top of page

Ticking twelve

The wealthy hobos

Autoproduction

26 septembre 2023 à 14:52:12

CD digipack

2023

12 titres pour 43'01''

Une petite vidéo:

The wealthy hobos est un groupe qui a vu le jour en 2014, du coté de Paris. Un premier album la même année, puis un Ep en 2017, c'est la folie, concerts de partout, dinguerie. Puis 2023 arrive avec un nouvel album. Qui est donc leur deuxième mais celui qui me fait découvrir ce duo pratiquant un dirty blues rock, la pandémie ayant provoqué une cure de minceur au groupe.

C'est un album que j'ai mis un peu de temps à écouter, faute au temps et que le côté dirty blues rock, ça me parle peu bien que j'apprécie entendre du blues parfois. J'ai du attendre un moment où je me sentais prêt. Et quand celui-ci arriva, l'écoute se fit. Et plein de questions explosèrent dans la tête: comment expliquer ça? Quelle pourrait être la description? Où veulent-ils nous mener? Sont-ils des clochards riches? Ai-je fermé le robinet? Y aura-t-il de la neige à noël au K2 (oui, je me pose des questions sans rapports parfois)?

Dès le premier titre, le duo nous plonge dans leur approche sale et un peu grasse d'un dirty blues où surnage des éléments plus liés au hard rock. Bon, comme ça, ça pourrait paraitre bateau mais ne vous fiez pas à cette étiquette, le duo ne mettant pas de limites à ce qu'il fait et, du coup, cela entraine des itérations inattendues et intéressantes dans de fulgurants écarts pouvant amener du ska ou un swing qui colle complètement à leur vision et à ce qu'ils veulent proposer. Le premier titre est clairement enjoué, assez bon enfant et on prend goût très rapidement à cet état d'esprit. Et c'est là que le piège se referme.
Car si les titres peuvent être plus ou moins lumineux, rapidement pourtant, une part plus sombre apparait et laisse entrevoir un aspect plus sordide, qui va te rappeler que, ben, c'est du dirty blues rock. Et ce n'est pas vraiment quelque chose qui peut appeler à sourire. Et pour ça, outre les thèmes, le duo imposer des rythmiques plus rapides, dérivant du hard rock tout en amenant un côté brut et sale, que ce soit à travers le son où la façon de composer et d'amener les titres. Et putain...

Et putain, que c'est bon! Le duo manie diablement bien la barque et nous emmène à travers des méandres variés et accrocheurs, n'hésitant à bousculer les codes et les genres, pouvant passer de ce blues sale à des choses aussi bien jazzy que pouvant évoquer du gospel dans certains fragments musicaux ou d'autres dérivés découlant à la fois du blues ou du hard rock. Les deux compères offrent une approche grasse où la puissance est clairement là mais surprenant, car on ne s'imagine pas trop du blues avec une pareille puissance. Le duo sort en effet l'artillerie lourde et va nous faire comprendre ce qu'est le dirty blues rock.
Et pour ça, il peut brouiller un peu les pistes mais en gardant toujours cette référence au blues, avec une attitude plus sale, donnant un petit côté décadent assez jouissif, surtout quand celui-ci va évoquer des groupes plus shock-rock ou heavy rock avec une approche plus primitive. Ca vient des titres et ça prend aux tripes, associé à cette chaleur que dégage le blues, du fait de son origine (et de ses descendants) où la rudesse n'est pas nécessairement voilé ou dissimulée.

Il y a un côté instinctif, primaire (voire primitif) qui s'exhale du duo, nous emmenant dans des circonvolutions flirtant parfois avec quelque chose de dantesque (au hasard 'loose canon'), jouant sur un aspect transgressif, à la fois par les changements de styles, des rythmes mais surtout avec cette opposition côté lumineux / insalubrité, appuyant vraiment le style. Et c'est ce qui m'a bien plus, en autre. Le duo ne se limitant pas à ce que l'on conçoit et n'hésitant pas à pisser sur les paradigmes, renvoyant subtilement à leur nom, offrant un paradoxe dans le même temps. Et oui, des riches clochards, c'est quand même un sacré paradoxe. Et c'est finalement là que je me dis que le duo veut nous emmener: à un paradoxe.

Musicalement d'abord: dirty blues rock mais sachant jouer avec les styles, passant à quelque chose de plus hard rock, jazzy ou glissant un petit swing de derrière les fagots entre deux mesures. Dans la forme: c'est un duo mais des invités sont présents, pour apporter leur savoir avec des instruments moins usuels dans le genre comme la flûte, de l'orgue...
Et dans le fond: on a affaire à un blues, que l'on conçoit d'une manière plus spécifique et dont le duo se fout complètement et amène une puissance et un côté gras et sale, nous envoyant au caniveau sans autre forme de procès. Et en le faisant de manière à ce que l'on apprécie la chose. Vicieux avec ça! Surtout quand il va appuyer un blues typé, à l'harmonica qui te perce l'âme, avec un tempo plus lourd ('Misery song'). Car oui, le duo joue aussi avec les émotions, plutôt normal quand on joue du blues.

Le duo maitrise aussi bien les mélodies qu'il gère l'aspect rythmique. C'est toujours carré, même quand il part dans des directions différentes, n'hésitant pas à intercaler les codes des autres styles dans ceux de leur blues, tout en gardant une cohérence nécessaire (et vous savez que j'aime bien quand c'est cohérent). Et cela engendre des passages aussi bien posés que d'autres suintant du rock (ou même du hard rock), te donnant envie de remuer la tête ou de taper du pied, le tout portant un chant intéressant.

Sacha offre un chant blues rock rocailleux, au timbre un peu sale, qui n'est pas sans m'évoquer Gene Simmons, au début de Kiss. Il adapte son chant, avec justesse et n'hésite pas à proposer des envolées ou avoir un aspect plus massif, s'adaptant clairement au contexte des titres. Quoi qu'il en soit, sa voix est très accrocheuse, avec un côté chaleureux contrastant avec le côté plus sale du son.
Car oui, le son est un peu singulier. Il offre une approche puissance, grasse, avec un grain un peu sale, donnant une teinte spécifique à l'album. Sale mais offrant une qualité de détails importante, permettant aux instruments en plus d'être aussi au cœur de l'album et de lui donner une teinte particulière, servant de support à la voix de Sacha. Le mixe est complètement à l'équilibre, avec des arrangements soignés, liés à la cohérence du tout.

Je ne connaissais pas The wealthy hobos. Et dans le genre, c'est un claque qui vient du blues. Fans du style, foncez! Les curieux, tentez l'écoute, elle vaut le détour! Si le groupe passe vers chez moi, j'irai bien voir ce qu'il donne en live, avec cette énergie.

bottom of page