top of page

Elfika est un groupe de metal symphonique dont l'album' Secretum secretorum' m'a clairement pris par surprise et qui a soulevé moult interrogations dans mon esprit. Alors, ni une, ni deux mais trois, j'ai posé quelques questions au duo fondateur dont voici les secrets révélés, renfermant des éléments qui vont loin dans la réflexion et ouvre un large champs des possibles.

Photos par Océane Texier et Illusions story (c'est indiqué en bas des photos, pour les curieux).

 

Réponses par Manu BasseKiller, fondateur, auteur, compositeur et bassiste d’Elfika et par Laure Ali-Khodja, chanteuse lead , frontwoman et auteure.

 

 

 

​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​

 

1- Bonjour ! Comment allez-vous ? Prêt à répondre à ces quelques questions ? Bon, on commence classiquement : narrez-nous l’histoire derrière Elfika.

 

L’idée de créer un groupe orienté vers le métal-symphonique m’est venue très tôt, peu de temps après la découverte d’un certain « Nightwish » et de l’album « wishmasters ». Ce n’est que bien des années plus tard, et après de nombreuses tentatives de line-up et divers groupes plus ou moins réussies que j’ai posé la première pierre d’Elfika.

Un ami m’a demandé d’écrire un morceau pour l’ouverture d’un spectacle qu’il organisait au profit d’un enfant atteint d’une maladie rare, la maladie des enfants de la lune.

J’ai alors réuni des musiciens qui officiaient avec moi dans un groupe qui battait sérieusement de l’aile, complété le line-up et lancé l’écriture dudit morceau.

Lorsque nous avons eu à choisir le nom du groupe, j’ai proposé « Elfika » qui a été adopté sans coup férir.

Le morceau « Enfant de lune » et Elfika sont officiellement nés à ce moment.

Le concert a eu lieux le 23 Mai 2009 à Poissy (78), filmé et photographié par un tout jeune photographe, un certain Vincent Zafra…

Nous avons bien évidemment souhaité continuer, mais il nous a été très difficile de stabiliser notre line-up, de nouvelles compositions étaient prêtes, mais nous avions de grandes difficultés pour trouver les musiciens adéquats.

Ce n’est qu’en 2013 qu’au bout d’un interminable processus d’audition, nous avons auditionné une jeune chanteuse, Laure Ali-Khodja.

La magie a opéré tout de suite et les choses se sont accélérées.

Reprise du processus du composition, quelques concerts tests, puis enregistrement en 2015 de la première démo du groupe, distribuée en version digitale puis en CD.

Un clip voit le jour sous la direction de Vincent Zafra qui ne nous a jamais quitté depuis ce fameux 23 Mai 2009 et est toujours le photographe et vidéaste officiel du groupe.

Une série de concerts suit la sortie de la démo et le projet d’un album est bien évidemment lancé.

Je commence à composer avec Laure, mais je me rends compte assez rapidement que les autres membres du groupe suivent de moins en moins.

En2017, pour diverses raisons, tous les musiciens quittent l’aventure, projet trop prenant, trop couteux, trop ambitieux…

Avec Laure nous poursuivons malgré tout la composition et l’écriture de l’album.

Nous sommes déjà en contact avec l’ingénieur et producteur Didier Chesneau (Headline, Attraction Théory..) à qui nous comptons confier la phase d’enregistrement et la production du futur album.

Nous sommes toujours épaulés par Vincent, ami indéfectible, et par Sylvain Leboeuf, graphiste qui a déjà œuvré sur les visuels du groupe (logo, pochette de la démo).

Didier nous met en contact avec le guitariste Anthony Parker (Fairyland, Heavenly) avec qui nous finalisons tout le processus de composition.

Le batteur Axel Thomas est engagé pour les sessions batterie et les enregistrements de « Secretum Secretorum » débutent à l’été 2018 aux studios MII Recording.

Entre temps, nous signons avec le Label Valkurie Rising.

Le processus d’enregistrement est long, car nous souhaitons aller le plus loin possible dans la réalisation de l’album. La présence de musiciens tels qu’Anthony Parker, Constance Amelane (Attraction Théory, Whyzdom, Elferya..) et la conduite de Didier nous permettent d’aller beaucoup plus loin tant au niveau artistique que technique.

L’album est fini en septembre 2019 et sort officiellement en version digitale le 17 janvier 2020.

Entre temps le line-up s’est stabilisé. Axel Thomas est devenu batteur officiel, Rémi nous a rejoins aux claviers et Anthony Parker intègre le groupe au poste de guitariste.

 

2- Le nom de Elfika me fait penser à un univers fantasy mais bon, il serait peut être utile de nous éclairer plus, en développant le sens (ou l’univers, qui sait?) se dissimulant derrière ?

 

Effectivement, Elfika a une très forte connotation héroic fantasy. C’est un univers qui m’a toujours fasciné par sa richesse.

J’ai passé bien des heures dans les écrits de JRR Tolkien,Robert Ervin Howard, Clive Staples Lewis, dans les contes, légendes et autres mythologies de toutes origines, à la recherche de savoirs perdus ou tout simplement d’émerveillement.

« Elfika » a été tout d’abord le nom d’un projet de musique instrumentale que j’ai composé chez moi bien avant de me lancer dans la création d’un groupe et qui portait essentiellement sur le monde des Elfes.

Lorsque nous avons eu besoin d’un nom de groupe, il s’est presque imposé naturellement.

A l’époque, il y avait encore très peu de noms de groupes en « A »…

Le fait que le premier thème, symbole sur lequel nous avons travaillé en tant que « Elfika » ait été la lune a certainement joué un rôle clé dans le choix du nom de groupe.

 

3- Elfika repose principalement sur le duo que forme Manu et Laure (je simplifie à mort, je vous laisse détailler plus la réalité).

a) Est-ce parce que vous avez une vision très pointue de ce que vous souhaitez (ou même un point de vue en commun) ?

b) Est-ce un besoin, afin de pouvoir concentrer en une essence qui vous satisfait, pour garder un certain contrôle ?

c) Avez-vous en commun des domaines d’intérêts, ce qui explique en partie aussi ce fonctionnement choisi ?

 

Effectivement, Elfika repose sur un cœur constitué par Laure et par moi-même.

Comme je l’ai détaillé dans l’historique du groupe, l’une des raisons de cet état de fait est tout simplement liée à l’enchaînement de circonstances qui a fait que nous nous sommes retrouvés seuls pour mener à bien le projet d’album.

Mais ce simple fait ne suffit bien évidemment pas à tout expliquer.

Il y a un peu de vrai dans chacune des affirmations proposées.

La « a » est parfaitement correcte. Nous avons une vision commune et en parfaite harmonie de ce que nous voulons faire, de ce que nous voulons pour « Elfika ».

On dit que c’est dans l’adversité que les vrais visages se découvrent. Mener de front à deux un album lorsque l’on a à son actif qu’une simple démo n’est pas un défi facile. Avec Laure nous avons dû affronter nombre de difficultés qui nous ont plus que jamais rapprochés dans notre vision commune et dans notre volonté de réussir envers et contre tout.

Nous avons appris à travailler ensemble, à écrire, composer en développant un lien de confiance et une osmose musicale sans laquelle rien ne peut être possible.

La volonté de Laure a été sans faille et grâce à cela, j’ai pu lui proposer des morceaux toujours plus ambitieux pour exploiter ses extraordinaires capacités vocales au-delà de ses limites.

En revanche, il n’y a pas de volonté d’hégémonie au sein du groupe. Si en tant que membres fondateurs nous donnons le cap et avons en main une grande partie du fonctionnement du groupe, nous travaillons avec tous les musiciens qui composent Elfika de manière à ce que chacun soit libre de s’exprimer et d’apporter ses idées pour le bien du groupe.

 

4- Musicalement, vous avez opté pour un metal symphonique, mais auxquels d’autres éléments sont adjoints, offrant quelque chose qui nous mène dans diverses sphères musicales (gardant le metal symphonique comme base) et temporelle.

      a) Le choix du metal symphonique, est-il dû à une attirance pour ce style (ou affinité, un amour, autre?) ?

 

Le choix du metal symphonique était effectivement le postula de base de la création du groupe.

Un choix fait par passion pour cette musique d’une incroyable richesse.

L’on a peut-être un peu tendance à l’oublier de nos jours au regard de la quantité de groupes qui avec brio ont exploré presque tous les chemins possibles dans ce style, mais à la base, marier la puissance du heavy métal avec des orchestrations symphonique pour porter un chant lyrique ou rock était une formidable aventure musicale et artistique. Et c’est toujours le cas.

Il y a encore tellement de possibilités avec un tel ensemble de styles musicaux aussi éloignés que complémentaires...

 

      b) Qu’est-ce qui vous guide dans le choix des autres éléments que vous incorporez à Elfika (il ne s’agit pas d’éléments choisis au hasard dans un chapeau) ? Une volonté d’une continuité, d’une cohésion mais laissant le champ libre des possibles ?

 

Je ne dirais pas que les éléments sont choisis totalement au hasard bien évidemment. En fait, le choix ne se fait pas vraiment dans ce sens-là.

Lorsqu’un morceau prend vie, que nous commençons à le voir se construire et que l’idée de base se précise, c’est là que les différents éléments, de style, musicaux, sonores sont intégrés.

Nous les choisissons pour qu’ils portent l’idée et l’âme du morceau, sans nous poser réellement de question et encore moins de limites quant à leur origine. Je n’ai pas une ligne de conduite qui me dit que je ne dois intégrer que des orchestrations symphoniques ou que les guitares doivent absolument sonner d’une manière bien définie. C’est le morceau, l’idée que je m’en fais et que nous développons qui dicte ces choix et qui laisse effectivement ouvert largement le champ des possibles.

 

      c) Sont-ils aussi un moyen de pouvoir enrichir la musique de souvenirs que vous avez, permettant de créer ainsi cette atmosphère que dégagent certains titres ?

 

La réponse est en partie présente dans la question précédente.

Les éléments que nous incorporons dans un morceau étant choisis pour porter l’idée et le message du morceau, oui, il y a forcément une volonté d’enrichir la musique avec des choix plus ou moins personnels mais toujours très ciblés à défauts d’être bridés.

C’est le rendu final du titre qui nous dit si nous avons fait les bons choix.

 

5- On l’a abordé indirectement plus haut : l’univers d’Elfika. Cela à l’air quand même dense.

      a) Pouvez-vous nous en dire plus sur l’univers que renferme Elfika ?

 

Effectivement, une partie de la réponse à cette question a pu être apportée dans les réponses précédentes.

L’univers Elfika, s’il s’est construit sur certains éléments de base évoqués précédemment, n’en est pas un univers fermé pour autant. Bien au contraire, il est en constante évolution.

Si nous gardons bien évidemment les fondamentaux de notre identité musicale et artistique, nous sommes en permanence à l’écoute de ce qui se fait dans le monde du métal, symphonique, mélodique, progressif, power….

Nous sommes très attentifs aux albums des autres groupes, qu’il s’agisse des grands groupes ou de la scène émergente, nous apprécions leur qualité et prenons « la température » des tendances qui se dessinent dans cet océan musical bouillonnant de magnifiques idées et productions musicales.

Cet univers va donc s’enrichir au gré de nos inspirations, de ces choses dont nous souhaitons parler, de ces messages que nous voulons transmettre aussi bien au travers de nos textes que de notre musique.

Le plus difficile pour un groupe reste d’évoluer dans la continuité.

 

      b) Quels sont les thèmes que vous abordez dans les titres et ne sont-ils pas une symbolique vers des thèmes nettement plus terre-à-terre, comme les travers humains, la condition humaine (et ce qui peut graviter autour) ? Ou j’ai tout faux ce qui est un peu con du coup, hein ?) ?

 

Non, bien évidemment, tu n’as pas « faux » et aucune question ou avis ne peut être qualifié de « con ».

Comme tout morceau de musique, nos titres, leurs textes et leurs thèmes peuvent avoir plusieurs lectures, plusieurs interprétations, et c’est bien là tout l’intérêt.

Nous ne cherchons pas à délivrer un message universel et encore moins une vérité, pas même la nôtre. Les thèmes que nous abordons nous tiennent avant tout à cœur, et ils nous ont suffisamment inspiré pour que nous en fassions des morceaux.

Nous les avons abordés avec nos mots, notre sensibilité, et laissons à chacune et chacun toute latitude pour les comprendre et se les approprier selon sa propre sensibilité.

La musique se doit d’être un partage, pas un dogme.

Si dans ta question tu fais référence au titre « So Human » effectivement, une première lecture ferait dire sans se tromper que nous n’avons pas été très « innovants » en dénonçant les dérives de l’humanité face à sa planète et ses semblables.

La base du message est effectivement là, maintenant certaines personnes pourront y déceler une certaine approche dans la manière de tourner le texte issu de mes propres réflexions elles même inspirées par mes lectures et ma passion pour la philosophie.

Mais dans le fond, ce n’est pas le plus important, ce qui compte c’est que le morceau puisse parler à tout le monde, la musique se doit aussi d’être un message universel et surtout pas élitiste.

 

      c) Même si les thèmes semblent indépendants, il y a une cohérence entre les titres, du moins dans l’essence de ceux-ci. Hasard ou point du tout, c’est tout à fait réfléchi, en lien avec une idée plus vaste ?

 

Oui, il y a effectivement un fil rouge au sein de l’album.

Il n’est jamais facile d’enchaîner les titres avec une thématique globale, à moins de se lancer très clairement dans un concept album, ce qui n’était pas notre objectif.

Néanmoins nous n’avons pas pour autant enchaîner des titres sans aucune cohérence.

Le fil rouge de l’album tient en son titre « Secretum Secretorum », un traité de l’antiquité d’Aristote qui s’adressait essentiellement à Alexandre le Grand et abordait un très grand nombre de sujets aussi variés que la politique, l’art de la guerre, l’art de commander, la vie courante, avec là aussi de très nombreux niveaux de lectures et de compréhension.

Si au sein de l’album nous abordons des sujets en apparence aussi différents que la condition humaine, l’enfer, les violences conjugales et d’autres sujets plus intimes, ils constituent les éléments indépendants mais complémentaire d’un tout, sans plus de prétention bien sûr, comme je l’ai précisé, notre objectif n’était pas d’écrire un concept album, ça viendra peut être un jour.

 

​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​

6- Cette question pour Laure. Ton chant a un spectre large (c’est bluffant sur ‘The prayer’).

      a) Comment en es-tu arrivée au chant ? Et le choix de celui-ci, est-ce par goût, défi ou autre ?

 

Comment j’en suis arrivée au chant ? Et bien je me suis intéressée à la musique très jeune car ma mère faisait du chant lyrique et je l’entendais assez fréquemment chanter à la maison. J’ai dû faire 2 ans de chant et de solfège pour finalement tout laisser tomber et me consacrer entièrement à la danse. Ce n’est que plus tard, vers 16 ans, après avoir découvert mes goûts musicaux que j’ai décidé de reprendre les cours de chant. J’ai commencé par des cours de chant lyrique et après j’ai déménagé à Paris pour faire des études de comédie musicale. C’est pendant mes études que j’ai intégré le groupe « Elfika ».

Concernant le choix du métal symphonique, entre ma mère qui écoute des opérettes et mon père du rock je crois que j’ai trouvé un bon compromis entre ces 2 styles. Les premiers groupes que j’ai écouté sont  « Evanescence » et « Within Temptation » et j’en suis tombée amoureuse du style de musique. Maintenant je me suis pas mal cultivée sur le style et entre les premiers Nightwish, Epica, Xandria, Leaves’ Eyes, … ect. la voix lyrique a été trop souvent utilisé à mon goût. Cependant des chanteuses comme « Floor Jansen » me fascine énormément ! Elle a de nombreuses facettes vocales, en passant de la voix lyrique à une voix plus rock ou même de la voix saturée c’est époustouflant ! En tout cas je m’inspire beaucoup d’elle car je crois qu’on peut en apprendre pas mal de choses.

 

 

      b) Est-ce simple de passer d’un chant presque liturgique à un chant saturé et d’osciller entre diverses formes de chants ? Lequel te paraît le plus épique pour toi (dans la technique ou autre, c’est selon ton ressenti) ?

 

Alors première chose, qu’on soit bien d’accord, ce n’est pas moi qui aie fait la voix saturée sur l’album mais Drina Hex la chanteuse du groupe « Burning Dead ». Ce n’est pas pour autant que je ne souhaite pas en faire, au contraire j’espère pouvoir enregistrer les voix saturées moi-même dès que possible.

Sinon lequel me paraît le plus épique ? Je dirai les montées en voix pleine comme sur « Starlight » ou « Inferno », cette voix la est encore assez nouveau pour moi et ayant débloqué mes aiguës que très récemment je me surprends toujours quand j’arrive à atteindre une certaine note, cependant j’y travaille encore pour me sentir le plus à l’aise possible.

 

 

      c) Est-ce toi qui calibre les paroles pour ton chant ou est-ce discuté avec Manu, pour être raccord dans votre univers ?

 

Avant d’écrire les paroles nous nous mettons d’accord avec Manu sur la thématique du morceau et le message que nous souhaitons transmettre après soit c’est moi qui écris les paroles soit Manu. Quand c’est Manu qui décide d’écrire les paroles (car sur certaines chansons il a une idée tellement précise que je préfère que ce soit lui qui s’en occupe) et bien dans ce cas Manu écrit généralement plus que ce qu’il faut et moi je modifie derrière pour que ce soit en raccord avec la ligne de chant.

 

 

      d) Ton chant m’évoque dans certains passages Pat Benatar ou Bonnie Tyler. Hasard et coïncidence ? Est-ce plus un compliment ou alors tu es en train d’être dépitée devant ma question ?

 

C’est marrant … car on m’a déjà parlé de Bonnie Tyler. Je ne suis pas dépitée devant la question car ce sont de belles voix et moi j’adore ces types de voix la, les voix rauques. Par contre je ne me suis aucunement inspirée d’elles, il y a un passage où je me suis inspirée plus de Doro mais ne pensais pas qu’on puisse faire le rapprochement avec Pat Benatar ou Bonnie Tyler.

 

 

7- Quelles sont les influences qui lient la musique d’Elfika (et qui sont donc les vôtres) ? Y-a-t-il des influences assez étonnantes, qui ne sont pas flagrante à l’écoute mais qui une fois dévoilées semblent logiques ?

 

Elfika s’inscrit sans la moindre ambïguité dans la mouvance particulièrement vaste du métal symphonique, ce qui dans le fond veut dire beaucoup et peu à la fois.

Comme je l’ai précisé en début d’interview je crois, ce qui m’a le plus fasciné dans cette musique c’est le champ de possibles presque illimité pour construire une musique à partir de multiples influences en apparence totalement antagonistes et qui pourtant peuvent être assemblées au sein d’une alchimie qui à l’instar d’un grand œuvre alchimique transformerai le plomb en or (image purement allégorique bien sûr).

Ainsi, au sein du groupe tu vas retrouver des influences issues du hard-rock des années 80 (Iron Maiden, Metallica, Judas Priest…), des influences métal symphonique bien sûr (Nigthwish, Epica, Amaranthe, Delain,…), du métal progressif (Symphony X), power (Helloween, Stratovarius…), de la musique de film, de la musique classique et symphonique….

Chaque musicien ayant voix au chapitre de la construction des morceaux, il va donc par conséquent y apporter sa touche propre issue de sa propre culture musicale.

Ce qui va donner une cohérence au tout c’est le choix de construction finale et de production du morceau, pendant lequel certaines parties seront supprimées, d’autres transformées, d’autres ajoutées pour au final, créer le style voulu, non plus par chacun, mais cette fois-ci pour Elfika.

Nous faisons d’un ensemble de raisons individuelles une raison commune dont le seul objectif et Elfika.

En écoutant Elfika, les gens écoutent aussi bien une part de chaque musicien qu’une idée commune au service d’une volonté commune.

 

8- Elfika ne serait-il pas une entité plus complexe, allant au-delà de la musique ? N’y aurait-il pas autre chose derrière, Elfika étant l’arbre cachant la forêt, un concept global qui se dévoilera ?

 

Ce serait un peu pompeux de prétendre qu’Elfika est bien plus qu’un simple groupe de musique, mais pourtant ta question n’est pas dénuée de sens, bien au contraire.

Lorsque j’ai imaginé le « concept Elfika » j’avais une idée, plus précisément une envie, un objectif, tout en restant conscient des difficultés pour le réaliser.

Mon groupe de prédilection, et ce depuis mon plus jeune âge, est Iron Maiden. Si tu prends un tel groupe, tu te rends vite compte que le concept « Iron Maiden » va bien au-delà de leur musique.

D’ailleurs, bien des gens admettront qu’ils connaissent le groupe mais seraient parfaitement incapable d’en reconnaître un seul morceau. J’ai étudié avec beaucoup de soin la manière dont Steve Harris a construit son groupe, les choix qu’il a fait, le contexte, les orientations prises. Cela a forgé mon idée pour Elfika, tout en restant à mon humble place au regard d’un tel géant de la musique.

Alors oui, Elfika c’est de la musique, mais c’est aussi une idée plus profonde, une conception de la musique et de la manière de la faire, une certaine philosophie avec une histoire.

Nous adoptons une manière de faire, de nous comporter, considérant que le groupe n’existe pas que sur scène et sur des CD, mais qu’il existe tout court et qu’il doit donner au gens bien plus que sa seule musique.

C’est aussi une grande aventure humaine, avec bien évidemment ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines, j’ai beaucoup appris de toutes ces années à tenter de construire Elfika, ce groupe est devenu presque une entité « vivante » qui partage ma vie et celle des musiciens qui le composent.

​

 

​

 

​

 

 

 

 

 

 

 

​

​

​

 

 

 

 

​

 

 

​

 

9- Vous avez aussi une approche qui apporte de la modernité, via un clavier ou des samples, donnant une dimension plus ‘ambitieuse’ (ou épique, c’est selon) à Elfika. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cet aspect qui n’est pas anecdotique dans votre musique ?

 

La présence des orchestrations est totalement inhérente au style dans lequel nous avons souhaité évoluer.

Pour autant, nous avons vite voulu explorer toutes les possibilités offertes par ce formidable aspect de notre musique.

L’utilisation de samples s’est imposée pour un point de vue technique sur scène, tout simplement parce qu’à moins de jouer avec un orchestre avec nous, ce qui reste un rêve pour l’instant, nous n’avons aucun moyen de reproduire sur scène ce que nous mettons sur nos albums. Et pour nous il est important, voire fondamental que le public ait une expérience totale et inoubliable de notre musique live.

Mais l’idée n’est pas de mettre des orchestrations parce qu’il faut en mettre dans ce style.

Trop d’orchestrations peut rapidement nuire à la qualité globale des morceaux, autant d’un point de vue artistique que technique lorsqu’il faut mixer des dizaines voire des centaines de pistes avec des fréquences qui se chevauchent au point de s’annuler (dixit notre ingénieur du son et producteur adorée Didier Chesneau).

Les orchestrations sont une composante qui doit servir le morceau, pas l’habiller.

L’orchestre a une puissance qui lui est propre et qui se doit d’être exploitée comme tel.

Les instruments synthétiques ont un tout autre champ de possibilités qui vient compléter ce que l’orchestre classique ne peut délivrer comme ambiance et tessiture sonore.

Comme tous les choix qui sont fait, les orchestrations sont là pour jouer un rôle bien précis dans le morceau, soit pour sublimer une ambiance, soit pour la créer, soit pour appuyer les guitares, soit pour au contraire les mettre en avant en s’effaçant au bon moment.

Nous souhaitons jouer avec toute la puissance et la sensibilité de chaque instrument au bon moment, et c’est ce dosage qui s’avère souvent le plus compliqué.

Nul ne pourra nier que la puissance de la musique de Wagner n’a rien à envier aux plus gros riffs de métal, et c’est là que le concept de métal symphonique devient tout simplement génial, en créant une synergie entre deux mondes qui tout semble opposer et qui pourtant n’attendent qu’une chose, fusionner.

 

10- Arrivez-vous à vivre de Elfika ou non, oulà, vous avez des métiers ? Et quels sont-ils (en lien avec la musique justement) ?

 

Si certains membres du groupe ont des métiers en lien avec l’art, et pas seulement la musique, nous ne sommes pas à un point ou Elfika peut nous permettre de vivre.

C’est une ambition sur laquelle nous portons un regard très réaliste, voire pragmatique.

Notre principal objectif pour le moment et de faire en sorte de pouvoir continuer à faire vivre Elfika, avant de pouvoir envisager que ce soit Elfika qui nous fasse vivre.

Nous avons toutes et tous des métiers à côté, artistiques ou pas, mais cela relève de la vie privée de chaque musicien, et il y a une règle d’or au sein d’Elfika, protéger la vie privée de chacun de ses membres ðŸ˜Š

 

11- Puisque l’on s’étale un peu plus, quelles sont vos passions, vos centres d’intérêts ? Certains sont-ils liés à Elfika, y apportant une certaine densité ?

 

Il est indéniable que les passions et centres d’intérêts des musiciens d’Elfika apportent, en tout ou partie, des éléments au groupe.

Outre notre passion commune pour la musique bien évidemment, de nombreux domaines propres à chacun contribuent par les talents qu’ils développent à enrichir l’expérience Elfika.

Je pourrai citer la passion de Laure pour la danse qui lui permet d’avoir une aisance et une présence scénique exceptionnelle et particulièrement appréciée par le public, de part sa capacité innée à savoir occuper l’espace scénique et gérer ses mouvements et son corps comme toute danseuse sait le faire, je pourrais citer ma passion pour la littérature, la philosophie, l’histoire, principalement l’histoire ancienne, l’ésotérisme et les langues que je mets pleinement au service du processus de composition des titres d’Elfika, mais aussi des compétences en apparences non liées à un groupe et pourtant fondamentales de certains de ces membres comme la capacité à gérer, planifier, piloter, des compétences techniques aussi…

En fait, comme je le disais, Elfika est comme un organisme vivant qui se nourrit de nos qualités, de nos compétences, de nos défauts aussi, soyons honnêtes, nous ne sommes pas le groupe parfait dans le meilleur des mondes non plus.

 

12- Quels sont vos projets, avec la sortie de l’album ? Certains sont-ils transversales à Elfika ?

 

Actuellement tous nos efforts sont tournés vers la réussite de « Secretum Secretorum ».

Cet album a nécessité énormément de travail et nous allons tout faire pour qu’il puisse pendre son envol.

Nous n’avons pas la prétention de dire qu’il va plaire à tout le monde, non, bien sûr que non, notre objectif et tous nos efforts y tendent, est de le faire découvrir au plus grand monde, pour que chacune et chacun puisse se faire son propre avis, mais qu’au moins, les gens aient eu l’occasion de l’écouter. Après, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ðŸ˜Š

Cela va passer par sa diffusion via les réseaux sociaux, le web, sa distribution physique, mais aussi notre volonté de réaliser le plus de concerts possibles dans le plus de pays possibles, car nous voulons vraiment aller au-devant de notre public et partager avec les gens notre musique, pas seulement la vendre, mais bien l’offrir en partage via la scène avant de la vendre.

 

​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​

13- Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre. C’est à vous de conclure, comme vous le souhaitez !

 

Bien des choses ont été dites dans cet interview particulièrement complète et qui a abordé avec beaucoup de finesse et d’intérêt de nombreux sujets.

Alors tout d’abord, merci pour nous l’avoir proposée.

Le mot de la fin, il ne nous appartient pas.

Tout d’abord parce que ce n’est que le début, et surtout parce que nous avons écrit le premier chapitre de « Secretum Secretorum », et que toute la suite du livre, c’est avec vous que nous allons l’écrire.

Vous pourrez aimer ou ne pas aimer cet album, nous n’avons pas la prétention d’avoir créer les tubes du siècle, mais si vous avez pris le temps de le découvrir, ce sera déjà une grande victoire pour nous.

Si nous existons c’est grâce à vous, grâce à votre soutien, à vos encouragements, à vous qui venez à nos concerts, qui achetez nos CD, notre musique, qui la diffusez, la commenter, et la faite vivre.

Nous lui avons donné naissance, mais c’est avec vous qu’elle va grandir et vivre sa vie pour permettre aux albums suivants à leur tour de naître.

Alors, pour conclure, nous vous disons MERCI du fond du cœur, seuls nous ne sommes que des musiciens qui font de la musique, avec vous nous sommes un groupe qui fait vivre sa musique.

 

Merci pour cette interview.

DUO.jpg
IS-7162.JPG
_DSC1052.jpg
IS-7057.JPG
bottom of page