

MARGOTH 5
PDF5
When domination leads to submission
Crowling
Autoproduction
15 janvier 2022 à 09:57:19
Dématérialisé
2021
5 titres. Durée: 21'56''
Une petite vidéo:
Crowling est un groupe typé heavy thrash (mais se revendiquant du thrash mélodique, pourquoi pas, les deux n'étant pas si éloigné) formé en 2012 du coté d'Avignon, ce présentant sous la forme d'un quatuor ayant évolué d'un duo. En 2014, le groupe sort 'Sweet bloody pie', un premier Ep. Le temps passe un peu, des choses se passent, (pluie, soleil, saison, évolution line-up...) et on arrive en 2021, avec ce nouvel Ep.
Je dois contextualiser un peu. La première fois que j'ai vu Crowling, c'était aux alentours de 2014, à l'Electrode (Miramas). Ayant pu voir le groupe plusieurs fois, à distance, une évolution heavy thrash à la Overkill se dessinait, ce qui n'est pas pour me déplaire. Et donc, ce nouvel Ep va permettre de voir vers où va le groupe, en plus d'amener un peu de neuf et de lui donner un peu plus de visibilité.
L'Ep s'ouvre sur 'Human Madness', un titre assez rapide, avec une structure un peu particulière, celle-ci ayant des plans thrash indéniables mais avec beaucoup de gimmick heavy que l'on retrouve à travers les riffs mélodiques (et les rythmiques qui suivent alors). L'approche est plus directe, avec des relents qui me rappellent un peu Evildead, un vieux groupe de thrash. Le titre ne révolutionne pas le genre certes mais il développe une agressivité plus marquée, tout en donnant plus d'importance aux mélodies. C'est cette balance (mélodie et agressivité dosée) qui lui donne un coté immédiatement assimilable.
Pour les autres titres, c'est un peu différent. L'aspect thrash est plus marqué, offrant une ouverture plus vers l'agressivité. Mais ce qui me gène, c'est le virage musical, radicalement différent, créant une rupture complète et oubliant l'aspect Heavy thrash assumé (et cette glissage vers quelque chose à la Overkill).
Le deuxième titre, 'Alan Hal' porte plus une une agressivité avec un rythme soutenu. Assez massif, celui-ci pose soudainement un passage nettement plus lent, en total rupture (d'accord, c'est mélodique mais un premier break existe déja, plus intéressant car minimisant ce coté mélo qui casse trop le rythme) qui me sort du titre, bien que la transition qui suit vers le retour à l'agressivité soit sympa, en quelques mesures (là, c'est franchement bien). Un riff lancinant (qui est intéressant avec les deux breaks) revient parfois, apportant une répétition d'une boucle qui se perd hélas.
Et c'est sur la formulation de ce titre que le reste des titres suit la tendance. Et qui dégage quelque chose qui fait très académique, du genre il faut suivre comme ça et rester sur ce coté là. On a des titres dégageant une certaine puissance, sans le moindre doute. Il y a un coté assez carré mais ce coté académique prend le pas sur le reste, les titres semblant devant suivre une liste d'étapes. C'est ce qui m'ennuie le plus, le coté plus spontané du premier Ep (avec ces cotés imparfaits qui le rendait sympathique et sa sincérité) ayant disparu au profit d'un coté faire carré bien dans les limites prévues par l'usage. Et c'est d'autant plus dommage qu'il y a des bonnes idées qui pourraient être exploitées et ouvrir de nouveaux champs. Cela laisse des titres qui sont certes discernables les uns des autres (là dessus, pas de rémanences du même titre) mais avec une impression que le groupe n'a pas voulu aller plus loin, me laissant un coté frustrant à cet Ep. Les écoutes concentrées dessus m'ont rapidement saturées du fait de ces griefs évoqués (alors qu'en faisant autre chose, avec l'Ep en écoute, ça passe très bien avec des moments où l'on va relever une petite trouvaille bien vu). C'est trop calibré pour plaire et être dans le moule. Le coté un peu fou a disparu, ce qui est dommage, d'autant qu'il y a un potentiel certain.
Le groupe offre aussi un paradoxe, en jouant du thrash mais avec une approche puisant plus dans le heavy. C'est surement cet élément qui marque le plus (et qui va clairement orienter votre avis selon vos goûts). Car le groupe se retrouve à jouer une musique qui porte les oripeaux d'un thrash sous lesquels quelque chose de heavy s'y cache mais sans vraiment être raccord et qui pourtant n'est pas gênant, du fait de cette approche académique.
Le chant de Sly reste plus ou moins fidèle à ce que je lui ai connu, avec des incartades trop brèves dans des mécaniques de chants différentes (l'aspect chant plus posé, la variation des formes de chants). Et parfois, un appuie de chœurs aurait pu apporter ici et là un impact plus puissant. Mais dans la voix (avec un coté plus agressif) il y a quelque chose qui me turlupine, celle-ci manquant un peu de naturelle (ce qui n'est pas le plus embêtant en soi). Car il y a une sorte de résonnance qui me gène plus, à laquelle je ne comprend pas la présence (au-delà d'un choix quelconque).
L'Ep s'écoute, sans être un disque marquant. Du fait de ce que j'ai dit jusque là. Mais c'est peut-être ces même éléments qui vont plaire à d'autres, moins plongés dans les étiquettes et aux écoutes moins exigeantes (du fait de mes goûts musicaux pouvant être vraiment radicaux dans l'extrême) ou qui sont plus légers dans ce qu'ils apprécient.
Le son est aussi intéressant. et là, il y a clairement de la puissance et un excellent niveau. La basse est omniprésente (ça c'est clairement cool car elle apporte de la profondeur), sans être noyée ou prendre le pas sur les autres instruments. Le mixe est clairement bien fait, jouant sur la lame du rasoir entre puissance et une certaine finesse, sans tomber dans un excès de l'un ou l'autre.
L'artwork est superbe, avec une illustration léchée, qui fait plaisir aux yeux.
When domination leads to submission n'est pas mauvais mais je lui trouve un coté trop calibré et académique, en dépit de qualités qui y sont (ne serait-ce que pour 'Human madness'). Mais qui se perdent dans l'étrange paradoxe que j'ai évoqué et dans cette absence de grain de folie. Il plaira aux personnes moins exigeantes en terme de recherche d'extrême ou ayant des goûts plus grand public (dans le cadre des fans de metal et assimilés) ou plus sensibles à d'autres éléments qui m'échappent complètement ici.