

MARGOTH 5
PDF5
The curse
Snakeblade
Autoproduction
3 novembre 2021 à 14:55:19
Dématérialisé
2021
10 titres. Durée: 43'01''
Une petite vidéo:
Ce one man band canadien, mené par Mike Redston, prend ses origines lors du confinement. Amateur de fantasy et de Game of thrones, 'The curse' est le second effort de Mike, après 'The kingdom' en 2020. The Curse est un concept album autour de Game of Throne.
L'album s'ouvre sur une intro ayant une approche instrumentale assez proche du baroque et ayant un coté très sombre . Malgré le coté concis, celle-ci est assez puissante et immersive et ne présage rien de ce qui suit. Car dès les premières notes du second titre, 'Rotten souls', le ton est donné: ce sera du black. Point de mystère. Mais pas du black conventionnel. Ho que non, Mike a sa vision. Et celle-ci change un peu de ce qui se fait globalement.
On retrouve de la furie, des blasts à tout va, des structures typées black mais même si ces éléments sont une trame, ce qui est intéressant ici, c'est l'approche faite par Mike. Car en puisant dans la fantasy et Game of throne, il fait appel à des codes musicaux et instrumentaux différents, notamment l'usage d'instruments à cordes (comme entendu dans l'intro) mais aussi de claviers et de chœurs.. Et la rencontre des ses éléments ne se fait pas de façon aléatoire: c'est nettement bien pensé.
Que ce soit l'instrumentation ou les structures, on découvre différentes facettes jouant avec les codes du black mais aussi la manière d'amener des ambiances ou d'incorporer les cordes ou le clavier, ne servant pas de simple faire valoir aux passages purement black.
On est dans quelque chose d'abouti, de sophistiqué, sans le moindre doute. Le black marque évidemment de son empreinte l'album mais ce n'est qu'un des éléments qui lient l'ensemble. On se retrouve avec des passages très atmosphériques mais qui développe toujours ce qui marque l'ADN de l'intro: le coté baroque. Car Mike a intégré ce registre dans sa musique, offrant aussi bien du contraste que de la complémentarité, pouvant nous faire glisser d'une ambiance pas trop joyeuse à un emballement black typique.
Les guitares trouvent aussi ce coté dualité/complémentarité à travers les cordes qui interviennent, créant une trame dense et jouant sur la tessiture de chacun. A cela, s'ajoute les claviers qui émergent parfois, arrivant en support, permettant de varié le black proposé ou d'apporter une autre densité qui va lié aussi ce coté un peu baroque qui est distillé sur l'album. Beaucoup de sonorités viennent densifier l'ensemble, servant de catalyseur à des ambiances subtiles.
Mais Mike n'oublie pas la puissance que peut générer le black. On se retrouve avec des passages parfois très soutenus, à la limite de la rupture, mais restant sur le fil, refusant de tomber dans une forme de facilité. Et cela colle avec l'orchestration ayant souvent un coté magistrale, voire cinématographique, servant de contrepoint à la virulence que la musique peut développer.
Mike offre aussi des structures usant à la fois de dissonances et d'altérations (qui se retrouvent surtout dans les guitares), lui permettant de créer différents niveaux d'immersion. Et c'est bien vu, car cela lui permet de jouer aussi avec les rythmes et d'offrir un panel de jeu sur cet élément. Certains passages vont jouer vraiment sur ce point, créant des sous niveaux dans les morceaux.
Il crée des ambiances qui existent par elles-mêmes, sans avoir alors recourt aux codes liés au black (entre autre). Il y a une véritable imbrication dans la musique, oubliant les codes et jouant sur les similitudes ou les contrastes.
L'album développe, outre l'intro, deux instrumentaux, créant différentes parties que les fans de la série devraient capter avec les paroles (n'ayant pas vu une seule minute de cette série), et sûrement faire un lien avec les instrumentaux ou les différentes facettes musicales de l'album.
Mike développe un chant un peu atypique, ayant un timbre de voix particulier. restant dans une tonalité assez aigüe, il va parfois dans le guttural ou amène brièvement des incursions puisant surement dans les codes de la série, à l'image d'éléments de la musique.
Le son est intéressant, ayant une tonalité particulière, en lien avec le coté baroque qui est diffus dans l'ensemble. Lorsque les instruments moins usuels interviennent, il n'y a aucune noyade des uns par rapport aux autres, mais un véritable équilibre, que ce soit dans la force ou la dominance.
Je ne peux que conseiller de se pencher sur Snakeblade. Car ce que j'avais brièvement entendu m'avait bien intrigué. A l'écoute, il est clair que ça va vaut le détour et la découverte, surtout si vous êtes amateurs de musique riche et complexe.