

MARGOTH 5
PDF5
Winterized
Seum
Autoproduction
29 juin 2021 à 13:06:28
Dématérialisé
2021
7 titres. Durée: 28'32''
Une petite vidéo:
Parfois, avoir le seum est une bonne chose. Comme c'est le cas ici. Seum, groupe québécois entre sludge et stoner, nous revient avec un album nommé 'Winterized' faisant référence à un process industriel d'extraction d'huiles d'une certaine plante. Et ils sont en grande forme les gaillards!
Dès les premières notes de 'Sea Sick Six', on retrouve directement l'identité du groupe, offrant son style particulier, qu'il a pris soin d'intensifier sur cet album. Le temps n'est pas à la rigolade, il faut être sérieux! Et qui renvoie à la suite de 'Summer of Seum', du moins dans le contexte saisonnier (d'ailleurs, un titre y fait référence).
On retrouve donc nos marques avec un sludge agressif et hargne, insistant sur les basses et les rythmes lourds, voire pachydermique auquel le groupe nous a habitué. Mais en amplifiant quand même ces aspects, faut pas déconner et rester statique, hein, quand même. Ce qui nous donne des titres qui pourtant, ont quelque chose de parfois un peu différent, ce qui est quand même sacrément étrange comme magie... On a toujours ce coté rentre-dedans version sludge, qui va taper là où il faut (genre direct au foie) mais qui semble être habité (du moins, plus qu'avant), recelant quelque chose d'autre. Quelque chose de discret mais efficace.
La solution au mystère réside dans le titre 'Life grinder' qui possède une injection massive de rock'n'roll, apportant une dimension supérieur au sludge du trio. Amplifiant le sludge et offrant des rythmiques qui donnent envie de taper du pied et de te déboiter la tête, le tout en rythme. Et c'est ce rock'n'roll là, ce plus, qui est plus distillé sur le reste de l'album, lui conférant une couleur chaleureuse plus agressive. Mais le groupe n'a pas choisi la facilité, loin de là.
Car si il eut été facile au groupe de reposer sur ça, il n'en est rien et le trio préfère jouer avec les possibilités que le cocktail offre. Et permet ainsi au groupe d'ouvrir une diversité et une gamme de lourdeurs et de teintes à leur sludge, le rendant encore plus attractif et attachant. C'est foutrement bien vu et efficace, le groupe jouant avec les codes, tout en gardant en tête ce qui fait l'ADN de Seum. Et il n'est pas impossible, au détour d'un break, de se retrouver avec une sorte de sludge'n'roll redoutable et un brin retors, il faut bien le reconnaître.
On se retrouve avec des titres pouvant offrir une véritable muraille, que ce soit par la basse ou les rythmiques, pouvant être massives mais gardant néanmoins toujours un coté rentre-dedans (par rapport au style, n'allez pas imaginer que le groupe part dans du grind, même si dans l'esprit, il y a un peu de punk). Car, dans le fond, la façon de faire pourrait bien être punk, ce qui expliquerait l'approche assez directe. Et qui pourtant...
... nous offre de rares moments brefs où le sludge de Seum et sa lourdeur peut laisser place à quelque chose d'un peu plus onirique, offrant une bouffée d'oxygène, pour mieux nous emmener avec lui, plus loin, plus profondément, construisant quelque chose de presque dantesque.
Malgré ça, le groupe reste sur cette identité de sludge alliant lourdeur (et possible massage des cervicales par une horde d'éléphants) et un sens de la mélodie, si caractéristique du groupe. Et n'oublie pas aussi de nous livrer sa vision des rythmiques, pouvant nous offrir des précipités du genre tout comme un ralentissement devenant poisseux en quelques mesures ('black snail volcano').
Le groupe continue ainsi d'explorer la voie qu'il ouvre, débroussaillant des codes et des éléments peu usuels et qui pourtant, avec le groupe, nous paraissent si conventionnels. Le groupe arrive à nous faire sentir à l'aise dans un monde totalement inconnu.
Les titres développent un coté puissant étonnant, en décalage avec la trame des titres, dont certains ont des thèmes collant au style du groupe, faisant même référence parfois à de la littérature comme je l'aime, qu'il est intéressant de lire. Ces derniers restant quand même en cohérence avec le titre de l'album et l'univers de ce dernier. Et forcément, en logique avec la musique. Et on se retrouve ainsi une entité qui est plus que simplement un simple objet musical. le groupe ouvrant plus quelque chose qui prend corps dans un concept et qui fait sens avec la vision que le groupe a de sa musique.
Le son est très massif, ajoutant son agressivité à la musique, tout en cultivant ce coté chaleureux propre au groupe, avec cette basse qui va imprégner ton âme et le son bien gras, avec un son de vieux amplis à lampes, qui enveloppe l'auditeur et participe à l'immersion dans ce voyage pas de tout repos mais si bon!
Je ne peux que vous conseillez d'y aller les yeux fermés et de soutenir un des nombreux groupes québécois qui valent le détour!