid, une quinzaine de dates ont été annulées donc on a tous une petite activité à côté (ni dans la musique, ni dans le social).

15- Au-delà de la musique, qu’appréciez-vous (lecture, cinéma) et ces goûts se retrouvent-ils dans Darcy ?

Pour ma part je lis énormément de romans. Et c’est vrai que la lecture de romans de la lost génération me confortent dans mes choix d’écrire autour de punchlines plutôt qu’un fil conducteur. C’est une manière d’écrire instinctive, et qui convient parfaitement à la musique qu’on joue !

16- Qu’écoutez vous et avez vous des conseils d’écoutes ou de découvertes ?

Vraiment j’invite à écouter les greatest hits de Bjork, même si ça ne colle pas avec notre style, son œuvre ne vieillit pas et est très profonde en termes de sonorités.

17- Quels sont les projets à venir pour Darcy ? Une tournée ou des dates pour ‘Machines de guerre’ ?

Oui on part sur au moins 2 ans de tournée autour de « Machines de guerre » mais on est déjà aussi en train de composer notre 3ème album, qui est déjà très avancé. Il y a de fortes chances qu’on rentre en studio à la fin de l’année 2022 ou début 2023.

18- Finalement, Darcy, au-delà d’un groupe ne serait-il pas une famille construite avec des individus différents partageant des visions communes ?

Famille c’est un mot qu’on aime beaucoup dans Darcy. Déjà nous sommes cousins avec le batteur du groupe, je connais Vincent aussi depuis mon enfance et au delà de ça on est très proche du public, des programmateurs, des bénévoles et des organisateurs de festival. On aime appeler tout ce monde « La famille » parce que c’est du monde qu’on croise régulièrement, comme quand on fait une grande fête de famille.

19 Merci à vous d’avoir répondu à ces questions. Je vous laisse conclure comme vous le souhaitez !

On ne lâchera jamais rien !