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The Underworld Awaits Us All

Nile

Napalm records

25 août 2024 à 08:35:46

Dématérialisé

2024

11 titres pour 48'56''

Une petite vidéo:

Nile est un groupe américain qu'il ne me semble pas utile de présenter plus que ça, existant depuis 1993. Et qui vient de sortir son nouvel album. Ecoute faite en streamming, donc pas comme à mon confort d'écoute habituelle.

Nile, c'est un de mes groupes fétiches. Le dernier album ('Vile nilotic rites') était sympa mais me semblait plus calme. Donc, là, c'était un choix entre la continuité d'une approche plus calme et donc plus ennuyeuse ou d'un sursaut sévère. Le suspense étant à son climax le plus intense maintenant. Bon, je ne vais pas tourner autour du pot pendant 100 ans (parce que ça va être chiant): Nile revient en très grande forme.
L'album est une pépite de brutalité et de technicité, dès le premier titre. Pas d'atermoiements vers des choses plus posées: l'album pose la direction de brutalité véloce et du retour de l'empreinte et de l'ambiance propre à Nile. Le groupe sort le grand jeu, livrant un album foutrement jouissif.
Je retrouve ce qui fait la force de Nile, au-delà du concept, à travers des titres vindicatifs et rapides, qui aménagent des moments parfois suspendus brièvement, pour mieux nous laminer derrière, sans le moindre regret.
Les titres portent l'ADN du groupe, avec certains qui sont longs en terme de durée mais qui, contrairement au précédent album, n'apporte pas une once d'ennui. Mais première écoute m'a d'ailleurs surpris car je n'ai pas vu le temps passé, malgré la durée de certains titres (4 titres dépassent allégrement les 5 minutes (jusqu'à plus de 8 minutes de raclés), les autres oscillant entre 3'50 et 5 minutes). Mais avec les structures des titres, il est clairement impossible de voir le temps qui passe. C'est une véritable machine de guerre que déploie le groupe, avec les riffs emblématiques et surtout ceux qui développent ce côté exotique, qui ponctuent intelligemment l'album.
Il y a aussi deux titres qui sortent du lot. Tout d'abord, 'To strike the secret fang', qui est le titre le plus intense, un pamphlet brutal et viscéral de moins de deux minutes, qui est l'urgence incarnée. Le second est un instrumental, jouant sur le côté exotique et offrant une pause dans la brutalité de l'album (mais c'est pour mieux reprendre l'assaut derrière, il y a quelque chose de vicieux) 'The pentragrammathion of Nephren-Ka'.
Et derrière ce titre, le groupe repart de plus belle mais dévoile aussi une seconde partie de l'album (l'instrumental devant être une transition).

Et cette partie va moduler la brutalité avec de la lourdeur, contrastant violemment des parties brutales et rapides avec d'autres plus lourdes, plus alambiquées, où la brutalité se fait larvaire mais bien présente, Nile changeant un peu la méthode. Cela lui permet d'incorporer des altérations inattendues, du meilleur effet et de pouvoir structurer un peu différemment sa musique. Mais en imbriquant ses éléments dans l'ADN de sa musique, telle qu'on la connaît. Je trouve ça très malin car cela ouvre une sorte de hiérarchisation et de stratification de la violence, offrant une profondeur plus importante.
Après cet instrumental, il est évident que l'ambiance change un peu, devenant plus malsaine (parce que se confrontant frontalement à la brutalité du début et marquant un point d'avancement dans l'album. Il y a un marquage plus nette de l'atmosphère égyptienne, par des éléments diffus, nous renvoyant à l'imaginaire exploité par le groupe mais aussi à la mythologie qui y est rattaché. Le groupe, avec ses éléments, semblent glisser discrètement quelque chose de plus mystique. Et cela fonctionne diablement bien!
Ces variations amplifient du coup la brutalité ambiante, à laquelle la technique des musiciens apportent une densité et génère une entité démentielle. Et c'est assez logique, puisque l'album va vers quelque chose de dantesque, flirtant avec une forme de folie.
Nile n'hésite pas à malmener nos cervicales avec des breaks ou des parties très lourdes mais apportent aussi, notamment dans les patterns de la batterie, des nouveautés plutôt retorses et efficaces, forçant les riffs à suivre le chemin et allez plus loin. L'exotisme se dessine aussi dans la brutalité ainsi, les titres offrant vraiment des structurations marquées, bienvenues. Voir même des passages à l'étrangeté enivrante ('True gods of the desert').

Le chant est très guttural. On retrouve ce chant partagé avec les membres, cette identité vocale forte. Les chœurs qui parsèment l'album sont parfois malsains, notamment quand ceux-ci prennent une tournure plus claire, dégageant une aura étrange. Mais qui nous plonge plus fortement dans l'univers du groupe.
Le son est massif, excellent et puissant, forcément. On retrouve ce son caractéristique du groupe qui laisse la violence s'exprimer sans pour autant étouffer les multiples détails musicaux qui densifie la musique et apporte cette identité. Chaque élément est très net, que ce soit les guitares, la basse, la batterie ou les chants (où l'on identifie la voix de Karl sans problème). Les arrangements apportent cette dimension mythologique et fait le lien avec cet imaginaire que le groupe partage avec l'auditeur. Rien n'est laissé au hard.

Nile revient en très grande forme, avec un album monumental. Clairement incontournable, pour tout fan de death et du groupe!

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