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Tenebrisme

Tenebrisme

Autoproduction

25 août 2021 à 13:50:25

CD digifile DYI

2020

5 titres. Durée: 46'34''

Une petite vidéo:

"Le ténébrisme est un style de peinture d'art où la lumière directe, sans diffusion, produit des effets de lumière contrastés avec les zones non éclairées qui dominent et servent de fond. Ainsi, les volumes se détachent en pleine lumière sur les ténèbres qui les environnent. Le terme est habituellement appliqué aux artistes à partir du 17e siècle, bien que le Tintoret, Jacopo Bassano et El Greco soient considérés comme ténébristes alors qu'ils pratiquent en général le clair-obscur. Mais certaines de leurs peintures correspondent à la pratique du ténébrisme." Gardez ça en tête 2 minutes.

Tenebrisme est un one man band de black atmosphérique instrumental vendéen. Le gars fait tout tout seul (le digifile est fait main, de façon sobre et épuré mais très soigné) et nous livre donc une vision du black atmosphérique. Les 5 titres constituants l'album jouent sur une durée progressivement plus longue, nous plongeant rapidement dans son univers et une forme de black où certains d'entre vous mettront facilement des références. Mais le plus important n'est pas là.

Car le black que nous dépeint Kaëlig va assez loin dans l'aspect atmosphérique, le premier titre 'Te' servant en fait d'introduction à une œuvre dense, avec des moments épiques, à travers un rythme imposé globalement lent (mais pas lourd ici), ciblant plus le ressenti émotionnel. Et c'est là que vous mettez en face la définition du ténébrisme. Car il est indéniable qu'il y a un parallèle entre les deux, la musique rappelant l'univers graphique du style ou du moins cherchant à offrir par des contrastes une mise en valeur du coté atmosphérique.
Les titres prennent de l'ampleur rapidement, offrant des passages oscillant entre onirisme ambiances éthérées, développant de longues plages d'une forme de sérénité et flirtant même avec des évocations d'une mémoire collective. On est sur une musique assez contemplative, que je rapprocherais de ce que font des groupes actuels comme Ulver. Car même si on a une base black, ça va beaucoup plus loin. C'est même assez ambitieux, avec trames musicales qui font une sorte de narration sonore, rencontrant des fulgurances qui rappellent soudainement que l'on est en train d'écouter un album de black. Mais qui offre une finesse et une subtilité très pointue où l'émotionnel (et une certaine mélancolie) sont au centre de l'œuvre.
On a ainsi des titres prenant le temps de se développer, d'évoluer, avec cette idée des contrastes par une mise en valeurs de ceux-ci, que l'on rencontre aussi bien dans les phases offrant un contraste de brutalité / finesse que dans la forme et le fond. Cela permet d'amener des ambiances très particulières, au travers des structures mais aussi de sonorités ou d'apports subtiles d'instruments renforçant le coté atmosphérique, nous emmenant plus loin dans cet univers un peu à part mais non dénué d'une aura accrocheuse.
Malgré la durée des titres, il est impossible d'oublier que l'on est en présence de black, celui-ci sachant revenir à nous soit par une transition avec un travail sur l'enchainement et des des structures parfois alambiqués soit de façon nettement plus violente, avec un changement brutal, passant de la douceur à une virulence assez puissante. Car ici le black peut s'avérer vraiment puissant, que ce soit en terme de violence ou de par sa nature opposé à ce qui précède, s'avérant assez féroce et ce, malgré l'absence de chant. Et là...
Rare sont les groupes ou projets instrumentaux qui m'embarquent. Je trouve souvent que l'absence de chant crée un vide. Mais avec Tenebrisme, à l'instar de Dragunov et de 1 ou deux autres, ce n'est pas le cas. On occulte totalement l'absence du chant, la musique et la construction des titres suppléant parfaitement celle-ci. Il est même possible qu'un chant serait de trop.
Et avec tout ça, avec les différents titres s'écoulant (Te, Ne Bri, Sme), le dernier titre s'ouvre sur 'Koyaanisqatsi - Prophecies', une reprise de Philip Glass d'une musique d'un documentaire de 1983, qui nous ouvre alors un des autres aspects de la musique renfermé dans Tenebrisme, faisant le lien entre différents spectres musicaux, transcendant les genres et surtout, montrant que Kaëlig possède une culture intéressante. L'aspect atmosphérique et le black se marie complètement dans ce titre se révélant particulier par ses répétitions et ses variations dans les répétitions.
Le son n'est pas mal du tout, même si je trouve que la batterie, du moins au début, est un peu en retrait. Mais au fur et à mesure du défilement, cela semble être cohérent avec l'esprit de tenebrisme (et le lien au courant artistique) et on en fait abstraction car lors des différentes phases, cet élément semble être aussi une clé de l'œuvre.

C'est une belle découverte pour moi que Tenebrisme. Une vision très personnelle mais très accrocheuse de black, qui emmène dans un voyage fort agréable et contrasté, au long des plus de 40 minutes, offrant un moment qui nous éloigne de la réalité. A découvrir!
Je vous met le lien pour l'album sur bandcamp: https://tenebrisme.bandcamp.com/releases
Du coup pas de vidéo mais un extrait à la suite.

© Margoth PDF

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