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See you in hell

Kami no ikari

Dark tunes

13 février 2025 à 10:07:22

CD digipack

2024

10 titres pour 46'11''

Une petite vidéo:

Kami no ikari est un quintet parisien formé en 2020, fort d'un premier Ep en 2022 et qui a sorti vers fin 2024 son premier album, qui est justement, ô hasard incroyable, le sujet de la chronique. Le groupe officie dans un deathcore symphonique et mélodique (mais ne t'en va pas en courant!).

Le groupe a une approche assez particulière, qui se révèle dès le début. Posant à la fois une atmosphère singulière, reposant sur des éléments évoquant le Japon, le groupe aborde une forme musicale où les mélodies et les parties symphoniques mettent en valeur la virulence de la musique, dans son aspect le plus cru, à travers un deathcore qui serait franchement barbare sans cette part de subtilité et finesse. Et qui évite donc, d'emblée, un album certes ultra bourrin mais avec peu de saveurs. Car le groupe a vraiment une manière d'associer ses aspects différents ancrés dans le même temps dans un aspect philosophique et mythologique / culturel (du fait de ce qu'aborde le groupe dans les titres - on y reviendra plus loin).

Musicalement, on a quelque chose de vraiment dense. Je partais, sans avoir lu la fiche d'informations, sur du deathcore (grâce au logo sans équivoque). Ca, c'était acquis d'office. Mais la surprise est venue de l'aspect symphonique, plutôt inattendue et le côté mélodique, qui apporte une sorte de sacralisation à l'album, mettant en valeur les phases agressives et brutales. Et ce qui implique qu'il y a une stratification couplée à une hiérarchisation dans les structures ou les jeux des rythmiques. Et c'est un festival.

Le côté deathcore est bien présent, apportant l'aspect massif et brutal, jouant sur les rythmiques et prenant clairement des éléments au beatdown hardcore, dans sa forme la plus rude. Les breaks, redoutables, sont très présents, créant une trame particulière. Certains m'évoquent l'approche de Balboa, associée à la caractéristique entre rythmiques dissociées, saccadées et dissonantes sur certains passages. Il y a une notion de créer à la fois une sorte de malaise et, dans le même temps, nous foutre une poutre en acier en pleine gueule. La section rythmique n'est pas une donnée décorative ni facultative. Elle offre une structure complexe (du fait que les parties batteries vont vraiment loin, sacré Yohan (coucou copain!!)), jouant avec des codes musicaux qui se différencient du deathcore (puisque que traine des éléments japonisants, liés au concept (le nom du groupe signifiant 'la colère des dieux')) et permet ainsi au combo de pouvoir offrir des facettes différentes.
Différentes mais pas incohérentes, loin de là. L'entité créée étant faite pour nous envelopper dans ce marasme de violences et de brutalités que les riffs habillent. Sur ce point, on a aussi de la variété en restant dans une ligne directrice jouant sur la vélocité et la puissance. Les riffs peuvent être très massifs ou avoir un côté camion 48t fou sans frein dans une descente et toi, a pied (comme un con) au milieu de la descente. Les riffs sont ancrés dans le style, clairement, apportant ainsi, avec la rythmique, des structures plutôt jouissives.
Car le groupe va jouer avec ça, offrant des alternances entre phases brutales, rapides et des moments où le tempo devient lourd, souvent de manière abrupte, parfois, avec des transitions (mais pas à rallonges, faut pas déconner non plus). Ca offre clairement à la fois une structuration (donnant de la variété aux titres) mais aussi une hiérarchisation dans les titres mais aussi à travers la globalité de l'album, glissant une idée de cheminement (qui se retrouve aussi dans les titres). La densité devenant alors une sorte de marasme fou contrôlé, ayant l'objectif de t'en foutre plein la gueule. Mais avec une certaine forme de finesse, étonnamment.

Celle-ci vient de l'aspect mélodique, qui apparaît soudainement au détour d'une déflagration de violence. Elle s'exerce par des solos, des lignes épurées ou une approche nettement plus subtile, apportant ici et là des goulées d'air frais dans l'ensemble qui serait étouffant sans, laissant peu de répit dans les structures agressives.
Cet aspect mélodique permet de glisser, au milieu de la violence une atmosphère particulière, où le côté symphonique vient ajouter une dimension à la fois théâtrale et magistrale (grâce au travail de Francesco Ferrini de Fleshgod apocalypse). Il se distille de manière subtile une dimension où apparaît une sorte de sacralisation, jouant sur ce que l'on peut s'imaginer en lien avec le concept et la musique, à travers un travail de réflexion. Cela fait le lien avec les thèmes évoqués et la dimension philosophique qui s'en dégage, avec le référent à l'artwork de l'album (l'intérieur de l'album étant la même porte vue de l'enfer).
Et les aspects symphoniques et mélodiques ont justement le but de mettre ça en exergue, en plus de valoriser les parties qui mettent la branlée. Il y a un double usage de ces aspects, qui plus est lors les deux rencontres la brutalité de la musique ou un contraste avec une rythmique entre rapide et sous acides. Et cela livre des moments clairement dantesques.

Les textes abordent des thèmes touchant au questionnement de nos actions, de leurs conséquences et place cet ensemble dans le contexte de l'album de savoir vers quel côté de la porte de l'artwork on souhaite être. D'autant que les sujets sont creusés (j'ai survolé les textes qui méritent d'être explorés), qui explorent des facettes humaines, quelque part entre lumière et obscurité, bien et mal, à l'image de la musique que le groupe crée. Les textes (et la musique, sur certains aspects) jouent sur l'aspect temporel, sous un angle philosophique ou mythologique, faisant un lien avec l'idée de nos actes et forçant à une réflexion et surement une introspection (il faudra que je lise les textes complètement, il y a clairement quelque chose à l'intérieur).

Le chant est très caractéristique du genre. Mais il porte dans le timbre de la voix, plutôt éraillé sur certains aspects(apportant une teinte parfois plus black du chant, quelque chose qui va plus loin que les simples codes du style. Il y a une sorte de variation dans le chant, gardant une base agressive et assez gutturale. Les aspects plus beatdown que j'évoquais viennent des chœurs présents ici et là, le chant offrant aussi des moments très proches du beatdown. Mais il offre aussi une modulation qui apporte une sorte d'alignement sur la partie mélodique / symphonique. Très intéressant.
Le son est excellent. Puissant, très massif, avec une paire basse / batterie dantesque (la basse est vraiment présente, un plaisir), les guitares ne sont pas en reste, avec une dynamique double entre l'aspect purement deathcore et le côté symphonique / mélodique. Le chant se trouve en limite parfois de la musique, renforçant l'idée des dieux qui jugent. Les arrangements symphoniques apportent une dimension qui renforce l'idée d'un voyage spirituel et philosophique. Et là aussi, des éléments en renforts donnent un aspect dantesque.

Je vais faire simple: tu ne peux pas passer à côté de Kami No Hari. Surtout si tu aimes la violence intelligente et une musique complexe qui pourtant nous transporte. N'hésite pas un instant!

© Margoth PDF

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