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Shatter and fall

Hinayana

Napalm Records

17 novembre 2023 à 16:14:43

Dématérialisé

2023

11 titres pour 50'

Une petite vidéo:

Hinayana est un groupe américain formé en 2014 à Austin, ayant à son actif une démo en 2014, un premier album en 2018 suivi d'un Ep en 2020. Le groupe évolue dans un registre death doom mélodique et vient de sortir son nouvel album, qui nous intéresse ici. L'écoute s'est faite en ligne, par la mode du streaming.

Dès le premier titre, le groupe nous emmène sans détours dans un death doom mélodique, quelque part entre les premiers Amorphis, Insominum ou Wintersun. Car, au-delà de la musique, il y a cette approche et une sonorité qui nous rapproche des contrées scandinaves, bien loin de la chaleur écrasante du Texas. C'est plutôt étrange comme approche, quand on regarde le lieu d'origine du groupe. Mais bon, c'est juste une anecdote car la musique parle bien mieux que le reste. Bien que ce soit presque la seule originalité du groupe, leur death doom étant somme tout classique.

Mais cela n'enlève rien aux qualités qui sont dans l'album. Si c'est somme toute assez classique, le groupe propose quelque chose de qualitatif, avec parfois des appuis plus marqués sur le côté doom, ajoutant une profondeur intéressante, en plus d'avoir dans les sonorités quelque chose qui va évoquer un univers glacé et une approche assez sombre. Mais pas dans un sens morbid, plutôt dans la force d'une ambiance qui va imprégner la totalité de l'album et offrir une sorte de fil rouge, sur lequel le groupe va tisser sa trame.
Et l'immersion s'avère efficace et très prenante, le groupe jouant aussi bien avec les codes de la musique que l'ambiance mais aussi la façon d'amener certaines structures qui diffèrent un peu des autres. Cela permet ainsi de développer des titres offrant des variations, sans lesquelles on aurait peut-être un effet redondant.
Il y a néanmoins quelque chose d'un peu plus singulier qui transparait ici et là, dans ce que nous offre Hinayana. Cela tient dans des sonorités et des accroches qui nous rappelle l'ancrage géographique du groupe. Il y a en effet un contraste que le groupe dégage brièvement, ici et là, avec un côté plus chaleureux, qui serait plus en logique avec du stoner ou du rock sudiste. L'idée est loin d'être bête, car ça amène une sorte de contraste léger, qui renforce l'aspect plus sombre des titres et permet de brosser différentes tonalités de l'ambiance globale.

Le côté mélodique est très marqué, pas de doute sur ça. Et ce qui est sympa, c'est que le groupe le développe sous plusieurs ambiances, dont une dominante tourne autour d'une certaine mélancolie (qui se retrouve au travers du visuel par ailleurs) et lui offre l'opportunité de construire une identité qui le différencie un peu du reste. Et il joue sur ça, avec une modulation dans les riffs ou les structures. Notamment dans les parties batteries (qui sont parfois assez complexes au niveau structure). Et le groupe pousse le détail de la mélancolie à travers les riffs mais aussi le clavier ou des sonorités plus spécifiques, qu'il va lier aux ambiances. Il cherche à offrir et arrive ainsi parfois à donner quelque chose qui puiserait dans Cathedral, en y ajoutant une touche plus grandiloquente. Ce qui colle bien au contexte qu'il développe autour. Cela crée une accroche terriblement efficace, avec une volonté de nous immerger dans une vision qui semble mêler mélancolie et nostalgie.
Pourquoi la nostalgie? Tout simplement parce que la musique que développe Hanayana n'est pas sans m'évoquer le death doom / doom death des années 90, sans nécessairement le côté funèbre et poisseux. Car ici, même si la mélancolie est puissante, il y a une part de lumière qui nous offre un point de convergence diffus mais donne clairement un axe à suivre.
Et peut-être aussi la lourdeur qui s'extrait des titres a une incidence sur le ressenti. Car il y a bien évidemment une lourdeur présente, qui assoit l'aspect doom comme une part de la clé de voute de la structure que le groupe crée. Et qui participe pleinement et avec réussite, à l'immersion.

Le chant est tout ce qu'il y a de plus classique dans le genre. Peu ou pas de variation, si ce n'est parfois un aspect un peu plus atone, pour s'associer à la mélancolie et aux ambiances que la musique distille. Le timbre est très guttural, évidemment, en complète logique de l'approche que le groupe a.
Le son est très bon. On a de la puissance, de la clarté, avec deux niveau de sonorités dominantes, un plus grave, l'autre plus dans des accents aigu, rejoignant l'idée de lumière dans l'obscurité. Il y a un travail apporter aux tonalités, par el clavier mais aussi les arrangements. La basse est forcément présente, pour le côté plus lourd et cela apporte un plus, lorsque le groupe va vraiment dans les parties qui offrent le plus de contrastes. Le chant est bien présent, sans pour autant recouvrir la musique. La batterie est présente, bien qu'un peu en retarit sur certains éléments, ce qui apporte encore plus l'impression de mélancolie mais aussi cette ambiance singulière que le groupe travaille.

Hinayana est une découvert pour moi. Même si le groupe a une approche plutôt classique du genre, il amène quand même la force des ambiances et un aspect très soigné immersif, qui donne vraiment envie d'aller au bout de l'album et de le récouter. Ca vaut le détour, un soir d'hiver au coin du feu (ça marche pareil en été au coin d'un feu).

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