

MARGOTH 5
PDF5
When the sun's down
Frau Fleischer
Sliptrick Records
18 février 2022 à 15:07:28
Dématérialisé
2021
9 titres. Durée: 35'47''
Une petite vidéo:
Frau Fleischer (qui signifie Madame la bouchère) est un groupe de metal indus formé en 2020 en plein confinement, qui sorti son album le 23 novembre 2021 et qui est un des retards conséquent que j'ai et que je rattrape (l'écoute en ligne n'étant pas le plus simple pour moi). Qu'est-ce donc alors que ce groupe? C'est un extraterrestre musical qui va effleurer des univers comme le cabaret, le rock, l'indus, le metal et la sphère LGBT, sans rentrer dans plus de détails.
L'univers du groupe est assez particulier, mêlant beaucoup d'éléments, le tout avec une approche visant un coté terrifiant et froid. On est loin, très loin de ce que l'on peut avoir l'habitude d'entendre. L'approche peut être un peu déroutante.
L'album s'ouvre sur 'Sacrifice', un titre très typé indus, avec une approche techno, très synthétique, qui met en contraste les guitares avec ce coté artificiel, le tout étant très répétitif et entêtant. Il y a un coté cru dans la musique, et ce titre a servi de base à faire connaitre le groupe (titre que j'avais d'ailleurs partagé sur la page Facebook). Le titre n'est qu'une esquisse de ce qui va suivre mais on y trouve certains codes qui vont être l'ADN de l'album.
Les titres suivant tissent une trame, toujours dans ce coté synthétique, pouvant avoir un coté plus chaleureux et pouvant développer un coté dansant bien que l'on retrouve un aspect pouvant être répétitif, appuyant un coté artificiel qui va en conflit direct avec des parties contrastant complètement, ces dernières dévoilant un aspect plus humain, laissant la place à quelque chose de plus hybride et ouvrant la voie à un panel d'émotions dont on n'attend pas la présence.
Les structures des titres ne sont pas nécessairement ce que l'on attend aussi, du fait de moments qui vont passer par différentes sphères musicales, comme la pop ou l'electro, en plus du coté indus. Et cela permet au groupe de créer des titres très différents, leur permettant de jouer avec les différents styles et les codes inhérents. Il y a une exploration et même un coté expérimental, qui s'avère logique avec le coté froid, parfois presque robotique. Le groupe offre dans toute cette étrangeté des sonorités venant de sphères comme l'electro, la techno ou encore des courant plus synthétiques encore. Et qui pourtant amplifient le coté humain qui suinte paradoxalement de la bête.
Il y a parfois une impression que du goth surnage ici et là mais un goth monstrueux, perverti, qui ne recherche pas le même but et se complaît dans un univers chaotique, semblant vouloir creuser des incertitudes de malaises tout en offrant des réponses que l'on est peut-être pas prêt à entendre.
Les rythmiques sont très variables. On peut avoir des aspects plutôt dansant et festifs et d'autres plus martiaux, synthétique, apportant un coté glaçant et laissant entrevoir un univers torturé, malsain mais pourtant avec un esthétique indéniable. On est très loin des choses habituelles, bien calibrées. Ici, un coté dérangeant se distille insidieusement, tout en nous offrant une approche pouvant donner envie de bouger son corps.
Le coté indus oscille entre différentes voies, allant d'un indus évoquant Ministry à des choses plus proches de ce que pourrait proposer Glaukom Synod ('Bagarre' est certainement ce qui s'en rapproche le plus). Et c'est avec ce coté indus protéiforme qu'il y a une texture musicale que le groupe génère. Derrière des éléments semblant venir d'un cauchemar, il y a un certain onirisme, qui se fait par des claviers et des machines qui peuvent module une certaine douceur, au milieu d'un monde désincarné qui semble questionner la place de l'homo sapiens. Mais aussi l'aspect LGBT vient se poser, mine de rien, à travers les clips ou les lives (qui est évident) mais aussi dans le sous texte, l'album semblant être un appel a être libre, tel que l'on est.
Le chant offre différentes facettes, explorant les possibilités que la musique lui offre. Il y a un travail particulier sur le chant, celui-ci n'étant pas là en tant que simple chant et allant bien au-delà du simple rôle de passer des messages. Gabriel pose des jalons qui délimitent l'univers atypique du groupe.
Le son est intéressant, explorant lui aussi les possibilités offertes, que ce soit par les contrastes voulus (guitares/machines, rythmiques...) ou un travail sur les sonorités qui apportent une densité sans laquelle l'impact serait moindre.
Autant étrange et déroutant que peut-être cet album, il se révèle attachant et très dense, creusant des mondes quelques peu inhabituels, en se moquant des règles. C'est intéressant, à travers diverses facettes qui apportent une densité certaine à travers un groupe à la personnalité marquée.
Si vous êtes ouverts d'esprit ou curieux d'étrangetés, ce groupe devrait certainement vous plaire.