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Therapy

Euphrates Ride

Autoproduction

4 mars 2022 à 15:06:57

CD

2022

6 titres. Durée: 33'01''

Une petite vidéo:

Euphrates Ride est un projet solo de David Mauro. Alors, je vais digresser un peu, par rapport à la présence ici de cet album plutôt pop (mais pas tout à fait): David et moi partageons plusieurs points commun, notamment en ce qui concerne l'aspect de la dépression sévère. Du coup, ce que j'ai vécu, je peux le comprendre (et le ressent) même si, dans mon cas, je n'ai pas eut d'internement (qui aurait été contre productif comme je partais en rupture sociale et ce, de façon violente). Et du coup, cet album me touche plus particulièrement, pour diverses raisons.

L'album est en deux parties distinctes, séparées par un titre scindé lui aussi en deux parties. La première partie et donc les deux premiers titres explorent une nostalgie, à travers de histoires d'amour. Le coté pop est clairement marqué mais on est loin des standards radiophoniques, que ce soit par la musique, le format ou les sonorités. Car le coté nostalgique va aussi s'appuyer sur des mécaniques différentes et aussi glisser des codes regardant vers un stoner rock, en même temps qu'une sorte de distanciation musicale. Il y a une construction qui fait une sorte de dissociation, amenée naturellement et qui prend le temps de poser une atmosphère particulière, qui va nous enfoncer dans ce passé nostalgique, en prenant un coté progressif à travers la durée des titres (notamment sur 'Gathering the waves' et la seconde partie de 'Trans'). Cela permet à David de tisser une trame très particulière, où certes la nostalgie est présente, mais pas que. Parce que sinon, ce serait bien plus simple. Comme le contexte musical est particulier, on retrouve aussi une sensibilité particulière, qui vient nourrir une volonté de vouloir avancer, même si celle-ci va se reposer sur la nostalgie. Si le premier titre est nostalgique mais avec une certaine énergie, le second prend un rythme plus lent, entrecoupé de parties un peu plus rapides, avec des tonalités différentes. Il y a toujours ce regard en arrière mais qui s'exprime différemment. On a un titre un peu plus hybride, entre une sorte de ballade et une pop rock posée. Les tonalités diffèrent un peu, ainsi que la couleur globale, qui tend vers quelque chose de plus positif (que ce soit par la musique ou des éléments sonores). Les deux titres ont un apport important avec un chant féminin tout en finesse, appuyant là aussi cette nostalgie mais aussi le souvenir d'une époque qui a filé entre les doigts. Sa présence n'est pas anecdotique, bien au contraire. Elle apporte une densité supplémentaire et appuie les différentes teintes que les titres peuvent développer.
La seconde partie fait plus écho à la maladie, le traitement et la thérapie. Les deux titres prennent une teinte un peu différente, plus mélancolique mais aussi un angle plus direct, où le coté rock stoner est plus marqué. C'est une approche plus ferme, plus puissante que la première partie, certains éléments m'évoquant en partie Oasis. Si les titres ont cette approche plus pragmatique, ils ont aussi une approche qui tend vers un espoir, que la musique fait sentir de par la construction des titres mais surtout les techniques qui diffèrent entre les deux parties. Si il y a une trame mélancolique, ce serait assez restrictif de ne rester que sur celle-ci, la musique balayant vers d'autres horizons, laissant entrevoir qu'il y a peut-être quelque chose de plus lumineux (c'est flagrant dans certaines lignes mélodiques, qui viennent en support du chant). Si cette seconde partie est plus rock elle n'en est pas moins plus sensible, tapant plus dans l'âme, en appuyant sur des ressorts émotionnels, venant aussi bien de la musique elle-même que de son origine et de son contexte. Cette partie est plus personnelle, dévoilant des aspects plus humains. Le coté progressif est plus discret, au profit de l'aspect stoner qui apporte une certaine chaleur, rendant plus humain cette étrange traversée d'un épisode de vie. Ici, pas d'autre chant. Juste celui de David, plus posé mais aussi plus vivants dans certains aspects. Il recentre l'ensemble sur ce qui est plus personnel, fort logiquement.
Je fais un paragraphe à part pour 'Trans'. Le titre est en deux parties, ayant chacune une tonalité particulière, qui va faire écho à la partie qui le précède. C'est presque un instrumental, fort redoutable, car véhiculant, dans chaque de ces parties, une forte charge émotionnelle. Le chant apparait dans le deuxième tiers de la première partie. Le titres a une construction particulière, qui se meut en une parabole de vie. La première partie est néanmoins plus agité, avec une tonalité plus sombre, mais laissant entrevoir des instants plus légers et plus lumineux, s'appuyant sur un clavier (qui a son importance sur l'album entier). La seconde partie est d'une couleur différente. Plus structuré autour d'un clavier discret qui sert de catalyseur au reste, celle-ci prend plus de temps à se développer (d'où le coté progressif). L'ensemble est plus calme que la première partie, contraste entre une période de combat interne et un apaisement (et qui colle parfaitement à la comparaison entre la tempête dans l'esprit et sa disparition, grâce au traitement, comme j'ai pu le vivre moi-même). Le clavier est accompagné de bruits extérieurs, très subtils et très agréables, évoquant une ouverture sur un nouveau monde, sur une grosse moitié, avant l'apparition du coté rock, accompagné du chant. C'est plus stoner d'un coup, évoquant clairement le fait d'aller de l'avant et de se réapproprier sa vie (la musique suit d'ailleurs une construction intéressante, un moment évoquant un peu du Deep Purple des années 70, de par le son, qui est en outre plus chaleureux). Le contraste est fort, laissant exploser la vie, en opposition au passé que l'on peut poser derrière soi.
Le chant de David est en justesse et émotion de bout en bout. Il s'adapte, proposant un chant modulé, de façon pertinente et intelligente, qu'il accompagne d'un chant féminin sur les deux premiers titres, pour appuyer la nostalgie et aussi quelque chose de plus indistinct mais fort subtil.
Le son est excellent, un soin étant pris pour chaque instruments et chaque éléments sonores. Rien n'est laissé au hasard, tout est clairement bien réfléchi, la musique trouvant un pendant dans le son à sa profondeur.
L'album est très personnel, certes loin de ce qui est plus habituel dans Margoth. mais il me touche particulièrement. Mais surtout, c'est un album tout ce qu'il y a de plus sincère, sans fioritures ni artifices. C'est un album qui est profondément humain, dans le sens noble du terme, avec ses fissures, ses blessures et ses espoirs mais surtout une envie de se battre pour avancer. Ca ne plaira pas à tout le monde, car c'est du coup quelque chose de très personnel, qui touchera différemment chacun. Les plus curieux découvriront néanmoins un album éloigné du metal (moins dans son essence et ses origines) très accrocheur, où les mélodies sont terriblement efficaces et vont segraver dans vos esprits.

© Margoth PDF

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