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Underneath the sound

Dropdead Chaos

A(t)home

12 mai 2023 à 15:31:11

CD

2023

10 titres pour 37'41''

Une petite vidéo:

Dropdead Chaos est un collectif de musiciens formé en 2020, tous issus de la scène rock et metal internationale qui s'est transformé en groupe.

On découvre un metal alternatif (bordel, existe-t-il un metal continu?), du fait du mélange des influences et des origines de chacun. Et putain, je dois dire que ma première écoute m'a intimement divisé en deux clans unipersonnel: parce que le groupe n'est pas si simplement du metal alternatif. Il y a des éléments très différents, dont certains me parlent, que j'apprécie très fortement et d'autres beaucoup moins. Alors, combat interne, qui explique le délai de la chronique: bien ou pas? J'aime ou non? Au risque d'en décevoir, c'est foutrement plus compliqué que ça. Ce que je peux dire, c'est que tous là, c'est une bande de coquins!

Bon, je vais commencer par ce qui (du moins au début) me bloquait un peu. On trouve des éléments typique du neo metal et du heavy. Et quand ceux-ci apparaissaient, ça me coupait l'intérêt ou du moins l'envie d'aller plus loin. Car ces éléments sont assez marqués, parfois très présents (et ce sont deux styles qui me laissent plus ou moins de marbre, voire m'indiffèrent). Leur apparition dans les titres varie fortement et certains titres vont être moins impactés que d'autres. Et certains gimmicks des styles ont tendances à m'agacer parce que je n'accroche point. Mais mes écoutes se faisant en allant au boulot, je me suis imposé les écoutes. Si la première me laissait une appréciation du genre 'Mouuuais', la seconde un poil moins, du genre 'Mouais'. Toujours cette engeance qui me tracasse. Et pourtant, guerrier que je suis j'ai insisté. 3è puis une 4è un peu à distance. Le temps d'assimiler ce qui se passe dans ce disque... Et de saisir ce qui me gêne et ce qui me plait néanmoins. Parce qu'aller au-delà des gimmicks c'est bien mais il faut parfois comprendre ce qui se passe.
Et bien, le conflit entre les clans s'est résolu ainsi. Avec l'écoute à distance, c'est là que des clés de compréhension m'ont fait pop dans la tête (je suis sur que vous avez l'image maintenant). Et la place des éléments qui me gênaient, accompagnés de leurs gimmicks, par rapport au reste, à commencé à être plus clair. Et c'est là que j'en vient à redire que Dropdead Chaos sont une bande de coquins. Parce que c'est là que j'ai percuté, à cette 4è écoute et que j'ai pu prendre la pleine mesure du groupe, son potentiel et le fait que lorsque l'on embrasse leur musique, on se prend quelque chose d'assez monstrueux en pleine gueule (genre Godzilla sur une trottinette qui te percute sur un trottoir - grosse trottinette il est vrai).

Parce que le neo et le heavy dissimulé dans la musique sont un des éléments de richesse, qui vont à la fois accompagner et donner de la teinte, de la densité et de la vigueur par contraste avec d'autres styles qui vont s'exprimer discrètement, avec subtilité. Des styles pas nécessairement subtiles, comme le death. Et c'est ça qui est une force de l'album. Et que putain, finalement, c'est une branlée que nous sort le groupe!

L'essence du groupe vient de chacun de ses membres, amenant chacun de son âme et qui va amener deux pôles qui s'avèrent des arcs constructifs: la mélodie et cette puissance qui va s'exprimer différemment, au besoin. Et l'injection du neo metal n'est pas anodine, car c'est par la suite que j'ai des groupes qui me sont revenus en tête, le côté neo metal me tournant vers Wild Mighty Freaks (du fait des chants et du travail avec la mélodie). Cela offre à la fois un contraste et dans le même temps, quelque chose de fort logique, les constructions des titres et la structure rythmique étant pensées pour la fusion des genres, incluant un côté moderne, de par des sonorités ou des gimmicks plus pointus. Et c'est là que s'exprime finalement la fusion des talents de chacun des membres, offrant aussi bien la finesse du heavy, la verve du neo ou des choses beaucoup plus directes venant du death ou du hardcore.
Et cela permet d'offrir des titres variés dans leur nature mais avec cette base metal alternatif, qui va permettre d'offrir aussi bien des aspects plus fins, plus subtils, rattaché au heavy que des moments beaucoup plus violents, abrasifs, jouant sur les contrastes. Mais des contrastes qui vont s'imbriquer pour offrir une complémentarité et une logique.
Le côté massif qui explose parfois va alors se muer dans un espace plus mélodique, puisant en partie dans le heavy ou le neo mais toujours avec un sens de la mélodie et des rythmiques très efficaces, engendrant finalement des titres accrocheurs, certains avec des parties très contrastées. Et cela amène aussi des bien des envolées confinant parfois au sublime qu'à des lourdeurs pachydermiques ou des fulgurances qui sont là pour rappeler que la puissance se mue en diverses formes, créant des factions pouvant s'opposer comme s'associer.

Il y a de la violence chez Dropdead Chaos. De la brutalité, qui engendre un chaos qui s'exprime brièvement par les fulgurances venant du death ou du hardcore (quand bien même quelques riffs découlent du black). Et de ce chaos surgit parfois des mélodies et des passages où la violence se fait par la finesse des mélodies ou des chants. Mais surtout, derrière tout ça, derrière un aspect qui semble assez sombre, il y a quelque chose de très positif, que les mélodies ou les chants vont faire ressortir parfois: l'espoir. L'album est emplit d'espoirs. Et c'est là qu'interviennent les injections neo (voire hiphop) et heavy. Rien n'est dû à un hasard de composition. Tout est pesé, mesuré. Et cela engendre des titres qui sont sur le fil du tout, à l'image du sublime 'What i've learnt', qui n'est pas sans renvoyer vers 'Gangster paradise' de Coolio dans l'esprit et une certaine approche esthétique.

Et parlant d'esthétisme, étonnamment, il y a un esthétisme musical chez le groupe qui s'appuie sur les différents styles mais aussi le traitement des tonalités ou des sonorités. Cela joue du coup sur la nature même des titres et leur impact, parfois presque démentiel, comme avec 'Black thoughts', qui me semble bien indiqué pour ce point. L'esthétisme se répercute aussi à travers l'artwork. Qui lui fait le lien avec le côté sombre et cette notion d'espoir que porte l'album. Et cela nous glisse vers la subtilité qui emplit l'album. Car oui, même dans les phases plus agressives, il y a une forme de subtilité dans la retenue ou la façon d'amener les transitions ou les styles.

Les deux chants sont à la fois opposés et complémentaires. L'un est clairement axé neo/hiphop quand l'autre apporte la face agressive et sombre. Mais la dualité et l'approche maitrisée des deux chants nous offre cette notion d'espoir, porté par la modulation des chants mais aussi les limites que les deux chanteurs osent parfois dépasser, l'un glissant dans le domaine de l'autre, sans que l'on ne s'en rende compte, si on n'y prêtre pas attention. Et on en revient à l'esthétisme, au sens de la mélodie, qui s'applique aussi sur cet aspect. Les deux chants peuvent passer de sacrées charges émotionnelles, très efficaces.
Le son est monstrueux. Massif, très propre, très dense. Il est riche en détails mais les instruments sont tous audibles, avec la basse très présente, jouant sur les facettes neo/hiphop et celles plus extrêmes. Le heavy va plus s'exprimer dans riffs, qui apportent de l'oxygène et toujours avec cette notion d'esthétisme soignée qui se niche jusque dans le son. Qui offre aussi une modularité par rapport aux styles.

Dropdead Chaos est plus un voyage, presque une sorte d'introspection. Si vous éprouvez des difficultés au début, persévérez. Car l'album vaut vraiment le détour et vous fichera une mandale à un moment donné, quand vous aurez vos clés pour y entrer. C'est assez dément pour ça!

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