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Seed

Yerao

Autoproduction

2 mars 2023 à 15:53:26

Dématérialisé

2022

6 titres. Durée: 35'40''

Une petite vidéo:

Yerao est un jeune groupe tourangeau qui a sorti en décembre dernier son premier Ep, le dénommé 'Seed'. Pour faire simple, le groupe joue du metal. Les écoutes se sont faites sur Spotify.

L'album s'ouvre sur une basse qui marque d'emblée de sa présence et va fortement influencer ce qu'il y a dans les titres, du fait de la synthèse que le groupe réalise. En effet, rapidement, il y a des plans très variées, venant aussi bien du metal, du jazz, de la funk une part plus marqué du hiphop, que l'on va retrouvé dans le chant et quelques rares éléments musicaux. Mais rien de ce qui ressemble à du neo metal ici. Car même si il y a des éléments qui peuvent l'évoquer, le quintet va bien plus loin. Et c'est tant mieux, tant sa musique recèle de recoins et de passages très variés, amenant de nombreuses variations et approches très sympathiques, à minima.

Les titres dégagent indubitablement de la puissance, poussé par un groove assez marqué, venant notamment de la basse. Ce groove et cette puissance vont s'exprimer par différents aspects, parfois plus lourds, parfois plus rapides et avec une gamme entre les deux. Cela sert de structures et même de colonne vertébrale à des titres très riches, qui vont brasser différents styles en toute cohérence. Puisque les transitions sont amenées naturellement. Il y a des similitudes de structures entre les titres, qui créent une cohérence globale mais le groupe amène aussi des éléments très différents dans les titres, les différenciant ainsi sans problème.
Il y a cette façon de structurer les titres qui joue à la fois sur le groove, la puissance mais aussi la manière d'amener les variations (que ce soit de thèmes ou de genre), amenant un côté brut, alimenté par une violence modérée (parfois plus diffuse, parfois plus frontale) et qui vont alors appuyer les éléments plus proches du metal (même si quelques incrustations des styles mentionnés plus haut vont s'inviter). Ca donne envie de bouger, c'est bien pensé mais paradoxalement, le plus gros de l'intérêt n'est pas là.

En effet, les titres peuvent avoir des durées conséquentes (plus de 6 minutes) et c'est là qu'une certaine forme de génie apparait, qui transcende le tout. Car ces titres ne sont point chiants et amènent le sens de la mélodie du groupe (toujours associé à ce groove et cette énergie) et cela induit quelque chose d'inattendue: le groupe dévoile un aspect atmosphérique dans certains passages, déployant un aspect plus poétique et onirique, au travers de riffs qui confine au sublime soudainement, ouvrant une porte sur autre chose, de plus personnel et sensible. Et qui dévoile un aspect plus émotionnel, mais cette fois dans une finesse et une subtilité bien dosée. Cela se traduit par des moments de toute beauté, liant les structures, la musique (que ce soit la technique ou l'approche), le chant et le ressenti. Mais toujours en gardant en ligne de mire une puissance, celle-ci se révélant protéiforme.
Le groupe nous offre ainsi des moments qui suspendent un instant le temps, cultivant une forme de contraste intéressantes où la subtilité et la puissance vont sembler tourner autour d'un même axe. C'est empreint de finesse, d'une maitrise de la retenue au besoin (amenant un sacré contraste par rapport aux phases plus brutes). Et cela nous emmène un instant complètement ailleurs, allant caresser d'autres espaces musicaux que l'on attend pas, s'appuyant sur des éléments plus blues, jazz ou même funk (que ce soit dans les structures, les riffs ou même l'essence musicale).

Et cela joue sur les contrastes comme je l'ai déjà dit, permettant au groupe d'amener des breaks impromptus qui assoient alors la puissance, tout en injectant un vecteur plus flou et subtil, en lien avec leur approche.
Et c'est là que la basse marque son importance, allant au-delà se sa simple utilisation rythmique, le groupe lui donnant parfois un rôle en complément des guitares (aussi bien dans les envolées célestes que dans des passages plus soutenus). C'est plutôt efficace comme approche et ouvre des perspectives intéressantes, le groupe apportant ainsi un aspect résolument moderne mais en s'éloignant un peu plus des poncifs.
On a ainsi une notion plus délicate, liée à la basse, qui permet aussi de virevolter dans les différents styles en toute fluidité, tout en s'associant parfois au chant, selon les besoins inhérents à celui-ci.

Le chant est très intéressant d'ailleurs. Car il offre un large panel, du fait des styles injectés (permettant d'amener des chants antagonistes de façon naturelle (que ce soit un chant plus hiphop, plus lié au blues ou au jazz). Cela induit une approche avec quelques chœurs mais aussi une approche contrastée entre des passages clairs et d'autres plus nuancés voire franchement dans le chant saturé. Et cela colle complètement à l'ambiance des titres et du Ep. Le chant est aussi bien brut que plein de subtilité et parfois, rejoint l'approche plus poétique ou onirique de la musique.

Le son est excellent. Le choix de la basse omniprésente est astucieux, puisque cela amène la puissance et le groove. Mais sans que cela soit au détriment des guitares, du chant et de la batterie (qui a un côté percutant, sur les caisses claires et des cymbales - qui implique ainsi les approches avec les autres styles, légitimant la nature du groupe). Les arrangements, avec quelques éléments plus électroniques ici et là amènent plus une mise en valeur du reste, en même temps qu'une amorce d'ambiance où les instruments vont prendre la relève.

Yerao est clairement un groupe à découvrir, à travers son premier Ep qui dévoile une subtilité à travers une puissance polyvalente et une approche vraiment accrocheuse. Soyez curieux, ça vaut le détour!

© Margoth PDF

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