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2020 Delta tea

CD digipack 5 titres

Durée : 34’55’’

Avec Ellie promotion

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Delta Tea est un groupe formé par deux frères et deux autres comparses, en 2018, à Cergy. Tournant autour d’une épopée SF, cet Ep est quand même, en ce qui me concerne, difficile à entrer dedans (du moins à me faire des écoutes intégrales, qui sont plus fragmentées). Alors, je vais faire deux parties à cette chronique, ce qui est sûrement nouveau ( ou pas, si on relit les vieux EDA). La première va opposer à la seconde mes griefs.

 

Avant de détailler plus, soyons clairs : ce Ep est très loin d’être mauvais, bien au contraire, et les amateurs trouveront clairement quelque chose de très intéressant. On va commencer par le son : parfait. Il a été clairement travaillé pour permettre aux instruments d’être tous bien présents, ayant à la fois suffisamment de puissance sans pour autant oublier la finesse et la subtilité inhérente à l’univers que touche le groupe.

 

Pourquoi ai-je des difficultés à entrer dans leur univers ? Le registre en lui même n’est pas mon fort (rock metal progressif instrumental), qui du fait de sa niche, me pose le problème que je regrette toujours quand il y a absence de paroles (j’ai toujours eut un souci avec ce point là…). Le fond n’est pas un souci, la forme un peu plus. Je trouve que parfois, il y a des longueurs (j’y reviendrais dans la seconde partie, c’est un point qui a son importance), ainsi que des circonvolutions partant vraiment très loin, allant caresser du jazz et de bien d’autres styles qui peuvent être assez déstabilisants. En soi, ce n’est pas mauvais, loin de là.

Il y a des morceaux qui me paraissent vraiment découpés, offrant des phases qui me semblent très éloignés les unes des autres, dont la cohérence ne m’apparaît pas très évidente, lié au fait que cela implique clairement une écoute intégrale (dont je n’ai pas encore réussi l’exploit), un certain ennui me saisissant à un moment (du fait de la niche musicale, mais pas du fond, je le redit. J’ai cette difficulté à entrer dans ce genre d’œuvre, car peu habitué à cela et que cela ne m’a jamais attiré).

C’est plus un disque à écouter en faisant autre chose (écrire ou lire, permettant d’avoir quand même une oreille attentive et de ne pas voir le temps passé, comme c’est le cas actuellement, lors de l’écriture de cette chronique). Si je l’écoute dans le but de l’écoute pure, là j’ai du mal.

Cet Ep brasse des choses très ambitieuses, nous menant dans des sphères vraiment peu visitées habituellement (bien que cela puisse évoquer ce que d’autres groupes ont pu effleurer, lié en cela par le registre progressif.

A ce coté décousu, il y a aussi des passages plus hypnotiques, mais qui du fait de ma fragmentation d’écoutes ne prend pas. Et c’est clairement ce souci d’instrumental, qui pose souci. Les gars sont techniques, rien à dire là-dessus. Mais ils arrivent à me perdre un peu en route, avec des parties qui ne sont pas vraiment évidentes, amenant des phases vraiment aériennes, voire oniriques mais qui m’échappent complètement (bien qu’elles soient clairement ressenties), du fait que je ne peux pas vraiment l’écouter entièrement sans devoir couper à un moment. Mais attention, certaines phases, en opposition de structures ou de tempo sont aussi des putains de trouvailles.

Le souci avec ‘The chessboard’, c’est clairement le contexte d’écoute et cette absence de paroles (ce qui est assez logique pour du progressif), bien que certains titres compensent cet aspect via des claviers évoquant des chœurs. Il me faudra du temps pour une écoute intégrale car beaucoup de facettes restent du coup sans vraiment de raison de pertinence.

 

Il y a aussi des choses qui sont très intéressantes. Et c’est pour cela que, certes j’ai du mal, mais je persévère, car il y a vraiment quelque chose de dense et qui appartient aussi à une sphère que j’apprécie : la SF. Delta Tea nous livre une musique qui pourrait être, très clairement, une BO d’un space opéra, sans avoir à rougir de honte face à ce que des maîtres du genre peuvent ou on pu proposer (John Carpenter en tête). C’est un Ep très ambitieux, dans le bon sens du terme, qui veut mener l’auditeur dans un univers peu exploré, face à la manne de groupes existants.

Le groupe appuie les différentes explorations de registre (jazz en tête) avec des éléments propres à la science fiction, que ce soit par des sonorités, des instruments peu usuel (il y a des l’orgue, sans doute du thérémine… ou est-ce par le clavier...) ou même de la facture des titres, offrant des phases très complexes, qui sont logique avec l’univers du groupe.

J’évoquais au début des longueurs. Celle-ci sont essentielles à la musique que déploie le groupe, pour poser la thématique, les seules atmosphères n’étant pas suffisantes, ayant une globalité très visionnaire. Le groupe joue avec divers leviers à leur disposition, pouvant ainsi mener l’auditeur vers des paysages musicaux exotiques, tout en gardant un lien avec la base de leur registre. Il ne se prend pas la tête avec de potentielles limites, celle-ci ne seraient que frustration pour explorer leur univers.

Et ces longueurs permettent au groupe de pouvoir opposer des choses très différentes pour un contraste duquel découle une soudaine puissance, qui elle-même va s’opposer à un ensemble plus posé mais pas à la suite, plus en réponse à une structure plus éloignée. C’est un élément qui est cohérent à la culture SF, permettant au groupe de pouvoir explorer des facettes très subtiles et de tirer sur des ficelles presque narratives, appuyé en cela par les claviers évoquant des chœurs. Ou encore les réponses que peuvent avoir les lignes de guitares ou les dialogues entre les instruments (on ne peut pas appeler ça autrement).

Et ce qui me semble peu pertinent du fait de mes écoutes fractionnées l’est en fait sur la globalité du disque, offrant plus un aspect conceptuel.

Toutes les facettes que développent le groupe retrouvent un écho dans les codes SF (ce qui ne sera peut-être pas évident pour ceux qui ne sont pas familier du genre, au cinéma ou en littérature). Le groupe arrive à mettre en musique des aspects purement littéraires ou graphiques, avec des codes musicaux.

Le groupe évoque aussi bien la SF des années 50 que celle plus moderne, correspondant justement aux codes des différentes périodes, leur permettant de pouvoir s’exprimer complètement, sans avoir de limites au potentiel. Et dans ce potentiel, il y a quand même ce tour de force de narration sans paroles, juste avec la musique.

Et un autre point qui est probable : le groupe nous réserve peut-être quelque chose de plus ambitieux que simplement de la musique. Car tout cet aspect ambitieux qui se déploie renvoie inexorablement à quelque chose de plus et sûrement visuel. C’est une impression qui se dessine progressivement sur la totalité de l’Ep.

Quoi qu’il en soit, les amateurs vont clairement accrocher. Les curieux doivent se préparer à quelque chose de complètement inhabituel et accepter beaucoup d’écoutes pour percer les mystère de Delta Tea mais il est clair que la récompense vaudra les efforts.

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