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Violence made history

My own fear

Music Records

12 avril 2022 à 14:29:38

Dématérialisé

2022

10 titres. Durée: 39'16''

Une petite vidéo:

My own fear est un groupe parisien de thrash death qui a vu le jour en 2011. Porteur d'une démo en 2011, d'un Ep, de concerts, le groupe traverse les années, avec divers aléas. En 2020, le groupe entre en studio pour enregistrer son premier album, en septembre pour situer dans le temps. Et l'association avec Music Records leur permet d'être diffusé de par le monde, en streaming et en CD. Et devinez quoi? C'est exactement de cet album qu'il va être question ici.

Après une intro mêlant mystère, finesse et une certaine montée en puissance déboule le gros du dur de la musique. On est accueillis par un son massif, puissant et l'on comprend en quelques secondes que ça va chier sévère sur le disque.
Car les riffs déboulent rapidement, sentant un bon vieux thrash vindicatif. Vieux car il fleure bon la vieille école, celle du dépotage et de l'efficacité. Et rapidement, encore plus rapidement qu'une tourista vide les intestins, les premiers relents death rejoignent vite la cohorte, s'associant en une musique sombre et agressive jouant avec les codes des genres. Et là, on a un festival d'approches ayant un même but: poutrer sévère. car la véhémence est bien présente!
Le groupe use d'un tempo essentiellement soutenu mais offre un panel de violences dans le genre, tout en sachant nous donner de la matière et un travail sur les tempos. Le groupe ne se limitant pas à la facilité de rythmes rapides. Il y a plus de subtilités dans sa brutalité, livrant une teinte death vraiment marquée. Le groupe sait offrir des breaks vicelards, apportant une soudaine lourdeur à te niquer plus que les cervicales ou au contraire transiter d'un tempo à la fois lourd et poisseux à une fulgurance presque épileptique. Pas le temps de rire ici, bien au contraire. D'ailleurs, quelque chose apparait parfois, en arrière plan, rendant le propos encore plus ravageur. Une brume diffuse nous venant du hardcore, qui apporte un impact plus brut à la musique. Cet aspect est subtil (enfin, dans le cas de la musique, c'est subtil comme recevoir un parpaing dans un parebrise en pleine autoroute) car cette particule est amenée de façon intelligente, par infusion (mais parfois, un bon gros pain en pleine gueule n'est pas impossible, pour le fun et l'efficacité de la méthode). Le coté hardcore se manifeste parfois de façon plus net mais ponctuellement, le groupe jouant de façon parcimonieusement cette carte, pour ne pas perdre son intérêt par un excès d'usage.
L'étiquette musicale que l'on peut mettre au groupe s'avère finalement pas si évidente que ça. Car les codes, même si ils sont bien établis, le groupe les retravaillent à sa sauce, brouillant un peu les pistes, en même temps qu'il nous offre un champs des possibles qu'ils nous fait visiter.
Les riffs sont foutrement jouissifs aussi. Car le groupe offre deux niveaux de riffs, dont un qui va te mettre soudainement un putain en tête, lancinant ou mélodique, en surcouche de l'autre guitare offrant la base de brutalité. Et c'est bien malin, car ça amène de la densité en même temps que de l'intérêt à la musique, renouvelant les possibilités, que ce soit pour les parties faites pour te pulvériser ou celles injectant une certaine finesse qui apporte un autre angle d'attaque, révélant une certaine attitude vicieuse plutôt jouissive. C'est d'ailleurs très dense du coté des guitares, offrant des oppositions en même temps que des complémentarités. Et le groupe dévoile un travail sur des atmosphères plutôt sombres ou guerrières, ici et là, plutôt raccord avec l'ensemble.
Car dans l'ensemble, il y a une ambiance qui se dégage. L'album est très sombre, avec une approche utilisant parfois des codes martiaux ('dux bellarum' exploite pas mal cet aspect mais on le retrouve ailleurs dans l'album, faisant un lien sur la continuité). Les codes se retrouvent aussi bien dans la musique que les paroles ou parfois le chant. Et dans cette approche, avec le chant et la musique, l'ombre d'un groupe qui me hante (mais dont le nom m'échappe complétement, un groupe français des années 90) plane, quelque part entre un death rapide et du hardcore (je me rappelle du titre 'Awake', un précipité death hardcore, au son abrasif, un peu comme celui de My Own Fear. Si ça parle à quelqu'un...). Au-delà de ce rappel nostalgique tout à fait personnel, My Own Fear nous balance dans un univers fracassant, plutôt obscure mais intéressant, parce que justement, il y a des la densité et des détails qui nourrissent cette ambiance. Il y a parfois des sentiments noirs qui traversent la musique (mélancolie, colère...), faisant écho à l'ambiance.
Le chant est terrible! Nicolas nous sort une voix particulière très accrocheuse, s'offrant quelques modulations pour éviter la redondance. Il offre quelques moments où il adopte une approche un peu différente mais en gardant toujours la même trame globale, tout en touchant parfois quelque chose de plus émotionnel (à l'écoute vous comprendrez). Quelques effets ici et là amène aussi une plongée dans des abimes de noirceurs, dérangeant mais là encore collant à l'ambiance.
Le son est très plaisant. Il y a ce grain un peu sale, agressif, sur lequel le groupe construit sa musique. Les guitares sont virulentes, en plus d'offrir des riffs dont certains vont se graver en tête, assurément. La basse est très présente et le groupe semble y dévoyer deux rôles, allant au-delà du simple instrument pour les rythmiques et nous livrant parfois quelques envolées musicales de celle-ci, chose à laquelle on ne s'attend pas du tout et qui apporte un élément de plus.
Bon, vous l'avez compris. My Own Fear livre un premier album qui est juste une tuerie et qu'il vous faut découvrir absolument et faire découvrir autour de vous!

© Margoth PDF

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