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Screamers

Treponem Pal

At(h)ome

14 mars 2023 à 10:56:59

CD

2023

11 titres. Durée: 40'46''

Une petite vidéo:

Treponem Pal est un groupe formé en 1986, évoluant dans le metal indus, avec une histoire qui serait un peu longue à résumer et dont je vais donc m'abstenir (mais il y a pas mal de choses). C'est un groupe que j'ai découvert et pu entendre des titres dans les années 90, sans suivre spécialement ce que fait le groupe. C'est donc avec un regard distant que j'accueil ce nouvel album.

Evidemment, mes souvenirs des titres entendus sont assez lointains et me semblaient à l'époque relativement violents (bon, vu que de mémoire c'est vers 90/92 les titres entendus puis un peu étalés dans le temps et maintenant, j'ai pris un peu d'âge et surtout plongé dans des styles nettement plus radicaux). Les souvenirs se heurtent alors à la réalité et Treponem Pal me paraît nettement moins violent que ce que j'avais en tête. Moins violent certes mais quand même pas si accessible que ça pour tout le monde, il faut pondérer.

L'album aborde un rythme plus ou moins mid-tempo, qui contraste avec mes souvenirs. Comme quoi, je n'ai pas vraiment d'accroche à la base (à part le projet en G de Gothic et Didier (qui officiait justement dans Treponem Pal), ici je ne replonge pas dans un flot de réminiscences incroyables et jubilatoires. Mais c'est un saut dans le grand bain de Treponem Pal. Et effectivement, j'avais ce souvenir d'un groupe violent. Mais erroné. Du moins, dans le sens strict du mot. Car Treponem Pal offre une facette de violence particulière et n'est pas fait pour le grand public, ne serait-ce que par le style du groupe.
Car il y a directement un côté martial qui nous saisit à la gorge, de façon froide et vicieuse (ça, c'est dans mes souvenirs). Cela donne une approche clinique, glacé, parfois presque synthétique, qui va donner à l'album une trame particulière, engendrant une ambiance singulière, servant de colonne vertébrale à celui-ci. C'est une idée intéressante même si ça me donne l'impression que les titres vont cultiver des ressemblances, notamment dans l'aspect rythmiques. Aux premières écoutes, je trouvais ça rébarbatif mais au fur et à mesure, on comprend que ça fait sens, collant à ce côté indus froid, inhumain et surtout, permettant de nous faire glisser subrepticement dans un univers guère joyeux qui pourtant recèle au fond un groove inattendu et qui va s'imposer en jouant sur certaines structures des titres, amenant un jeu de tempos (qui gardent toujours ce côté froid). Et là, je ne sais pas pourquoi, ça m'envoie du côté des films Planète Hurlante 1 et 2, auquel je ne peux que faire un lien, entre les titres, la musique qui va évoquer certains passages des films ou même l'ambiance globale. Pourquoi? Aucune idée, juste une référence qui s'impose à moi.

L'album se charge aussi d'énergies, à travers aussi bien les rythmiques (qui offrent quelques variations, souvent légères) que part les riffs et le côté machine / programmation, qui va appuyer l'aspect clinique froid et parfois développer un côté plus militaire et va alors jouer sur une trame d'ambiance plutôt sombre. C'est une des énergie qui parcourt l'album, en déployant des oripeaux sombres, nous faisant glisser lentement dans une sorte de cauchemar technologique dégénéré, permettant au groupe de déployer un indus implacable, qui va amener une forme plus radicale, sans pour autant trahir son essence. Il y a aussi une énergie plus lourde qui se manifeste parfois, se liant systématiquement avec les aspects les plus froids du groupe, se manifestant sous une forme d'entité synthétique peu aimable. La force de Treponem Pal est de créer une bulle dans laquelle le groupe nous enferme, exploitant alors pleinement son cauchemar martial et clinique.

Au fil des écoutes, j'ai essayé de comprendre, en faisant abstraction de mes souvenirs rouillés, ce qui entraine la machine. Et là, la notion est floue, jouant sur les aspects purs et durs du metal indus. Même si des formations vont proposer une forme nettement plus radicale d'indus (au hasard; Fukushima (putain de claque!!)), Treponem Pal à l'avantage de sa longévité et d'une culture du style qui s'avère être indistinct de l'entité. Il est clair que Treponem Pal offre une vision qui leur est propre, ouvrant les portes d'un univers parallèle où la force ne réside pas dans la violence frontale mais dans son essence de distiller cette violence par une trame vicieuse, toujours avec un aspect froid, martial et synthétique (contrastant fortement avec les aspects plus typés metal ici et là).
Treponem Pal n'est pas un groupe simple. Loin de là. Il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en ligne de compte, certains m'échappant forcément (mais que d'autres, suivant le groupe, auront forcément). Il ne nous offre pas un ersatz d'indus mais bien quelque chose de définit, dans une forme volontairement floue mais qui sait aller taper là où il faut avec justesse. Si la force de frappe n'est pas dans la cadence, c'est dans sa répétition qu'elle prend sens. Et dans cette incarnation protéiforme, effleurant parfois des moments cinématographique purement science fiction.

Le chant est très à part, propre au groupe. Le chant est linéaire, avec un timbre un peu rocailleux mais qui assène un côté froid, distant, appuyant l'aspect désincarné de la musique, qui elle en complément de ce chant assez singulier, parfois plus proche d'un chant déclamatif. Et il est clair qu'un autre chant n'aurait pas cet impact.
Le son cultive vraiment l'aspect indus, dans ce qu'il a de plus froid, en offrant des contrastes sévères avec les riffs plus chaleureux (oui, je n'ai pas parlé des contrastes dans la musique car ceux-ci découlent d'elle-même). Il y a un côté vrombissant par la basse, une partie des machines / programmation et la batterie, lancinante, avec un son plus métallique (et là je parle bien de la matière). Le son est un des vecteurs qui va nous plonger dans leur univers singulier, glissant à travers des strates plus martiales, voire désincarnées. Les arrangements ajoutent à cet aspect, rendant cet univers inhumain et cohérent avec la musique. Ils ne sont pas un ajout mais clairement une extension du malaise qui se diffuse inexorablement.

J'étais dubitatif quand j'ai reçu cet album (en même temps que, putain, Treponem Pal revient!). Si mes souvenirs se sont heurtés à la réalité, celle-ci s'avère beaucoup plus forte et révèle un album très froid, synthétique, où la violence n'est pas là où on l'attend et recèle quelque chose de plus pernicieux et qui, paradoxalement, je trouve plus pertinent. Ce n'est pas pour le grand public, très clairement et même si je n'écouterait pas régulièrement cet album, j'aurais clairement plaisir à m'y replonger, car chargé de détails.

© Margoth PDF

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