

MARGOTH 5
PDF5
Ultimate ninja storm 2: Full zguen
Joe la truite
Full Zguen records
17 septembre 2025 à 15:14:58
CD digipack
2025
13 titres pour 53'04''
Une petite vidéo:
Petite chronique double, ça faisait longtemps!
Attention si tu as des préjugés sur certains noms de groupe, Joe la Truite va te conduire dans l’erreur. Ou sinon, c’est un peu comme si tu veux te baigner dans un point d’eau qui de premier abord te semble bizarre, et après avoir glisser tout en douceur tes orteils et le reste de ta personne, tu auras envie d’y rester le plus longtemps possible, quitte à avoir la peau toute fripée quand tu sortiras de l’eau.
Pour ceux qui voudront rattraper leur retard dans la discographie du poisson :
- « River Metal » : ep 4 titres de 2017
- « Just a Little Thing Smooth and Wet : the split album » : partagé avec le groupe Sendwood, sorti en 2019
- « Trapped In The Cosmos » : premier album sorti en 2020
Joe La Truite dégage de par son nom, son attitude musicale et les compétences du trio, une totale liberté et un gros « Fuck You » aux limites des genres musicaux en tout style même ceux que tu n’avouerais à personne que tu écoutes autre chose que du punk teinté de rock metal.
L’ouverture d’esprit ici ne sera pas considéré comme une blessure telle une fracture ouverte, mais plus où tes pensées sortiraient librement de ta tête et sans filtres.
Je vais reprendre un peu le descriptif laissé sur leur bandcamp, Joe La Truite c’est une fusion bordélique de punk metal avec du rock psychédélique. C’est aussi du progressif avec un album concept basé sur l’univers du jeu vidéo (voir la liste des titres), du logo de la « ZguenStation » (un indice, vive le support physique..).
Il y a tant de choses à dire sur leur musique : clin d’oeil à Kaiowas de la grande époque de Sepultura sur « Cosmozouk », un petit côté cartoonesque avec « Light Speed ». C’est vrai qu’il y a du Fishbone comme je l’ai lu sur un Rock Hard récent. Il y a aussi un zeste de Pink Floyd dans le côté psychédélique. C’est de la fusion 2.0 par rapport à celle des années 90 avec cette base bien métal et punk et que c’est diablement bon, en plus d’avoir un côté addictif, le « je-ne-sais-quoi d’yrevenir » encore et encore.
Bref, c’est inattendu, et cela fait un bien fou de briser la routine musicale proposée, à force d’écouter la même chose, parfois en fonction de son humeur. Joe La Truite est là pour briser les frontières musicales.
Vincent
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Joe la truite est un groupe marseillais, qui, sous forme d'un trio, propose une fusion punk metal avec du rock et qui propose ici son nouvel album. Sous une approche singulière où une folie certaine et là, avec un côté psychédélique. Et tout ça se rencontre dans un concept plutôt délirant.
La base est une fusion punk metal plutôt burnée, qui donne envie de taper du pied, avec une énergie assez brute et qui va à l'essentiel. Essentiel auquel le groupe ajoute de la folie et un côté psychédélique qui ressort parfois, faisant sortir la musique des sentiers battus. D'autant que le groupe ne mise pas que sur la musique et cela implique que l'on parle de l'ensemble comme d'une entité.
L'album se présente comme un jeu PS1, que ce soit dans le visuel, les détails mais aussi un certain traitement dans les titres et notamment la façon qu'ils sont amenés (l'évocation d'un jeu ps1, le manuel...). Une sorte de run'n gun mis en musique, avec un clin d'œil à tout un pan ludique de la fin des années 90 (quelque part en un shinobi et un ninja gaiden) mais aussi avec le délire d'un shoot'em up (que l'on retrouve dans certains accents musicaux). Chaque titre évoquant un niveau d'un jeu typé et incluant même les crédits de fin. Donc, ça se pose la comme quelque chose où folie et psychédélique sont présents, associés à des sonorités qui évoquent parfois, ici et là, le jeu vidéo, apportant un esthétisme et une identité marqués.
L'album, avec cette approche et cet angle d'attaque déploie une sorte de fourre-tout qui n'est en aucun cas décousu. Loin de là, il y a une cohérence qui suinte, laissant la folie être ce qu'elle est (du fun en barre). Et chaque titre a aussi la particularité de nous renvoyé vers d'autres sphères ou groupes, selon notre ressenti et notre culture musicale. Comme l'évoque Vincent, il y a des références glissées à des groupes ou titres, qui sont lié à ce côté punk metal débridé. Mais il y a aussi ce lien au jeu vidéo, qui amène un crédit supérieur à tout ça et s'articule de manière plus subtile avec une culture où musique et jeu vidéo se retrouvent, à travers un médium commun. Il y a clairement un appui culturel fort.
Et celui-ci se fait par un jeu de structures, de tempos (c'est varié, pouvant être très puissant et rentre-dedans, plus en retenue ou offrir une vision s'appuyant sur une évocation musicale, avec le but de rendre à la fois un hommage mais aussi de nourrir le titre en question et, par logique, le concept derrière l'album.
Les titres développent donc des thèmes musicaux forts ou qui se gravent dans l'esprit mais en sachant jouer sur la subtilité, le groupe ayant clairement une maitrise de la construction des titres mais aussi de l'album en lui-même.
Cela livre une structure assez logique, où l'aspect psychédélique jaillit parfois, dans un recoin inattendu. Musicalement, l'album est assez dense, car recélant beaucoup de subtilités et de détails qui n'apparaissent pas nécessairement aux premières écoutes. On est face à un album qui peut brasser aussi bien une sorte de country punk (le délirant 'Farming') que du metal teinté de punk, injectant ici et là des choses s'éloignant du metal et qui, du coup, amplifie cette association au genre que cultive Joe la truite. C'est à la fois un album punk metal qui n'en est pas un, s'appuyant sur la culture du jeu vidéo (du moins, d'un genre en particulier).
Et ça fonctionne complètement, les titres nous emmenant n'importe où, avec une cohérence improbable guidée par une folie pertinente.
Les titres développent, sur la base mentionnée plus haut, des thèmes musicaux liés à certaines spécificités du jeu vidéo (notamment la trame d'un niveau classique ou de boss), permettant au trio de pouvoir explorer pleinement ce champs des possibles qui s'offre à lui. Et lui laissant loisir de passer de quelque chose de très punk teinté de metal à des choses plus en retenues, laissant poindre une notion de réflexion plus profonde qu'il n'y parait (d'autant que les titres portent beaucoup de détails soignées, gardant en idée que chaque titre est un niveau d'un jeu vidéo). Ils laissent ainsi des atmosphères très différentes exister, passant d'un titre plutôt direct et rentre dedans, sorte de petite déflagration ('Dark zguen'), à quelque chose de plus sophistiqué, comme une approche fusion élaborée ('Bad death city', aussi assez rock'n'roll dans le riff de thème) mais toujours avec ce côté punk et jeu vidéo associé, à différents niveaux. Et à cela on peut ajouter un côté épique redoutable (au hasard, 'Crédits').
Chaque titre vise et atteint l'efficacité, avec une identité propre, tout en cultivant le lien avec le reste, comme une entité autonome polymorphe.
Et ainsi Joe la truite construit un album qui porte à la fois un univers dense et compact en même temps qu'une approche singulière, ponctuant parfois l'album de transition qui accentue l'idée du jeu vidéo et l'immersion au sein de cette idée, ouvrant l'idée d'une scénarisation dudit jeu, voire d'une cinématique pour un niveau final ('Dramaticus collatio'). Il y a un travail sur cet aspect efficace, avec un fil rouge en arrière plan, posant l'idée que derrière tout ça, il y a une réflexion plus profonde. Le fun est là mais avec une part de sérieux en discrétion (bon, parfois c'est très direct).
Les vocaux s'appuient sur deux chants complémentaires, pouvant offrir parfois des dualités, au besoin des titres et de l'atmosphère de ces derniers. Les chants oscillent entre punk et metal, avec en ligne de cohérence le besoin d'être compréhensible, faisant un lien ici encore avec le jeu vidéo et la trame scénaristique, s'appuyant sur des cinématique (aspect que l'on retrouve dans des musiques et certains passages chantés). Les deux chants offrent une sorte de binôme, en même temps qu'ils peuvent marquer un aspect de manière séparé.
Le son est excellent. Il est puissant, sans pour autant écraser la musique, qui recèle de nombreux détails qui se découvrent au fur et à mesure de plusieurs écoutes. Outre la base fusion punk metal mentionnée, le groupe intègre des sonorités évoquant le jeu vidéo (et plus les run'n gun etshhot'em up), en plus d'avoir l'idée d'intégrer des codes d'autres genres, au besoin des titres mais en gardant l'unité et le fil rouge. Les instruments sont bien présents, avec une basse qui envoie du groove et une batterie où certaines tonalités renvoient au jeu vidéo (et fait le lien avec l'univers de ce médium en même temps que la cohérence de l'album). Les arrangements tournent autour du jeu vidéo, forcément (et en toute logique). Les voix sont bien audibles, jouant sur l'équilibre parfois de manière subtile, qui renvoie à l'idée de cinématique de jeu vidéo (lorsque le besoin se fait sentir).
Joe la truite nous offre un album fun, très plaisant et avec une profondeur que l'on ne soupçonne pas, dissimulée derrière ce côté fun justement et un peu de psychédélique. C'est intelligent, efficace et très immersif, avec cette approche qui fait que tu écoutes un album qui ferait mentir une personne qui n'aimerait pas le punk / metal. Une véritable bombe dans le genre, pertinente.
Benoit