MARGOTH 5
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Dérisoire, après nous avoir sorti une démo qu'elle est bien, avec de grands coups de pelles dans al gueule dedans s'en revient vers vous, à travers une petite interview tranquille, posée à laquelle s'est plié Manu au jeu des réponses à des questions (le concept même de l'interview) et y dévoile quelques secrets (et peut-être celui du sens de la vie?). Tu te questionnes, peut-être tes réponses sont ici même (mais bon, vu que je connais les questions, j'ai un gros doute).
Photos venant du Facebook du groupe
1- Salutation à vous, nobles troubadours ! Comment ça va ? Bien et tout ? Bon, on va commencer simplement : narrez nous l’histoire de Dérisoire, avec force détails.
Salutations honoré interviewer ! Ma foi, ça va ! On est un trio batterie, guitare, chant officiant à Saint Denis depuis début 2017. Sonia notre chanteuse m’avait tanné plusieurs fois car elle cherchait à monter un groupe, elle avait trouvé Julien pour la batterie et il lui manquait un guitariste. Comme j’arrêtais de chanter dans Grind-O-Matic c’est tombé pile poil ! On s’est calé quelques répètes dans un container dans le froid, et le courant est tout de suite passé ! L’idée c’était de faire du son avec le minimum de matériel, transports en région parisienne oblige, donc la batterie c’est juste une grosse caisse, caisse claire et charley, une guitare, et deux chants. Ça nous permet de faire une musique vraiment personnelle. Et puis Sonia au chant, on peut dire qu ‘elle envoie !
2- Pourquoi le nom de Dérisoire ? Un clin d’œil à la situation humaine, désincarnée dans un monde froid et de plus en plus synthétique ?
Quand il a fallu trouver un nom, Sonia a répondu que c’est bien dérisoire pour commencer et hop banco ! Ça colle à notre vision des choses, du monde dans lequel on vit. On est bien peu de chose comparé à ce qui se passe quotidiennement.
3- Votre approche est très atypique, ayant un côté assez sombre, plutôt minimaliste, tout en recréant les codes du genre. Est-ce un choix voulu et mûri ou est-ce que ça découle naturellement de vos interactions et vies personnelles ?
Au début Sonia voulait un groupe de power-violence pur jus, le souci c’est que je ne sais pas me cantonner à un style de jeu. Je compose sans réfléchir aux structures ni au style, heureusement Julien arrive à me recadrer ! Il arrive à trouver des trucs de batterie sur quasiment tout ce que je pond c’est incroyable. Je pense qu’on arrive ainsi à mettre un peu de toutes nos influences personnelles dans notre musique : grind, power violence, HxC, punk…On a tous des goûts très variés, ça reste très ouvert d’esprit donc si ça groove pour nous c’est l’essentiel.
Le set minimaliste de la batterie est une composante essentielle, cela implique de repasser à la moulinette les codes musicaux par ailleurs. On peut dire au moins qu’on a une identité propre à nous.
4- Le côté crû de votre musique apporte une étrange atmosphère, qui fait le lien avec votre univers et des thématiques qui semblent définies.
a) Est-ce le cas ?
Tout à fait ! L’atmosphère qui se dégage représente bien notre univers, la vie est brute, elle a des aspects dérangeant, cela reflète notre façon de créer. C’est aussi un instantané des conditions d’enregistrements. Nous avons enregistré la batterie en live avec les moyens du bords, zéro retouche ni effet, la guitare je l’ai faite assez rapidement chez moi. En gros la partie musicale était bouclée en deux semaines à peine. Les chants sont venus plus tard au grès des répètes.
Il y a un côté brut, sans effets, j’aime bien cette façon de composer plus ou moins dans l’urgence, on va droit au but. C’est tout à fait en lien avec nos thèmes abordés dans le chant.
b) Quelles thématiques abordez-vous (ça semble être lié à la vie en région parisienne et toutes ses joies) ?
On parle pas mal de l’humain en général, autant de sa bêtise que de son côté sombre. La politique américaine avec Trump nous faisant pas mal halluciner. L’anorexie dans les pays riches comme le notre, les agressions dans le métro par les relous de service, la violence intra-familiale. Bref des sujets qui nous révoltent et qui nous tiennent à cœur. Je précise que c’est Sonia qui compose les chants et tout ses sujets reflètent une certaine amertume de l’humanité, il y a beaucoup de vécu dedans. Donc oui notre vie parisienne est le terreau de nos sujets, mais l’actualité internationale nous préoccupe aussi.
c) Dérisoire est-il un transfuge d’un univers souterrain plus sinistre, en plus d’un exutoire jouissif ?
Il est certain que l’endroit où on joue a une influence sur notre musique. On répète dans un container à Saint Denis dans des conditions assez roots. Pour y accéder le soir, tu sors du RER et tu plonges dans la vie locale, c’est sombre mais pas inhospitalier. C’est un mélange d’atmosphères particulier, entre entraide et violence, convivialité et oppression. Ce groupe permet à chacun d’expulser la violence quotidienne dans laquelle on est tous plongés, on peut dire que c’est une sorte de thérapie par la musique !
5- Vous amenez deux chants différents : celui de Sonia et celui de Manu. Au-delà d’une modulation et d’une approche dualité / opposition (on simplifie), Sonia apporte aussi une certaine modulation dans le chant par moment.
a) Est-ce un choix réfléchi, servant à accentuer certains aspects ou cette façon de faire est venue naturellement, du fait de vos passifs à chacun ?
Le chant est la composante principale de notre musique, sans Sonia, Dérisoire ne peut pas être Dérisoire. Pendant la composition des morceaux j’essaie de placer mon chant afin d’appuyer celui de Sonia. Cela permet en effet de jouer sur une dualité, je joue un peu le rôle du méchant j’imagine ! Ça se fait à l’instinct finalement et parfois complètement au hasard, par exemple sur Agony j’ai un chant hip-hop qui est venu juste parce que j’ai voulu déconner pendant une répète, les autres m’ont dit « ehhh c’est trop cool ! ».
b) Ou est-ce une approche avec une polarisation des chants, qui sera développée dans le futur ?
Cette polarisation des chants est en effet intéressante à creuser, cela permet de faire respirer les morceaux et aussi de mettre en scène les sujets. Mais on ne compose pas en planifiant quoi que ce soit à ce niveau là. On a un nouveau morceau où justement le chant masculin prendra sûrement le dessus sur le chant féminin. On aime bien essayer différentes combinaisons.
c) Ou dois-je prendre une camomille ?
Une bonne tisane te ferait du bien ouais !!! Mais on préfère une bonne pinte et la prochaine fois qu’on se voit tu as intérêt à être en forme !
6- Est-ce qu’il y a une influence derrière Dérisoire ou vous en détachez-vous totalement, creusant votre sillon ?
On écoute un peu de tout, on écoute pas mal de HxC, de grind, power violence, punk (mais pas que!). Cela se ressent je pense. Mais il suffit de me dire tiens on va faire tel style pour que je n’arrive pas à le jouer. J’ai un parcours très autodidacte à la guitare de sorte que je mélange un peu de tout sans y faire attention. Même les reprises je ne suis pas fan. On suit notre chemin sans se préoccuper de ce à quoi ça va sonner. On ne recherche pas spécialement à ressembler à quoi que se soit, notre identité c’est nous.
7- Depuis 2017, avez-vous amener une évolution au sein de votre approche, quitte à vous radicaliser musicalement ?
On s’est beaucoup améliorés depuis 5 ans. J’ai énormément appris en jouant avec Julien qui tape de plus en plus fort ! Je pense qu’on se dirige vers des compos plus énervées tout en ayant des passages vraiment torturés. Au début c’était assez basique, plutôt punk et au fur et à mesure on a réussi à développer des atmosphères plus variées qui collent aux paroles !
8- Vous avez chacun d’autres projets en marge de Dérisoire. Alors, préparation de tiroirs de question :
a) Quels sont-ils pour chacun d’entre vous (histoire de faire un résumé et de guider de bonnes âmes vers des douceurs, sachant que Manu est assez prolifique) ?
Julien et Sonia n’ont que Dérisoire.
Moi je joue aussi dans Serpillère (bad grind) à la basse, Ojino (blast blast blast) et j’ai quelques projets solos comme Froideur Quantique, Urgl, Kyst et j’en passe !
b) Ces autres projets se retrouvent-ils un peu dans Dérisoire ou sont-ils transversaux ?
J’imagine que tous ces projets ont des interconnections tout en ayant chacun leur direction. Ma façon de jouer déteint forcement sur chaque projet. Cependant comme ce sont principalement des one-man-bands avec boîte à rythme c’est radicalement différent pour moi de composer avec Dérisoire.
c) Sont-ils tous différentes facettes des humains que vous êtes ?
Exactement, chaque projet est une exploration de ma personnalité pour moi. Avec Dérisoire c’est l’humain, en bien ou en mal, c’est le seul projet engagé politiquement que j’ai en fait.
d) Tous ces projets, jettent-ils finalement des passerelles avec d’autres formations et brosse le portrait d’un pan de la scène underground parisienne, dont Dérisoire serait pour vous une extension offrant une visibilité plus importante ?
D’avoir plusieurs formations permet surtout de multiplier les contacts notamment pour jouer. Il m’est arrivé de jouer dans trois groupes le même soir ahahah !
9- Dérisoire ne serait-il pas bien moins dérisoire qu’il n’y paraît ?
Mais qui à dit qu’on était dérisoires ?
10- Dans votre démo Sérendipité, deux titres sortent un peu du lot.
a) ‘Dark M’ est-il un exemple du quotidien de ce qu’une femme peut subir / entendre dans le métro ou l’esquisse d’un enfer souterrain subit ?
Dark M est un titre sur la violence dans le métro, basé sur les expériences et le vécu de Sonia. C’est pas toujours évident de se promener le soir en tant que femme… devoir supporter la bêtise et la lourdeur des autres est un enfer auquel on doit se confronter. D’où le côté black du morceau.
b) ‘Agony’ est un titre un peu différent, que ce soit par sa durée ou sa forme. Qu’aborde-t-il et pourquoi a-t-il cette ambiance un peu différente (ou alors, c’est un pur hasard, non calculé), que ce soit la structure ou les chants (dont le passage plus hiphop) ?
Agony est un morceau un peu à part exactement. C’est marrant parce qu’au début je pensais avoir trouvé un riff crust et finalement c’est parti complètement dans une autre direction. Il traite de la fin de vie à l’hôpital, rien de joyeux !Sonia tenait à évoquer ce sujet, car des proches y étaient confrontés. On a réussi à mélanger plusieurs ambiances dessus de façon fortuite mais qui collent vraiment au thème. Le passage « hip-hop » est plutôt un défi pour moi, ce n’est absolument pas mon habitude de chant.
11- Quel est votre regard sur la scène parisienne, son évolution, sa vitalité, si elle se cloisonne entre styles… ?
Ça bouge pas mal bien que les concerts grinds comme j’aime soient plus rares. Les salles pour jouer sont plus difficiles à avoir donc organiser n’est plus aussi simple qu’il y a quelques années. Le public se bouge quand même et c’est marrant de voir comment il se rajeuni. Ceux qui ont la quarantaine comme nous, c’est pour beaucoup gamins, déménagement, tu sens un changement d’ambiance. En tout cas je remercie toujours les organisations qui font vivre la scène en s’accrochant. Perso je suis un peu déconnecté et à part les groupes comme Pendrak, Ansiax, G.Z.P, Fist, Valve, Mauvaise Foi, Calcine, Grist...j’aimerais bien rebouger un peu plus en concert et refaire les connections et surtout boire des coups avec les copain(ines).
12- Et pourquoi cette outro destructrice des tympans, bande de petits chenapans (oui, je tente une carrière dans le hiphop, d’où la rime) ?
C’est une fin de cycle ondulatoire qui entre en résonance avec l’introduction. Ça montre que tu as écouté jusqu’au bout en tout cas ahahah !!! Si ça surprend c’est que le but est atteint !
13- Dérisoire occupe-t-il plus de place dans vos projets ou est-ce un groupe que vous souhaitez mettre plus en avant, avec cette approche plus sombre ?
Dérisoire est mon groupe numéro 1, bien que mes autres projets me tiennent à cœur. C’est vraiment un groupe où je peux laisser libre court à ma créativité, avec Julien l’inspiration vient toute seule, j’adore. On se dirige en effet vers des horizons plus sombres et torturés…les nouveaux titres vont être intéressants !
14- Est-il judicieux de faire un lien entre Dérisoire et M.O.R.O.S.E., dans l’approche de l’analyse de l’environnement urbain dans lequel vous vivez (sous deux angles d’attaque différents) ?
C’est intéressant le lien parallèle avec M.O.R.O.S.E., je suis régulièrement en contact avec lui, on échange pas mal et on a pas mal de points de vus convergents. La photographie joue pas mal là dedans aussi, puisque régulièrement il m’en « pique » ahahah. M.O.R.O.S.E. va beaucoup plus loin dans la vision sombre de la vie urbaine .
15- Quels sont vos projets à venir (venez du coté de Castelnau en concert, il y a le Kjbi, la Secret Place, The black sheep… ou notre balcon (pour les voisins)) ?
Il va falloir qu’on remonte plus souvent sur scène, c’est le but premier du groupe. La période Covid nous a bien coupé dans notre élan. On a pas mal de contacts dans le Nord et la Belgique… Le sud ça nous botterais à fond, le Moshfest ? Ça serait cool, pouvoir jouer et voir en même temps la crème de la scène française ! On a aussi plusieurs morceaux en cours de construction, on explore encore pas mal de styles ! On est déjà sur la composition de nouveaux morceaux dans la continuité de la démo !
16- Pensez-vous pouvoir vendre 25000000 exemplaires de votre démo (Yoann, fait fumer le graveur), faire un tour du monde des grandes salles, tous les zénith et Accor de France et d’ailleurs et prendre une retraite bien méritée (dans le contexte d’une dimension parallèle) ?
N’exagérons rien, on se contentera d’un disque de platine. Nous sommes modestes et on le restera...on se donne rendez vous dans 10 ans même si on sera des stars du show-biz ! Le principal par rapport à cette démo, c’est déjà de pouvoir nous faire connaître au plus grand nombre et de pouvoir démarcher pour des concerts et festivals.
17- Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre à mes quelques questions. Concluez comme vous le souhaitez !
C’est un plaisir de pour nous d’avoir capté ton attention ! On espère vraiment reprendre la route pour jouer et rencontrer du monde ! Faire de la musique pour se faire plaisir !!!