MARGOTH 5
PDF5
Towards idiocracy
Holycide
Xtreem music
6 août 2024 à 15:15:51
Dématérialisé
2024
10 titres pour 38'59''
Une petite vidéo:
Holycide est un groupe né en Espagne en 2004, avec un certain Dave Rotten au chant (Avulsed) rapidement rejoint par un certain Vicente J. Payá ( Unbuonded terror/Golgotha). Je fais l'impasse sur l'histoire et le contexte un peu complexe mais avec l'arrivée de Miguel Bárez en 2012, ça s'accélère et le groupe sort une démo en 2013. Suivront un Ep, deux albums et un autre Ep (ce dernier en 2023). Et voici donc le nouvel effort de ce groupe.
Le groupe y va directement, sans prendre de pincettes. Dès le début, le vent d'un thrash rapide et agressif souffle, posant les bases d'un excellent moment à passer. Le groupe ne va pas laisser un seul moment de répit, de bout en bout de l'album. C'est un direct dans le foie, avec un gantelet. Pas de douceur ici.
Le groupe nous offre un thrash qui rappelle les débuts du style, se bloquant au mieux au début des années 90. Donc, pas de doutes à avoir sur la forme, le fond ou les structures. On est en terrain connu mais de celui qui s'est enfuit dans les brumes du temps, offrant une sorte de revival jouissif. Quelque part entre le voyage dans le temps et un ancrage dans notre époque (avec les thèmes que le groupe aborde comme la peur de la technologie, la suprématie de l'IA ou encore la puissance de la corruption à différents niveaux).
Musicalement, c'est très caractéristique, avec des riffs incisifs et plutôt de type rouleau compresseur sans frein dans une descente, un tempo rapide, des structures connues (mais offrant néanmoins des surprises très agréables) et une réminiscence de la période charnière où l'on retrouve des influences heavy (notamment avec les solos - mais toujours avec ce côté bourrin). Cela amène une certaine modularité mais ne t'y trompe pas: ici, ce n'est pas fait pour le grand public. La violence des titres aurait pu faire figurer le groupe sur des compilations comme Taking in the thrash. Là, tu comprends que le groupe n'a pas choisi la simplicité et la facilité, loin de là, certaines structures jouant quand même avec les codes, lorgnant parfois d'un effleurement quelque chose qui prendrait un pendant thrash death mais s'en y tomber, préférant la difficulté de rester sur le fil du rasoir.
Les riffs coulent tous seuls, avec une facilité déconcertante, offrant ce côté compact qui est pourtant fluide, comme si on se prenait un déversement de camions de sable en pleine gueule ou que l'on te tirait sur une plage de sable avec un pickup boosté, face contre sable (c'est de saison, l'été, tout ça...). Les riffs, justement, sont à un point de rencontre avec le heavy et le thrash, laissant les deux mondes exprimer le meilleur d'eux-mêmes, les riffs de basses jouant sur une optique proche, mais avec une subtilité différente.
Les titres vont vite, le doute n'est pas permis. Mais bien qu'ils aillent vite, ils ne sont pas pour autant concis et vont prendre un certain essor dans la durée, permettant au groupe de déployer un savoir faire issu des parcours de chacun. Et c'est là que les titres vont dévoiler certains plans très intéressant, que ce soit par quelques mosh parts ou bien par les structures rythmiques de malades, avec une basse appuyée rapide et un duo avec la batterie. Batterie qui offre des patterns soutenus, assez codifiés mais où la batteur s'octroie quelques éloignements bienvenus qui agrémentent les titres de moments impromptus qui garde la ligne de la vitesse et de la brutalité.
Parfois, quelques lourdeurs apparaissent (associés aux mosh parts), laissant le loisirs aux riffs de ce faire plus légers (c'est relatif, faut pas déconner), pour bien instituer des breaks retors, qui vont venir te péter la nuque, sans prévenir. Ca permet d'amener un certain rythme, que le groupe prend plaisir à tordre parfois, le tout rentrant dans sa conception du thrash. Et c'est là que la part de martelage de la rythmique intervient, amenant de brefs passages martiaux mais amenant aussi une fluidité dans les titres, avec des transitions en quelques mesures, transformant la forme de la structure et offrant la possibilité de mettre une forme de mélodie dans leur musique.
Et où le groupe surprend un peu, c'est que cet aspect mélodique se retrouve dans des lignes de basses, lors de certaines transitions ou même dans la manière de créer la base rythmique des titres. Plusieurs fois, des éléments de la basse changent les codes, offrant une variété inattendue, plutôt bienvenue, car densifiant la musique et l'enrichissant, sans pour autant tomber dans la surenchère.
Par contre, ne t'attends à rien de simple d'accès dans la musique du combo. On est vraiment sur des codes du thrash tel qu'il était à la base, livrant un album qui a un véritable impact, comme si Holycide livrait son propre 'Reign in blood', avec la même hargne mais des thématiques et une approche différentes.
Dave Rotten est au chant. Donc, qu'en dire de plus? Un chant agressif, clair, s'offrant quelques modularités ici et là, avec ce timbre singulier. Un chant qui regarde vers les origines du style, avec en plus la patte de Dave. Ai-je besoin de faire plus long? Son chant déboite et le fait totalement!
Le son est très bon, en même temps que son approche est intelligente. Le groupe offre un son singulier, un peu sale, regardant justement vers les débuts du style, amenant une identité forte du son. Le son est volontairement placé dans les aigus (l'agressivité qui s'exprime franchement), laissant les basses à la basse justement, omniprésente et plutôt énervée, qui s'offre avec la batterie un duo explosif. Les guitares offrent deux niveaux de sons différents, créant une modularité qui laisse se démarquer au besoin chacune d'entre elles. L'accent est mis sur le côté cavalcade des riffs, offrant un contraste avec la basse parfois (et distillant du coup une présence forte). Le chant est un peu en retrait de la musique mais est clairement audible et donne cette impression de voyage temporelle très accrocheuse.
Holycide est, au choix selon ton cas, une découverte qui va te mettre la branlée avec une vision d'un thrash à l'ancienne ou alors le nouvel album du groupe que tu vas vite aller écouter, acheter, faire écouter à tes voisins... Juste une tuerie du genre!