Elfika est un groupe parisien qui s’est formé en 2013 lors de la rencontre entre Manu (basse, auteur-compositeur) et Laure (chant). Puis c’est plus compliqué : on va résumé que le cœur du groupe est ce duo où l’arrivée d’ Anthony Parker (guitare) va permettre au groupe de finaliser le processus de cet album.

Et là, on rentre dans l’objet du délit, qui s’avère un gros morceau. Car cet album est ambitieux et complexe (mais dans le sens de la richesse des influences), offrant ainsi une certaine difficulté à décrire le registre. C’est audacieux et assez atypique, clairement. D’où peut-être le fait que c’est pour ça que j’ai accroché.

A ma première écoute, j’ai été un peu perdu puis, au fil du défilement de l’album et d’autres écoutes, cet album s’est plus dévoilé, jouant sur différents biais, de manière subtile et intelligente.

Le terreau de base est un metal symphonique auquel viennent se greffer des éléments comme du heavy metal, du metal progressif, du power metal et temporel (lié à la musique, j’éclaircirai ce point plus loin, soyez patent que diable…).

Les titres sont très variés, du fait de ces nombreuses influences, laissant le champs libre aux envolées qui parsèment l’album, tout comme les tempos qui passent de rythmes pouvant être soutenus à des choses proches d’une ballade, mais toujours dans une justesse et une cohérence de l’esprit du morceau.

Les titres prennent de se développer, nous amenant donc à des titres qui peuvent faire péter les 8 minutes à l’aise sans être ennuyeux, du fait de titres à tiroirs, offrant des ambiances ou des atmosphères, nous prenant presque par la main pour nous faire visiter leur univers, qui se découvre au fur et à mesure des titres. On est beaucoup dans le ressenti et l’émotionnel, un peu comme on le serait devant un Rembrandt, un Monet, un Delacroix ou un Vlaminck (hahaha, là, avec ce peintre, j’en ai perdu! Bon c’est l’un des maîtres du fauvisme, dont le point commun que l’on a a été de vivre dans le même village et d’avoir côtoyés des personnes communes. Fin de la digression.).

On se retrouve donc au milieu d’un univers touchant, tout en subtilités et finesse n’empêchant pas quelques moments plus intenses.

Le groupe nous offre aussi un titre très dense, en différentes partie, renfermant à lui seul un concept. Dark Virgin s’ouvre sur un ‘The prayer (Ave Maria)’ foutrement bluffant, enchaînant sur des segments où le groupe prend toute sa mesure, aussi bien musicalement qu’artistiquement, osant faire une sorte de titre fleuve, très dense mais réussi, étant cohérent de bout en bout, avec des rappels des diverses parties judicieusement dosées. Très accrocheur ! Ce titre, découpé en différentes chansons, nous emmène loin, ce clôturant de façon astucieuse (le rappel de ‘The prayer’ mais sans le recopier) mais aussi de joindre deux concepts touchant au sacré via ‘Redemption’ et ‘Inferno’, clôturant l’album en étant un titre qui en fusionne au final deux (si j’ai bien compris le track listing et ce qui serait assez logique, par rapport au concept développé sur ce titre atypique.

Le groupe joue aussi avec un élément plus complexe : le temps. Dans l’album, je retrouve des éléments qui m’évoque aussi bien le heavy metal des années 80 (voire même un coté Megadeth avec ‘Holy wars’) mais aussi des chanteuses comme Pat Benatar ou Bonnie Tyler, l’album semblant y plongeant, semble-t-il, des racines. Ce qui y participe aussi est l’utilisation d’un clavier, de manière ponctuelle mais judicieuse, là encore, pour nous offrir cette sorte de saut temporel, mais sans se perdre dans un quelconque bordel d’époque, la force du groupe étant justement la justesse et le dosage des éléments.

Et jusque là, j’ai réussi à ne pas évoqué Laure et sa voix. Car là aussi, c’est un gros morceau qui prend son essence dans l’album. Capable de passer d’un chant presque lyrique à un agressif (‘From heaven to hell’) ou même conté , Laure est aussi à l’aise avec le chant liturgique (bordel, ‘The prayer (Ave Maria)’ est bluffant). Son timbre de voix participe aussi au coté temporel que j’ai évoqué, me renvoyant aux deux chanteuses que j’ai nommé, tout en gardant résolument un coté moderne, tout comme la musique. Laure nous ouvre par son chant l’univers du groupe. Je soupçonne fortement que c’est d’ailleurs Laure qui nous prend par la main pour nous faire entrer dans cet univers. Il est clair qu’elle n’a personne à envier, tout comme le reste du groupe.

Le chant et la musique ne sont pas un support de l’un pour l’autre mais clairement une symbiose, distillant finalement une magie qui fonctionne parfaitement, développant vraiment quelque chose qui change des groupes plus classiques dans le registre. Un groupe à découvrir absolument pour les fans du genre et ceux ouverts d’esprit.