

MARGOTH 5
PDF5
The machinist
Beyond the void
Great Dane Records
24 novembre 2022 à 15:58:19
Dématérialisé
2022
10 titres. Durée: 39'18''
Une petite vidéo:
Beyond the void est un groupe strasbourgeois de death formé en 2018 qui est déjà passé par ici pour son précédent effort 'Ex nihilo nihil' (qui est savoureux) et qui nous propose ici son premier album. Prend une bière ou un café, on y va!
On s'embarque dans le voyage avec une intro un peu salope, simple, posée et fort belle dans son approche ('Prelude to the storm'). Pourquoi dis-je cela vous demandez-vous sûrement (ou pas, vous avez le droit). Parce que la transition avec 'Beyond the void' s'avère très brutale. Dès les premières secondes, on retrouve directement ce death propre au groupe, avec cette identité sonore particulière (plus loin, un secret sera révélé... bon, c'est pas vraiment un secret... mais je m'égare). Le groupe a une vision particulière du death car il brasse différents visages du death, pouvant être brutal (bon ça oscille entre cervicales pétées et éclatement contre les murs, souvent sans transitions), old school, moderne mais aussi développer une finesse et de la subtilité (même si c'est parfois aussi subtil qu'un bus en pleine gueule), le groupe n'hésitant pas à prendre des chemins parfois progressif. Mais en lisant ça, vous n'avez rien à craindre, car la brutalité n'est jamais absente et s'avère protéiforme. Le groupe montre vraiment que sa vision du death est aboutie.
Et ça l'est clairement, pas de doute sur ça.
Le groupe nous fait naviguer dans le royaume du death, aux différentes facettes, à la fois dans un titre ou dans une globalité. Les titres peuvent prendre une tournure assez lourde, pesante et avoir pourtant une essence plus brutale, se dévoilant par les riffs des guitares. En effet, les guitares permettent au groupe de naviguer dans les différents styles, pouvant avoir un titre très direct, avec un death soutenu ou au contraire, quelque chose de plus raffiné, avec des subtilité et qui, pourtant, va te poutrer la gueule, mais d'une manière très différente. Et pour ça, le groupe va déployer une arme redoutable. Et là, je vous vois lever les yeux au ciel, du genre 'gniagniagnia ambiances, atmosphères, gniagniagnia facile'. Et bien non, point du tout. Si il y a une certaine ambiance globale lié à la nature musicale sur l'album, l'arme du groupe est cette facilité à naviguer dans les registres du death, pouvant être tour à tour death US, death occulte, développer un death morbide ou bien alterner des parties lourdes et d'autres qui sont des putains de mandales de catcheurs (oui, ils sont nombreux à la suite) hypertrophiés sous acides et énervés. Et ce qui est fort, c'est que malgré tout ça, il y a un fort esprit de cohérence. Rien n'est décousu, il y a vraiment une globalité et un esprit death qui tient le tout ensemble, animant la terrifiante entité.
Le groupe lâche aussi des moments de bravoure qui ne sont pas sans effet, bien au contraire. Et c'est là que la brutalité prend son sens, à travers ces multiples formes explorées, livrant au final bien plus qu'une vision établie du death mais une sorte de leçon du genre. Et même lorsque le groupe va glisser des éléments plus mélodiques, il y a toujours ce lien au death. Certains titres vont ainsi révéler des aspects très mélodieux (pourtant éloignés du death mélo) avec pourtant, toujours en toile de fond, cet esprit particulier qui vient pour te dérouiller au détour d'un chemin (qu'importe qu'il soit ou non éclairé, de nuit ou de jour: tu vas morfler).
Mais Beyond the void a aussi cette approche à travers les thèmes des titres, qui font un lien direct avec le death et les multiples visages qui sont pris au travers de l'album. Et c'est là, que pour les amateurs de technicité, il y a cet aspect technique, au travers des paternes de batteries ou des riffs, pouvant être compliqués, avoir un côté chaotique ou amener une lourdeur qui se meut en une furie sans concession. Et c'est là aussi qu'il faut parler de la basse. Celle-ci est à la particularité d'être fretless, ce qui joue clairement à la fois sur son utilisation, le son (et par conséquent l'esprit de l'album) et d'ouvrir des possibles qui s'avèrent très savoureux. L'album nous fait ainsi naviguer sur un océan death et, sans que l'on y prête attention, on se retrouve à récouter l'album une seconde fois, recélant de multiples détails.
Le chant est très caractéristique du groupe. Le timbre est très guttural, avec ces glaires coincés en fond de gorge. Le chant n'évolue que très peu, fidèle à une vision plus spécifique mais qui fonctionne dans l'approche du groupe et qu'un chant varié briserait ce que le groupe crée. Cela n'empêche pas le chant d'aller titiller des choses comme le slam death par exemple (de façon brève et donc efficace).
Le son est excellent. Les instruments sont tous audibles, permettant de pouvoir à la fois être dans leur vision du death mais aussi de saisir les implications de la technique des musiciens (et il y en a, quelque soit l'instrument). La basse est bien présente, apportant ce côté gras, avec une agressivité pourtant chaleureuse mais qui claque souvent (et mamie adore quand ça claque...). Le son fait partie de l'identité du groupe, amenant la vie à l'entité que celui-ci représente.
Beyond the void livre un premier album juste excellent que tout amateur de death, quelque soit son orientation, trouvera forcément excellent, le groupe maitrisant clairement son sujet. Un incontournable!