Dérisoire est un charmant trio parisien (Paris / Saint-Denis) œuvrant dans une power violence sombre et minimaliste qui envoie du très sec, sans le moindre instant de tendresse, formé autour de 2017.
Dès l'intro passée qui balance clairement lâ face sombre en pleine lumière, ça démarre au quart de tour dès 'Parasite': ça bourrine sec, sans concession, avec une colère crachée à la face de la société, abordant des thèmes qui sont très ancrés dans un quotidien qui semble être celui de la région parisienne. Dérisoire offre un exutoire qui ne fait pas dans la dentelle et est plus destructeur qu'un uppercut de Mike Tyson (je suis limité en boxeurs). C'est très agressif (ce qui est fort logique) et cette agressivité se retrouve aussi bien dans la musique que dans les chants ou le son.
Ca bourrine sec certes mais pas de manière bas du front. Car Dérisoire amène une modulation dans son approche, avec certains passages plus lourds (mais toujours bourrins), lui permettant de brosser une atmosphère globale assez sombre. Cette modulation se retrouve aussi dans les riffs et les chants, offrant une certaine variété dans la joie de la destruction sonore. Cette atmosphère vient clairement d'un quotidien parisien (il y a quelques indices) et met en exergue ce qui merde complètement dans la société. Certains titres sont clairement dans ce but ('Dark M', 'Home hard home'...), le groupe aidant dans la compréhension par le biais de samples courts mais efficaces (des bruits bien parisiens qui ne me manque pas malgré qu'ils fassent partis du folklore local). Le trio explore mine de rien un univers peu attrayant, que subissent moult personnes (si c'est un choix pour certains, ils doivent faire du sport en club BDSM).
Le trio offre une approche et un visage un peu différent de la power violence habituelle, esquissant une vision intéressante, jouissive mais très réaliste et pragmatique, qui est le résultat d'un regard sur un univers quotidien globalement terne et asse morose (d'ailleurs, M.O.R.O.S.E. a aussi cette approche, dans un tout autre registre). Et c'est un des marqueurs de la musique du groupe, qui devient plus une entité à part.
Le coté minimaliste est évident, avec un ensemble guitare / batterie et deux chants, dont le principal est féminin (Sonia). Mais ici, point de chant mélodieux. C'est agressive, vindicatif. Le chant fait vraiment ressentir le côté exutoire que j'évoquais, qui plus est quand le second, celui de Manu, amenant un coté complémentarité et opposition, quand Sonia va moduler son chant. Les deux chants participe aussi clairement à cette étrange atmosphère qui imprègne la musique.
Le son est minimaliste. Un côté abrasif, très crû mais avec néanmoins une véritable qualité sonore, qui permet de mettre à niveau guitare, batterie et chants et de nous mettre directement dans l'ambiance de Sérendipité. Et ce qui amène à un aspect plus décalé par rapport au titre de l'album (la sérendipité étant la capacité, aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l'utilité (scientifique, pratique).
Bon, on va faire simple: allez découvrir et soutenir Dérisoire (et explorer Cracra records dans la foulée, il y a du bon et tu peux acquérir de bien belles œuvres gravées sur CD!).