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With the white tiger

Oddism

Compagnie de Lilith

29 janvier 2024 à 15:08:54

CD

2023

7 titres pour 21'01''

Une petite vidéo:

Oddism est un groupe lillois naviguant dans le mathcore et ayant à son actif 1 Ep (alone en 2015), un album (Dance in the maze en 2017), deux singles en 2019 (N.R.B.W.A.A et Archives) et cet album, sorti fin octobre 2023 (et dont je suis à la bourre, évidemment).

Alors, le groupe y va franchement, avec la tronçonneuse. Il va taper dans le gras, dès 'You spark' et annonce la couleur: ça va être violent, assez sombre (mais nimbé de nuances) et traversé par le chaos). Dès le premier titre, on comprend vite que l'on va prendre cher, très cher, pour notre plus grand plaisir! Et c'est une promesse qui se tient tout au long des 7 titres qui ne font pas dans la finesse.
Musicalement, c'est intense car mélangeant rythmes chaotiques, lourdeurs, avec des structures complètement folles, que l'on retrouve aussi bien dans les riffs que dans les parties batterie. Le chaos semble être le mot d'ordre, couplé à une colère qui explose, dans un constat d'état. On est clairement dans quelque chose de puissant, qui va bien au-delà des carcans définit par la musique. La brutalité est omniprésente, apportant une certaine dose de noirceur, de celle d'un constat implacable, d'un état de fait. C'est un condensé de violence mais qui tourne autour du résultats des réflexions des précédents opus, en donnant la conclusion.
C'est bourrin, c'est intense et pourtant, au milieu du maelstrom qui nous enveloppe, on distingue quelques subtilités et des éléments plus légers, contrastant sévèrement avec le reste. Mais pas des choses comme des ralentissement pour poser un répit (ici, ce sont des ralentissements pour des breaks sauvages et du beat down à te décrocher la tête qui interagissent avec le reste ) mais plus dans une approche qui glisserait une certaine poésie dans la virulence que nous offre Oddism, dans des petits détails qui font mouche. Tu trouves ça étrange? Et bien non, ça ne l'est pas.

Oddism balance une musique, de celle qui me prend aux trippes, avec une approches où les repères ne comptes pas, fait de contrastes, de ruptures, jouant sur les asymétries et la dissonance qui constituent la base de leur musique, érigeant le chaos en une œuvre qui veut t'interpeler. L'approche n'a rien d'évident et soit il faut une certaine habitude du chaos, soit une ouverture d'esprit, soit pouvoir apprécier cette façon de créer une musique brute au centre de laquelle le chaos est la source. Ou plus probablement un ensemble des trois solutions. Mais la musique d'Oddism te fera obligatoirement cogiter. D'une manière ou d'une autre. Leurs structures chaotiques m'ont clairement embarquées, me prenant au jeu de suivre (ou tenter de suivre) les rythmiques et autres tempos (parfois sous acide), créant une entité sonore à l'efficacité redoutable.
Derrière l'aspect brutal et chaotique de la musique d'Oddism, il y a clairement une réflexion et un travail pour que ce chaos soit chaos. Derrière l'impression de l'aléatoire, il y a vraiment une sorte de science musicale que pose le groupe. Ce qui explique certains éléments jouant les oppositions posées ici et là.
Et Oddism va loin dans cette idée: un riff plutôt aérien peut côtoyer une rythmique totalement chaotique, à la limite de la rupture voire même pété, livrant des passages où l'intensité atteint des sommets, jouant sur deux pôles différents, pour le meilleur des rendus, dans cette idée du chaos entretenu.

Le groupe a choisi la violence, virulente, en appliquant quelque chose de complexe où le chaos, les dissonances ou les ruptures dominent, un peu comme si tu devais résoudre une équation de physique quantique expérimental à 14 inconnus et 35 paramètres différents. Il y a de fortes chances que tu te perdes (moi je laisserai ça à côté de moi, je ne suis pas totalement fou). Sauf que le groupe nous emmène dans son univers et propose dans ce monde désordonné une solution de réflexion en même temps qu'un puissant exutoire. Sa musique se pose comme une suite logique à son constat, engendrant une cohérence que l'on ne perçoit pas vraiment, sauf si tu acceptes le fait que c'est finalement un chaos ordonné et qui lie les sujets à la musique et le tout à une analyse de situation. Et au pire, il suffit de te laisser porter par la musique. Quoi qu'il en soit, il est probable que tu en ressortiras pas indemne, voire même changé. Oddism nous proposant plus une expérience que simplement de la musique. La quintessence de ce qui fait l'humanité, sous un angle de chaos et de brutalité.

Le chant est à l'image de la musique: brutal, chaotique et très typé hardcore. Mais d'autres éléments viennent ponctués le chant, glissés ici et là, évoquant parfois une approche encore plus violente ou chaotique, effleurant des limites vers le deathcore ou d'autres choses tout aussi délicates. Mais cela n'empêche pas Giovanni de moduler son chant et d'offrir, dans sa forme, une variété surprenante.
Le son est très massif, puissant (évidemment) et apporte un soin particulier aux détails, afin de faire ressortir pleinement le côté chaotique et les multiples ruptures, dissonances ou destructurations, allant jusqu'à l'altération de certains éléments sonores par moments. Il y a vraiment une volonté de nous plonger dans leur univers tout en nous offrant la subtilité des instruments (clairement audible dans cet étonnant chaos), laissant aussi au chant la place pour s'épanouir et marteler le message.

Oddism est la encore une découverte pour moi. Et une excellente! Une musique où les repères se dissolvent dans un chaos destructuré, livrant une approche où la complexité est reine et qui, pourtant, impose une réflexion, le groupe nous embarquant dans son univers qui ne laissera pas indemne. Si tu es fan des groupes barrés et chaotiques levant la brutalité au rang de l'art, fonce directement découvrir Oddism.

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