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The iconoclast

Herod

Pelagic records

6 juin 2023 à 14:09:38

Dématérialisé

2023

8 titres pour 50'38''

Une petite vidéo:

Herod est un quatuor suisse formé quelque part vers 2014, évoluant dans un groove metal atmosphérique et qui a à son actif deux productions avant cette année qui nous octroie la grâce d'un nouvel album.

Dès le titre ouvrant l'album ('the icon'), le ton est donné: Groove oui, c'est certain mais avec une lourdeur qui est poussée loin, très loin. Avec d'emblée cette atmosphère qui se pose, rapidement étrange dans son essence car contrastant sur plusieurs point, par rapport à la lourdeur. Comme la violence qui suinte. Car oui, c'est violent. Mais pas une violence basique, assénée pour ce qu'elle est. Non, ici il y a une volonté d'être violent de façon vicieuse car cette violence sert plutôt d'écrin à la musique que développe Herod. Herod pose une association à l'équilibre complexe, tenant plus de l'équation à 3 inconnues, bien chiante à résoudre, jouant avec la lourdeur, la violence et l'approche atmosphérique. Les 3 éléments posant quelque chose qui a des relents sombres. Et cela ne va pas vous laisser indifférents.
La teneur des atmosphères est très prenante, nous plongeant dans un délice torturé, où l'émotionnel n'est qu'un biais parmi d'autres, qui se recoupent avec la lourdeur qui suinte de chaque section de la musique de Herod. Musique à la complexité nette, que ce soit structurellement ou de façon technique. Et déploie ainsi un savant mélange de breaks à te séparer la tête du reste du corps, de riffs et rythmes syncopés, de dissonances, de quelques altérations bien vicelardes... avec ce côté poisseux qui se déploie par les atmosphères tendues et lourdes, avec quelques passages parfois plus énervés, accélérant un peu le tempo plutôt écrasant.
Et cela permet au groupe de déployer sa violence de manière variée et même d'y astreindre une approche dévoyée qui brille soudainement, au milieu du marasme qui s'offre à nos oreilles. Oui, j'utilise marasme car c'est le cas: un flot continu musical qui, au-delà de la lourdeur et des atmosphères, joue avec des trames changeantes, offrant un maelstrom de déstructuration qui s'amorce dès le premier titre. Cette destructuration / destruction est d'ailleurs un élément clé qui explique à la fois l'approche et la tournure que prend la musique du quatuor suisse. D'où les dissonances et autres altérations qui prennent pour le coup sens. Et donc c'est violent, prônant une destructuration. Ce serait simplement ça que ce serait facile. Hahahaha! Pauvres fous!!! Herod n'est pas que ça. Il y a aussi une autre facette qui se retrouve de partout.

Herod amène un aspect onirique. La musique, au-delà de la violence et de la lourdeur, glisse quelque chose de sublime, allant caresser la voute céleste. Si dans les premiers titres c'est diffus, un titre pousse néanmoins ce point à son paroxysme. 'The ode to...' ne vous laissera clairement pas indifférent. Ce titre laisse tout le savoir faire de Herod s'exprimer, jouant avec la lourdeur, les mélodies mais en y intégrant un côté un peu plus exotique dans leur approche, par l'apport de voix polyphoniques et se révèle, en plus d'être un titre à l'essence différente, un titre qui s'avère une pièce maitresse car jouant sur les différents biais exprimés jusqu'ici, avec en plus cette approche plus aérienne (et qui pourtant laisse toujours sourdre cette lourdeur incroyable). Les riffs eux-mêmes d'autres visages complémentaires de ceux que l'on a connu avant. Et ouvre une atmosphère jubilatoire, posée et pourtant qui prend aux tripes. C'est aussi un titre qui permet de se poser, de se recentrer et de comprendre ce que l'on a eut avant. Il nous indique clairement qu'il y a une progression dans l'album et que la notion de destruction / destructuration n'est pas quelque chose de définitif mais juste un passage transitoire. Ouais, les gars vont vraiment très loin. Et ce titre, accessoirement, vous procurera clairement du plaisir d'écoutes, du fait du jeu des structures, de l'approche et de ses voix polyphoniques qui rejoignent l'approche rythmique du groupe (ou que le groupe rejoint?).

Les titres suivant renouent avec la violence lourde, les complexités. Mais pourtant, au fur et à mesure, il y a quelques éléments qui changent, assumant cette idée de progression. Le côté onirique s'estompe un peu, pour quelque chose qui serait plus en face de la réalité crue mais avec une approche qui pose lentement, pièce par pièce au cours des titres qui défilent jusqu'à 'The Prophecy' qui conclut l'album: une émergence d'un nouveau monde. Et là, il faut voir des détails distillés dans l'album, de façon discrète ou de manière massive, par des sonorités, des voix particulières ou même les structures parfois étranges ou exotiques que le groupe exécute, qui mène à ce constat simple: ce n'est pas notre monde que l'on découvre mais un nouveau, totalement hors de nos repères temporels et physiques.
Car Herod glisse aussi des symboliques dans sa musique, que ce soit textuellement ('The girl with a ballon', 'The Obsolete', 'the Prophecy'), musicalement ou de façon plus subtile, dans des variations, des changements légers, des soubresauts mais aussi de par la violence et la lourdeur de la musique, de façon finalement plus détournée. Peut-être même quelque chose qui mettrait en place une nouvelle notion du sacré. Et tout cela nous emmène vers ce nouveau monde, en acceptant la destruction du notre, de l'ancien mais une destruction plutôt salutaire et qui explique pourquoi le côté sombre de la musique de Herod dégage quelque chose de plutôt positif, paradoxalement.

Le chant est singulier. Pas dans la forme, saturé mais plus dans son essence, poussant le chanteur a, semble-t-il, aller au-delà de ses limites et à passer des émotions dans son chant plutôt vers une fibre hardcore cultivant aussi la lourdeur et accompagnant notre plongée dans l'univers du groupe. Mais il offre aussi un chant clair qui arrive sur 'The prophecy', qui contraste vraiment et est surtout sublime (rejoignant l'idée de l'onirisme).
Le son est puissant, massif avec un léger grain singulier qui rejoint le concept du groupe et nous aide à plonger dans leur musique. La basse domine, en arrière plan, lancinante, jouant avec la batterie où les éléments les plus percutants sont mis en avant (pour ajouter de la lourdeur). Les guitares ne sont pas reléguées en arrière plan, loin de là, car leurs tonalités, un peu différente, joue sur la texture et la tonalité. Le chant est clairement audible (bon, faut avoir un meilleur niveau d'anglais que moi, si on a pas les textes...).

Herod est une découverte, que je fais par cet album 'The iconoclast'. Dès la première écoute, les premières secondes m'ont fait comprendre que j'allais prendre une mandale bien forte. L'album est complexe, à l'image de leur musique. J'ai enchainé les écoutes et il est clair que je récouterai toujours avec plaisir. C'est juste un album excellent et jubilatoire, qui mettra tout le monde d'accord, sans le moindre doute. Foncez!

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