Stone from the sky est un trio venant du Mans, dont voici le nouvel album (qui complète 3 albums, deux splits et deux lives), œuvrant dans un stoner instrumental. Enfin, sur le papier du moins. En l'écoutant, c'est nettement moins simple.

Donc, effectivement, l'album instrumental développe 7 titres où l'essence de base est le stoner (le groupe se définit de base comme de l'instrumental fuzz. Je laisserai dans les commentaires sur Facebook expliquer ceux qui savent ce qu'est le fuzz) auquel d'autres éléments s'ajoutent, comme du rock psychédélique ou encore du post hardcore (et il y en a un peu en réserve). Tout ceci crée un mélange assez détonant et efficace, porté par la base stoner et une forte identité pour le groupe.
On découvre des titres qui développent des atmosphères, créent des strates dans ces atmosphères, mettant plusieurs niveaux d'écoutes au sein de chaque titre. De plus, chacun développe une trame un peu différente du reste, fusant (hahahaha, la blague de merde du jour férié) dans tous les sens mais pas n'importe comment ni de manière absurde ou incohérente. Bien au contraire, à travers les titres, des trames se dessinent, se recoupant sur un ensemble plus large. Et le groupe s'amuse comme des petits fous sur les titres.
Car si on a souvent une trame tournant vers le stoner, les adjuvants que le groupe injecte ouvre des moments très différents, passant d'un aspect tranquille presque psychédélique à des passages soutenues, suintant le hardcore. Certains passages (comme dans 'Godspeed') me rappelle même Insomnium, dans les approches les plus pointus, avec ces sonorités et le rythme.
Les titres dérivent parfois vers des sphères parfois éthérées, effleurant un certain onirisme et peuvent alors offrir des contrastes saisissants entre les parties, créant une sorte de dialogue musical, suppléant l'absence de paroles. Le trio n'hésite pas à entremêler les codes et les repères, créant une entité à la fois vaste et pourtant intimiste, le trio se dévoilant alors. Mais même avec ça, ce serait déjà bien, le trio va nettement plus loin.

Le trio délivre aussi à travers sa musique, de par ses choix et les constructions des morceaux, un coté cinématographique, que l'on ne voit pas venir du tout (énorme dans 'City / angst'). Et celui-ci est diablement efficace, apportant avec cette dimension cinématographique une ouverture sur un vaste univers où le groupe commence à brosser des paysages auxquels on ne s'attend pas nécessairement.
C'est un élément très imposant dans leur musique même si celui-ci est plutôt dissimulé dans l'ombre, tirant les ficelles et ne se laissant entr'apercevoir qu'à certains moments, où tout prend son sens et nous place au pied d'un abime qui nous dévoile un univers dont on avait pas idée. Et ce point là rend la musique du groupe très forte, aussi bien sur le plan musical qu'émotionnel (beaucoup sont véhiculées par la musique du trio).
Il y a ainsi beaucoup de finesse qui va rencontrer une approche parfois un peu plus brute, liant l'ensemble avec les différents éléments constitutifs de l'album.
Et avec ça, on se dit que, ben le groupe nous a bien surpris. Et bien, il a en réserve une dernière cartouche, à travers le titre 'Talweg', titre concis par rapport aux autres, où la sonorité se rapproche plus du rock sudiste et dévoilant un chant tout en subtilité, collant à un titre qui semble une ouverture vers une prochaine étape.

Le son est immersif, avec une basse bien présente et un son à la fois chaleureux, portant un grain spécifique qui ajoute cette petite touche particulière (l'effet du fuzz?). Il travaille aussi l'aspect cinématographique, avec une véritable profondeur dans le son, qui se retrouve sur les sonorités les plus subtiles qui parsèment l'album.
C'est un album très personnel mais diablement accrocheur, qui saura ravir les oreilles des fans du genre mais aussi celles de ceux qui recherchent d'autres paysages musicaux sans se mettre de limites. En tous les cas, c'est un groupe à découvrir.