

MARGOTH 5
PDF5
The chronophagist
Fall of Stasis
Autoproduction
12 mai 2022 à 14:42:15
Dématérialisé
2022
10 titres. Durée: 49'34''
Une petite vidéo:
Fall of Stasis est un groupe formé en 2014 à Montréal, au Canada. Après une démo en 2017, le groupe a sorti ce premier album. Et là, pour dire ce qu'ils font, peanut! On va faire simple: metal extrême progressif.
L'album s'ouvre sur un instrumental qui place une atmosphère un peu étrange, Ca part sur une ambiance fête foraine mais avec un arrière goût dérangeant (le clavier est très utilisé pour les ambiances et atmosphères de l'album et de fort belle manière). La mélodie domine pas mal sur l'album, servant de clé de voute aux titres, ce qui n'empêchent pas ces derniers de pouvoir dépoter sévère. On comprend vite qu'il y a du progressif à la pelle (au travers de titres pouvant être longs (plus de 6 minutes et brassant divers courants). Et l'album de m'évoquer aussi bien Amorphis, Insomnium ou Anata, suivant les aspects.
Le premier titre pur et dur, 'Fall of Stasis' place directement les ingrédients cités ensembles et brosse enfin la véritable essence du groupe. On retrouve clairement la mélodie en domination mais avec la sauvagerie d'un black death plutôt virulent (pondéré par la mélodie justement, servant de contrepoint et en même temps, de catalyseur). Le titre dessine les premières structures, qui varient fortement, plaçant l'auditeur au cœur d'un maelstrom de sensation, la musique s'appuyant aussi bien sur des émotions (variées) que les atmosphères, avec généralement une ritournelle bien vu (différente à chaque titre). Et chaque titre va puiser aussi dans des styles différents, pour densifier la base du groupe, offrant en même temps que de la variété un intérêt maintenu sur les autres titres. Ce titre là va plus appuyer sur une base épique, avec une grosse dose de death et cette ligne diffuse black death. Et du coup, chose que je fais peu, je vais faire du titre à titre parce que sinon, je risque de me perdre, ayant trop de choses en tête.
'Drunken Howl' part sur une base pirate metal. On retrouve la mélodie (aussi bien par le clavier que sur des riffs de guitares bien caractéristique), mais avec un coté folk qui traine discrètement. L'arrivé de l'aspect death ne laisse pas de répit et on a un titre qui offre une construction de rythmiques plus particulier, offrant un jeu de variation plutôt efficace. Le titre oscille entre fulgurances et moments nettement plus posés voir proche d'une ballade, mais toujours avec cette idée de pirate metal teinté death (que le chant suit par ailleurs). Le titre est plus concis, moins agressif, posant vraiment des atmosphères liant le titre à son essence. Avec celui-ci, le groupe commence à ouvrir des possibilités à nos oreilles.
Possibilités qui deviennent folles avec 'Baal Arise', un titre intense, très court (2 minutes), poussant l'ambiance black à son paroxysme mais avec un angle plutôt brutal death. Le titre est très direct mais la mélodie est là encore présente, mais d'une façon différente, lors du refrain (qui va se graver dans ta tête), s'appuyant sur le chant secondaire que le chant principal vient en contraste. C'est très intense et en même temps bien malin.
'The cult' fait le lien en offrant la suite. Là aussi, c'est assez concis (2'54''), sur une base brutal death. Le titre ne fait pass vraiment dans la finesse. Un petit passage pondéré par la mélodie (qui est incrustée aussi par le clavier avec une ritournelle en fond de bout en bout), offrant par ce léger contraste une virulence plus expéditive, avec sur le début le choix de riffs syncopés dérangeant (et collant au titre). Le chant principal offre un visage plus théâtrale dans son approche à un moment, créant une dimension un peu étrange mais là aussi raccord avec le titre.
'Twilight carnival' reprend l'idée de l'instrumental qui ouvre l'album, avec le clavier mais surtout les guitares qui reprennent cet aspect. Il y a deux approches différentes de guitares: une sèche, plutôt mélodique et l'autre, très brutale, les deux se mélangeant dans des fulgurances sans concessions, à la limite d'un grind sans fioriture (appuyé par le chant qui suit l'idée), retournant sur un death oscillant entre brutalité et quelque chose de plus progressif. Ce titre est celui qui m'a fait percuté à l'évocation d'Anata. On retrouve un esprit qui s'en rapproche. Le titre offre aussi un visage mélodique dans certains passages (liés cette fois aux chants, avec une voix claire masculine qui fait mouche). Le titre est assez complexe dans sa structure, jouant sur la thématique de la foire / circus, qui se confronte à un death black qui va jusque dans des effleurements très bref plutôt grind. C'est osé mais ça fonctionne, avec une fin abrupte toute logique dans le déroulement.
'Baron', le titre suivant, renoue avec ce coté black death appuyé par des riffs épiques et ces mélodies, qui sont centrales là encore. Ce que je n'ai pas encore évoqué, c'est la place du clavier, qui marque tous les titres, mais en multipliant ses utilisations (pièce centrale d'un titre, atmosphère, appuie d'un riff ou encore servant à générer un deuxième niveau d'écoute...). Le titre est certes rapide mais c'est aussi celui qui est sans doute le plus varié, appuyant ce point par une variation de styles et aussi de l'approche du chant secondaire. Etonnamment, ce titre est un peu plus difficile à appréhender, n'étant pas le plus complexe mais peut-être parce qu'il est celui qui est le plus dense au niveau des références musicales, nous noyant un peu, après des titres plus intenses, à la grille de lecture clairement différentes. Mais il sert aussi d'ouverture vers le titre suivant.
Qui se nomme 'The last Waltz'. Ce titre démarre avec une approche très mélancolique, tout en finesse, abordant un coté black thrash mélodique, assez finement. Le titre reprend cette fois des codes de la power ballad, que ce soit dans les structures ou le chant, qui offre là encore une modulation. On retrouve le clavier tout au long du titre mais de façon subtile, en arrière plan, gardant ce coté mélancolique. Le titre suit cette trame, sans jamais être vraiment plus vindicatif, la violence venant par un autre biais, nettement plus subtile (dans la mélodie et cette mélancolie qui en découle). Il y a une approche plus contenu dans le titre, sans non plus renier les bases ou ce que les autres titres ont proposé.
'Swarm of Casualties' s'ouvre sur un clavier qui glisse rapidement vers du death mélo assez vigoureux (et toujours cette essence black qui traine discrètement), alternant des passages plus soutenus avec des rythmiques pouvant être martiales. Le titre ne fait pas dans la dentelle et une atmosphère se crée (la fameuse mélodie), donnant vie au titre. Le clavier est présent, amenant différents points d'accroches et appuyant les riffs du titre. Si l'aspect mélodique est bien présent, le titre n'en est pas moins un uppercut de death, prenant le temps de brouiller un peu les pistes, au long de ses 6'40'', amenant à un moment un riff qui rappelle un peu 'Drunken howl', mâtiné d'une approche un peu punk. Le titre surprend, dans le bon sens.
'The chronophagist' ferme l'album et sert à boucler la boucle, son intro reprenant le titre instrumental du début 'Wilted forests'. Le titre est résolument puissant, jouant sur l'aspect brutal et intense. Les tempos et les rythmiques, ainsi que les constructions, appuyés par le clavier amène ce concept de temps de façon plus concrète. Ce titre est très vicieux, avec son riff mélodique qui se grave dans la tête (le groupe ayant exploité le riff dans le concept et par l'usage d'une gamme élargie). Il y a la rencontre des voix claires et saturés, les claires allant jusqu'à titiller quelque chose de plus lyrique. C'est aussi ce titre où on retrouve du black assumé, car offrant une cohérence avec l'approche et le concept du titre. Et cela engendre des putain de fulgurances qui viennent côtoyer quelque chose de plus subtile, servant de catharsis pour l'aspect black. Aspect qui revient sur une mélancolie qui nous renvoie au titre 'the last Waltz'. Et ce titre (qui dure presque 7 minutes) fait percuter que les autres titres ne sont en fait qu'un prélude à celui-ci et que l'élément du temps, très diffus dans l'album, est en fait surement un élément essentiel de la trame, au-delà des mélodies.
Les chants se partagent entre Jessica (la voix principal, oscillant entre death, black et les incursions claires jusque à effleurer le lyrisme) et Gabriel, la voix secondaire. Les deux se complètent et peuvent offrir des contrastes, amplifiant l'impact de la musique des titres. Un gros travail est fait sur les chants, qui vont aussi participer à la trame de l'album. Le placement des chants est aussi intéressant dans leur approche car parfois à contrepied de nos habitudes d'écoutes. Mais l'usage des chants est aussi parfois plus décalés, amenant là aussi une accroche à l'intérêt. Jessica envoie du très lourd, oscillant entre le death et le black certes mais aussi avec une approche plus proche du grind parfois. Je n'avais clairement pas capté que c'était une dame au chant. Grosse claque.
Le son est juste excellent. Puissant, très propre, chaque instrument est bien présent, du clavier aux guitares. La basse n'est pas en retrait, bien au contraire. Elle est vraiment l'associée de la batterie et le groupe en joue d'ailleurs parfois (vous entendrez ça). Les vocaux ne sont pas noyés dans la masse et le mix a pris soin que tout soit au bon niveau. Très agréable, surtout qu'il y a beaucoup de détails.
Je ne voyais pas comment expliquer cet album très dense, brassant beaucoup de styles, sur cette base black death progressive (oui, ça simplifie énormément). Beaucoup de choses et la seule solution et cette découpe par titre. Je ne puis que vous inviter à découvrir cet album et ce groupe, qui vous offriront d'excellents moments!