

MARGOTH 5
PDF5
Swallowed by My Own Sins
Alzema
Arsenic Solaris
21 mai 2025 à 15:25:47
Dématérialisé
2025
6 titres pour 23'19''
Une petite vidéo:
Azelma est un quatuor niçois formé en 2023 qui a sorti son premier Ep qui nous concerne ici en octobre 2024. Le combo choisissant une voie difficile, celle du death technique progressif.
Alors, ne fuis pas de suite. Ici, le côté progressif ne vient pas de titres à rallonge mais bien des structures et sous-structures, jeux de rythmiques et autres qui constituent l'ossature de leur musique. Rien de pédant, juste un groupe alliant la technicité à la modularité et l'exploration qu'ouvre l'aspect progressif, le tout au service de sa musique (et de sa vision un peu particulière).
6 titres pour 23 minutes ne laisse pas le temps à l'ennui et dès les premières notes de 'The greatest moment of your life', tu sais que ça va poutrer. Car leur death est technique et complexe n'oublie pas d'être violent, flirtant avec le brutal death par instant, tout en sachant être des petits vicieux. L'album recélant de passages croustillant, offrant parfois des breaks redoutables d'efficacité (et pour les cervicales).
Leur death oscille entre un death assez moderne et ses relents plus brutaux, proposant entre les deux une gamme assez étayée d'une modularité au sein des différents courants du death, incrustés dans leur musique. Et leur offrant le loisir d'en imposer mais aussi de bien nous calmer, jouant avec un jeu de rythmiques intéressant et parfois surprenant, jouant avec des patterns de batteries parfois plus exotiques au regard du genre. Et c'est l'un des premiers côté impactant de leur musique, cette rythmique pouvant offrir aussi bien de la lourdeur (que ce soit avec des relents beatdown ou plus avec une approche jouant sur l'atmosphère) que la vélocité, le tout en naviguant entre les deux possibles avec une facilité et une fluidité certaine.
Mais le groupe ne s'arrête pas à cette simplicité déconcertante et va offrir des structures rythmiques très riches où la complexité se dispute avec la technique, offrant une richesse dans le jeu rythmique. Il va ainsi arriver des moments où le groupe va intégrer des éléments plus disruptifs, comme de la dissonance ou, plus vicelard (vraiment plus vicelard) comme l'altération des temps ou amener des contretemps et l'associant régulièrement au contexte musical pur avec les riffs, sur lesquels il y a quelques mots à dire.
La rythmique et l'ossature des titres est à la fois caractéristique du death mais va aussi parfois vers d'autres choses, plus floues, jouant sur la notion de brouiller les pistes, tout en gardant la cohérence dans l'approche assez brute du groupe (et de marquer son appartenance au death).
Le quatuor va ainsi parfois nous emmener dans des sphères célestes et élitistes par leur approche, nous balançant comme ça, tranquillement, un moment pouvant être suspendu (dans le contexte du death, faut pas déconner non plus) ou complètement éclaté, dans le sens strict de la déstructuration, en cohérence avec le contexte global et notamment cette approche progressive (et qui rejoint le jeu des éléments disruptifs parsemant le Ep). Et qui lie le tout à l'aspect purement musical, reposant sur les riffs.
L'aspect musical concret, celui des riffs, offre deux visages qui se confrontent et se chevauchent, jouant sur cette idée d'altération et l'association complémentarité / opposition. On la retrouve au sein des rythmiques et elle imprime aussi les riffs. Les guitares offrent deux niveaux d 'écoutes, avec une qui sera plus orientée parfois vers un aspect mélodique, contrastant avec la rythmique et l'autre face des guitares, nettement plus sombre et agressive. Cela apporte une certaine densité à la musique, rappelant en même temps le côté progressif (qui se mêle parfois à la technicité pure et et dure).
Et cela permet au groupe de glisser dans les titres des atmosphères puissantes et prenantes, souvent sombres, glissant des éléments qui viennent ponctuer l'écoute mais aussi le cheminement du disque. Il y a une sorte de fil rouge par les riffs, rappelant le death et ses différentes facettes. Et le groupe joue avec ça car, petit aspect lui aussi vicelard, des moments flirtent avec quelques choses, de manière très ponctuelle, avec du black, offrant une efficacité démentielle.
Les guitares jouent donc sur deux niveaux de jeux mais aussi de tonalités et de tessitures. Cohérent avec la musique. Mais le groupe trouve que c'est bien mais que l'on peut faire mieux. Et c'est là que ça devient un peu plus fou: la basse s'offre parfois des moments où elle sort de son rôle rythmique pour offrir un jeu rejoignant les guitares, apportant une facette plus grasse, brute et malsaine. Le groupe n'en abuse pas et du coup, cela apporte un impacte très puissant et tissant une sous trame qui se dévoile avec les jeux des guitares (incluant la basse). Et cela, c'est sans compter les moments de bravoure ou l'on peut aussi se foutre sur la gueule (si on est au moins deux) ou se jeter contre un mur / canapé / baie vitrée / dans une piscine (pour les plus fortunés).
Le groupe va ainsi tisser une musique à plusieurs niveaux d'écoutes, où les détails sont multiples, du fait, entre autre, des différentes facettes death qui coexistent au sein de leur musique. Le tout en offrant quelque chose de technique, massif, complexe mais étonnamment digeste et surtout, foutrement jouissif.
Le chant est un chant death, qui joue sur différentes approches, aussi bien gutturale que plus classique dans le genre. Le chanteur intègre aussi des éléments de chants clairs et oscille, sur certains titres, entre anglais et français, apportant l'idée que les textes sont profonds (n'ayant pas les paroles). La diversité des chants rejoint aussi l'aspect progressif, jouant ici et là avec un chant altéré par des effets, servant à appuyer des atmosphères particulières avec le chant en support. C'est assez singulier pour le signaler, d'autant que c'est là aussi efficace.
Le son est excellent. Puissant, massif, très propre, jouant avec les sonorités des instruments et les tonalités liées aux différents aspects coexistant au sein de la musique. Les guitares, avec les jeux différents, sont clairement dissociables, ajoutant à l'idée de différentes strates et ouverture d'écoutes. Un gros travaille existe sur ce point, offrant un contraste entre une finesse lié à la mélodie, aussi délicat qu'une bise et celui brut très lié au death, assimilable à un troupeau d'éléphants sous acides qui te fonce dessus. La batterie offre un son très riche, avec beaucoup de détails, du fait des patterns complexes et du jeu parfois alambiqué. La basse est clairement audible, avec une modularité quand elle passe au rôle d'une autre guitare, plus grasse. Le chant est à l'équilibre sur tout l'album, avec un appuie sur les tonalités typiquement death.
Azelma offre un premier Ep qui est une vraie bombe de death. Efficace et dévastateur, leur approche est vraiment jouissive et l'album rejoindra clairement ma collection, pour des écoutes sur la chaine. Fan de death, ne rate pas ce premier Ep qui laisse auguré du très bon!