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Tears of creation

Nosferâ

Music records

8 octobre 2024 à 15:01:29

Dématérialisé

2024

13 titres pour 53'26''

Une petite vidéo:

Nosferâ est un groupe formé en 2020 à la Réunion, autour de Aker et Guul. Ca se passe bien, ça recrute / trouve le reste des membres et bam, chaud patate, ils sortent un album produit par Aker et Guul (alors j'ai un poil simplifié).

Le groupe, sous forme d'un quatuor, œuvre dans un style ancré dans le thrash, plutôt à l'ancienne, auquel il ajoute des éléments black death. Le premier titre, 'Approaching the end of times', servant d'introduction, pose d'ailleurs une ambiance vraiment black, qui se renforce avec le second titre 'New sun', notamment avec un système de riffs et de structures sur lequel je reviendrais plus loin. Le groupe marque vraiment son ancrage dans un thrash qui nous renvoie joyeusement à une période glorieuse, vers la moitié des années 90, avec des compilations comme 'Taking in the thrash'. Et si j'évoque celle-ci en particulier, c'est que Nosferâ renvoie à cette vision du thrash que certains groupes avaient alors, que ce soit dans les structures ou le chant, ainsi qu'une manière d'amener la chose.
Alors oui, Nosferâ amène une certaine nostalgie dans divers passages, sentant bon le vieux thrash mais sait aussi poser des choses plus actuelles, de manière plus directe ou avec une subtilité glisser entre deux riffs de parpaings (oui, parce qu'il y a aussi un côté bourrin).

Le groupe offre une volonté de nous immerger dans sa musique et même son univers (le groupe semble avoir un côté conceptuel sur lequel je reviendrai brièvement), jouant justement sur ce que leur thrash leur offre en possibilité. Non seulement joue et assume un thrash à l'ancienne mais il ajoute aussi des éléments black death au sein des structures, en jouant aussi bien sur les tonalités que les structures ou la nature des riffs.
Et, au-delà de la diversification, ça nous implique encore plus au sein de leur musique, avec une efficacité redoutable car ce black death ajouté leur permet de jouer sur la modulation et la modularité des titres, tout en leur offrant un terrain de jeu avec les codes des styles que le quatuor explore de manière astucieuse. Et c'est très plaisant de glisser de ce thrash particulier à quelque chose de plus sombre ou malsain, soit par une transition de quelques mesures, soit par le changement de thème ou de la nature des riffs, qui oblique alors la musique vers un autre visage.
Le black va se signaler par certains riffs, des sonorités typiques ou encore une approche jouant sur les patterns de la batterie. Et en même temps de glisser quelque chose venant du death, de manière plus discrète mais bien présente et fluide. Le tout en gardant toujours cet ancrage dans le thrash. C'est dans l'ADN du groupe, ça coule dans leur veine.

Les titres sont variés, sans le moindre doute, jouant avec les ambiances, les structures, en faisant découler divers aspects qui font pourtant le lien avec le reste. Et pour ça, le groupe semble avoir mis sur pied un système assez complexe jouant sur les structures, les riffs et les tonalités. Cela ouvre des particularités intéressantes, notamment dans la manière de gérer les structures ou de glisser une sorte de hiérarchisations qu'eux seuls semble maitriser. Cela ouvre des passages pouvant être alambiqués, avec des tempos différents, passant aussi bien d'un mid-tempo plutôt martial à quelque chose où le black imprime sa marque ou au contraire, en induisant une sorte de lourdeur particulière. Et là-dessus, le jeu et les patterns de la batterie sont particulièrement marquant, Guul semblant être vraiment axé sur une nécessité jouant sur la complexité et d'offrir pourtant quelque chose d'accessible.
Au-delà des structures et des mécaniques qui reviennent ici et là dans l'album, constituant une sorte de fil d'Ariane, il y a une vision qui fait que l'aspect black death va parfois être plus torturé, dans les riffs ou les structures de batteries, nous offrant une variation de thèmes au niveau des structures rythmiques, pouvant offrir aussi bien des complémentarités que des contrastes saisissant, dans un décalage parfois temporel, voire même volontairement semblant jouant sur l'altération des temps (au niveau rythmique. Le groupe me corrigera peut-être).
Si les titres proposent une base cohérente et logique, c'est dans leur entrailles que le groupe va explorer les diverses facettes et nous amener parfois aux confins des genres, avec une approche mélodique, qui fait son putain d'effet (il y a pas mal de riffs vraiment chiadés). Ca participe à la fois à notre immersion, à l'évocation de cette époque révolue et en même temps en appuyant ce qui semble être un concept.

Le nom du groupe, Nosferâ, semble faire appelle à une notion qui se réfère à la fois à quelque chose tenant de la philosophie mais surtout à une théorie qui, je synthétise à mort, avec des erreurs surement, la noosphère est la troisième d'une succession de phases de développement de la Terre, après la géosphère (matière inanimée) et la biosphère (la vie biologique). Ca rejoint des éléments philosophique car la noosphère rejoint la conscience humaine et les aspects sociétaux, avec ce que cela implique mais aussi dans une symbolique marquée dans la notion de fin du monde (avec divers points de convergences et de vues, dans différents domaines). Il y a clairement quelque chose derrière et les plus à l'aise avec l'anglais comprendront bien plus vite qu'un galérien comme moi.

Le chant est très plaisant, avec un titre singulier agressif et surtout une manière de chanter qui me renvoie vers certains groupes (de mémoire, ça m'oriente vers Realm), avec ce chant caractéristique. Cela ne l'empêche pas d'amener de la modulation dans son chant, avec un peu de variation, très légère. Mais l'essentiel est cet ancrage dans la période, avec ce chant très singulier, qui fait clairement le taf.
Le son est juste excellent. On a un son qui s'appuie à la fois sur une approche moderne mais aussi qui renvoie au thrash à l'ancienne, notamment avec des codes venant du black death, qui apporte une richesse supplémentaire. Les guitares jouent sur les différents aspects où navigue le groupe, s'appuyant sur la section rythmique et la notion de mélodie qui existe clairement. Je trouve la basse un peu trop en retrait (mais ça c'est mon truc la basse), pour chipoter. Le chant est à l'équilibre avec le tout, audible, compréhensible. Il y a un travail avec les arrangements qui ajoute cette ambiance particulière. Surtout que ce sont le guitariste et le batteur qui sont derrière la production. Respect.

Nosferâ livre un premier album qu'il te faut découvrir absolument, notamment si tu es fan de thrash. L'écoute vaut le détour, sans le moindre doute (et l'achat aussi). A suivre!

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