1- Bonjour à vous ! Comment ça va ? Bon, on va commencer en mode normal, avec l’histoire d’Adolf Hibou, avec des onomatopées dedans.

Le petit ADOLF HIBOU est né à Montpellier il y a 7 ans d'un gangbang polyamoureux entre Balboa Manioc, Princesse Rapide et Bébé Dragon. Et il braille encore et toujours, son premier album est sorti cette année.

2- Explosons de suite un étrange mystère.
a) Pourquoi ce nom ?

Parce que U2 c'était déjà pris et aussi parce que Oasis c'était déja pris.

b) A quel Adolf cela fait-il référence (le sportif, le pilote de chasse, le vènère,..).

Bébé Dragon voulait s'appeler Jéson Statame mais les autres ont super mal réagi, y'a des blagues qui ne se font pas. c/oui c'est notre animal totem yakari, on est tous les trois né l'année du hibou de feu.

c) Et Hibou, c’est parce que vous aimez les hiboux et que vous êtes des oiseaux de nuit ?

Oui c'est notre animal totem yakari, on est tous les trois né l'année du hibou de feu.


d) Mais Adof Hibou ne serait-ce pas la version alternative de Adolf Hicui ?

Si et en vrai c'est la seule possibilité pour le chanteur d'approcher un hibou il est réellement allergique.

3- Définir simplement votre musique, c’est plutôt une épreuve d’examen d’un master. C’est à la fois simple et complexe. Donc :
a) Comment définissez vous votre musique ?

Comme la rivière au delta

b) Plus sérieusement ?

Prisonnier volontaire.

c) C’est assez chaotique mais pourtant, il y a derrière une grande structuration. Comment est-ce possible cette magie ?

Ca vient de la rencontre de 3 potes qui n'écoutent pas les même choses et font quand même de la musique ensemble. Le chaos régnait déjà sur ce monde avant nous.

d) Quels sont les styles auxquels vous empruntez et ajoutez votre grain de folie ?

Le bruit blanc que tu ressens par les yeux quand tu es aveuglé un instant parce que t'as regardé la saison 1 de Docteur queen femme médecin et que tu te lèves trop brusquement du canapé, des compilations de gens qui hésitent aux micros parce qu'ils sont mal à l'aise, parce qu'ils ont oublié leur texte, des enregistrements de rituels vaudou de traders de Wall Street qui font des crises d'asthme en cercle, des vidéos YouTube de génériques des musclés sans le son.

e) C’est bien les questions avec un e) ?

Ouie

4- Ce que vous faites est donc très déstructuré et chaotique mais de façon intéressante car vous utilisez des codes pour mieux les démonter ensuite. Y-a-t-il derrière ça une idée précise, une volonté qui suit un raisonnement ?

On voulait casser quelque chose de beau et que ça sonne comme l'album de jazz de Gad Elmaleh.

5- Avez-vous une logique dans ce chaos illogique ou bien, ô pauvre de moi, c’est nettement plus compliqué ?

Non on ne suit aucune logique implacable à part celle de se faire insulter par l’ingé son en concert parce qu'on joue trop fort. Sinon sans trop spoiler on fera un 2eme album encore plus cinglé qui va sûrement être une référence à l'album de jazz de Gad Elmaleh.

6- Les titres sont très différents les uns des autres (utilisant des codes différents justement), tout en entretenant une cohérence (dans la folie et le suivi conceptuel on va dire). A l’écoute, ça paraît tellement facile.
a) Mais concrètement, est-ce si facile que ça, de garder à la fois cette folie et un certain sérieux, garant de la cohérence ?

En parlant de titre, à ceux qui veulent se lancer dans l'entreprise fouillis et complexe du déchiffrage des lyrics de l'album, les titres de nos morceaux offrent de bonnes pistes ou au moins une clé à la compréhension des paroles. Sinon on marche au feeling dans tout ce qu'on fait. Souvent c'est Princesse Rapide qui arrive avec une idée, un texte ou une mélodie et Bébé Dragon et Balboa Manioc qui la concrétise, mettent en forme la déforme, l'étire... Et les choses bougent jusqu'à l'enregistrement.

b) Et l’intégration des divers éléments délirants (autotune, kazou…) est-ce que ce ne serait pas, paradoxalement l’un des éléments les plus chauds à mettre en place ?

Cela vient du fait que l'on ne tient pas en place musicalement et on veut expérimenter plein de trucs même si on ne sait pas les jouer...le chanteur a une passion pour les gens qui chantent mal mais chantent quand même alors qu'ils chantent mal. C'est pas un kazou en fait c'est un couic-couic pour chien, c'était le jouet de bébé du batteur, il a été recueilli par une famille de Saint-Bernard qui l'ont élevé comme leur propre fils.

7-Au-delà de la musique, vous avez des paroles à la fois en anglais et en français.
a) Est-ce un choix naturel ou bien c’est assumé, afin de faire passer par différents prismes vos idées ?
b) Comment en venez-vous à écrire les paroles ?
c) D’ailleurs, qui est derrière celles-ci ? Ou est-ce collégiale ?

c'est parcequ'on suit un processus specifique. Le chanteur ecrit en français et en anglais, on mélange les mots, puis on les passe dans un traducteur de langues en ligne un peu cheap pour que la traduction soit défaillante et crée une poésie étrange. Ya aussi des mots espagnols, russes ou japonais qui se balladent mais de toute façon on comprend rien parce que le chanteur hurle.
8- Vous vous revendiquez boys band bourrins. En réalité, n’êtes vous pas arrivé trop tard, pour dynamiter cette mode là ?

Ben en vrai ADOLF HIBOU découle de la rencontre de Bébé Dragon et de Princesse Rapide en 2009 : une année marquante pour le milieu boys band car c'est l'année de la mort de Filip des 2be3. On s'est dit qu'il y avait là une opportunité unique de surfer sur la vague de mutilation que fut son décès pour beaucoup de fans et ainsi invoquer le Phoenix-Hibou sur ces cendres encore incandescentes pour faire renaître le fantôme de Filip en créant notre propre boys band. On a failli prendre une boîte à rythmes du coup parce que c'est bien connu les boîtes à rythmes ne font pas d'overdose, mais on a rencontre Balboa Manioc et les premières chorégraphies sont arrivées dans la foulée. Boys-band BOURRIN parce que le batteur tape fort, du coup le guitariste se monte à fond, donc le chanteur est obligé d'hurler. Mais vas-y enlève la saturation, ralenti le rythme et baisse le son et t'obtient les World Apart.

9- Vous avez une approche très visuel, bien à part. Est-ce lié au concept ou c’est juste pour la bonne grosse déconnade ?

On a un manager en Suisse qui nous force à faire du travail graphique et à le mettre sur instagram. Il est assez possessif et nous fout une grosse pression, alors qu'on déteste les trucs visuels. Donc on est obligé de produire, mais si on sera ministre, on interdirait les arts graphiques

10- Musicalement, quelles sont vos influences et de quels groupes vous sentez-vous proche ? Et dans la scène locale montpelliéraine, où pensez-vous vous situer ?

On a tout les trois des influences très différentes, du Rock rugueux 90's à la noise japonaise, la folf lofi, au metal extrême ou au jazz chelou. Tout ça se mélange quand on est tous les trois, on se fait souvent écouter pleins de trucs.

Le groupe s'est vraiment formé autour d'un amour du Rock Noise type Lightning Bolt. Depuis quelques années, on est assez influencé par des groupes qui nous rejoignent un peu tout les trois: Death Grips, Electric Wizard, Sun City Girls, The Make Up, Black Tong et Boredoms.

Et Patrick Seb. Et Chant Goya. Et L'album de chansons jazz de Gad Elmaled. Et Alain Chamfort.

Pour la scène Montpelliéraine, on sait pas trop en fait. On fréquente pas mal de gens qui sont des gros killers de la noise, qui ont organisé pleins de concert, monté des labels, monté des festivals, et on sait toujours pas si ils nous aiment vraiment bien, ou si ils nous tolèrent comme des ados un peu pimpim qui ont rien pigé mais qui sont rigolos.

11- Et du coté état d’esprit, peut-on vous placer aux confins de la noise, du grind et du punk ? Ou vous êtes vachement plus sélectes et vous allez revendiquer Liszt, Beatles, Bennie Moten et Achilla Orru ?

Tu nous places où tu veux chouchou, on est invexable.
En vrai c'est toujours un peu chaud de se définir, et puis c'est pas très utile. En général les gens nous définisse par rapport à leur culture indviduelle et nous associe à des choses qu'ils écoutent. Nous on est comme tout le monde, on écoute pleins de trucs, mais ça sert à rien de le revendiquer aujourd'hui.
On aime tous Liszt, Purcell, et l'album Jazz de Gad Elmaleh.


12- Le chant explose aussi les limites des styles. Est-ce simple de passer des uns aux autres ou non, c’est vachement compliqué parce que de 1) ce n’est pas simple, 2) c’est exigeant et de 3) c’est quoi ces questions à la fin ?

Hahahahaha Je pense que c'est assez simple pour le chanteur, je dirais que c'est un mec entier, hyper mélomane qui fait tout à l'instinct et qui n'essaye de ressembler à personne. Il fait juste ce qui lui passe par le tête, comme Gad Elmaleh.

13- En fait, vous êtes un groupe extrême mais puisant dans diverses sources ?

Ouuaaaaaaaaaala, exactement. On puise. Dans diverses. Sources. Tout en étant. un groupe extême. D'ailleurs on devait s'appeller "un groupe extrême". Mais c'était déja pris. Par Gad Elmaleh.

14- Adolf Hibou ne serait-ce pas une sorte d’exutoire d’un trio de potes bien décidés à déconner sérieusement tout en offrant différents niveaux de compréhension dans le but inavoué de devenir un jour un thème à une épreuve de bac philo et d’un doctorat en musique ?

Tu as finement repéré nos ambitions cachées, il est maintenant de notre saint-devoir de t'éliminer car tu en sais trop.

15- Que pensent vos proches et amis de ce que vous faites ? Ont-ils déjà contacté des docteurs spécialisés pour vous ? Ou sont-ils un bon moyen d’avoir un recul nécessaire ?

A vrai dire, le nom du groupe fait tellement marrer les gens qu'en général les conversations sur le groupe s'arrête la.
On dit le nom => les gens se marrent => quelqu'un à la table voisine est médusé => On a gagné.

La plupart des gens n'écoutent même pas la zik en fait, ils sont juste content de pouvoir suivre un schéma de réussite sociale basique:

G dé potes => Adolf Hibou => Haha t tro con => non mais c pa un peu racicte? => g gagné la conversation avec l'anecdote la plus coule de la soirée.

Toi aussi épate tes amis.


16- Que faites vous dans vos vies trépidantes, en marge du groupe ? Êtes-vous dans des métiers proches de la musique ou non, il y en a même un de vous qui est plaquiste découpeur au cure-dent ?

Alors le guitariste est ingénieur photocopieuse au Ministère du budget, le chanteur est en train de finir sa thèse sur l'interdiction du RSA, et le batteur s'occupe de changer régulièrement les fonds d'écran des macbook des musiciens d'"Ultra Vomit". Donc ouais, un peu des tafs dans la musique quand même.

17- Avez-vous d’autres groupes ou projets musicaux, en marge d’Adolf Hibou ?

Oui !

18- Quels sont vos goûts personnels en matière musicales, littéraires et cinématographiques ? Et comme on parle de goût, en matière de viande : plutôt au grill, au barbecue, à la poêle, crue, mariné… ?

Écoutez, moi je ne lis que de la littérature Japonaise pré Tanizaki, et je ne regarde que des films de Julien Duvivier.
Je laisse aux autres membres le soin d'étaler leurs "Michelwellebeck" et autres CGI MArvel.

19- Quels sont les projets à venir (compte tenu du contexte) ? Des infos, des anecdotes ?

Yep, on joue avec Didier Super et Infecticide le 17 Juillet à Montpellier, et on va encore sortir 8 clips !
Aussi on sort l'édition vinyle de "Princess Barely Legal" à la rentrée, grâce aux labels Jelodanti et Head Records !

On a putain de hâte de refaire des tournées, on peut venir jouer dans la rédaction de ton zine si tu veux.
Tu veux? DIS QUE TU VEUX !!

20- Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je vous laisse conclure !

Merci à toi de nous avoir éclaboussé de ce flot de questions ininterrompu, pareil à un torrent crémeux d'ambroisie qui, luisant sur nos corps décharnés et pansant nos blessures, nous a élevé au rang de demi dieux, héros aux teints halés qui d'une infinie mémoire, pressent contre leur cœur l'idole d'un monde nouveau, balayant d'un ardent souffle vengeur les cicatrices aiguës de la chrétienté, et pavant la route d'un monde illuminé de savoir pour que plus jamais ne gronde au bas mots les vêpres étendues des montagnes vacillantes, ornées tel un oiseau d'un rameau de pommes d'or, tel l'album de jazz de Gad Elmaleh.