Imparfait est un groupe quatuor français définissant ce qu'il fait comme musique hybride et chelouteries (ce qui n'est pas faux) et que l'on va définir comme une sorte de rock alternatif tapant dans le metal et l'electro. Porteur de 2 Ep, voici donc leur premier album.
D'entrée de jeu, c'est clairement une bizarrerie, qui s'ouvre avec 'Incantation', titre qui est un paradoxe: il ne nous prépare pas vraiment à ce qui va suivre mais en même temps... c'est dans la lignée de ce qui va suivre. Et ce groupe va m'obliger a changer un peu mes habitudes pour les chroniques, ayant quelques particularités qui ne peuvent être prise séparément.
La musique va nous balader dans différents secteurs qui se recoupent, pas de façon anarchique mas avec des transitions, usant des codes musicaux des genres qui peuvent aussi déborder ailleurs. L'un des éléments qui m'ont fait tiquer (du moins aux premières écoutes) sont les parties qui sonnet très hip hop, où Prisca (la dame au chant) balance un flow hip hop, que la musique suit avec les codes inhérents au style. Mais le groupe ne se borne pas à quelque chose d'aussi frivole. Car il y a aussi pas mal d'éléments venant de l'electro, qui se distille dans l'ensemble, avec la volonté de casser les codes et d'offrir une autre vision de la musique. Il y a une forte dominante du rock aussi, qui impose ses codes, que le groupe s'approprie aussi sans problème. Et cela se retrouve dans les titres, des creusets où Prisca s'exprime et livre son message. Le groupe parle de chelouterie, c'est peut-être dans la musique, qui peut passer par quelque chose de plus rituel ou incantatoire au niveau d'une rythmique ou d'un riff. Le groupe tisse ainsi une étrange trame où des atmosphères se créent. Prisca pose sa voix, à travers différents chants, respectant les gimmicks des styles que le groupe va explorer. Et si le coté hip hop m'a un peu pris au dépourvu, l'apparition du metal n'en est que plus puissante.
Car oui, avec tout ce qui précède, le groupe impose des passages où un metal plutôt massif qui se lève soudainement et l'on comprend vite que celui-ci est globalement bien présent mais plus diffus parfois, se confrontant avec les autres styles (honnêtement, les transitions entre le metal et l'aspect hip hop sont foutrement efficace, le groupe ayant trouver le moyen de concilier les deux). Ici le metal est un exutoire, posant des rythmiques lourdes ou offrant des passages où une certaine sauvagerie rôde. Le chant est alors plus agressif, voire primal, offrant entre les paroles et les autres éléments musicaux une trame qui, au-delà de sa densité, offre différents niveaux de lecture.
Le groupe nous emmène ainsi dans un univers musical atypique, où les rouages, bien que très différents et pouvant être diamétralement opposés, trouvent en fait des points de fusion, permettant d'offrir des choses très intéressantes et alternés des moments plus proches d'une forme de poésie à ceux qui sont un lâcher prise intelligent, le tout tournant autour de la voix de Prisca, offrant un chant en français pour être compris et de rencontrer le lingala (langue bantoue parlée en République démocratique du Congo et en République du Congo, mais aussi à moindre mesure en Angola, en République Centrafricaine et Soudan du Sud - instant culturel), servant plus de moment d'évasion, amenant en même temps une rencontre de cultures. Car le chant est l'élément central chez Imparfait et non un simple support d'informations, la musique semblant se structurer autour de la voix. Et tout ça, tout depuis le début, est imbriquer en un ensemble offrant des variations, des destructurations et une continuité de logique.
Tiens, comme je parle de structures, le groupe offre des structures parfois étranges mais qui collent complètement à son esprit et ce qu'il nous délivre sur l'album, offrant une cohérence aussi bien dans la bizarrerie (ne serait-ce que les 3 transitions ponctuant l'album) que dans une approche appliquée de sa musique et de nous guider dans son univers.
Le groupe offre différents visages, qui s'avèrent efficaces et très attractif (même malgré le coté hip hop, car putain, les transitions sont excellentes), toujours porté par la voix de Prisca, à travers des chants partant un peu partout mais toujours avec une grand justesse. C'est à la fois très étrange et en même temps, si familier, sans être répétitif ou ennuyeux (si quelqu'un y trouve de l'ennui, faut m'expliquer...).
Le son est excellent, le groupe prenant soin aussi sur cet aspect. La basse est très présente (bien profonde parfois), se trouvant être aussi un point clé qui revient souvent, servant a lié les différents styles. Et ce qui est intéressant aussi concernant les styles, c'est l'adaptation du groupe adopté par le son et le mixe, trouvant écho dans les styles sans juré avec le reste, offrant un mélange équilibré ne tombant dans aucun excès.
Imparfait est le genre de groupe improbable, à coté duquel je passerai bêtement si je n'avais pas reçu ce disque, très riche et offrant une expérience extrêmement sympathique. Si vous êtes un poil curieux, offrez-vous le voyage qui vaut le coup!