Peace is a just a break est un groupe suisse fondé en 2011, responsable d'un premier méfait en 2017 nommé 'Little boy' et qui nous livre ici son nouvel opus. Le groupe officie dans le melo death mais vous allez voir que ce n'est pas aussi simple que ça (bon, vous devez en avoir l'habitude maintenant).
Je découvre donc ce groupe, qui navigue dans un death mélodique, oscillant sur le metalcore. Rien de très extraordinaire jusque là sauf que le groupe apporte quelques éléments en plus et va racler un peu plus large en matière de death.
On retrouve ainsi une composante inhabituelle du style, à travers des synthés bien présent mais pas de façon continue ou aléatoire. Ils sont clairement bien intégrés aux structures et arrivent à être discret (voir même on les oublie car on les assimile à la musique). Au-delà de l'aspect résolument moderne qu'ils apportent, ils créent aussi des ambiances particulières et amènent une dimension intéressante, jouant sur des jeux de contrastes et de complémentarités, avec les structures, les riffs ou sur quelque chose de plus abstrait, s'appuyant sur le ressenti de l'auditeur.
Les synthés apportent ainsi deux visages particuliers, l'un appuyant le côté moderne (et flirtant parfois avec des sonorités électro ponctuelles étonnamment bien vues) et le second travaillant sur des atmosphères et créant une sorte de trame d'arrière plan où le groupe vient faire un canevas avec la musique. Le groupe amène ainsi une modulation (que l'on retrouve dans l'aspect death, le chant ou même entre une ambiance et une tonalité de morceau différente) qui lui permet de développer ses titres, en gardant à la fois un repère temporel (le côté moderne, que l'on retrouve aussi dans des riffs) et une sorte de fil rouge (certains éléments revenant sous diverses formes ou organisation, selon les titres).
Le coté death mélo est l'autre point clé. Donc, oui, on va retrouver ce qui fait le sel du genre mais le groupe y glisse une approche légèrement plus décalée, en nous intégrant dans cette base death mélo d'autres styles de death, ce qui apporte de la densité, une certaine stratification et des moments de bravoure, sous diverses formes. Et c'est ainsi que l'on peut retrouver du thrash death (bon, ça va, c'est assez logique) tout comme quelque chose qui va se rapprocher du brutal death ou encore de techno death (oui, je suis sur que ça fait longtemps que vous n'avez pas lu ce terme), le tout de façon fugace mais qui se démarque. Le groupe amène des boucles mélodiques ou va donner un riff lancinant qui fait un binôme avec le synthé, en plus des jeux entre les guitares (qui offre beaucoup d'idées, qu'elles soient complémentaires ou jouant sur des oppositions).
L'aspect mélodique sert ainsi de contraste tout comme de point d'appui d'éléments convergeant vers une dynamique qui sort du carcan du death pur et va effleurer des dimension plus ou moins cinématographique par instant ('Second sun' renferme vraiment des passages avec cette puissance, en plus d'avoir une approche mélo différente). Que ce soit via une ligne mélodique, au riff racé et raffiné que par le duo riff/synthés, sans compter bien évidemment les rythmiques.
Et c'est là un autre point que maitrise le groupe: les rythmiques. Le groupe nous offre le grand jeu, avec un panel très large, ce qui nous emmène ainsi vers les styles que j'évoquais plus haut (bien qu'ils aient eux aussi des variations). Et le groupe le fait avec des transitions fluides, rapides ou bien en y allant franchement, dès le début du titre, ce début devenant un gimmick revenant structurer le morceau, quand le groupe ne glisse pas un moment un petit décalage vers le death black (coucou le riff dans 'Can't run away'). Le groupe n'est pas là pour déconner et même si le côté mélodique domine, des moments plutôt virulents viennent apporter cette impression que le groupe veut aborder le melo death d'une façon différente. Et si ces éléments sont présent à travers la musique, on les retrouve dans le chant.
Le chant se partage entre voix saturée, quelques growls et un chant clair, très flexible, pour suivre des moments plus légers, au travers d'un passage prenant appuie sur un synthé prenant un peu plus d'importance ou abordant un côté plus électro. Mais on retrouve aussi une approche sur la ligne entre les deux types de chants, jouant sur les contrastes mais aussi sur les possibilités que la musique offre, libérant le chant vers des choses comme un chant death black ou plus guttural, proche d'un brutal death qui se planque.
Le son est très puissant et très riche, offrant vraiment différents niveaux dans la musique, les synthés ayant une place bien déterminée. Guitares et synthés s'entremêlent avec réussite et la basse est très présente, même lorsque que celle devient plus discrète (mais son vrombissement est toujours là). Le son travaille aussi sur l'aspect mélodique avec des arrangements parfois très subtil mais sait marquer le coté brut au besoin, appuyant alors sur une approche plus brute voir brutale. Rien n'est laissé au hasard à travers le son de ce 'Second sun'.
C'est une très belle découverte que m'a offert Gabriela car le groupe a résolument une approche moderne du style et offre évolution par rapport à ce qui se fait dans le style, les éléments constituant leur musique brossant quelque chose d'assez hybride mais vraiment très accrocheur! A découvrir!