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We poison their young

Karras

M-theory audio

15 octobre 2023 à 09:45:20

Dématérialisé

2023

13 titres pour 21'13''

Une petite vidéo:

Karras est un sympathique groupe parisien ( à ne pas confondre avec les argentins de Karras, un combo death grind sous acide) formé en 2017 œuvrant dans la délicatesse musicale et la finesse, à travers un grind / powerviolence teinté de crust et ayant à son actif un album en 2020 ('None more heretic') et qui revient donc avec ce nouvel album, plein de bruits et de fureur.

Le groupe va directement au cœur du sujet dès le premier titre, après une courte introduction respirant la joie de vivre et le bonheur, en distillant un riff lancinant avec une rythmique lourde qui ne sert que d'ornement au flot de brutalité qui jaillit soudainement dès la quarantième seconde. Et là, c'est le début de la tartine de mandales qui commence. Bien que le premier titre va aussi jouer sur la pesanteur et une approche assez sombre, mêlant le grind à une approche qui pourrait prendre au black (on va revenir sur cet élément plus loin).
Ce premier titre permet de poser les jalons d'une approche de la brutalité qui va jouer avec l'ambiance (c'est sombre), les fulgurances, les breaks à te démonter la tête des épaules et une forme de sauvagerie plutôt jouissive. Et la joie se transforme en bonheur sur les titres suivant, se basant en se modulant, sur cette base mêlant grind, powerviolence et crust (plus dans le son). Alors bien évidemment, c'est un déferlement de violence qui se déverse des enceintes, avec une volonté de te faire comprendre (ça se fait en quelques secondes) que le groupe n'est pas là pour rigoler ou faire de la décoration.
Il a son approche bien à lui, jouant avec cette trame à la variable jouant entre la lourdeur et la vélocité agressive, distillant une sorte de malaise, collant à l'atmosphère sombre qui s'exhale des titres. Titres qui sont généralement expéditifs mais qui ont pourtant une structuration pouvant être dense, malgré le côté concis.

Le groupe déploie aussi une forme d'urgence, qui ajoute une dimension de danger immédiat, ajoutant un élément de plus à sa musique qui, il faut le reconnaitre, à une approche qui glisse parfois vers le particularisme, notamment dans la gestion de certains tempos ou passages rythmiques et certains riffs qui tirent vers de vagues relent black. C'est d'ailleurs quelque chose qui singularise Karras, marquant de son empreinte certains titres, que ce soit dans l'ambiance ou des éléments musicaux ('Negative life' marque vraiment la fusion des genres). Mais cela est aussi net dans les titres, qui abordent clairement et frontalement des sujets qui sont plus habituels dans le black. Cela apporte du coup un peu plus de malaise et de densité à l'approche de Karras, avec cette singularité qui leur donne clairement une identité à part.
Ce qui est vraiment bon dans l'album, c'est que le groupe, sur sa base grind / powerviolence va s'appuyer aussi sur ces éléments plutôt black mais de manière subtile (offrant un gros paradoxe par rapport à la musique) et en faisant appel à des relents purement crust (que j'ai déjà évoqué pour le son) mais aussi le chant ou même certains moments qui marquent l'étalage sale et efficace d'un grind crust de petits saligauds qui savent ce qu'ils font. Car rien n'est le résultat d'un quelconque hasard: tout est clairement réfléchi, pesé et muri pour mieux offrir cet assaut en règle.
Le groupe joue beaucoup avec les codes des rythmiques et des tempos, posant des structures parfois denses (je rappelle que les titres sont assez concis), donnant un regard singulier sur la trame de l'album et la vision du groupe sur sa musique. Et cela, mine de rien, nous implique joyeusement dans le bordel agressif et finalement, très codifié que Karras impose.

Le chant est très caractéristique, en plus du timbre de voix un peu éraillé. Le chant est très typé, surfant à la lisière du grind et de la powerviolence mais en y ajoutant parfois une dominante venant clairement du crust. Ca offre de la modularité dans le chant, en même temps que celui-ci peut se mêler aux circonvolutions de la musique et peut-être même être une manière de tordre celle-ci. Amener du chaos dans le chaos.
Le son est excellent. Alors ne t'attends à un son clair et propre. Il y a un petit grain particulier, découlant directement du crust, avec une basse marquée, lié à ce grain particulier. La lourdeur globale y est aussi pour beaucoup et c'est juste parfait pour moi, découlant en partie de la basse elle-même.

Tous fan de brutalité et de sauvagerie se doit d'avoir et d'écouter cet album. Rien ne justifie l'oubli de l'écoute!

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