Salò (le peuple aura ta peau!! Ou pas en fait…) est un groupe originaire de Cherbourg constitué de 4 gaillards plein de fougue et de colère, qui nous offre leur premier Ep nommé avec tendresse ‘sortez vos morts’. Bon, là, déjà, tu te doutes qu’il y a un truc, avec un nom comme ça et un tel titre.
Tu lances donc la lecture et une intro, ‘La morale c’est ça…’, constitué d’un extrait de film, avec un court dialogue plus proche du monologue, qui laisse comprendre que ça va chier sévère au-delà de cette intro.
Et dès les premières notes de ‘Sans gêne ni haine’, c’est très direct : un blackened crust teinté d’indus. Et le groupe n’est pas là pour faire de la déconnade. Il nous offre une magistrale déculottée suivi d’une raclé par une horde de psychopathe sous acide en rut. Le groupe nous développe une vision assez dantesque du style, avec un truc massif où les styles sont exploités intelligemment. Si le crust est présent par des riffs, la voix et des structures, celui-ci est amplifié par un black qui vient se joindre à lui, au travers de riffs et de rythmiques typiques, qui ajoutent un coté plus sombre à la brutalité du crust direct que déploie le groupe. Et derrière ce binôme, le groupe ajoute de l’indus, via des samples et des claviers, qui apporte un coté plus froid, presque synthétique, qui ajoute au malaise de la colère que déverse le groupe, semblant très lucide.
C’est intense mais le groupe ne joue pas la carte du pied au plancher. Bien au contraire, il joue avec des moments plus lents, voire des atmosphères (très peu joyeuse, allant taper dans le plus sombre de l’humain), utilisant les codes respectifs des styles, donnant ainsi une dimension à la fois mystique sur certains passages (‘Sans toit ni loi’), brutale, malsaine et très crue. Le groupe n’y va pas avec des pincettes et vise l’efficacité par divers biais.
On retrouve des passages purement black, où une furie presque débridée vient alors s’abattre, ajoutant à travers lui un coté froid qui s’ajoute à l’urgence que leur crust amène (crust vindicatif par ailleurs). Le groupe ne fait pas de compromis mais offre une synthèse du meilleurs des mondes de ces styles. Mais derrière le coté froid qui peut ressortir, il y a un aspect humain indéniable, où la chaleur humaine se heurte à la détresse humaine et au désespoir.
Les samples qui sont distillés dans cet Ep semble venir d’un film, offrant en même temps qu’une cohérence un fil rouge. Le groupe vise une sphère sociale, d’une lucide cruauté, déversant sa colère face à une société qui est déshérence. Ils appuient la musique, qui alternent des phases très intenses, à d’autres plus calmes (mais pas plus légères, le malaise arrivant via des samples ou même des sonorités qui parsèment les titres) mais qui n’en restent pas moins un rappel du fond.
Le chant, outre d’être purement crust, apporte une voix à la fois rocailleuse et éraillée, qui vient en appuie à la musique, lui donnant plus de densité. Le chante est audible (faut juste y être un peu attentif), ce qui est cool car pas besoin de réfléchir à la compréhension, le groupe chantant en français. Le chant est très attractif (et un autre chant ne le ferait clairement pas).
Salò, avec ce premier Ep nous offre une grosse déflagration, une pure bagarre sonore, avec en bonus un constat lucide et synthétise en musique le pire de notre société. Et putain, ça défonce sévère !