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L'Ep 'cycles' du duo Absence of colors (qui est plus qu'un duo en fait, oui, je spoile) m'a bien plu, avec cette approche singulière et ce quelque chose en plus, d'enfoui dans les tréfonds de leur musique. Le groupe a pris le temps de répondre à quelques questions, où il développe beaucoup d'aspects intéressants.

1- Salutations à vous ! Comment allez-vous en cette brûlante canicule ? Bon, on va faire simple, pour commencer : comptez nous l’histoire de Absence of Colors, avec des rebondissements et un climax de fou !

Olivier : Salut ! Ça chauffe, ça chauffe ! Et toi ?
ABSENCE OF COLORS c’est un duo Guitare / Batterie que nous avons créé avec Damien en 2022. Ça faisait un moment qu’on avait envie de monter un truc ensemble. Damien est donc à la batterie et moi à la guitare.

Damien : ça fait plusieurs années qu’on travaille ensemble sur différents projets de musique avec Romain et Olivier. C’est une rencontre entre des copains qui projetaient de faire de la musique ensemble depuis un bail.

Olivier : On avait pour idée de faire ce groupe en utilisant une partie « art numérique » pour se créer des instruments « particuliers » et parce que ça nous fait marrer de faire les geeks. Faire se rencontrer des instruments acoustiques et électriques avec des ordinateurs. On a commencé à travailler les lumières avec Romain, notre technicien lumière, avant même d’avoir écrit le moindre morceau. L’usage d’ordinateur sur scène demande la préparation d’un set up complet avant de pouvoir s’exprimer plus librement par la suite. On a donc pris du temps pour programmer des options qu’on voulait avoir sous les doigts. Au début, on y est d’ailleurs aller un peu fort mais c’était bien captivant. Ensuite on est passé à un truc plus raisonnable et surtout au service de la musique et de son interprétation. C’est à dire qu’on a viré plein d’options sur nos instruments « préparés » pour replacer la musique, la composition, au centre de notre proposition.

2- Expliquer le nom Absence of Colors, c’est une chose un peu compliquée, puisque liée à un concept. Donc première difficulté : sans rentrer dans le concept, à quoi se rattache le nom ?

Olivier : Ce n’est pas un concept dans le sens où c’est avant tout un nom de groupe qui se doit d’être évocateur. Je n’aime pas trop la notion de « concept », j’ai toujours peur de n’y trouver qu’un vide sidéral… Comme une promesse en l’air. Pour moi, ce nom, c’est la rencontre entre plusieurs évènements vécus.
La première, se passe dans le cadre de mon travail de technicien son. Je travaille régulièrement en création en théâtre et je me suis retrouvé un soir dans la salle avec les lumières du spectacle qui déconnaient grave. J’ai trouver ça vraiment beau. Un gros glitch dû s’en doute à l’orage qui grondait dehors. Alors ça m’a donné envie de travailler sur les synchronisations entre le son et la lumière pour tenter de recréer ce merdier. J’ai écrit des petits programmes informatiques (patch MAX/MSP) pour faire déconner les lumières tout en déclenchant des sons avec différentes options de comportements aléatoires. C’est un fil rouge que je ne cesse de suivre depuis ce jour. C’est le fil rouge de la compagnie WEIRD NOISE (bug vs folie). WEIRD NOISE est une structure de production que j’ai montée il y a quelques années et qui nous sert à créer des spectacles entre musiques actuelles et arts numériques.
Et puis il y a des films qui m’ont inspiré comme « Perfect Sense » par exemple. Film dystopique où il est question d’un virus mystérieux qui inflige aux gens la perte de leurs sens les uns après les autres dans un ordre précis. Puis, bien plus tard, est arrivé le covid… Période de déclin (sanitaire et politique) assez inquiétant. Alors ABSENCE OF COLORS c’est un peu tout ce mélange. Et si nous n’avions plus le bonheur de voir les choses en couleurs ?


3- Vous êtes deux, avec juste une guitare, une batterie et des FX. Et pourtant, vous arrivez à mener l’auditeur vers des sphères musicales aux confins du post-rock, post-metal, stoner, le tout avec une approche progressive.

a) Comment faites-vous la conceptualisation des titres, en même temps que donner une teinte globale qui va pourtant rallier différentes sphères ?

Olivier : je compose la majorité de notre musique. J’ai des canevas de travail assez longs. Des fois, je me retrouve avec des titres de 20 minutes que je viens découper en plusieurs titres pour préciser les choses. J’aime bien rester instinctif et expérimenter des choses jusqu’à avoir trouvé une couleur, une atmosphère qui me plaisent. Je laisse donc ce gros bazar de 20 minutes se densifier et ensuite je prends du recul, j’essaye de comprendre pourquoi ça me plait (ou pas) et comment je peux aller plus loin au niveau des structures, des signatures rythmique, des harmonies… et bien sur, j’ai toujours en têtes les possibilités de nos instruments (Looper, interaction, etc…) et j’essaye, en même temps que je compose, de créer une partition excitante pour le live et pour le travail des lumières. Je ne mets pas de limite « sonore » à la production studio même si j’ai mes préférences d’un point de vue esthétique : drones, glitch, etc… Nous prenons soin d’adapter ces morceaux pour le live pour que nous passions un moment intense sur scène avec un réel engagement. Je veux que ce soit un challenge à défendre en live…

Damien : Le plus gros de la composition est effectué par Olivier. Ensuite nous allons nous enfermer dans notre local pendant une semaine et nous construisons notre setup sur nos ordinateurs en pensant aussi aux possibilités d’interactions avec les lumières. Par la suite, je viens y mettre ma sauce pour que ma partition ressemble à celle d’un batteur.

b) Existe-t-il une base qui va différer d’un titre à l’autre ou vous posez-vous plus dans une réflexion qui ne tient pas compte de la base ?

Olivier : Chaque morceau est une page blanche. Nous n’avons pas de base. A ce jour, nous n’avons aucune contrainte qui nous dicte d’aller dans un sens ou dans l’autre et nous n’avons aucune pression de mieux réussir que la fois d’avant car c’est le début. Peut-être que le jour où on se sentira « bloqué » par une base à reproduire, on changera de nom et on recommencera ailleurs.

c) Comment intégrez-vous les effets dans votre musique et peut-on les voir comme une extension du duo ?

Olivier : Les effets et autres bidouilles electro font partie intégrante de l’écriture. Elles sont même parfois prédominantes au reste. On peut les voir comme une extension du duo même, effectivement. De mon côté, à la guitare, je m’occupe de construire l’univers harmonique et mélodique avec plein de parties de guitare qui sont mises en boucle en live, qui sont triturées d’un point de vue du timbre ou des textures et qui sont mises dans l’espace (panoramique, reverb, etc…). Cela constitue une base aérienne plus ou moins dense selon les parties. Damien, lui, assure l’interprétation des sons électroniques en plus des parties de batterie. Il se les approprie en live pour que ce soit pertinent à jouer. Il intervient également sur l’arrangement global pour modifier les structures si besoin… Nous faisons donc des allers et retours entre l’écriture en studio et l’interprétation en live pour faire une version destinée à être sur disque et l’autre, vivante, mouvante, à partager en chair et en os.

4- Vous avez peu de paroles mais celles-ci arrivent avec un esthétisme radiophonique (années 50/60).
a) Au-delà de l’immersion évidente, pourquoi un tel choix, très en décalage de ce qui est plus conventionnel ?

Olivier : J’ai écouté beaucoup de musiques instrumentales, électroniques, hiphop…Ces styles musicaux utilisent beaucoup de samples ou de voix type spoken words. Je suis vraiment fan de ce type de composition. Pour moi, le spoken word ressemble à un discours dans lequel le fond est le plus important. C’est une voix revendicative. Je pense à des morceaux de Massive Attack ou d’Ez3kiel par exemple.

b) Qu’abordent les paroles et sont-elles un tremplin vers une externalisation de la musique ?

Olivier : Les samples dans notre premier EP « cycles » abordent différents thèmes avec un point commun : les catastrophes provoquées par l’Homme. Chaque titre comprend donc des samples qui abordent ces sujets.

c) Et pourquoi ces chants, faisant très narratifs, intègrent-ils aussi bien des voix masculines que féminines ?

Olivier : Pour la parité, évidemment :-)
En fait, le choix du sample se fait avant tout sur la pertinence du propos. Je passe pas mal de temps à écouter des enregistrements (conférences, débats, etc…) pour en extraire un discours qui soit cohérent avec nos morceaux, avec l’idée qu’on veut défendre. Le timbre de voix joue ensuite un rôle plus « musical » ou onirique et j’aime autant les voix masculines que féminines pour nos arrangements.

5- Bon, maintenant, pour aller plus loin et ne pas perdre les yeux qui lisent, on va parler de votre concept.
a) En quoi consiste-t-il et a-t-il une approche plus symbolique et onirique ?

Olivier : L’idée de départ est avant tout l’envie de tirer un fil rouge autour des expérimentations techniques et des musiques rock au sens large. L’envie aussi de faire ça tous les trois en mode Batterie/Guitare/Lumière. Le symbolisme et l’onirisme, c’est à chacun ensuite de le trouver selon sa sensibilité. L’esquisse que nous dessinons est vraiment instinctive et j’aurais bien du mal à en pondre un concept après coup. Nous proposons un agencement d’idées parfois décousues mais nous n’avons pas prévu d’offrir un mode d’emploi aux personnes qui écouteront !

b) Vous jouez avec la couleur, du moins son absence. Que revêt cette vision et peut-on lier les tonalités musicales à celui-ci ?

Olivier : Je rêverais d’offrir aux spectateur-rices une expérience réellement en noir et blanc. Ce n’est ni la nostalgie ni le symbole d’un temps révolu qui m’inspire là-dedans mais le côté classieux qu’on retrouve en photographie par exemple…
Pour moi, le lien entre musique et lumière se situe avant tout dans leur synchronisation et leur mouvement. Je ne pense pas l’écriture musicale en termes de couleurs. Romain est peut-être plus sensible que moi à ça. Chacun son truc quoi :-)

c) D’ailleurs, au-delà de la couleur, n’y a-t-il pas un lien ou un symbolisme avec la lumière (et peut-être l’esprit humain derrière) ? Ou non, je vais trop loin ?

Olivier : Personnellement, j’ai du mal à être dans l’analyse de mes propres idées. Je ne suis pas assez souple. L’idée de pondre un concept comme une start up ça ne me parle pas. Pour moi, le nom « ABSENCE OF COLORS » symbolise un manque de quelque chose, une ablation, un voile sur nos pupilles… Avec ce projet-là, la première motivation, c’est la curiosité. Et l’envie de proposer un spectacle complet. Pas « juste » un concert. Mais si on associe lumière et idée, je dirais que j’aime bien avoir le luxe d’aller voir au bout du tunnel pour savoir si mon idée n’est pas trop fumeuse…

d) Vous liez dans votre concept la musique mais aussi les arts numériques. Qu’apportent-ils en plus et quels éléments s’avèrent complémentaires avec la musique et les arts numériques ?

Olivier : Je trouve que l’usage de l’ordinateur nous apporte de nombreuses possibilités d’interprétations, d’interactions et nous donne un moyen puissant de piloter plein d’aspect de notre musique. Par contre, l’écriture musicale reste la base de ce qu’on va créer en live. Si la musique est mal composée, ce n’est pas un ordi qui va régler le problème. J’aime bien placer la machine à un endroit stratégique pour qu’elle puisse faire ce qu’elle fait de mieux : des millions de choses basiques à une vitesse fulgurante. Pour moi les arts numériques, ce n’est pas des tableaux avec des 1 et des 0 à la Matrix… même si je suis vraiment fan du travail de Ryoji Ikeda !
Nous utilisons nos ordinateurs comme des backliners 2.0. Mon ordi par exemple va changer tous les paramètres de mon pedalboard analogique, de mes amplis à lampe, etc… pour avoir une variété de son importante et facile à rappeler. Pour Damien, son ordi va changer les sons qu’il va avoir sous les baguettes, sous ses capteurs, selon le morceau que nous jouons. Nos instruments sont reliés au pupitre lumière de Romain, ce qui nous permet d’interagir en direct avec le visuel de nos concerts.
Ce qui est complémentaire avec la musique, c’est plutôt le mélange avec les sonorités électroniques. Je n’appellerai pas ça des arts numériques mais plutôt une influence des musiques électroniques dans nos compositions. Pour moi, l’usage du terme « art numérique » est le fait que nous ayons des ordinateurs en réseaux qui ont des instructions, des règles de jeux établis, tout ça pour nous accompagner à défendre notre live sous la forme d'une expérimentation.

6- Vu que vous offrez en concert quelque chose qui flirte avec l’improvisation, vous semblez considérer la musique comme une entité vivante.

a) Est-ce-le cas et pourquoi ?

Olivier : Oui, c’est du vivant, c’est du partage. Enregistrer un disque c’est cool, on devient immortel, haha, (enfin pas tou-t-e-s…) mais partir à la rencontre de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, s’enfermer dans une boite noire et se prendre 120dB dans la tronche avec ses potes, c’est cathartique. Alors si nous, sur scène, nous voulons être convaincants, nous ne pouvons pas faire semblant. Il nous faut un réel engagement et un environnement qui soit propice aux jeux, au partage, à l’improvisation.

b) Cela vous offre-t-il un moyen de nourrir le concept en même temps qu’offrir une concrétisation de l’abstraction qui existe dans votre musique (question philo bac 2024, ça va être chaud) ?

Olivier : Je répondrai à ça simplement par la question suivante :
Une œuvre d’art peut-elle ne pas être belle ? (sujet de philo quand j’ai passé mon bac il y a fort fort longtemps)
Tu as deux heures :-)

7- Vous offrez beaucoup de textures et de teintes de tonalités, à travers votre musique (changements de rythmes, passages plus soutenus, tonalités variant…). Est-ce aussi une façon de pouvoir mettre en musique une partie du concept et d’amener une approche musicale par sa richesse ?

Olivier : La composition des morceaux est motivée par plusieurs choses : l’envie d’explorer des territoires sonores nouveaux (en tout cas nouveaux pour nous), d’approfondir le travail d’arrangement et d’aller à chaque fois un peu plus loin dans cet apprentissage. Mais la motivation première reste d’arriver à captiver l’auditeur de bout en bout en usant de tous les stratagèmes possibles et imaginables. L’équilibre que nous essayons de trouver est donc dans la densité des compositions, ou dans leur côté minimal, ou dans leur côté instable, déstructuré. Tout ça devient encore différent en live car nous avons réfléchi à l’écriture des lumières dès le début de la création et il arrive à certains moments que l’effet visuel soit l’élément « lead » de la composition.

8- Que renferme encore votre concept, qui ne se dévoile qu’en live ?

Romain : C'est dans le live que tout se passe. En concert, il y a un technicien son et un technicien lumière en plus. Sans eux le propos ne serait pas complet. Cédric, au son, apporte au mix live une cohérence, il rend le live plus dynamique et percutant pour vos petites oreilles, quant à mon travail sur la lumière, il apporte beaucoup pour le visuel, pour le côté onirique. La lumière a été pensée en même temps que les compositions musicales, elle est intimement liée à ce qui se passe sur scène. Certains passages musicaux sont synchronisés avec le show lumière ce qui rend le live immersif et tranchant. 2 sur scène, 2 en régie, on est sur une équité totale.

Olivier : Il y a des titres qu’on ne joue qu’en live, en tout cas pour le moment. Chacun d’entre nous a la contrainte de l’ordinateur avec un canevas, plutôt très écrit, mais a la liberté de l’interprétation et de l’exploration dans ce parcours. Maintenant que notre set est suffisamment étoffé, on commence à ouvrir une porte vers des moments improvisés plus expérimentaux…

Damien : Nos instruments sont équipés de capteurs MIDI et nos ordinateurs sont tous en réseau. L’interaction lumières/instruments se dévoile uniquement en live et ajoute une dimension organique à notre proposition. (Et un son fucking FAT, haha)

9- Qu’aborde plus largement votre Ep ‘Cycles’ et peut-on y voir le début d’un voyage initiatique, avec une approche plus singulière, puisant dans une part d’onirisme (et le besoin de perdre pied dans la réalité?) ?

Olivier : le titre « cycles » de notre premier EP fait référence aux cycles que l’humanité traverse et le fait que même en ayant connaissance de l’Histoire (ou de ce qu’on veut bien nous en raconter), nous perpétrons encore et encore les mêmes atrocités. Nous adaptons seulement le nom des crimes en fonction des besoins politiques. Aujourd’hui, le cynisme ambiant veut que nous ne parlions plus de crime contre l’humanité mais de « super-profit »… Nous avons une dent contre le capitalisme et nous profitons d’un mince espace de parole pour faire entendre notre voix.

10- Vous avez aussi avec cet Ep poussé le concept que les 4 titres peuvent être un seul titre scindé en 4 parties (et qui me renvoie vers l’approche de l’album d’Insomnium ‘Winter’s gate’).
a) Est-ce le résultat d’une réflexion découlant d’un besoin de garder quelques repères ou cela s’est-il fait de manière spontanée ?

Olivier : Comme je le disais précédemment, je travaille sur des canevas assez longs d’une vingtaine de minutes dans lesquels j’essaye plein de choses pour ensuite découper ce travail pour finir d’étoffer chaque partie. Il y a donc des morceaux qui se ressemblent en termes de tonalité, de texture sonore, d’harmonie, voir même qui se font écho et qui construisent une histoire cohérente sur toute la durée du live, ou du disque.

b) Est-ce quelque chose que vous pourriez explorer de manière plus profonde, dans le futur ?

Olivier : Je dirai simplement que je fais comme je peux avec les connaissances que j’ai à ce jour et je sais que ma bête noire au niveau composition, c’est l’harmonie. Je suis vraiment très lent… Alors je vais voir des ami-e-s bien plus doué-e-s que moi sur le sujet et j’apprends à leur côté pour ne pas mourir bête :-) pour autant, j’aime beaucoup les morceaux « fleuves » de plus de 8 minutes mais je crois que j’ai envie d’explorer des titres plus courts, plus efficaces, plus directes…

C) Ou tout cela n’est-il qu’illusion, car la réalité est altérée par l’absence de couleurs et ce n’est qu’une mise en bouche ?

Olivier : Ahah, ce n’est qu’une illusion ;-) En tout cas j’espère que nous arriverons à mettre en place un contexte favorable (label, tournée…) pour pouvoir sortir encore quelques disques sans perdre trop de plumes !

11- J’aime bien aussi aborder légèrement l’aspect humain derrière les groupes. Que faites-vous en marges du groupe (travail, études, rien de tout ça car rentier…) ?

Romain : Si on était rentier on serait tous loin d'ici les pieds en éventails. Niveau études, c'est fini pour nous. On est tous intermittents du spectacle si tu veux nous mettre dans une famille. On va dire qu'on consacre beaucoup de notre vie et notre temps au monde du spectacle. Absences of Colors n'est pas notre seul projet musical, on gravite tous autours d'une multitude de groupes et compagnies et à divers postes.

Damien : Artiste musicien uniquement. Je joue dans différents groupes comme CRIMI et MARTHE par exemple.

Olivier : Comme l’a dit Romain, nous gravitons autours de pas mal de projets autour des musiques actuelles, du jazz, du son immersif, des arts numériques, du théâtre… De mon côté, je suis également technicien son et je partage mon temps entre musique et technique.

12- Vos vies personnelles se reflètent-elles en parties dans votre musique ou faites-vous la part des choses ?

Romain : Oui nos vies sont quand même intimement liées à notre musique quoi qu'on puisse dire. Sur Absence of Colors, on est plutôt sur un constat de la bêtise humaine. Mais on arrive à faire la part des choses sinon nos vies ne seraient pas très drôles.

Olivier : la vie « réelle » et nos explorations artistiques se nourrissent mutuellement même si nos vies « d’adultes » avancent en parallèle pour construire des choses plus « durables » qu’un groupe de musique. Le chalenge, je pense, c’est surtout d’arriver à garder ce jardin secret créatif aussi longtemps que possible. Garder cette âme d’enfant et croire que tout est toujours possible malgré les aléas de la vie.

Damien : J’essaie de faire la part des choses entre la musique et la vie en générale. Même si je suis constamment en recherche de nouvelles musiques, de nouveaux univers…

13- Là ça va recouper un peu avec ce que vous faites : quelles sont vos influences pour Absence of Colors et qu’écoutez-vous à coté ? Des conseils de groupes ou artistes vers qui tendre l’oreille ?

Olivier : pour ABSENCE OF COLORS, je dirais que les dernières influences me concernant sont CULT OF LUNA ou TOOL. Mais en ce moment je passe de Brad Mehldau à Meshuggah, de Birds In Row a Tiken Jah Fakoly, de Dead Prez à Pink Floyd, de Andy Shauf à Daughters… paye ta playlist, haha… pour l’écriture de « cycles », ne sachant pas vraiment quel style allait nous rassembler, j’ai écouté/découvert les « classiques » du post-rock pour m’inspirer (Mogwai, Explosion in the Sky, God is an astronaut, etc…).

Romain : On écoute tous des groupes différents tout en étant très éclectiques. Pour ce groupe, les influences sont multiples car on balaye beaucoup de styles musicaux en live : electro, dub, noise, rock, … On va quand même en citer quelques-uns : Hightone, Mogwai, Godspeed you, Ez3kiel, Amon Tobin, ...

14- D’ailleurs, avez-vous des artistes ou groupes dont l’existence est pour vous un mystère ?

Olivier : Meshuggah. Pour moi ça reste un mystère même si je comprends l’idée de musique algorithmique. Ça fait 30 piges qu’ils font un truc de débiles (dans le bon sens du terme) à un niveau d’expert. Leur proposition est limpide et leur live est sans concession.

15- Quels sont vos goûts en matière de littérature et cinéma (non, les compilations de publicités, ça ne compte pas) ? Certains sont-ils des extensions à votre concept ?

Olivier : Niveau littérature, j’aime beaucoup Alessandro Barrico (Océan mer, Mr Gwyn, City…). Et niveau cinéma j’aime beaucoup les trucs dystopiques type Black Mirror. Cela influence forcément les compositions, les titres des morceaux ou encore les artworks.

16- Comment vos proches perçoivent-ils votre musique mais surtout le concept que vous développez et, tant que j’y pense, votre musique peut-elle être une extension cinématographique, appuyée par le concept ?

Olivier : Je ne sais pas trop pour mes proches, ils n’écoutent pas ce que je fais… je dois trop les saouler vu les plombes que je passe à bosser les morceaux… :-) et je crois qu’ils ont vraiment du mal à me suivre étant donné que je ne joue pas toujours le même style de musique au fil des projets… Par contre l’expérience live, ils trouvent ça à chaque fois saisissant. Pour le côté cinématographique, le côté imagé, je dirais que la composition et l’histoire qu’on se raconte se rejoignent plus tard dans le processus. Une idée d’arrangement va rejoindre une idée d’image /d’histoire plutôt vers la fin du travail… avant cette étape c’est quand même un sacré bordel… le « concept » ou l’idée finale arrivent vraiment sur le tard…

Damien : Mes proches perçoivent cette musique plutôt par son coté très solide et un très gros son avec lumières très bien écrites.

17- Quels sont les projets à venir et avez-vous des dates à donner, pour attirer le chaland ?

Olivier : pour le moment, me concernant, le focus est sur ABSENCE OF COLORS. Nous travaillons à la diffusion de ce projet en priorité. Un prochain disque est dans les tuyaux et nous cherchons à étoffer notre entourage (label, etc…) pour faire les choses bien. Le live est prêt même si nous avançons en permanence avec de nouvelles idées techniques ou artistiques.
Voici quelques dates pour la rentrée :
• 03/11/23 : LA SOUTE (Chambéry - 73) avec MARS RED SKY
• 13/12/23 : LE BRISE GLACE (Annecy - 73) avec HOWARD

18- Merci à vous de votre patience avec les questions et de votre temps pour y répondre. C’est à vous de terminer cette interview, à votre façon !

Romain : Bouge ton cul, va voir des concerts, ça fait du bien pour déconnecter du quotidien.
Olivier : Merci pour la thérapie, tu m’enverras la facture ;-)
Damien : Pour moi la musique n’a pas de limite et son univers peut être transformé à l’infini.

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