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Tenebrae fabulae

Le coven du Carroir

France black death grind

17 octobre 2024 à 16:04:27

CD Digipack

2024

7 titres pour 41'42''

Une petite vidéo:

Le Coven du carroir est un trio actif depuis au moins 2023 de black metal, s'appuyant sur les légendes, mythes du centre de la France et de la sorcellerie. Le nom du groupe étant une référence à une réunion de sorcières à un carrefour. Ceci est leur première offrande.

Le trio nous plonge rapidement dans un black assez classique dans la forme mais s'appuyant sur une ambiance bien particulière qui s'exhale dès le premier titre, en jouant sur les sonorités, les riffs et la musicalité particulière que le groupe développe. Leur black a une dominante mélodique mais celle-ci est contrebalancée par une ambiance malsaine et une certaine virulence qui se dévoile dans différents aspects, sans non plus en faire trop.
Plus concrètement, le groupe adopte un tempo assez soutenu, du moins suffisamment pour marquer son appartenance à la mouvance black, sans que le doute soit permis. Cela lui permet ainsi, habilement, de jouer sur les tempos, qui oscille avec quelques passages plus soutenus ou au contraire, moins intense. Mais surtout de jouer une carte complémentaire par un contraste, entre les riffs , pouvant être très rapide et la batterie plus lente (ou juste l'inverse. Ils sont fous!). Ce qui est intéressant, c'est que la musique et les structures vont se focaliser sur le thème du titre, offrant une variété au sein de leur black (le QR code permet de savoir les thèmes évoqués, avec un explicatif culturel). Et cela ajoute à l'ambiance que le groupe génère, assez malsaine et pourtant intrinsèquement humaine.
L'album suit une trame qui va amener aussi un contexte historique plutôt ancré dans un écrin du rejet religieux, lié au contexte historique. Et pour marquer ça, le trio n'hésite pas à amener des titres très différents dans la forme, toujours empreint de black, mais avec une approche très variée qui, pourtant, renvoie au base du style et de l'album (en ancrant son concept qu'il porte).

Nous ne sommes pas dans un black brutal ou vindicatif. Le propos n'est clairement pas là, ni l'intérêt. On est plus sur un partage d'histoires faisant l'histoire, axé sur la sorcellerie entre autre. C'est ça qui fait le cœur de la musique, s'appuyant sur quelques ambiances s'appuyant sur des atmosphères extérieures (bruits nocturnes, nature..) et faisant aussi appelle à un clavier (jouant parfois un rôle d'orgue), ajoutant à travers les mélodies des riffs des nappes de claviers qui immergent plus loin l'auditeur.
Et cela permet au trio d'offrir des moments pouvant sortir du temps (c'est intéressant pour un concept s'appuyant sur l'histoire), pour mieux nous figer dans un espace temporel particulier, que la musique va suivre par ailleurs (dans la construction, des tempos ou jouer avec une modularité du temps musical). C'est un aspect qui se dévoile lentement, se laissant découvrir au mesure des besoins.
Et le choix des tempos devient alors pertinents, nous offrant le pourquoi de leur présence et du moment. Et comme le groupe joue dur des contrastes entre les riffs et le tempo, on peut se retrouver avec une approche d'un black nous saturant l'espace, ne nous laissant pas d'autres alternatives que de suivre la marche et le chemin que l'album prend.
Certes, on est pas du black violent mais pourtant, il y a une forme de violence délétère qui existe au sein de l'album, révélant des circonvolutions surprenantes mais posées avec une cohérence redoutable (la sacrosainte cohérence). La violence va plus venir de l'ambiance ou du chant qui peut s'associer à quelque chose obliquant vers une ambiance parfois gothique black, du plus bel effet. Les atmosphères sont un éléments clé, avec la temporalité.
Et ainsi se glisse subrepticement un élément plus surprenant que le clavier, certains passages ou structures ou même l'association du chant avec le reste génère: il y a une dimension parfois plus théâtrale au sein de l'album . Et le groupe en joue, en allant exploser les repères avec le coté électro (très malsain) de 'Bean nigghe', qui pousse le groupe à aller au summum de son art et de sa vision, nous embarquant dans ce qui semble une forme de folie fortement aliénante.

Le chant est typé black, forcément, mais avec une grande variété dans les vocaux, recélant différents aspects qui se conjuguent avec les titres et les atmosphères en découlant. On a un chant à l'opposé d'un chant linéaire, explorant les différentes facettes exposées. C'est assez inattendu et c'est d'autant plus réussi que l'on ne s'attend pas à cette approche.
Le son est excellent là aussi. Les instruments s'entendent sans le moindre souci, incluant les effets de clavier (nappe, violon...) ou les aspects plus exotiques. Il y a un aspect délicat, entre un côté un peu sale, légèrement feutré et un grain volontaire, qui associe la musique et cette notion de temporalité et d'histoire que j'ai évoqué. Cela ajoute aussi à l'atmosphère particulière que l'album développe. Bien vu.

Le Coven du Carroir offre un premier album d'un black classique pour moi mais avec une identité forte et portant un concept réfléchi, dans son essence et sa forme, fleurant une exhalation malsaine du meilleur effet . Il y a potentiel ici un album qui pourrait devenir un classique du genre dans le futur. A découvrir et encourager.

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