

MARGOTH 5
PDF5
Weemoedsklanken
Meslamtaea
Babylon Doom Cult Records
12 mars 2022 à 08:58:00
Dématérialisé
2022
8 titres. Durée: 40'57''
Une petite vidéo:
Meslamtaea est un trio néerlandais qui nous propose son 3è album, en l'espace de 3 ans. Le groupe a une petite particularité, sur laquelle je reviens plus loin. Le trio évolue dans un black qui renvoie à celui des années 90, pour vous situer un peu. Mais portant lui aussi quelque chose du jazz.
L'album s'ouvre sur un titre très ambient, qui s'appuie sur une certaine mélancolie et une douceur, appuyée par l'utilisation d'un instrument particulier, le flugelhorn, plus connu sous le nom de buggle et qui est une sorte de clairon sophistiqué dont la sonorité particulière nous plonge dans une ambiance de film noir, assez sombre, ponctué par une guitare claire et des voix de personnes, de rires d'enfants... Au début, j'ai cru que le groupe évoluait dans une sorte d'ambient mais le titre nous ramène à la réalité par l'apparition d'une descente de manche soudaine et l'apparition d'éléments clairement black sur la fin du titre, servant de transition avec le reste, tout en gardant la douceur du titre (qui change vers la fin en une forme plus agressive).
Car dès le second titre, le coté black explose, offrant ce regard vers les années 90. Le black est assez agressif, portant à la fois de la mélodie et de la mélancolie. Le trio adopte un rythme soutenu, gardant un tempo appuyé même si celui-ci subit des variations structurant les titres (et qui renvoie de manière diffuse à l'ambiance du premier titre qui s'accoquine au black). Ce qui n'empêche pas le groupe de venir poser des passages plus sophistiqués, adoptant un coté ambient et plus lent, où le bugle a son importance, créant des nappes très atmosphériques.
Le trio travaille sur des contrastes saisissant, puisque les deux opposés sont généralement présents à peu d'écart, liés par des transitions courtes de quelques mesures mais diablement efficaces. Et le trio a une autre arme: il mêle l'ambiance du premier titre, avec les codes qu'il a posé, à son black rapide, créant différents niveaux d'écoutes et de densités. Et cela lui permet de créer une entité cohérente où l'ensemble des éléments peuvent évoluer à leur guise, offrant de multiples facettes qui se révèlent au fil des écoutes. C'est assez dense mais sans pour autant être étouffant.
L'utilisation du bugle est intéressante car au-delà d'amener une ambiance particulière et une sonorité chaleureuse, le groupe l'a complètement intégré à ses titres, livrant des morceaux pouvant offrir une certaine complexité et un intérêt d'écoute important. Le groupe tisse une toile tout au long de l'album, utilisant des codes musicaux ou des éléments bien réfléchis, comme des trémolos qui peuvent être très présents et font écho alors au bugle (entre autres) et offrant des passerelles entre le black et le jazz.
Le groupe offre divers aspect structurels à travers les tempos des titres, même si l'obédience black est omniprésente. Car celle-ci véhicule, au-delà de la mélancolie qui suinte une autre dimension plus sombre, qui renvoie directement à une certaine violence. Et le groupe n'hésite pas à poser ici et là des passages qui offre alors quelque chose de très raffiné, jouant avec la mélancolie, les ambiances et les codes de leur black, ouvrant une porte sur un univers assez dense et attractif. Le groupe prend ainsi le temps de peindre quelque chose à la fois de subtil et en même temps pouvant être très frontal. Et la technique de Floris (derrière les instruments à l'exception du bugle) permet au trio d'offrir une grande densité et de larges possibilités qu'ils n'hésitent pas à appliquer.
Il y a ainsi un coté plutôt free-jazz, à l'ambiance film noir, qui peut se distiller discrètement, associé à chaque fois au black mais pas de manière aléatoire, bien au contraire. Tout est clairement réfléchi, pour garder la cohérence tout en offrant une ouverture sur d'autres horizons, gardant toujours ce lien au black.
Le chant, très typé black, au chant plutôt criard typique, offre aussi de larges variations, amenant des chants différents, permettant de nous emmené dans les ambiances et les atmosphères qui se distillent ici et là. Là aussi, le groupe ne fait pas les choses au hasard, gardant un contrôle pour une cohérence absolue. Le chant est en néerlandais, langue dont je ne pipe pas un mot. Mais ça a l'air bien.
Le son est excellent. Si les codes sont clairement black sur celui-ci, le groupe laisse la place au bugle et à ses implications et possibilités qu'il offre, donnant un son très riche, très dense, aux multiples facettes.
Les amateurs et les curieux vont découvrir un album riche, très accrocheurs, valant le détour et appartenant à ces groupes qui mêlent des styles musicaux (en l'occurrence ici le black et la jazz).