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Volaverunt

Bank Myna

Araki records, A la dérive records, Stellar Frequencies,
Duality records, Cold Dark Matter Records

1 février 2022 à 15:18:41

Dématérialisé

2022

5 titres. Durée: 40'07''

Une petite vidéo:

Bank Myna est un projet parisien né en 2013 et qui est devenu entre temps un trio, évoluant dans une sphère post rock, drone et doom. Alors oui, en lisant le registre, on est clairement dans quelque chose d'inhabituel (et que je peux mettre aux cotés de Etna, dans la conception qu'ils ont de la musique).
Le groupe nous propose rien de moins qu'un voyage éthéré, très progressive, traversé de passages où une soudaine fulgurance se déverse. On est sur quelque chose où l'ombre de Etna, Solstafir et Heilung plane, pour certains aspects car Bank Myna a résolument son propre ADN et univers. Avec Bank Myna, on va explorer dans terres que je fréquente peu mais qui sont à chaque fois un véritable voyage, quelque soit sa finalité.

Le rythme est très lent, extrêmement posé, prenant le temps de développé des atmosphères puisant dans l'ambient, avec un coté drone omniprésent et une expérimentation intense à travers de sonorités diverses (cloches d'horloge par exemple), tissant une trame très particulière où un chaos se dessine mais qui ne doit rien au hasard. Au-delà de ça, un clavier apporte des nappes qui se mêle à l'ensemble, créant un lac de sérénité, alors que pourtant, rappelez-vous, la structuration évoque un chaos contrôlé, laissant l'expérimentation éclore et fleurir sans pour autant prendre le pas. Des notes de violions viennent parfois apporter une couleur différente et pourtant très complémentaire. C'est très massif, très dense, paradoxalement au coté éthéré qui peut dominé. Les titres prennent le temps de brosser des paysages oniriques où viennent se poser la voix tout en finesse (et pourtant recélant de la souffrance) de Maud. Cela ouvre un jeu de contrastes très subtils, toujours avec en ligne de fond ce coté éthéré et l'aspect drone qui marque son empreinte.

Il y a beaucoup de temps de placement, pour amener, à travers les différents éléments du chaos qui se crée, quelque chose de plus construit ensuite, à travers des passages où l'essence d'un doom vient apporter sa présence, créant un contraste qui vient de façon progressive. Ici l'essentiel n'est pas de défourailler mais bel et bien de nous mener dans un monde fait de l'essence d'émotions subtiles, propice à pouvoir se recentrer sur soi et la musique, créant une passerelle liant émotion, imagination et éther (bon, ce n'est peut-être pas simple à comprendre. A l'écoute, c'est plus parlant).
Les titres prennent le temps et les titres peuvent marquer des durée assez conséquentes (plus de 10 minutes pour deux d'entre eux). Et cette durée ne se ressent pas, pris dans la trame que le groupe tisse, engendrant un voyage dans lequel il nous emmène, allant parcourir des terres rarement foulées ou même vierge de tout passages. Le drone crée des rémanences presque hypnotiques, posant une ossature sur laquelle vent se fixer le reste, accompagné des distorsions de guitare (dans un esprit là aussi posé).
Le groupe n'hésite pas à proposer des sonorités très inhabituelles, qui apporte de la matière à cet univers à part, où le temps semble parfois se suspendre, laissant la voix de Maud prendre alors le pouvoir avant de s'incurver vers un retour dans cette trame drone chaotique, gardant un lien avec une vision onirique (qui n'est pas nécessairement détaché d'une vision plus sombre, la musique pouvant avoir des relents de noirceur, tout en finesse).
L'aspect doom offre une vague de puissance (avec un appuie plus marqué de la guitare et de la basse, créant un mur). Le groupe n'a pas recourt souvent à celui-ci mais son utilisation est à chaque fois pertinente et surtout, amène une autre forme d'émotion, couronnant le chaos tout en offrant un moyen de l'absoudre un instant. Dans ces moments là, la puissance augmente de façon fulgurante, offrant un point d'orgue en contraste aux moments de grâce qui parsème l'album. Et le tour de force est de rendre le tout cohérent et digeste.
Mais le doom est aussi plus diffus, comme imbriqué dans l'essence du groupe. C'est à la fois plus impalpable en même temps que très logique, dans la construction des titres et de l'utilisation que le groupe offre à cet aspect, dans la lignée de l'expérimentation. Il revêt d'autres oripeaux qui ne semblent que plus pertinent.
La voix de Maud pose un chant dans la lignée de la délicatesse des moments gravés sur l'album. Elle n'est pas non plus sur un chant linéaire, bien au contraire. Le spectre est large bien que restant dans une certaine gamme collant à la musique et l'univers du groupe. Pouvant être lui aussi éthéré ou plus marqué, livrant là aussi une puissance sous une autre forme. Tout vise la beauté de l'émotion et le crade éthéré que la musique développe, nous donnant les clés de ce monde onirique dans lequel le groupe nous emmène.
Le son. Ici, tout est bien différent des repères habituels. Chaque son, chaque instrument, chaque mot a sa place, dans ce chaos posé. Et pourtant aucun ne s'efface par rapport aux autres et aucun ne vient dominer et briser la magie que le groupe délivre. On retrouve l'incarnation de l'éther dans le son, offrant une cohérence de bout en bout.

Bank Myna est un groupe que je ne connaissais pas. En magasin, avec leur artwork, c'est un disque que j'aurai acheté, curieux de son contenu. Et celui-ci est foutrement agréable, loin de mes goûts de prédilection et pourtant pas si éloigné, de par l'aspect émotionnel ou de puissance de l'album. Chaudement recommandé aux personnes ouvertes d'esprit et qui verront bien au-delà de la musique gravée un univers à explorer, dense et riche, en plus de passer un excellent moment d'écoute, dont on ne voit pas le temps passer.

© Margoth PDF

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