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Bleedskin nous est revenu très en forme sous forme d'un trio et d'un nouvel album (que si tu ne l'as pas encore découvert, file l'écouter après la lecture de l'interview, petite canaille!!). L'occasion de pouvoir reprendre une dose de violence mais aussi d'aborder des sujets autour du groupe et de l'album. Céline, Rémy et Logan ont donc répondu à mes quelques questions.
1- Bonjour à vous ! Comment ça va ? Si on faisait un petit résumé de votre histoire et de ce qui s’est passé depuis votre interview il y a 4 ans, suite à votre premier album ?
Rémy: Bonjour ! Ca va super bien ! Il y a eu du chemin depuis 4 ans, on a pu défendre notre album (Blood Reign, 2020) sur beaucoup de scènes et en festivals. Le public a toujours répondu présent et a permis de nous faire grandir. Et puis plus récemment, on a eu un changement de line-up assez significatif et la sortie de notre nouvel album “Homicidal Therapy” ce 10 septembre 2024.
2- On va forcément évoqué le changement de line-up, suite au départ de Anouk. N’étant pas gala, pas de question du pourquoi. Vous avez fait le choix d’une formule à trois : besoin de continuer ou y a-t-il un moment de réflexion et ce choix qui en découle ?
Céline : Ce choix s’est fait assez vite. En une soirée, c’était décidé. À l'heure actuelle, trouver un nouveau membre pour Bleedskin, ce n’est pas juste trouver quelqu’un comme ça. Il faut que la personne soit prête à s’investir dans ce projet autant que nous, qu’elle travaille les chansons, qu’elle ai un bon niveau au chant, qu’il y ait une bonne entente. Donc c’est apprendre à découvrir une nouvelle personne, se donner le temps, des auditions, etc. Avec les projets que nous avions (la sortie de Homicidal Therapy), nous n’avions ni le temps, ni l’envie de faire ça. Et après tout, on est jamais mieux servi que par soi-même. C’est à partir de ce moment-là que Rémy et moi nous sommes dit que nous allions reprendre le chant.
3- Quels sont les avantages offerts par cette formule et a-t-elle des inconvénients (facilement gérables) ?
Céline : L’aspect logistique est beaucoup plus simple. Les répètes s’organisent beaucoup plus vite, il est aussi plus facile de se mettre d’accord sur la direction artistique, les choix des textes, la musique, etc. (heureusement, nous avons toujours eu la même vision des choses depuis le début). En live, nous sommes assez bien organisés et savons ce que nous devons faire donc nous gagnons du temps. Le seul “désavantage” que je peux comprendre de la part du public, c’est qu’il n’y a pas un frontman/woman pour être en interaction en permanence avec eux. Donc je peux tout à fait comprendre les personnes qui n'aiment pas les formules à trois. Bien que nous n’ayons jamais reçu de critiques dans ce sens.
4- On va parler de votre album ‘Homicidal therapy’. Celui-ci repousse les limites du brutal death (vous allez aux limites du brutal death extrême).
a) Est-ce pour offrir (et s’offrir) une continuité dans la lignée de votre Ep et premier album ?
Céline : Comme je l’ai dis ci-dessus, il est plus facile maintenant de se mettre d’accord sur la musique. Nous sommes tous les trois fan de brutal death donc il était logique pour nous de faire un album plus extrême.
b) Est-ce un besoin d’explorer plus en avant le style et la technique, de pouvoir repousser vos limites ?
Céline : J’aime l’idée de repousser mes propres limites sur chaque nouvelle sortie/album.
c) Est-ce aussi, simplement, un exutoire face à la vie quotidienne ?
Céline : Je ne peux parler que pour moi-même mais effectivement, la violence dans les chansons me permet d’extérioriser certaines émotions et me permet d’être plus apaisée après les avoir joué ou écouté.
5- Vous accentuez la violence, avec un aspect sombre, renforçant l’idée de progression depuis ‘the rotten one’. Est-ce que vous suivez une sorte de fil rouge instinctif, primaire ou est-ce lié à la fois au contexte de composition et à la vision à trois que vous avez de votre musique ?
Rémy : C’est les deux, il y a toujours eu cette volonté de produire une musique violente. Et le fait d’être à trois repousse nos limites pour accentuer encore plus cette brutalité.
6- Votre trio offre la particularité d’offrir deux chants (Céline et Rémy, tous les deux bien death), offrant un rendu très brutal et jouant sur l’intensité. Alors là, il va y avoir un peu de tiroirs de questions.
a) Ce choix est-il un besoin ou un moyen de combler le vide laisser par Anouk aux vocaux ?
Céline : Je ne pense pas que nous l’avons pensé de manière à combler un vide mais nous nous sommes dit que quitte à avoir 2 voix autant qu’elles soient complémentaires sinon, il n’y a pas grand intérêt (de notre point de vue). C’est pourquoi Rémy est dans les graves/très graves et que je suis dans le medium et parfois dans les highs. Les deux mélangés donne un aspect encore plus violent et c’est ce que nous voulions.
b) Comment concevez-vous le chant de cette manière et son impact ?
Céline : Les deux types de chant (grave et aigu) réalisés en même temps font sonner à mes oreilles un aboiement et c’est ce que nous voulions sur l’album. Avoir des voix séparées et des voix chantées en même temps pour donner cette impression d’aboiement. Je trouve que ces aboiements rendent les chansons plus violentes.
c) Vous offrez un chant proche tous les deux mais quelles sont les différences et en quoi cela impacte-t-il l’approche musicale ?
Céline : Comme dit précédemment, Rémy s’occupe des graves/très graves et moi des mediums/highs.
d) Dans le livret du CD, j’ai pu découvrir que Logan (batteur) apportait aussi sa contribution (ce qui explique certaines choses à l’écoute). Apporte-t-il simplement une complémentarité ou lui aussi glisse t-il quelque chose de spécifique à votre approche ?
Logan: c’est plutôt un apport de quelques petits détails sur 2-3 titres, du style pig squeal ou autre technique un peu plus complexe par ci par là.
e) avez-vous réfléchi à la forme du chant, de son impact et de la manière dont celui-ci peut impacter l’écoute ?
Rémy : Ca s’est fait de manière naturelle dans la composition. Avec toujours cette envie d’ajouter plus d'agressivité dans les voix.
7- ‘Homicidal therapy’ semble être un concept ou suivre un fil rouge. Il semble en effet aborder un aspect plus psychologique tout en gardant un aspect frontal, assez malsain. Est-ce le cas et qu’explore t-il exactement ?
Rémy: Oui tout à fait, l’album en entier raconte l’histoire d’un ancien meurtrier qui cherche sa rédemption. Mais la petite bête qu’il a en lieu se réveille et il finit par repasser à l’acte. Les chansons racontent ses actes et ses pensées.
8- Est-il un moyen de mettre en musique un regard sur notre société, dans ses aspects les plus tordus et en même temps, d’offrir une vision plutôt clinique de celle-ci, en explorant les tréfonds de la dérive de la psychologie humaine ?
Rémy : Oui clairement, dans Homcidal Therapy on parle beaucoup de la psychologie et pensées du protagoniste, même si ça reste de la fiction.
9- L’album s’inscrit-il dans une vision plus globale et si oui, quelle est-elle ?
Rémy : Homcidal Therapy est avant tout un album de death metal. Bien que nous aimons death old school (Suffocation, CC, Dying fetus,...), la production se veut moderne et c’est un choix artistique.
10- Tout dans l’album est là pour renforcer la violence et son impact, influant sur le côté sombre de la musique, qui renforce à son tour le côté extrême. C’est une conception qui forme un tout.
a) Comment avez-vous considérez cette approche dans la conception de l’album et son rôle dans l’aspect ressenti ?
Rémy : Je pense que c’est une évolution naturelle de notre style de jeu. Le changement de line-up a aussi contribué dans le sens où nous sommes tous les trois dans le même style artistique.
b) Le traitement du son (tonalité des instruments, les subtilités dans la tessiture, le rendu particulier caractéristique…) est un élément clé, jouant sur l’ambiance de l’album. Est-ce lié à votre vision musicale et à la cohérence ou est-ce quelque chose de plus profond ?
Rémy : Oui, c’était une demande de notre part envers Julien Huyssens (ingé son d’Homicidal Therapy). Nous avions cette volonté d’ambiance et d'agressivité.
c) Il y a aussi cette vélocité non stop de présente, nous enfonçant dans un flot continu de violence. Est-ce une façon de créer à la fois une sorte de malaise, d’entretenir une part sombre et de pouvoir générer une sorte d’entité incarnant le concept ?
Rémy : Non, c’est beaucoup plus basique que ça haha ! On aime la vitesse et les riffs bourrins !
d) Qui est derrière l’artwork et recèle-t-il des symboliques faisant lien avec l’album ?
Rémy : C’est Jesus Lhysta (alias Rotted Artist), c’est la troisième fois que nous travaillons avec lui. Il est toujours incroyable dans ces créations, qui collent plutôt bien aux visions de nos projets.
11- Qui est derrière les textes de l’album et existe-t-il une sorte d’influence pour ces derniers ou est-ce ce que j’évoquais vaguement comme un regard sur notre société, dans ce qu’elle a de plus sombre au niveau humain ? Un moyen de parler de folie et d’être un exutoire, le fusible nécessaire ?
Rémy : Sur Homicidal Therapy, c’est moi. C’est la première fois que je m'essayais à l’exercice. Je suis plutôt content du résultat ! Il y a beaucoup d’influences de films, notamment du côté des thrillers (Seven, Prisonners, …).
12- On va quitter l’album pour le développement du groupe, depuis votre précédent opus en 2020 (‘Blood reign’). Il y a eut pas mal d’évènements internes et externes au groupe (dont le covid).
a) Comment les problématiques rencontrées ont-elle influé sur le groupe et votre vision musicale ?
Céline : Effectivement lorsque nous avons enregistré Blood Reign, nous étions 5. Un membre à quitté le groupe, le covid est arrivé et ça a évidemment repoussé la date de sortie et les enregistrements en studio. Tout ceci à évidemment chamboulé un peu le groupe et sa manière de voir les choses. C’est pendant cette période que je me suis dis qu’il fallait que j’ai de quoi enregistrer chez moi pour les guitares, basse et chant pour ne plus être bloqué par des évènements extérieurs. Le covid a également joué sur le fait que nous ne pouvions plus nous voir pour répéter ni faire de concert. Il a donc fallu se réinventer pour proposer du contenu aux fans en attendant la sortie de l’album.
b) Une part de cette période a-t-elle joué sur votre manière de concevoir la musique (au sens large j’entends) ?
Céline : C’est à partir de cette période que j’ai réellement pris conscience de l’importance des réseaux sociaux pour le groupe. C’était le seul moyen de continuer de proposer quelque chose à distance et de continuer à créer et/ou renforcer le lien avec les personnes qui nous soutiennent.
13- Quels ont été les retours et les points positifs depuis votre précédent album et quels sont ceux concernant le nouvel album ?
Rémy : Le changement de line-up en 2023 a été très bien accueilli, le groupe a eu encore plus de soutien depuis ce moment. Ça nous a confortés dans le choix de la line-up pour composer et enregistrer Homicidal Therapy. Ce nouvel album s’est bien vendu sur tous les continents ! Les retours sont plus que positifs, notamment concernant le chant à deux voix, le mixage et les cassures rythmiques dans les compositions.
14- La configuration live à trois vous permet-elle de renforcer certains éléments essentiels pour vous en concert et joue-t-elle quelque chose avec le rapport au public ?
Logan: premièrement, c’est nettement plus facile à gérer pour tout ce qui est montage/démontage de scène, on gagne du temps. Pour ce qui est du rapport avec le public, je pense que ça a permis de libérer le vrai frontman et la vraie frontwoman depuis le la création du groupe: Rémy et Céline. Ils ont toujours eu énormément d’énergie et l’interaction avec le public vient renforcer tout ça et de par les retours d'après concerts, ça marche.
15- Quels lieux de concerts avez-vous en préférence (petites salles, au contact plus proche ou grande scène embrassant plus de personnes…) ou suivant les lieux, il y a quelque chose de différent qui se fait complémentaire ?
Logan: il y a autant d’avantages à jouer dans des petites salles que dans de plus grands espaces. Le rapport au public peut changer dû à la proximité mais on fait en sorte de délivrer le même show partout. La seule différence pourrait être la qualité du son en fonction de l’installation sur place mais on retournera la salle quoi qu’il arrive.
16- Quelle place prend Bleedksin dans vos vie, notamment par rapport à la vie professionnelle ?
Logan: à mon retour dans le groupe, ça a pris énormément de place car ça nécessitait l’apprentissage d’un nouvel instrument en plus de la composition de Homicidal Therapy mais dernièrement ça s’est stabilisé. Je dirais que ça ne prend pas plus de place qu’un autre hobby. On n’en est pas encore à faire des tournées d’un mois mais je pense que nous sommes ouverts à ce que ça prenne plus de place dans nos vies.
17- Allez, un peu de fantaisie !
a) Céline, es-tu toujours éducatrice spécialisée et si oui, as-tu déjà envisagé de faire comme Julien Truchant de Benighted, à savoir organisé des concerts ponctuels pour le public accueilli dans la structure où tu travailles ou bien la problématique différente ne rend pas ça possible ?
Céline : Effectivement, je suis toujours éducatrice spécialisée et non, je n’envisage pas de le faire parce que même si l’idée est très belle, je souhaite garder une distance entre mon travail d’éducatrice et mon travail au sein du groupe. Mes bénéficiaires savent que je fais de la musique, certains m’ont déjà vu en concert mais je ne souhaite pas organiser ça.
b) Rémy, fan de jeux vidéos, lesquels t’ont marqué cette année, lequel attends-tu et quels genres te plait le plus (perso, c’est Dead Island 2 et j’attends le nouveau Fable et j’apprécie les FPS, les jeux en monde ouverts (GTA V, Just cause, Fall out…) et les jeux plutôt gore (Killing floor 2 et autres joyeusetés), de gestions (cities skylines, mobility…) et les trucs complément pétés, fun et absurdes (avec la physique associée), en plus du retrogaming) ?
Rémy: J’ai découvert Elden Ring cette année, sur pc, je ne l’avais pas encore testé. Quelle dinguerie ce jeu ! Il vaut mieux avoir un certain self control avant de se lancer dedans haha
c) Logan, comment es-tu passé du chant à la batterie et chant et que fais-tu à côté du groupe (ben oui, du coup, depuis l’Ep, il s’en est passé des choses!) ?
Logan : Explication assez simple, on me l’a proposé et j’ai dit oui. Ça ne va vraiment pas plus loin que ça ! Ils ont eu la folle idée de faire confiance à mes capacités d’apprentissage. Je suppose que j'apprécie un bon challenge de temps à autre. Sinon, d’un point de vue professionnel, je travaille dans une coopérative de cycle logistique (livraisons à vélo cargo). Musicalement parlant, je dois dire que je n’avais plus fait grand-chose depuis mon départ de BleedSkin, ça faisait quelques années que je n’avais plus touché un instrument.
18- Quels sont les projets à venir pour Bleedskin ?
Céline : l’agenda de 2025 se remplit déjà ! Et nous avons la chance cette année de voyager un petit peu en Europe (Allemagne, Suisse, France, etc.). Pour les projets à long terme, nous avions bien-sûr l’ambition de jouer de plus en plus et de promouvoir notre album le plus possible. Nous savons déjà qu’un autre album sera à venir mais ça on ne vous en dit pas plus.
19- Merci d’avoir pris le temps de répondre au pavé de questions ! Je vous laisse le bonheur de la conclusion !
Merci beaucoup pour l’interview ! L’album est disponible à l’écoute gratuitement sur toutes les plateformes de streaming. Il est aussi disponible en digipack sur notre bandcamp :)
Au plaisir de se croiser en concert, on sera de passage dans pas mal de coins d’Europe cette année. Venez nous dire bonjour !
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Céline, Rémy et Logan