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The loop

Volkor X

autoproduction

13 décembre 2023 à 16:35:39

Dématérialisé

2023

18 titres pour 1H13'55''

Une petite vidéo:

Volkor X est un one man band français se baladant dans la sphère synthwave et qui est responsable de deux albums avant celui-ci, développant une histoire à la jonction du cinéma et de la musique, dans une veine SF. Ceci est donc le troisième album, qui m'offre la découverte du projet et son approche particulière.

Les titres sont tous entrecoupés d'interludes servant de dialogues entre Syd, première victime de Volkor X et qui place l'album en préquelle des deux autres. Ici on évolue dans un registre plus post metal de la synthwave, avec un appui très fort sur la dynamique cinématographique. Les titres sont tous des instrumentaux où les interludes servent de trame à l'histoire et de placer les éléments la constituants et la base de l'histoire derrière Volkor X, un extraterrestre.

La puissance est évidente, dès le début, avec des nappes de synthés très présents, rencontrant un jeu de rythmiques jouant avec les patterns et la basse, livrant un mélange qui est instantanément addictif. Les titres vont développer des atmosphères très prenantes, appuyant fortement l'aspect science-fiction, auquel les interludes donnent vie à l'histoire, glissant une part d'organique dans une musique qui l'est moins. Mais qui nourrit franchement un univers dense et cohérent, de bout en bout. Mais la puissance n'est pas forcément dans l'idée que l'on s'en fait et va jouer sur plusieurs aspects bien définis, qui trace l'identité de l'album. Si certaines rythmiques vont être puissantes et marquantes, c'est aussi par les claviers et la composition que cette puissance va s'exprimer. Et glisser progressivement, et de manière discrète, vers quelque chose de plus sombre, que les interludes révèlent progressivement, chacun ouvrant un titre qui fait lien avec celui-ci et permet à Volkor X de pouvoir nous tracer une trame qui exprime sa puissance par l'évocation. Et ce c'est d'autant plus fort que, je le rappelle, les titres sont instrumentaux.
La puissance va livrer ainsi différents visages, que ce soit par les atmosphères, les rythmiques, l'appui de la basse ou les synthés (avec différentes tonalités, niveaux, textures et tessitures - je ferai un point sur ça) et émotionnelle. Et cela permet d'ouvrir un univers très prenant, aussi bien reposant que pouvant être plus angoissant, avec une volonté d'offrir une véritable immersion qui va jouer sur différents biais, livrant quelque chose de très abouti. Et il est impossible de ne pas penser au fantastique Vangelis et sa musique, avec les nombreux aspects qui l'évoquent dans l'album.

Volkor X nous propose ni plus ni moins qu'un voyage dans l'espace, où les titres vont construire une ambiance très cinématographique que les dialogues vont mettre en valeur et livrer, en s'associant avec cette ambiance, une sorte de film sonore, qui renvoie aussi bien à des films des années 80/90 que vers la musique de films SF de cette période, associant synthwave et cinéma.
Cela permet à Volkor X de pouvoir offrir de nombreux titres très immersif et dont l'absence de paroles parait être totalement naturel, puisque leur absence ne se fait pas sentir une seule seconde. La construction des titres et la manière dont les éléments sont apportés donnent une grande force aux titres, liant deux trames différentes, une musicale, l'autre plus accès cinéma, avec les dialogues. Et de nous emmener comme spectateur d'un voyage qui flirte au final avec une sorte de cauchemar pour Syd. Et pour faire ressentir ça, il y un appel d'aspects nettement plus sombres, qui viennent contraster avec le côté lumineux du cœur de la musique. En amenant le tout de manière progressive, en accord avec les dialogues entre J.O.S.S, intelligence artificielle assistant Syd et cette dernière. Et arrivé là, il est impossible de faire l'impasse sur les dialogues.

Ces derniers ont été écrit par Ben Dadds, très accrocheurs et bien construits, où l'actrice canadienne Becky Shrimpton donne sa voix pour Syd, donnant littéralement vie à l'histoire derrière l'album, avec le jeu d'une actrice qui pousse le réalisme au maximum, permettant de glisser la suspension de l'incrédulité de manière adroite et nous immerge ainsi dans cette histoire qui va aussi bien évoquer la peur de son immortalité que celle de se perdre dans une boucle - les deux étant liés - et qui permet de faire un lien puissant (ah, tiens!) entre l'histoire, sa trame et quelque chose de plus philosophique. Les dialogues sont pertinents et n'en font jamais trop, loin de là. La justesse est à la fois dans l'écriture que dans le jeu qu'offre Becky avec sa voix et donne corps à cette immersion. Et va glisser, au-delà de l'aspect sombre, quelque chose de plus primaire: la peur.

Peur qui va se retrouver à travers la musique, plutôt sombre au fur et à mesure (et qui va parfois s'immiscer discrètement dans certaines phases de dialogues, amenant la peur par un sentiment de malaise) et qui permet de pouvoir glisser des éléments résolument post metal (avec les guitares, le jeu des synthés et la basse, qui a son importance). C'est très codifié comme manière de faire (en même temps, le style l'est et la SF aussi et c'est donc une logique de plus qui s'applique) mais cela est essentiel et somme toute, naturel. Autrement, ça ne fonctionnerait pas.
C'est une manière intéressante d'associer des registres assez différents mais qui trouvent des ressemblances dans les rythmiques ou les patterns de batterie. Car il y a là aussi quelque chose qui fait un lien fort entre post metal et synthwave et ce, de manière là aussi naturelle et réfléchi. Et l'association des deux va se retrouver dans des passages où les synthés et la guitare livrent des assauts puissants amis sans pour autant tomber dans une quelconque facilité en jouant sur une bizarrerie de rythmiques soutenues ou plus rapides. Ici, la trame reste le côté sombre et l'irrationnalité de la peur qui permet de glisser des structures ou des rythmiques parfois plus lourdes ou ouvrant des patterns plus complexes. Et qui vont vraiment être présent dans le titre éponyme qui cloture l'album, aux sonorités plus lourdes et sombres (et avec un solo livrant vraiment une forte puissance à la fois émotionnelle et temporelle (de par sa nature et son imbrication dans la musique))

Les synthés sont le cœur de la bête, s'associant à la guitare et la basse, afin d'offrir des titres assez complexes parfois, mais toujours avec cette approche atmosphérique et cette volonté d'offrir une immersion sans failles. Et le travail sur les synthés est très abouti car ces derniers ouvrant des approches différentes, ayant des rôles spécifiques, que ce soit pour un aspect aérien, une boucle plus sombre ou le besoin de faire une structure liant les passages. Et pour ce faire, Volkor X va jouer avec les réglages, amener des tessitures et des textures différentes ou jouer sur les niveaux des synthés (dans le sens des hauteurs de tonalités que dans l'idée de strates amenant une hiérarchisation). Et ces synthés, outre nous emmener en voyage, servent aussi à incarner d'une certaine manière le personnage de Volkor X mais en jouant sur le retrait, la présence dans l'ombre.
Les synthés amènent vraiment des atmosphères qui sont immersives et servent d'écrins aux dialogues, donnant vie à l'histoire mais surtout offrant quelque chose à la lisière de la musique et du cinéma, le tout avec la force de quelque chose entre space opéra et SF plus déshumanisée, jouant sur les entredeux possibles. Mais il y a aussi, très clairement, quelque chose qui est plus lié une certaine nostalgie émotionnelle, véhiculé par un imaginaire et une musique cinématographique collective. Et tout ça rend Volkor X extrêmement attachant et efficace.

Le son est excellent. Que ce soit les détails sonores dans les dialogues, les synthés, la guitare ou la basse, tout est peaufiné au maximum. Il y a vraiment un travail sur les arrangements, pour lié la trame du scénario à la musique, avec un choix à chaque instant réfléchi sur l'impact et l'utilisation de la musique et des atmosphères.

Volkor X est une découverte, une autre facette de la synthwave mais qui porte aussi des éléments purement metal dans son approche et son ADN, lié à une histoire complexe sur 3 albums et une approche SF qui permet de livrer une musique sublime. Si tu as aimé Ultra balance, tu trouveras un plaisir évident ici, en plus d'un concept fort. Ne passe pas à côté d'un monument du genre!

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